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Le barrage de Kandadji au bord d’une catastrophe humanitaire…
Publié le lundi 4 juillet 2016   |  Tamtam info


Barrage
© Autre presse par DR
Barrage de Kandadji : Le lancement de l`avis de pré-qualification
Barrage de Kandadji : Le lancement de l`avis de pré-qualification prévu courant ce mois d`août.


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La semaine dernière, j’ai été rejoint à Washington DC par Sena Alouka et Sani Ayouba, courageux militants de l’organisation Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), pour une série de réunions intensives à la Banque mondiale afin d’exprimer des craintes à propos du barrage de Kandadji.
La Banque mondiale est le principal bailleur de fonds du projet, qui est prévu sur le Niger, le plus grand fleuve d’Afrique de l’Ouest. Le projet vise à fournir de l’énergie et à améliorer la sécurité alimentaire par la production indispensable d’électricité et l’expansion de l’irrigation au Niger, un pays au bord du désert du Sahara classé au dernier rang de l’indice de développement humain des Nations Unies.
Mais les progrès du barrage sont au point mort et des milliers de personnes ont été forcés de déménager dans des endroits manquant d’infrastructures essentielles. Mon collègue Sani a visité le projet le mois dernier, il a trouvé une communauté ébranlée par une délocalisation longue et difficile qui n’est pas encore terminée. Cette semaine, nous avons rencontré des hauts fonctionnaires de la Banque mondiale qui ne nient pas les défis fondamentaux posés par le projet de Kandadji.
Sani Ayouba et Sena Alouka en réunion avec les hauts fonctionnaires de la Banque mondiale
Au cours de nos réunions, Sani a également parlé des communautés qu’il a rencontrées et qui seront déplacées par le réservoir du barrage lors de la deuxième phase du projet. Depuis le début du projet en 2012, elles ont souffert d’un grave manque d’opportunités économiques, étant donné que personne n’investit dans une région qui pourrait être inondée par le réservoir d’un barrage.
Cela a conduit à une frustration généralisée, que mon collègue Sena décrit comme « le syndrome d’attente du barrage. » Alors que les communautés locales sont stoïques et prêtes à se déplacer pour le bien du pays, le projet ne doit pas être fait à leurs dépens. Dans l’attente de leur réinstallation, elles ont un besoin urgent d’un soutien important.
Ayant soutenu bon nombre de ces visites au cours des dix dernières années, j’ai été frappé par le souci palpable des fonctionnaires à propos du sort du projet et des milliers de personnes qui devront lui laisser la place. Mes pires craintes ont été confirmées lors de notre visite, le projet de Kandadji a déraillé et les répercussions pour la Banque mondiale et les communautés locales seront considérables.
Lors de nos réunions, la Banque mondiale n’a pas nié que l’impact social du projet pourrait être beaucoup plus élevé que prévu. Les promoteurs du projet estimaient initialement que 32.500 personnes seraient déplacées par le réservoir, en réalité ce nombre pourrait être de bien plus de 60.000. Cette vérité est apparue sur fond de préoccupation concernant les terres irriguées insuffisantes promises aux communautés.
Comme je le décris dans une nouvelle fiche d’information sur le projet, cela créerait une véritable crise humanitaire.
Malgré les nombreux défauts du projet, les besoins énormes du Niger sont indéniables. Mais avec une facture de plus de $1 milliard s’alourdissant rapidement, et un impact social sans cesse croissant, il est clair qu’il est temps d’appuyer sur le bouton de pause et d’examiner toutes les options disponibles.
Les propres recherches de la Banque montrent que l’amélioration des techniques agricoles traditionnelles est préférable au système d’irrigation à grande échelle qui en Afrique a un bilan lamentable. Par ailleurs, le Niger a un énorme potentiel pour l’énergie solaire.
En dépit du développement remarquable de l’énergie solaire et éolienne dans le monde, au cours des six dernières années les trois-quarts des prêts de la Banque pour les énergies renouvelables en Afrique, sont allés à des grands projets de barrages hydroélectriques.
La Banque mondiale n’a pas retenu les leçons durement acquises de son soutien passé aux grands barrages qui ont régulièrement appauvri les communautés locales. Bien qu’il puisse ne plus rester d’option satisfaisante sur la table, il est certain que la Banque mondiale n’aurait pas dû être impliquée en premier lieu.
Alors que la Banque mondiale fait face à la perspective de se retirer, l’avenir est incertain pour des dizaines de milliers de personnes dont les vies ont été bouleversées. Comme Sani l’a souligné lors de notre visite, la Banque a joué un rôle primordial dans le démarrage du projet, et elle ne peut pas se dérober à sa responsabilité maintenant – elle doit faire ce qu’il faut pour les communautés affectées et s’assurer qu’elles ne soient pas laissées-pour-compte.

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