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Le Sahel N° du 5/7/2016

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M. Assoumana Mallam Issa, ministre de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, Porte-parole du Gouvernement
Publié le samedi 9 juillet 2016   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
le Ministre de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, Porte-parole du Gouvernement, M Assoumana Mallam Issa.


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Monsieur le ministre, le 10 juin dernier, le Premier ministre Chef du Gouvernement, SE. Brigi Rafini, avait présenté la Déclaration de Politique Générale (DPG) devant l’Assemblée nationale qui l’a adoptée. On y remarque que la Renaissance culturelle et la Modernisation sociale occupent une place de choix dans cette DPG. Quelle est votre appréciation à ce sujet ?
Je pense que personne n’est véritablement surpris de la place référentielle qu’a accordée SEM le Premier ministre à la Renaissance culturelle et à la Modernisation sociale dans cette Déclaration de Politique Générale. Vous avez certainement souvenance que la Renaissance culturelle est un concept qui tient profondément à cœur à SEM. Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger. Cela est d’autant plus évident que depuis son accession à la magistrature suprême de son pays, il n’a jamais cessé de le rappeler. Si vous revisitez toutes ses interventions antérieures, vous relèverez forcément la récurrence avec laquelle il promettait de prôner et de concrétiser un changement de comportement du citoyen nigérien.

Pour illustrer mon propos, je dirai simplement que déjà, en 2011, il mettait l’accent sur cette nécessité de changer de comportement, d’attitude dans la gestion du temps, vis-à-vis du travail et du bien public, et de consacrer l’avènement d’un citoyen modèle. En 2016, tout au long de sa campagne, vous auriez constaté que la Renaissance culturelle était au cœur de son programme d’autant plus qu’il en avait fait son axe prioritaire. Et c’est tout naturellement qu’à la mise en place du Gouvernement, un ministère en charge de la Renaissance culturelle soit dédié pour promouvoir la culture, afin qu’elle soit un instrument qui porte le changement de comportement souhaité par le Président de la République.

Voilà donc pourquoi ce concept de Renaissance culturelle a été mis au cœur de la Déclaration de Politique Générale pour qu’accompagné de la modernisation politique, l’on puisse atteindre la modernisation économique. Le Président de la République estime à juste titre que la modernisation sociale et la modernisation politique doivent constituer des outils de la modernisation économique. Et la modernisation économique est la source du bien-être, c’est la source d’une meilleure répartition des revenus, c’est la source d’une meilleure productivité de l’individu, donc d’une meilleure productivité des institutions de la République, d’une meilleure productivité collective en somme.

{xtypo-quote} «Nous voulons atteindre les populations à la base, pour partager le message du changement de comportement attendu à travers la Renaissance culturelle»{/xtypo-quote}

Monsieur le ministre, vous avez déjà rédigé une note de cadrage et identifié les principaux axes stratégiques du Ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale. De quoi s’agit-il précisément ?
Lorsque nous avons pris fonctions, nous avons trouvé déjà que notre prédécesseur avait mis en place un comité technique qui devait réfléchir sur ce que c’est que la Renaissance culturelle et comment le ministère d’alors, en l’occurrence le Ministère de la Culture, des Arts et des Loisirs, pouvait l’aborder. Nous avons maintenu ce comité, qui nous a produit un premier travail, très riche au demeurant. Puis convaincu de l’opportunité d’un regard neuf et extérieur, nous avons fait appel à beaucoup d’experts, de chercheurs, de praticiens de la Culture, qui se sont réunis, plusieurs jours durant, sous la houlette du Haut Commissariat à la Modernisation de l’État, pour mener la réflexion. Ce comité a proposé une note de cadrage que nous avons soumise aux plus hautes autorités du pays.

Ce cadrage, sur fond de diagnostic, nous a permis de comprendre et d’accepter en toute objectivité qu’il y a des choses qui ne fonctionnent pas comme on le souhaite. Cette phase était vitale en soi puisque c’est ce diagnostic qui appelle à un changement de comportement. Et c’est aussi lui qui nous a servi de tremplin pour déterminer huit (8) axes principaux à emprunter pour atteindre l’objectif de la Renaissance culturelle, qui est de garantir la Modernisation sociale. Nous avons par exemple l’axe principal qui vise l’avènement d’un citoyen modèle, un autre axe qui porte sur la revalorisation de nos coutumes, de nos traditions, ou encore un autre axe qui se rapporte à la bonne gouvernance. Je disais tout à l’heure que la Modernisation politique est éminemment importante, parce qu’elle est partie prenante de la modernisation économique. Il faudrait donc qu’on assure la bonne gouvernance axée sur les résultats, d’où un autre axe sur la qualité des services publics pour qu’on puisse contribuer à l’amélioration des individus, à la satisfaction de la collectivité. Nous estimons qu’il faut envisager la mise en place de la démarche qualité dans l’administration publique.

Les autres axes sont la promotion des talents de la Nation, c’est-à-dire créer un vivier des compétences à travers lequel nous allons recenser toutes les compétences du Niger, ici et à l’extérieur, d’où le rôle essentiel de la diaspora. Nous avons aussi une exigence de promotion de la créativité artistique en renforçant tout particulièrement les capacités de nos artistes afin qu’ils conçoivent des produits d’une qualité à même de permettre leur exportation. Pour l’essentiel, c’est eux qui doivent transmettre les messages forts de changement de comportement et, de ce fait là, ils doivent impérativement comprendre qu’ils sont au cœur de toute une problématique de développement, notamment de cette diplomatie culturelle que j’appelle de mes vœux et qui est destinée à mieux faire connaitre le Niger et ses valeurs. L’axe suivant porte sur la promotion du patrimoine culturel et la recherche anthropologique, parce que nous avons des sites extrêmement importants dont certains ne sont même pas connus. Il va falloir les identifier et les valoriser. Et le dernier axe, c’est la modernisation sociale. En somme, tout ce que nous avons décliné et ce que nous avons en perspective doit contribuer à l’avènement d’une société moderne. Dans ce cas d’espèce, c’est une société qui sera départie de toutes les mauvaises pratiques, où le Nigérien devient un citoyen modèle, respectueux des lois de la République, respectueux de la valeur humaine, pour que cette société soit une société dans laquelle le bien-être sera la chose la mieux partagée.

Dans notre note de cadrage, nous avons aussi précisé sur quoi nous devons nous appuyer pour atteindre nos objectifs. Ainsi, quatre piliers principaux ont été retenus. Le premier pilier c’est justement la Culture, les Arts, les Loisirs qui constituent la matière première sur laquelle nous devons travailler. Ils vont donc être revalorisés, et nous nous appuierons sur le cinéma, le théâtre, les sketches pour transmettre les messages de changement de comportement. Ensuite, nous avons l’éducation et la recherche, car il faudrait, en fonction des cibles, introduire des programmes d’éducation pour atteindre nos objectifs. Il faut inculquer le changement à la base, à l’école primaire, dans les collèges, dans le système éducatif. Il faudrait que dans le système éducatif, on puisse trouver une place pour les programmes d’éducation civique, de l’éducation citoyenne.

Ensuite, nous avons dit qu’il faut s’appuyer également sur la communication et la sensibilisation, car tout ce que nous sommes en train de faire aura besoin d’être véhiculé. Et il faut qu’on fasse recours aux canaux de communication. Et là nous voulons travailler avec tous les médias, les télévisions, les radios publiques et privées, mais surtout avec les radios communautaires, parce que nous voulons atteindre les populations à la base, pour partager ce message de changement de comportement. Voilà quelques piliers sur lesquels nous allons nous appuyer pour bâtir un programme qui va être porté par le ministère, qui va être porté par la République, pour être à la hauteur de l’espoir placé sur le Ministère de la Renaissance Culturelle.

On se rend compte qu’à travers son contenu, la Renaissance culturelle touche plusieurs domaines qui concernent d’autres ministères. Comment comptez-vous vous y prendre? N’y a-t-il pas de risque de ce qu’on peut appeler conflits de prérogatives entre les différents ministres ?
Vous avez parfaitement raison d’évoquer cet aspect des choses, parce que dans la note de cadrage, nous avons également réfléchi sur la qualité et la nature de la collaboration que nous devrons entretenir avec les autres ministères. Lorsqu’on parle de l’éducation citoyenne, on ne peut mener aucun programme sans être en rapport avec les différents ministères en charge de l’éducation. Et aujourd’hui, au Niger, il y a six ministères qui sont reconnus comme étant des ministères en charge de l’éducation dont le nôtre. Nous allons développer une véritable synergie non seulement dans la conception des programmes, mais aussi dans leur mise en œuvre et dans leur suivi. Nous allons travailler en étroite collaboration avec tous ces ministères, chacun dans son domaine, pour que la renaissance culturelle ne soit pas seulement une affaire du ministère dont nous avons la charge. Nous avons, dès maintenant, la responsabilité d’identifier les axes de cette collaboration. Je prends un autre exemple : comment pourrait-on atteindre toute la population, dans les villes et villages, les hameaux sans qu’on ne mette à contribution le ministère en charge de l’Intérieur puisque les leaders religieux, les leaders coutumiers, les chefs traditionnels, tous relèvent de sa compétence ?
J’ai aussi parlé des outils de communication qui dépendent du Ministère de la Communication. Cette démarche induit la nécessité de mutualiser les apports de tous les ministères concernés pour élaborer ensemble des programmes de travail et aussi les suivre. Il est d’autant plus essentiel de le préciser que tout ce que nous allons mettre en œuvre doit être évalué, afin que nous nous assurions que les résultats escomptés seront atteints.

Y a-t-il déjà un plan pour la concrétisation de cet ambitieux programme ?
Après la note de cadrage que nous avons élaborée, et après avoir suivi la DPG de SEM. le Premier ministre, nous sommes aujourd’hui en train de concevoir, dans un premier temps, un plan intérimaire sur l’année 2016. Et dans ce plan, l’activité phare demeure l’élaboration d’un plan stratégique 2017-2019 qui fera entrevoir des activités qui vont matérialiser la vision ambitieuse du Président de la République. Nous avons aussi repris le programme de 2016 puisque nous avons trouvé un programme qui existait. Nous en avons retenu un certain nombre d’activités qui nous paraissent réalisables au cours de l’année 2016. Par exemple, au cours du mois d’octobre, In chah Allah, nous allons accueillir au Niger un grand forum sur la paix et le dialogue inter religieux que nous allons organiser en collaboration avec la CEDEAO. Ce sera l’occasion d’échanger sur la contribution de la religion dans la préservation de la paix et la résolution des conflits, en Afrique et dans la sous-région.

Mais nous allons également continuer le travail de préparation de grandes compétitions internationales telles que les jeux de la Francophonie qui vont se dérouler en Côte d’Ivoire. Nous envisageons de faire le point des ressources humaines actuellement à notre disposition parce que, avec les nouvelles responsabilités du ministère, il faut s’assurer qu’elles prennent en compte les nouvelles missions du ministère en charge de la Renaissance culturelle. Pour cela, il faut aussi envisager un plan de formation sur la période 2017-2019 qui doit être l’émanation du plan stratégique. On va également participer aux grandes activités et événements culturels comme Agadez Sokni, puisqu’il y a un volet culturel très important qui relève de notre ministère et que nous allons prendre en mains pour l’exécuter conséquemment.

Justement, que comptez vous faire pour redonner à la culture toute la place qu’elle mérite ?
Je mets un point d’honneur à reconnaître qu’à un moment ou à un autre, la Culture n’a pas eu la place qu’elle mérite sur l’échiquier national. Je crois que cela est en train d’être corrigé du moment où elle est mise au cœur du quinquennat du Président de la République. Il y a un certain nombre d’actions qu’il faut faire, et je pense qu’on peut déjà retenir trois activités qui vont permettre à la culture de revenir au premier plan: premièrement, il faut mettre l’acteur culturel au cœur du travail culturel, donc nous allons développer une collaboration très saine entre les artistes et nous, entre les culturels et nous, afin que tout ce beau monde trouve une rétribution conséquente dans ses activités. Deuxièmement, il faut que les acteurs du domaine de la culture soient dotés d’infrastructures. Certaines infrastructures qui existent n’ont besoin que d’une réhabilitation pour être en état d’accueillir les spectacles. Il y aura des programmes de rénovation de ces infrastructures comme le Musée national, le CFPM, que nous voulons transformer en institut de haut niveau puisque le centre fait déjà de l’encadrement et de la formation. C’est la même chose pour le CCOG qui doit être rénové. Et enfin troisièmement, c’est innover pour qu’on puisse proposer des activités susceptibles d’attirer les partenaires, les acteurs culturels, le public, pour ramener la culture dans la problématique de développement de notre pays.

Monsieur le ministre, pour réaliser tout ce programme, il faut beaucoup de moyens, et comme on dit, l’argent c’est le nerf de la guerre. Pouvez-vous mobiliser les moyens nécessaires quand on sait que la part qui revient à la Culture sur le budget national est trop modeste? Espérez-vous une mobilisation conséquente de moyens pour la mise en œuvre de cet ambitieux programme ?
Je dois reconnaitre que le budget de la culture, rapporté au budget national, est franchement insignifiant. Et quand on parle de ce genre d’ambitions, il est encore beaucoup plus insignifiant qu’on ne le pense. Mais j’ai un certain nombre de convictions. C’est vrai que l’argent est important, il est au cœur de toute activité dans ce monde-là. Mais il faut reconnaitre qu’on a une chose qui est très importante pour nous, c’est la volonté politique. Le Président de la République a matérialisé sa vision, avec tout ce que je viens de dire. Il y a la place que le Premier ministre a donnée à la Renaissance culturelle dans la Déclaration de Politique Générale. Cette volonté politique constitue en soi une source d’inspiration et de motivation pour nous. Je crois que c’est la première richesse qu’il faudrait considérer.
De l’autre côté, partant de cette volonté politique, il faut que le ministère soit ingénieux et que nous proposions des activités réalistes qui peuvent être financées. C’est à nous de prouver au Gouvernement l’importance de ce genre de financement, c’est à nous de faire le plaidoyer nécessaire. C’est vrai que nous sommes dans un contexte économique un peu difficile, surtout avec un contexte sécuritaire qui fait que les priorités sont ailleurs que dans ce genre d’activités, mais nous pouvons faire en sorte que, dans la mesure du possible, les ressources qui seront allouées à la culture puissent être plus importantes qu’aujourd’hui. Et il ne faut pas exclure que nous pouvons faire recours aux partenaires puisque les textes de la République le permettent, surtout concernant les infrastructures modernes, salles de spectacles, studios, que nous voulons avoir, et pourquoi pas un bâtiment propre au Ministère de la Renaissance culturelle.

Une question inspirée par l’actualité : le Niger était, il y a quelques jours, sur le podium de la 12ème édition d’Africa Movie Academy Awards à Port Harcourt où la réalisatrice Aicha Macky a remporté le trophée du meilleur documentaire de l’année 2016. Le Niger remonte ainsi un peu dans le domaine du cinéma, malgré le manque de moyens dont se plaignent les réalisateurs. Quelle est votre appréciation à ce sujet ?
Oui, le soutien financier est pratiquement absent pour les réalisateurs malgré le fait que nous ayons une Agence de promotion des entreprises et industries culturelles, et un centre national de cinématographie. Mais ce que les réalisateurs sont en train de découvrir, c’est que nous sommes à leurs côtés pour l’encadrement, pour leur garantir un parrainage. C’est extrêmement important de les parrainer pour que les éventuels partenaires qui seraient intéressés par le cinéma, ou même les autres activités, puissent les accompagner sachant qu’ils ont cette caution des autorités. Et, dans le plan stratégique 2017-2019, nous allons organiser les états généraux de la culture. Cela va être l’occasion de faire, ensemble, le diagnostic global, pour voir ensemble ce que nous voudrions que la culture soit, que le cinéma soit, ainsi, que la musique, et tous les autres arts et loisirs.

Mais aujourd’hui, je crois que, s’il y a un bel accueil que j’ai reçu à ma prise de fonctions, c’est certainement de la part des cinéastes puisque j’ai été bien gratifié d’un trophée que la réalisatrice Aicha Macky a ramené de Port Harcourt, et qui consacre le meilleur film documentaire de l’Afrique. C’est une très belle chose. A côté d’elle, il y a beaucoup d’autres jeunes réalisateurs qui ont fait des films, d’autres sont en train de les réaliser. Il y a beaucoup d’autres projets, par exemple des musiciens qui sont en train de préparer des clips consommables à l’international, et cela ce sont des choses extrêmement importantes que nous n’allons pas laisser tomber, que nous allons accompagner conséquemment, pour qu’on puisse, ensemble, concrétiser cette revitalisation de la culture en général au Niger.
Réalisée par Souley Moutari(onep)

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