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Le Sahel N° du 11/7/2016

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Journée Mondiale de la Population 2016 : Les adolescentes : une chance et un défi pour le Niger
Publié le vendredi 15 juillet 2016   |  Le Sahel


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Les adolescentes : une chance et un défi pour le Niger


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Née de la Journée des Cinq Milliards, célébrée le 11 juillet 1987, la Journée Mondiale de la Population vise à attirer l'attention de l'opinion publique de par le monde, sur l'urgence et l'importance des questions de population, en particulier dans le contexte du développement. Cette Journée a été célébrée pour la première fois le 11 juillet 1990 dans plus de 90 pays à travers le monde.
Le thème retenu pour l'édition 2016 est "Investir dans les adolescentes". Pour Dr Nestor AZANDEGBE, Représentant résident du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Niger, ''cela ne veut nullement pas dire que nous ne tenons pas compte des adolescents ; aussi, bien au contraire. Nos programmes sont tournés vers les filles et les garçons sur la base d'une approche genre. C'est parce que les filles sont plus souvent laissées pour compte qu'une attention particulière est nécessaire à leur endroit''.
Selon les résultats des recensements généraux de la population et de l'habitat, la population du Niger est passée de 11,1 millions habitants en 2001 à 17,1 millions habitants en 2012. Cette population enregistre ainsi un taux de croissance démographique intercensitaire de 3,9%. Avec un tel rythme, la population du Niger est estimée à environ 20 millions d'habitants en 2016. ''Si cette tendance se maintient, la population du Niger doublera en moins de 18 ans. Le Niger détient ainsi le record mondial de la plus forte croissance démographique annihilant tout effort de développement. En d'autres termes, la population du Niger passerait à quelque 40 millions d'habitants en l'an 2034. Le développement serait-il en mesure de suivre cette cadence ? En termes d'infrastructures et services sociaux de base additionnels à mettre en place pour répondre aux besoins, l'Etat nigérien sera-t-il capable d'y faire face ?'', s'est interrogé Dr Nestor AZANDEGBE lors de la célébration de cette journée lundi dernier à Tahoua.
Cette forte croissance démographique est tributaire essentiellement d'une fécondité très élevée : 7,6 enfants par femme en moyenne en 2012 (EDSN et RGP/H 2012). Selon l'UNFPA, la source première de cette forte fécondité est incontestablement le niveau élevé du taux de mariage des enfants. Elle indique que la proportion des filles âgées de 20 à 24 ans qui se marient avant l'âge de 18 ans est de 76,3%, avec pour corollaire des grossesses précoces, qui ont des effets néfastes sur plusieurs plans de leur vie (affectif, scolaire, sanitaire, professionnel, économique).
Une des conséquences des mariages précoces est qu'une proportion importante des filles n'est pas scolarisée ou arrête l'école avant d'atteindre le cours secondaire. Au cours de l'année académique 2012-2013, le taux brut de scolarisation au primaire était de 82,0% (dont 74,7% chez les filles contre 89,5% chez les garçons). De même, une faible proportion des filles est maintenue dans le système scolaire : le taux d'achèvement au primaire était de 49,1% seulement chez les filles contre 65,5% chez les garçons. Il y a ainsi une discrimination selon le sexe au détriment des filles.
Selon Dr Nestor AZANDEGBE, au Niger, les adolescentes affrontent des défis plus nombreux et plus redoutables que leurs homologues garçons. Ainsi, une fille qui atteint la puberté est jugée par sa famille et sa communauté prête pour le mariage, la grossesse et l'accouchement, alors qu'elle n'a pas terminé sa propre croissance. Elle va être donnée en mariage et sera contrainte de quitter l'école.
''Privée d'éducation, de soins de santé, et n'ayant qu'un contrôle limité, voire inexistant, sur son propre corps, elle risque de voir anéanties ses perspectives d'avenir, et son potentiel compromis. Les défis et les obstacles qu'affronte une adolescente se multiplient si elle est membre d'une minorité ethnique, vit dans un village et appartient à une famille pauvre. L'adolescence est ce que je qualifierais de période NI-NI, c'est-à-dire ni enfant, ni adulte. C'est la période durant laquelle s'opèrent beaucoup de changements tant physiques, physiologiques, psychologiques, psychiques que comportementaux. C'est la période de la recherche et de la découverte de soi, nous dirait le psychologue. C'est donc une période de grande fragilité et de vulnérabilité pendant laquelle toutes les agressions au déroulement normal du processus de maturation vont être lourdes de conséquences néfastes tout au long de la vie. La plus sévère et la plus dévastatrice de ces agressions pour une fille, c'est le mariage avant l'âge de 18 ans'', affirme le représentant de l'UNFPA.
Aujourd'hui, la proportion de jeunes représentant 70% de la population totale du Niger est âgée de moins de 25 ans et ces jeunes augmentent de façon considérable le nombre d'inactifs non productifs à prendre en charge par une population active de plus en plus réduite. Le ratio de soutien économique est de 36% ; c'est-à-dire qu'il y a seulement 36 travailleurs effectifs pour 100 consommateurs effectifs. Selon le représentant de l'UNFPA, cette situation engendre un déficit au niveau de la production par rapport aux besoins à couvrir, et réduit les capacités d'épargne et d'investissements indispensables à l'impulsion du développement économique et social du pays. ''Il est impérieux d'inverser cette tendance pour saisir l'opportunité de la transition démographique au Niger et pouvoir réaliser le dividende démographique, avec tous les avantages sociaux y afférents. Dans cette dynamique, lorsque les adolescentes sont bien instruites, en bonne santé et disposent des informations nécessaires pour prendre des décisions convenables à leur épanouissement, elles sont susceptibles de devenir une force positive et dynamique pour provoquer et induire le changement au sein de leur foyer, leur communauté et la Nation tout entière'', ajoute Dr Nestor AZANDEGBE.

Des efforts consentis par l'UNFPA

L'UNFPA soutient les efforts des pays pour l'autonomisation des femmes et des adolescentes à travers l'accès universel à l'information et aux services de santé de qualité. L'agence des Nations Unies recommande fortement aussi de mettre fin aux pratiques nuisibles, comme le mariage d'enfants et la mutilation génitale féminine. En 2015, les programmes de l'UNFPA ont aidé 11,2 millions de filles âgées de 10 à 19 ans à accéder à l'information en matière de santé sexuelle et aux services de contraception. L'année dernière, 73 pays avaient mis au point ou appliqué des programmes complets d'éducation en matière de santé de la reproduction, qui sont accessibles aux adolescents des deux sexes, scolarisés ou non.
Au Niger, l'UNFPA, en accord avec le Gouvernement, a mis en place le Programme ''Illimin'' (Savoir pour la dignité). Placé sous la double tutelle du Ministère de la Population et celui de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant, ce programme vise à éliminer les mariages et les grossesses précoces en vue d'accélérer la capture du dividende démographique. Il concerne actuellement 15.392 filles dans toutes les régions du Niger.
Pour mesurer les effets du Programme, une enquête a été réalisée en novembre 2014 auprès de 1429 adolescentes. Des résultats probants ont été obtenus suite à cette évaluation. Parmi les adolescentes bénéficiaires, 92,5% savent qu'il faut faire des consultations prénatales. Ce qui peut contribuer à améliorer la survie des enfants. Une évaluation de la phase pilote du Programme Illimin a montré une amélioration du niveau d'éducation des adolescentes : 28,5% d'entre elles savent lire une phrase simple contre 7,5% avant d'intégrer le Programme. Le taux de prévalence contraceptive a doublé chez les adolescentes qui ont bénéficié du Programme, passant de 18,8% à 34,1% chez les adolescentes mariées ; de 3,4% à 7,3% chez les adolescentes célibataires ; 41,2% d'adolescentes bénéficiaires ont un emploi rémunéré dont 37,5% sont libres de gérer à leur guise les ressources qu'elles tirent de leur emploi ; après le Programme, 62,9% d'adolescentes bénéficiaires participent à une tontine contre 29,7% avant d'intégrer le Programme. D'ici à 2018, ce sont plus de 125.000 filles qui seront touchées par le Programme Illimin. Ces adolescentes seront formées aux métiers techniques et industriels, en partenariat avec le Ministère des Enseignements Professionnels et Techniques. Après la formation, un accompagnement sera fait afin de permettre aux filles de s'insérer dans la vie active et avoir accès au crédit.d-2
Pour la ministre de la Population, Mme Kaffa Rékiatou Christelle Jackou, de nos jours, les adolescentes sont victimes de nombreuses contraintes parmi lesquelles le mariage précoce, les grossesses précoces, les décès maternels et des nouveau-nés, la pauvreté, la mendicité, l'esclavage, les viols, les mutilations etc. ''Nos pays ne peuvent se développer en laissant une partie de leur population en dehors du système économique'', a ajouté la ministre en charge de la Population. Au Niger, a-t-elle souligné, sur une population totale estimée à 20 millions d'habitants, les adolescentes (10-19 ans) représentent 11%, soit environ 2,2 millions ; ce qui constitue une chance et un défi pour notre pays.

Une chance à saisir, un défi à relever
''C'est un défi car nous devons les amener à être des citoyens productifs en leur assurant l'éducation, la santé, le bien-être et le mieux-vivre. C'est une chance car elles constituent un immense potentiel de production et de richesse. Nous devons leur permettre d'y arriver. Pour cela, d'importants efforts d'investissements et de nombreuses réformes sociales au profit des adolescentes sont nécessaires afin de leur permettre de réaliser leur plein potentiel et de contribuer activement au développement, ce qui permettra efficacement la capture du dividende démographique.
Parlant de la région de Tahoua qui accueille la célébration de la journée 2016, Mme Kaffa Rékiatou Christelle Jackou a dit qu'elle est l'une des régions où les indicateurs sociodémographiques doivent être améliorés. Sur une population estimée à 3. 328. 365 habitants (4ème recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2012), les adolescentes de 10-14 ans et 15-19 ans, représentent 9,93% de la population totale de la région; 79% des adolescentes de 10 -14 ans ne sont pas scolarisées ; 96% des adolescentes de15-19 ans ne sont pas scolarisées ; 89% des adolescentes de15-19 ans ne sont pas alphabétisées. Au niveau national, sur 20 millions d'habitants, les adolescentes représentent 9,8% ; 19% des femmes en âge de procréer; 14% de la fécondité totale; 35% ont eu leurs rapports sexuels avant 15 ans; 40% sont mères ou enceintes ; 36,1% sont mères avant l'âge de 15 ans ; 78% sont mariées avant l'âge de 18 ans, alors que la ; prévalence contraceptive est 6%. ''Chaque jour, 12 de nos sœurs nigériennes meurent en donnant la vie soit 360 chaque mois, 4320 chaque année. Comme vous le constatez, l'avenir de nos adolescentes doit être une priorité pour nous'', a ajouté la ministre.

Des actions de l'Etat et des partenaires pour inverser la tendance

De nombreuses initiatives d'ordre institutionnel ont déjà été prises. La plus récente est l'implication des autorités de la 7ème République au plus haut sommet de l'Etat sous les orientations du Président de la République, Chef de l'Etat, SEM. Issoufou Mahamadou qui, dans la perspective de l'atteinte du Dividende Démographique, a obtenu des partenaires la mise en œuvre en cours du Projet d'Appui à la Population et la Santé (PAPS) et le Projet pour l'Autonomisation de la Femme et le Dividende Démographique (SWEDD) dans cinq pays du Sahel dont le Niger.
Selon la ministre de la Population, ce dernier projet d'une valeur de 104 millions de dollars sur quatre ans est entièrement dédié aux femmes et surtout aux adolescentes à travers trois composantes: la Composante 1 qui vise à améliorer la demande pour les services de la Santé de la Reproduction, Maternelle, Néonatale, Infantile et Nutritionnelle, en favorisant des changements sociaux et comportementaux et l'autonomisation des femmes et des adolescentes ; la Composante 2 qui a pour objectif de renforcer les capacités régionales pour mettre à disposition des produits et des personnels qualifiés de SRMNIN ; et la Composante 3 qui vise à favoriser l'engagement politique et à renforcer la capacité d'élaboration des politiques liées au dividende démographique et à la mise en œuvre du projet. ''Les défis sont grands mais pas impossible, si nous nous mettons tous ensemble (Etat, communautés, chefs traditionnels, société civile, les jeunes, secteur public et privé, partenaires techniques et financiers ...) pour lutter contre les mariages précoces, les grossesses non désirées ; ensemble, luttons pour une éducation de nos adolescentes ; ensemble luttons pour l'autonomisation de nos filles et sœurs ; ensemble luttons pour leur permettre d'exploiter les dons que Dieu leur a donnés'', a dit Mme Kaffa Christelle Jackou.

Oumarou Moussa(onep)

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