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A quand la dépolitisation l’administration publique nigérienne?
Publié le dimanche 17 juillet 2016   |  tamtaminfo




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Dire aujourd’hui que l’administration nigérienne est politisée, c’est une litote. On en croirait à une administration appartenant exclusivement à un seul parti politique ou d’une alliance politique tellement ceux qui occupent les différentes responsabilités techniques ou politiques n’appartiennent seulement qu’au parti ou l’alliance de partis au pouvoir. Comme si par ailleurs ce sont les seuls cadres à porter des ambitions pour le Niger.
Une exclusion institutionnalisée
Cela perdure depuis l’avènement de la démocratie au Niger suite à la tenue de la conférence nationale de juillet 1991, même si l’opinion publique s’accorde à dire que le phénomène s’est amplifié davantage de nos jours. Les nominations sont aujourd’hui encore guidées par le degré de militantisme, plus celui-ci est élevé plus la promotion à des hautes fonctions est garantie d’un côté, et d’autre côté, plus le cadre s’écarte de la politique plus il est condamné à être marginalisé dans les nominations malgré sa compétence et son expérience.
Notre classe politique donne l’impression d’être congénitalement revancharde au point d’exclure les cadres qui n’adhèrent pas aux partis politiques ou ceux du camp opposé. Il suffisait que le régime change de main que soit activée la machine d’exclusion des cadres qui ne sont pas du pouvoir sans chercher à savoir ce que l’occupant de la fonction peut continuer à apporter de meilleur puisqu’il est au service de son pays qui a financé ses différentes formations tant académiques que professionnelles. Selon la doxa tout cadre qui n’est pas du bord politique au pouvoir ne peut que saboter la mise en œuvre du programme du parti ou de l’alliance au pouvoir.
Il est clair que le pays appartient à tout un chacun, personne n’a le monopole du patriotisme et nuire aux intérêts de son pays reviendrait à nuire à ses propres intérêts et ceux de ses enfants. Quelle fierté pourrait tirer un cadre en sabotant des actions de développement de son pays ? Surtout, à certain niveau de responsabilité chaque cadre nigérien est très conscient de ses responsabilités face à son pays et face à l’Histoire. D’ailleurs, comment sur de simple suspicions peut-on procéder à une exclusion ? Même s’il est vrai que ces exclusions cachent bien d’autres motivations bien plus clientélistes que la détermination à vouloir faire avancer les dossiers en apportant les ajustements nécessaires à travers des exclusions.
Le degré de politisation de notre administration est très exagéré aujourd’hui au point où être simple directeur d’une école primaire relève de l’utopie si l’on n’est pas militant. S’il est un secteur où l’on doit responsabiliser davantage les plus compétents, les plus expérimentés c’est bien l’éducation où la politique doit être le dernier des critères pour déterminer le choix des responsables en charge du secteur à tous les niveaux. Cette situation ne peut pas permettre le retour de la sérénité et la confiance dont l’école publique a grandement besoin, mais ne peut que porter le coup fatal à une école déjà agonisante.
La nomination d’un directeur d’école ne doit jamais dépendre de l’engagement politique pour une école républicaine car cela nuirait forcément à la qualité de la formation de nos enfants, futurs responsables et avenir de notre pays. Ceci est un exemple illustratif du contexte général. En effet, cette pratique concerne tous les secteurs de l’administration publique dans la mesure où il n’existe pas aujourd’hui un seul service public qui soit épargné par la politisation. Aucun parti politique ne rend service au Niger en agissant de cette manière par une politique qui appauvrit plus qu’elle n’enrichit, surtout qu’il existe une loi qui peut contribuer beaucoup à la dépolitisation.
Une dépolitisation pourtant possible et très simple
Tout le spectacle désolant auquel se livre toute la classe politique n’a aucunement sa raison d’être, surtout que la politique c’est un outil fédérateur des différentes énergies d’un pays pour stimuler le développement. Que les hautes autorités de notre pays ferment les yeux sur une telle pratique est synonyme de leur approbation d’une telle politique d’exclusion pour un pays encore très fragile, qui a besoin de la compétence et de l’intelligence de tous ses cadres qu’il avait participé à former à grand coup. De plus, dans la constitution du 25 novembre 2010 consacrant la 7ème République, il est dit sans aucune ambigüité à l’article 62 que le Président de la République est le Chef de l’administration. Il veille à la neutralité de l’administration et au respect des textes qui consacrent sa dépolitisation.
En effet, au sujet de la dépolitisation de l’administration une loi presque irréprochable avait été élaborée et promulguée dans le journal officiel de la République du Niger, dont l’application stricto sensu apporterait de l’éclairci dans ce tourbillon généré par la politisation à outrance des fonctions. Dans cette situation où seule la coloration politique devint le critère de référence et de distinction et de promotion aux hautes fonctions de l’Etat.
Le régime de la transition (2010-2011) avait doté le Niger d’une ordonnance éponyme de la loi adoptée à l’avènement des autorités de la 7ème République. Ces autorités de transition savaient mieux que quiconque de la nécessite pour notre pays de se doter d’un cadre juridique pouvant à même de permettre une fois pour toute la dépolitisation qui avait fait tant de torts à l’administration nigérienne. Ainsi, la loi 2011-21 du 08 août 2011, déterminant la classification des emplois supérieurs de l’Etat et fixant les conditions de nomination de leurs titulaires, encore en vigueur a eu le mérite de classifier les emplois supérieurs de l’Etat en deux catégories :
les emplois à caractère politiques ;
les emplois à caractère technique.
Le législateur avait bien voulu ainsi laissé aux politiciens la possibilité d’occuper des emplois dits politiques dont le choix des titulaires est à la discrétion de l’autorité investie du pouvoir de proposition (nous pouvons citer les directeurs de cabinets de ministres, les conseillers spéciaux, les membres du gouvernement…). Au vue de cet énorme avantage accordé aux politiciens, ces derniers devraient normalement se réjouir profondément et s’atteler à leurs tâches tout en nommant aux emplois à caractère technique (entre autres les secrétaires généraux et leurs adjoints, les directeurs et les coordonnateurs des programmes et projets publics, les directeurs généraux, les directeurs centraux des ministères, Préfet, Gouverneur…..etc.) en faisant prévaloir les critères de compétence et/ou de performance.
Malheureusement, au mépris de cette lois, les partis politiques au pouvoir se partagent les emplois à caractère technique entre eux exclusivement, ce qui n’aurait jamais être fait. Ainsi, dans les sièges des partis politiques se partagent ces emplois techniques et se positionnent en même temps les militants qui savent pertinemment qu’ils existent plus expérimentés, plus compétents qu’eux pour les dites fonctions, au lieu d’attendre patiemment leur heure qui viendra inéluctablement avec le temps et les expériences.
En outre, l’ordonnance initiale prévoyait l’interdiction aux retraités d’occuper des emplois supérieurs techniques de l’Etat mais les politiciens que cela empêchait de tourner en rond par la promotion des mêmes, ces camarades, militants à la retraite avant l’accession de leurs partis au pouvoir, qu’il fallait à tout prix récompenser pour service rendu au parti pendant la carrière. La brèche avait été ouverte juste par un jeu de mot fourre-tout du genre sauf cas de force majeure. Ceci devint la règle et plusieurs retraités bien que très déconnectés mais donnant l’impression de maitriser parfaitement les dossiers sont nommés à des emplois pourtant à caractère technique. La politique ne justifie pas tout jusqu’ à permettre aux partis politiques de s’accaparer de l’Etat avec autant de mépris par la promotion exclusive de leurs militants.
Aussi, il ne peut être dénié aux retraités d’apporter leurs contributions au développement de leur pays, c’est leur droit, cependant cette contribution doit se faire en dehors du cadre des emplois à caractère technique de l’administration publique.
Après plus trois (3) décennies de loyaux services qui leur avait permis de gravir tous les échelons de l’administration avec tous les honneurs, cela normalement donne droit à une retraite bien méritée et justement c’est à cet instant de jouissance unique dans la vie d’un fonctionnaire, coïncidant avec le moment de gloire d’un autre agent de l’Etat qui aurait aussi fait un parcours tout aussi élogieux pouvant lui permettre de connaitre la consécration que le politicien déciderait subitement de promouvoir le militant qui est à la retraite à son détriment.
Ceci est condamnable de tout point de vue et cela peut être assimilé à de l’injustice à l’endroit de tous ces fonctionnaires qui ont acquis la maturité, la compétence et l’expérience requise pour connaitre une promotion mais la politique leur refuse. Quand est-il du passage du témoin générationnel ?
Enfin, pour dépolitiser davantage l’administration nigérienne jusqu’à la base, l’Etat se doit de professionnaliser les cadres de commandement qui doivent observer la stricte neutralité dans l’exercice leurs fonctions. La politisation de ces fonctions qui constituent les relais locaux des hautes autorités n’aura d’autres conséquences que la politisation des services déconcentrés de l’Etat dans les différentes entités administratives.
Le Gouverneur ou le Préfet sera toujours le pôle d’attraction pour les militants de son parti des services déconcentrés tant que la logique actuelle de nomination de militants qui se distinguent par le zèle prévaudrait. Ainsi, les vrais priorités ou préoccupations sont dévoyés et remplacés par la politique et son corollaire d’absence de résultats qui est toléré surtout quand il s’agit de militants engagés pour le parti dans la mobilisation des militants même si c’est au préjudice de l’Etat.
De plus, à l’heure actuelle, il est clair que les cadres de commandement sont des véritables vecteurs de la politisation des services déconcentrés sous leurs tutelles dans leurs entités administratives.

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