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Le Sahel N° du 21/7/2016

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Diffa /Situation Générale des réfugiés et des déplacés : La réponse humanitaire aux populations victimes du groupe terroriste Boko Haram
Publié le mardi 26 juillet 2016   |  Le Sahel


Déplacés
© AFP par BOUREIMA HAMA
Déplacés dans le camp de Bosso


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Il y a environ trois (3) ans que la secte Boko Haram a commencé ses attaques ciblées dans la région de Diffa. L'opinion nationale a amplement soutenu les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) à travers plusieurs manifestions, telles que les levées de fonds, les marches, meetings et déclarations. En revanche, la détresse et la situation précaire des populations déplacées et réfugiées a moins défrayé les chroniques et encore moins suscité une quelconque levée de fond. Néanmoins, l'Etat et plusieurs partenaires techniques et financiers (PTF), s'attèlent dans la mesure du possible à fournir la sécurité et les assistances multiformes à cette population, ce, dans le respect de la dignité humaine, même si il persiste encore quelques manquements. Il faut souligner que l'Union Européenne a récement décidé de fournir une enveloppe de 9 millions d'Euros en soutien aux populations du Niger touchées par le conflit dans le bassin du lac Tchad.
Situation globale des réfugiés et des déplacées

Le nombre de personnes déplacées enregistrées à Diffa était estimé à plus de 241.256 avant l'attaque de Bosso du 03 juin 2016. Après cette attaque, il a été identifié plus de 283.930 personnes parmi lesquelles 60% sont des enfants, soit près de 170.358. C'est une population mixte, qui comprend des réfugiés nigérians, des citoyens nigériens qui résidaient au Nigéria, et des déplacés internes. Certains se sont déplacés à plusieurs reprises pour des raisons sécuritaires. Selon l'administrateur principal, chargé des programmes en faveur des réfugiés, au Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), M. Pierre Camara, une des grandes problématiques réside dans le fait que près de 80% de cette population ne dispose pas de documents, ce qui rend difficile les procédures visant à distinguer la population et complique davantage la situation.
Les personnes déplacées se sont installées un peu partout dans la région de Diffa, et plus particulièrement le long de la route nationale, entre Nguigmi et Maïné Soroa, sur plus d'une centaine de kilomètre. D'après le HCR, on parle présentement de déplacés forcés sur plus de 140 sites. Actuellement, les enregistrements de populations se sont fait sur environ soixante (60) sites. Un projet de photographie aérienne est en gestation et devrait dans les prochains jours, fournir une identification exhaustive de tous les sites dits spontanés, car les populations qui y vivent n'ont pas été dirigées par l'Etat.
Selon le Directeur des Opérations de Save the Children Niger, Dr Tamakloe A. Didinu, les enfants réfugiés et leurs parents vivent dans des conditions extrêmement précaires pour les raisons que sont l'insuffisance des abris qui les exposent aux vents, aux pluies, aux basses températures, aux maladies et, à la promiscuité. Aussi, l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et les conditions d'hygiène sont autant d'éléments déficients.

La gestion de camps et les appuis aux réfugiés et déplacés

Toutes les structures qui interviennent dans le cadre de l'urgence humanitaire sont sous la tutelle du gouvernement. La sécurité globale des sites est assurée par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Dès 2013, soit au moment où ont commencé les premières attaques de la secte Boko Haram, le HCR a été une des premières structures à intervenir, et sur plusieurs fronts. Les prérogatives de cette institution sont notamment d'assurer la protection des réfugiés et de faciliter la recherche des solutions durables à leurs problèmes. Ce mandat a été élargi en vertu des résolutions de l'Assemblée Générale des Nations Unis, pour également couvrir les personnes apatrides ou à risque d'apatridie, en plus des retournées et des rapatriés.
Sur le plan opérationnel, le HCR a la responsabilité d'assister et d'appuyer les autorités pour la prise en charge des réfugiés et la réponse globale à apporter à la situation en général. Il est aussi question de fournir la protection et de faciliter l'accès aux différents services de bases. En ce qui concerne les déplacés internes, il existe essentiellement trois (3) relais à savoir : La coordination de toutes les activités qui relève du domaine de la protection; les appuis d'urgences et la fourniture de biens domestiques et enfin la gestion, l'administration et la coordination des sites où habitent les personnes déplacées.
«De par l'ampleur des déplacements, notre présence est nécessaire. Le HCR gère simultanément les camps de Kabaléwa et de Sayam, avec respectivement quelques 9.000 et 5.000 déplacés internes. Par ailleurs, les deux camps ont été octroyés par le gouvernement du Niger. Il existe un troisième camp non occupé qui est celui de Goudoumaria. Nous avons toute la responsabilité par rapport aux camps, mais aucun engagement ne lie le HCR aux sites. La responsabilité d'indiquer aux populations où s'installer revient à l'Etat. En ce qui concerne ces sites la protection reste un élément majeur. Dans nos principes cette protection s'étale sur une distance de 50 km des frontières», explique l'administrateur principal, chargé des programmes en faveur des réfugiés, au Haut-Commissariat aux Réfugiés, M. Pierre Camara.diffa-2
Le HCR est présent dans les camps et en dehors des camps. Au courant de cette année il a été distribué 4.000 abris d'urgence pour environ 28.000 personnes, en plus de milliers d'abris transitionnels. Aussi, certains réfugiés ont bénéficié de kits de ménages composés de moustiquaires, de couvertures, de sceaux, de nattes, et de savons. Au courant des années 2014-2015 et en collaboration avec la cellule des filets sociaux 4.000 ménages ont été assistés en termes de protection sociale en raison de 10.000 Francs CFA par mois. Il y a pareillement eu des interventions dans les secteurs de la santé avec l'électrification solaire de 12 Centres de Santé Intégrés (CSI), ou encore, la fourniture en eau potable des camps.
D'après M. Pierre Camara, lorsque que la situation s'avère complexe et urgente, son organisation fait recours à l'expertise d'autres agents qui sont au siège tel que l'Administrateur principal, chargé de la protection communautaire en situation d'urgence, M. Djamal Zamoun. Ce dernier explique que la crise humanitaire qui sévit actuellement à Diffa est la plus grande crise humanitaire du bassin du Lac Tchad. « Je suis là pour soutenir les collègues en attendant qu'on mette en place un dispositif de réponse qui soit à la hauteur des défis. Nous devons veiller à l'optimisation et à la rationalisation des ressources dans le cadre de la réponse d'urgence» relève M. Djamal Zamoun.

La situation des enfants dans les camps de Diffa

Des institutions telles que Save the children assistent depuis 2010 à Diffa des filles et garçons âgés de moins de 18 ans et interviennent essentiellement au niveau des sites de convergence. Les actions ciblées touchent les secteurs de la santé, la nutrition, la protection, et l'approvisionnement en eau. Compte tenu de nouveaux besoins le niveau de réponse a été augmenté, avec l'appui d'autres bailleurs de fonds tel qu'Echo, USAID, PAM, SIDA Major Hum, Unicef, AECID et PooledFund. Toutes ces institutions appuient le Gouvernement, dans l'optique de promouvoir les droits des enfants.
« Nous avons enregistré une carence des moyens de subsistance pouvant faciliter l'accès à une nourriture suffisante et bonne. Il persiste des manquements en matière d'accès permanent aux soins médicaux et de prise en charge nutritionnelle. Il demeure d'autres problèmes, tel que l'accès à l'éducation. Les enfants déplacés n'ont souvent pas eu la chance d'étudier durant cette année scolaire compte tenu de la situation sécuritaire et, du manque d'infrastructures» affirme le
Directeur des Opérations de Save the Children Niger Dr Tamakloe A. Didinu. Il ajoute que les enfants
déplacés sont exposés à l'errance par manque d'encadrement. Ils sont souvent forcés à la mendicité pour avoir à manger, sans compter les risques d'abus, d'exploitation, de violence et de négligence. Certain sont orphelins, d'autres sont séparés de leurs proches et de leurs familles. Pour le seul mois de juin 2016, Save the children a enregistré et assisté 15 enfants relativement aux questions de protection. Le processus a été assuré en collaboration avec les structures étatiques locales. Un appui est apporté aux institutions gouvernementales et aux communautés locales dans le cadre de la vulgarisation des droits des enfants.

Pour occuper ces enfants, des Programmes d'Activités Récréatives Educatives Communautaires (PAREC) adaptés ont été mis en place dans des espaces de jeux communautaires. Ces espaces sont ouverts non seulement aux enfants réfugiés et déplacés, mais aussi aux enfants autochtones pour accentuer l'intégration et la cohabitation. C'est aussi une occasion de leur faire bénéficier d'une éducation non formelle à travers notamment la lecture et les mathématiques. D'ici le mois d'août 2016, il sera lancé avec le gouvernement Norvégien un nouveau projet d'éducation en urgence pour appuyer la stratégie nationale, et plus particulièrement les écoles vulnérables ainsi que le personnel enseignant de la région.
Certains enfants vivent dans des situations exceptionnellement difficiles.
Pour les aider, des comités et sous-comités locaux de protection des enfants ont été mis en place dans toutes les zones d'intervention. Cette démarche de protection de l'enfant consiste entre autres à l'identification, au signalement et à la prise en charge. Les services étatiques et non étatiques sont mis à contribution. Dans le domaine de la santé, les Centres de Santé Intégrés (CSI) prennent en charge les soins médicaux, assurent la prise en charge et la surveillance nutritionnelles. Ils assurent tout autant le traitement que la prévention de la malnutrition.
« Save the Children approvisionne les centres de santé de Diffa et traite la malnutrition par la distribution gratuite d'intrants nutritionnels avec le soutien de l'Unicef et du Programme Alimentaire Mondiale. En outre, nous intervenons du point de vue de la sécurité alimentaire dans certaines communes de Diffa. Notre institution a effectué des distribuons d'argent aux ménages déplacés, retournés, réfugiés et autochtones pour faciliter l'accès à une nourriture locale qui est plus adéquate et plus saine» affirme Dr Tamakloe A. Didinu.

Les mesures pour assurer la sécurité des camps

« Avec le gouvernement nous faisons du monitoring de protection. Ce qui suppose que nous faisons du suivi au niveau des frontières pour nous assurer que les populations qui arrivent peuvent être prises en charge selon leurs particularités et leurs besoins. Certains arrivent désappointés, démunis, fatigués ne sachant pas où ils sont. Nous devons faire un suivi pour que subsiste la dignité humaine. Nous disposons d'un mécanisme pour rapidement prendre en charge ces personnes qui cherchent la sécurité pour survivre. On s'assure que les questions de violences basées sur le genre sont prises en compte» soutient l'Administrateur principal chargé des programmes en faveur des réfugiés au Haut-Commissariat aux Réfugiés.
Quant à l'Administrateur principal, chargé de la protection communautaire en situation d'urgence, M. Djamal Zamoun, il assure que le caractère civil des camps gérés par le HCR est une priorité. Des mesures sont prises pour que les armes ne soient pas introduites dans les périmètres protégés. Dans cet ordre d'idées, la Garde nationale apporte son concours pour la procédure de détections de métaux et la fouille des bagages. Chaque déplacement de réfugiés est protégé par un convoi armé. «En revanche les attaques du 03 juin de Bosso ont suscité des sentiments d'inquiétude chez les personnes déplacées du camp de Kabaléwa, qui assez souvent quittent le camp, pour aller là où ils se sentent plus en sécurité»

Samira Sabou

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