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Christian Seignobos : « Boko Haram, c’est aussi l’expression d’un communautarisme »
Publié le vendredi 5 aout 2016   |  Jeune Afrique


Niger:
© Autre presse par DR
Niger: 13 civils tués mardi par Boko Haram dans un village du sud-est


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Christian Seignobos est géographe et directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, Paris). Auteur de plusieurs études sur la région du lac Tchad, il y a longuement vécu. Interview.

Jeune Afrique : Peut-on dire aujourd’hui que le lac Tchad est un sanctuaire de Boko Haram ?

Christian Seignobos : Oui, on peut le dire et cette analyse est partagée par les états-majors régionaux engagés dans la lutte contre Boko Haram. Pour eux, les derniers épisodes de cette guerre se joueront sur le lac.

Pour quelles raisons Boko Haram s’y est-il réfugié ?

Les habitants qui vivent du lac, les Buduma ou Yedima, ont toujours marqué une forte opposition à l’environnement extérieur. Il y a donc une réelle méfiance de ces populations envers les pouvoirs centraux, et inversement, des pouvoirs centraux envers ces populations. Autre phénomène notable : il y a dans cette zone, depuis des années, un bouillonnement religieux chez les pêcheurs, musulmans comme protestants. Quand Boko Haram décide d’aller sur le lac, ses chefs savent que des populations leur sont d’ores et déjà favorables, et que certains pêcheurs adhèrent au discours de Mohamed Yusuf [le fondateur de Boko Haram, NDLR]. Ils savent aussi que certaines de ces populations veulent reprendre leur vie d’avant, regagner les trafics qu’elles ont perdus quand les commerçants haoussas sont venus des villes dans les années 1980-90.

Les Buduma se sont sentis dépossédés de leur rôle et de leur pouvoir économique avec l’arrivée des Haoussas. Pour eux, Boko Haram est une opportunité
Il faut bien comprendre cela : Boko Haram n’est pas uniquement un phénomène religieux, c’est aussi l’expression d’un communautarisme. Les Buduma se sont sentis dépossédés de leur rôle et de leur pouvoir économique avec l’arrivée des Haoussas. Pour eux, Boko Haram est une opportunité. Enfin, les stratèges du groupe ont dû faire l’analyse qu’à partir des rives, on ne peut rien contre eux. Le lac, c’est une myriade d’îles, d’archipels, d’îlots-bancs… C’est un milieu que personne ne maîtrise, hormis les Buduma. Je mets au défi quiconque d’établir la toponymie du lac, car elle est en perpétuel mouvement.

Cela signifie que Boko Haram ne peut pas espérer y prospérer sans les Buduma…

Oui. Tant que les émirs maintiennent de bonnes relations avec les maîtres de l’eau, qui savent exactement comment naviguer sur le lac – il y a d’ailleurs de fortes chances que les bases de Boko Haram soient des bases mouvantes – ce sera très difficile de les y déloger.
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