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Le Sahel N° du 17/8/2016

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Entretien avec le Directeur général de l’Artisanat au Ministère du Tourisme et de l’Artisanat : ’’Le secteur contribue à 25% au PIB avec une croissance annuelle de 2,5%’’, déclare M. Kadri Attawell Aboubakar
Publié le lundi 29 aout 2016   |  Le Sahel


Le
© Autre presse par DR
Le Directeur général de l`Artisanat au Ministère du Tourisme et de l`Artisanat, M. Kadri Attawell Aboubakar


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Monsieur le Directeur général, au Niger, on parle beaucoup de l'artisanat. Comment peut-on définir aujourd'hui un artisan ?

Pour définir l'artisan, il faut savoir d'abord ce que c'est que l'Artisanat. Au sens strict, et de manière générale, l'artisanat est la pratique par une personne ou un groupe de personnes physiques, d'une activité avec une prédominance de travail manuel. Pour rappel, en 1992, le Niger a adopté l'Ordonnance N° 92 – 026 du 7 juillet 1992, portant Orientation de la Politique Nationale sur le Secteur Artisanat, appelée aussi Politique Nationale de Développement de l'Artisanat (PNDA). Cette Politique a donné une définition plus large de l'Artisanat désigné comme un secteur constitué de deux grands groupes : l'artisanat de Production. Il est subdivisé en trois branches : les activités d'exploitation des mines et carrières (les minerais et les matières utiles) ; les activités artisanales manufacturières de transformations de biens. Les biens manufacturés sont repartis en deux groupes. Ils permettent de distinguer l'artisanat utilitaire et l'artisanat d'art. Les activités artisanales du bâtiment et travaux publics. Cette branche regroupe des entrepreneurs individuels et des tâcherons de métiers divers.
L'artisanat de service. Il est également subdivisé en trois branches : le transport des voyageurs et des marchandises par les petits transporteurs ; les services rendus aux ménages ; la petite restauration. Elle concerne généralement les activités de préparation des plats à emporter. La définition de l'artisanat au Niger est donnée par le Décret N° 99 – 330/PCRN/MT/A du 13 août 1999, portant Statut de l'Artisan. Ainsi, pour revenir à votre question, est considéré comme artisan, tout travailleur qui exerce pour son propre compte une activité manuelle pour laquelle il a la compétence nécessaire, qu'il soit seul ou avec des membres de sa famille ou de quelques employés. Le Maître Artisan est un artisan qui justifie d'une expérience professionnelle de 5 ans au moins et qui est apte à transmettre son savoir. En outre, il doit posséder une qualification professionnelle et avoir l'agrément de l'Autorité régionale du lieu de son exercice après avis d'une commission compétente. L'apprenti artisan est toute personne âgée de dix-huit (18) ans au moins ayant souscrit personnellement ou par l'intermédiaire d'un tuteur, par écrit ou verbalement, un contrat auprès d'un artisan ou d'un chef d'entreprise artisanale. Est également considérée comme apprenti artisan, toute personne qui suit des cours d'apprentissage de métiers dans des centres de formation professionnelle agréés. L'Entreprise Artisanale est toute entreprise de production de biens ou de services, régulièrement inscrites au répertoire des métiers. Cependant, le 27 mars 2014, la Commission de l'UEMOA a adopté le Règlement N° 01/2014/UEMOA, portant Code Communautaire de l'Artisanat de l'UEMOA. Il faut comprendre donc qu'à partir de son entrée en vigueur (1er juillet 2014), c'est ce code qui s'applique dans tous les huit Etats membres de l'Union et qui prime d'office sur toute la règlementation qui lui est contraire. Heureusement, la règlementation de ce secteur au Niger est en parfaite harmonie avec le Code de l'Artisanat de l'UEMOA, notamment dans la définition des concepts. Toutefois, le Code de l'Artisanat de l'UEMOA a subdivisé l'artisanat en trois groupes au lieu de deux groupes qui sont donnés plus haut par notre Politique Nationale. Il s'agit de l'artisanat de production ou de transformation ; l'artisanat de service et l'artisanat d'art. Par ailleurs, la nomenclature des métiers artisanaux au Niger adoptée par Décret n° 2008 – 100/PRN/MT/A du 10 avril 2008 a répertorié 206 métiers, répartis dans 42 corps de métiers regroupés en 16 branches d'activités. Le corps de métiers est un ensemble de métiers connexes. Le Code de l'Artisanat de l'UEMOA lui, a reparti les activités de l'artisanat en 8 branches, qui sont juste un condensé des 16 branches pour le Niger. Selon le Code de l'Artisanat de l'UEMOA, les artisans sont classés en fonction de la structuration de leur activité dans les 3 classes suivantes : Artisan de survie qui est un artisan n'ayant pas une situation à la réputation établie, ni présent sur un marché, non repérable. Artisan émergent qui exerce sur un marché avec un local précaire, mais identifiable et repérable. Artisan structuré qui exerce sur un marché avec un local aménagé, bien identifiable et repérable.
Nous savons tous que l'artisanat est un secteur pourvoyeur d'emplois. Peut avoir une idée du nombre d'artisans de notre pays, notamment les femmes qui sont de plus en plus nombreuses à exercer dans ce secteur ?
Cette question m'amène à vous parler des potentialités de l'artisanat nigérien. L'artisanat au Niger est un secteur créateur d'emplois par excellence, et également un régulateur qui permet de réduire le taux de chômage. Ainsi, on dénombre environ 900.000 personnes au Niger exerçant à temps plein ou de manière saisonnière les activités artisanales. Les femmes constituent environ 60% de cet effectif. Leurs domaines de prédilection sont la transformation agroalimentaire, le textile et habillement (couture), hygiène de soins corporels (cosmétiques, tresses, manucure/pédicure), etc. Sur le plan économique, du fait de son caractère transversal, l'artisanat entretient une complémentarité avec les autres secteurs de l'économie (commerce, agriculture, élevage, transport, tourisme). La contribution du secteur dans sa dimension large de secteur informel au Produit Intérieur Brut (PIB) est estimée à 25%. Son taux de croissance annuelle est évalué à 2,5%. Sur le plan organisationnel, le Niger compte une Chambre des Métiers de l'Artisanat, créée par loi en 2012 et dont tous les organes sont mis en place et opérationnels ; huit (8) Chambres Régionales des Métiers de
l'Artisanat; une Fédération Nationale des Artisans créée par arrêté en 1999 ; huit (8)Fédérations Régionales d'Artisans ; quarante trois (43) Fédérations Sous Régionales d'Artisans ; plus de 2.000 Organisations Professionnelles d'Artisans (OPA) de base (coopératives, associations, groupements, syndicats, Groupe d'Intérêt Economique, Organisations Non Gouvernementales, etc), légalement reconnues (disposant d'un agrément ou autorisation d'exercice). Le Niger dispose de plusieurs centres de formation professionnelle dans les métiers de l'artisanat, quoique relevant d'autres départements ministériels que celui en charge du secteur. Dans le cadre de l'amélioration des conditions de travail des artisans, de leurs qualifications techniques et de leurs performances économiques, le Niger compte neuf (9) centres ou villages artisanaux et cinq (5) tanneries dont une (1) semi moderne (Malam Yaro de Zinder). Pour les deux régions non encore pourvues de ces infrastructures, les travaux sont en cours depuis 2015 pour la construction et l'équipement du Village Artisanal de Diffa et pour la construction du Village Artisanal de Tillabéry prévue pour 2017 et dont l'étude est disponible.
Malgré ses performances en termes économiques, ce secteur connaît pourtant de réels problèmes liés à un environnement défavorable. Quel regard portez-vous sur l'artisanat nigérien aujourd'hui ?
Pour ce qui est de mes impressions personnelles, l'artisanat nigérien a su imprimer ses empreintes et garder ses chances au plan régional, africain et même international du point de vue compétitivité, grâce notamment au savoir-faire reconnu à nos artisans d'une part, et à l'authenticité et l'originalité de nos produits artisanaux, d'autre part. J'ai bon espoir que si les engagements politiques se confirment à travers le financement des actions concrètes déclinées en projets portés par le Ministère en charge de l'Artisanat, nous enregistrerons des résultats éminemment positifs dans le développement de ce secteur, et renforcer ainsi la résilience de milliers de ménages avec peu de moyens. Cet engagement nationaliste est d'autant plus nécessaire eu égard au désintéressement progressif des partenaires classiques du secteur depuis le retrait de la Coopération Luxembourgeoise en 2006, pour se réorienter vers la Formation Professionnelle.
Que doivent faire selon vous les artisans nigériens pour se faire entendre par les pouvoirs publics ?
Les artisans nigériens disposent d'un atout énorme qu'ils n'ont jamais songé à exploiter. Il s'agit de leur importance numérique qui constitue un avantage à tous égards pour les hommes politiques. A eux seuls, lorsqu'ils sont unis et alignés pour la même cause, ils seraient capables de garantir 25 à 30 sièges de députés à un parti politique de leur choix, et offrir 25 % des suffrages nécessaires pour l'élection de leur candidat à la Présidence de la République. Un autre atout non des moindres dont ils peuvent se prévaloir, c'est leur contribution inestimable à la sauvegarde et à la préservation de notre riche patrimoine culturel national, toute chose qui devrait les conforter dans l'exigence d'une contrepartie aux Pouvoirs Publics. Je souhaite que les artisans comprennent que le Ministère en charge de l'Artisanat est une Administration de l'Etat entièrement dévouée à leurs causes dans le but de règlementer leur secteur, de l'organiser, d'assainir son environnement et de créer les conditions de son épanouissement. Les agents de l'Etat, quel que soit leur dévouement, ne sauraient en aucune façon outrepasser leur mission d'éclairer les pouvoirs publics à travers des propositions pour un mieux-être du secteur et de ses acteurs. Les agents de l'Etat n'ont pas vocation de se substituer à eux pour formuler des revendications ou exprimer des exigences à l'endroit de leur employeur.
Quels sont M. le Directeur, les projets et les ambitions du ministère pour ce secteur ?
Les ambitions du ministère sont partie intégrante de la vision et des politiques définies et mises en œuvre par le Gouvernement. A moyen terme, nous nous emploierons à la mise en œuvre effective des orientations retenues pour le secteur dans le Programme de Renaissance Acte II de Son Excellence Monsieur le Président de la République et la Politique Générale du Gouvernement déclarée par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Il s'agit plus spécifiquement de mettre en place un financement adéquat en vue de la réhabilitation des différents centres et villages artisanaux et des tanneries à travers le pays et de les équiper en matériels de travail individuels et collectifs, afin d'accroitre la production et d'améliorer les conditions aussi bien économiques que de travail des artisans ; apporter un appui technique et financier aux micros et petites entreprises artisanales individuelles et collectives pour stimuler leur évolution et favoriser leur mutation en des entreprises formelles ; préserver les métiers de l'artisanat par le financement de la protection des œuvres et l'institution des récompenses pour les créateurs des œuvres classées « patrimoine culturel immatériel national » . Nous envisageons de soutenir la commercialisation des produits artisanaux sur les marchés extérieurs et au plan local ; de construire le parc d'exposition du Salon International de l'Artisanat pour la Femme (SAFEM) ; de faciliter l'accès des artisans aux marchés publics et leur garantir la protection sociale ; d'adapter la fiscalité à l'exercice des activités artisanales, de renforcer les structures d'encadrement et développer le système associatif.

Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)

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