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Mariama Ali Ibrahim achète les établissements Bédir : Les contours d`une affaire scabreuse
Publié le samedi 3 septembre 2016   |  ActuNiger


Mariama
© Autre presse par DR
Mariama Ali Ibrahim achète les établissements Bédir : Les contours d’une affaire scabreuse


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« L’affairisme au sommet a fait naître au bout de cinq ans, sur les cendres de l’Etat qui se meurt à petit feu, une nouvelle classe hyper bourgeoise qui se recrute essentiellement dans les girons du pouvoir et qui a pour vocation de constituer le pouvoir financier du Pnds Tareyya ».

Tel est le constat d’un observateur avisé qui venait de lire, la Une du Courrier de la semaine dernière, que les établissements Bédir appartiennent désormais à des Nigériens peu ordinaires. Certainement mis à prix à huis clos entre gens de la même communauté financière capables de rivaliser entre eux, les établissements Bédir ont fini par tomber dans l’escarcelle d’une surprenante prétendante : Mariama Ali Ibrahim, ancien ministre des Enseignements primaires, de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de l’Education civique.

L’acquisition des établissements Bédir par Mariama Ali Ibrahim est une affaire rondement menée dans le plus grand secret. Peut-être bien avant son départ du gouvernement, sinon juste après. Le Courrier, qui est entré en possession d’un document portant acte de nomination du gérant de la société Bédir, est en mesure de dire que Mariama Ali Ibrahim a mis le grappin sur ce complexe scolaire alors qu’elle était, soit à la tête du ministère de tutelle ; soit, juste après avoir tourné le dos pour aller siéger à l’Assemblée.

Dans les deux cas, elle est passible de poursuites judiciaires dans la mesure où elle tombe sous le coup du flagrant délit. La Constitution nigérienne est sans ambiguïté à ce sujet. L’article 52 dit « Durant son mandat, le président de la République ne peut, ni par lui-même, ni par autrui, rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat ou de ses démembrements. Il ne peut prendre part, ni par lui-même, ni par autrui, aux marchés publics et privés de l’Etat et de ses démembrements. Les dispositions du présent article s’étendent aux présidents des institutions de la République, au Premier ministre, aux membres du gouvernement et aux députés ».

Selon l’éclairage de personnes rompues aux questions de droit, elle pourrait être poursuivie pour plusieurs chefs d’inculpation. Car, outre la violation de la Constitution, il y a également l’éventualité d’une poursuite pour biens mal acquis ou pour enrichissement illicite. La liste pourrait s’étendre à d’autres délits que seule une instruction judiciaire pourrait mettre en lumière.

À quel moment exactement Mariama Ali Ibrahim a-t-elle acheté les établissements Bédir ?

L’acte de nomination du gérant de la société Bédir, établi chez Maître Madougou Boubacar, a été fait le 20 juillet 2016, soit trois jours à peine après l’échec du coup d’Etat intervenu en Turquie. Evènement politique qui a donné lieu à une chasse aux sorcières ayant pour cibles privilégiées tous ceux qui sont proches de Fethullah Gülen ou catalogués comme tels. Le bruit a, donc, couru, probablement de façon intéressée, que les établissements Bédir ont été vendus suite aux évènements malheureux d’Ankara, à la demande des autorités turques. Or, il n’en est rien et la date de nomination du nouveau gérant l’atteste. D’où la question que se posent les Nigériens : quand est-ce que Mariama Ali Ibrahim a acheté les établissements Bédir ? Car, si l’acte de nomination du nouveau gérant est intervenu le 20 juillet 2016, c’est que l’acte qui consacre l’achat ainsi que la constitution de la nouvelle société est antérieur à cette nomination du gérant. En vérité, elle remonte probablement à janvier 2016 déjà puisque la modification du Registre de commerce (RCCM- NI-NIM 2003 –B-768 du 29 juillet 2003), est intervenue en février 2016, exactement le 2 février 2016 sous le numéro RCCM- NI-NIA-2016-M-380. Remarquez au passage le changement d’assureur. Or, les élections législatives, couplées au premier tour de la présidentielle, se sont déroulées le 21 février 2016. Le 2 février 2016, Mariama Ali Ibrahim, qui était candidate aux législatives, avait plutôt un collègue intérimaire. On peut par conséquent supposer qu’elle était encore ministre de tutelle jusqu’à la composition du gouvernement issu du coup d’Etat électoral de mars 2016. Cela donne une idée précise de ce que « coûte » Gambi qui a pu allier une transaction financière d’une telle ampleur avec une campagne électorale qui a tourné essentiellement autour de l’argent et du bien matériel.

Bref, Resul Ekrem Bilgen, le cédant, a donc, vendu les établissements Bédir, entre autres, au ministre des Enseignements primaires, de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de l’Education civique, à un moment où on était loin d’imaginer qu’il y aurait un coup d’Etat en Turquie et que des proches de Fethullah Gülen seraient contraints de se débarrasser de leurs biens à travers le monde. La date d’acquisition de parts par Mariama Ali Ibrahim dans le capital des établissements Bédir est d’autant plus problématique qu’il y a un acte de cession de parts de Resul Ekrem Bilgen à Salim Nasser. Fait curieux, cet acte date du 20 juillet 2016, jour où les coassociés ont procédé au partage de la direction des établissements Bédir. Les choses ont, donc, été faites en un temps éclair pour que l’on convie Salim Nasser à désigner un représentant au sein de la société le jour où il en est devenu un des copropriétaires.

Qui sont les coassociés de Mariama Ali Ibrahim ?

Mené dans une procédure totalement tenue secrète, l’achat-vente des établissements Bédir comporte encore des zones d’ombre importantes. A combien ce complexe scolaire a été vendu et qui sont les vrais associés de Mariama Ali Ibrahim dans cette transaction frauduleuse qui viole délibérément une disposition-clé de la Constitution ?

Ce qui est sûr, c’est que les deux coassociés de Gambi sont deux jeunes personnes dont on peut douter de la crédibilité. L’un s’appelle Salim Nasser, né le 1er janvier 1975 à Tassara, à Tahoua et est opérateur économique ; l’autre s’appelle Madame Dominique Billa Marie, née le 12 juin 1978 à Niamey, sans autre précision quant à ce qu’elle exerce comme métier ou travail. Qui sont ces deux-là ? Ne sont-ils pas de simples porteurs d’identité, autrement dit des prête-noms permettant aux véritables acquéreurs de rester dans l’obscurité ? Beaucoup plus qu’un simple acte de nomination de gérant, l’acte dont Le Courrier est entré en possession d’une copie est document portant partage de responsabilité entre coassociés. Ainsi, Dominique Billa Marie est désignée directrice de la section fille de CSP et de l’internat filles CSP Bédir ; Adamou Souley Abdou est nommé proviseur du CSP Bédir, directeur de la section CSP bédir garçons ; quant à Amadou Oumarou, il hérite de la direction section primaire et internat du CSP Bédir. Qui sont ces bons messieurs commis pour diriger les établissements Bédir ? Quels sont leurs profils ? Ont-ils quelque chose à faire valoir pour diriger un établissement scolaire ? Selon l’acte de nomination du gérant de la société Bédir, les établissements Bédir, constituée en société à responsabilité limitée, a un capital de 10 millions de francs CFA libellés en 1000 parts. Ce sont les 330 parts qui lui restaient sans doute, six mois après le deal secret avec Mariama Ali Ibrahim, que Resul Ekrem Bilgen a cédés finalement à Salim Nasser, s’il existe vraiment.

La question est d’importance. Car, si Dominique Billa Marie va siéger en tant que directrice de la section fille du CSP et de l’internat des filles du CSP Bédir et qu’il est loisible de le voir ; que Mariama Ali Ibrahim est déjà connue en tant qu’acquéreur, les Nigériens attendent de savoir qui est bien ce Salim Nasser. Au bout de cette première enquête qui vise à démanteler un réseau qui pourrait aboutir à des affaires insoupçonnées à la tête de l’Etat, Le Courrier se pose encore ces questions : quelle est la part exacte de Mariama Ali Ibrahim dans cette acquisition frauduleuse ? ? A combien a-t-elle acheté et où a-t-elle eu tant d’argent ? Etant intervenu à un moment où elle était un des ministres de tutelle de l’éducation, il faut bien s’interroger sur les conditions dans lesquelles Resul Ekrem Bilgen a dû se résoudre à vendre. A-t-il subi des pressions politiques comme celles que le fils de Kadhafi a subies avant d’être livré. Des questions qui trouveront leurs réponses dans les développements ultérieurs de l’enquête.

Laboukoye

Le Courrier

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