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Le Sahel N° du 15/9/2016

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Agadez/ Mort de M. Mahamane Souley Mahamat, Chef de personnel du Gouvernorat : Le désert du Ténéré fait une victime de plus
Publié le vendredi 16 septembre 2016   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Mahamane Souley Mahamat, Chef de personnel du Gouvernorat


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Le Ténéré refait encore parler de lui avec la disparition tragique, par inanition, de Mahamane Souley Mahamat, chef de personnel du Gouvernorat de la région d'Agadez, parti à Bilma pour une passation de commandement entre les préfets entrant et sortant. C'est sur le chemin de retour qu'il a été pris dans les pièges des dunes de sable du désert du Sahara, suite à une panne du véhicule de transport à bord duquel il se trouvait. Mahamane Souley Mahamat a été retrouvé mort de soif sur le chemin du retour.

Le désert du Ténéré, un océan de sable parfois si mou qu'on se laisse facilement prendre dans un corps-à-corps avec les dunes, est un monde sans repères, sans horizon. Même pour un guide expérimenté, il est difficile de parcourir quelques mètres à plus forte raison des kilomètres. Dans les sables boueux de l'axe puits d'Achegour-puits de l'Espoir que l'on peut aisément qualifier de triangle de ''Bermudes'' du Sahara, le représentant du gouvernorat d'Agadez a marché des dizaines de kilomètres dans la fournaise de septembre, en cette nuit du jeudi. Las, il s'est laissé choir dans les ergs, attendant longtemps qu'on vienne désensabler et réparer le véhicule de transport à bord duquel il se trouvait avec ses compagnons d'infortune. Après quelques heures d'attente, il prit son courage en mains et partit à la recherche d'une piste dans cette immensité désertique qui en compte des milliers.
Dans ce monde de silence absolu, Mohamed fournit en vain quelques efforts supplémentaires. Un de ses compagnons d'infortune qui l'avait abandonné face à la mort qui les guette, a tenté sa chance ailleurs et a pu être secouru par des voyageurs arrivés par hasard dans la zone. L'homme sauvé leur annonça qu'il n'est pas seul, et que l'on doit rechercher d'autres personnes dans la même situation. Mais arrivés sur les lieux où ils se sont séparés, les chercheurs ne retrouvent aucune trace de Mohamed, qui avait entre temps pris un autre azimut, l'azimut de son destin. Il était aussi impossible de retrouver le chauffeur du véhicule qui a eu la chance d'être sauvé, et qui a préféré foncer sur Agadez, ignorant que dans le triangle de la mort, ce sont d'autres personnes qui se sont sacrifiées pour le rechercher, au mépris de tous les dangers. C'était vendredi.

Pendant ce temps, dans la nuit de vendredi à samedi, Mohamed a dû probablement faire demi-tour et marcher encore quelques heures pour se retrouver à la case départ, sur ses propres traces. Le samedi, le chauffeur arrive seul et alerte les autorités, qui après des heures de discussions et de conciliabules décident enfin d'envoyer à sa recherche, dimanche, un ancien chauffeur-guide à la retraite. Pendant ce temps, le malheureux marcheur ne faisait que se déshydrater et ses reins bloqués, le poison des toxines du sang a fait son effet. Le chauffeur retraité l'a retrouvé mort, appuyé sur l'oreiller brûlant d'une dune. Si les secours avaient été vite organisés et étaient arrivés vendredi ou samedi sur le lieu, Mohamed aurait pu être sauvé. Mais Dieu avait décidé autrement.

Le chef du personnel du Gouvernorat d'Agadez a payé de sa vie cette périlleuse mission qui, dans des circonstances plus avantageuses, ne ressort que du domaine de sa hiérarchie. Comment un homme désigné pour représenter l'Etat, et par conséquent toutes les institutions de la République, peut quitter Agadez pour Bilma, sans aucune escorte, et se retrouver au retour, dans un banal véhicule de transport en commun?
Après avoir erré dans l'océan de sable ocre et brûlant du désert, après avoir affronté la soif et la faim, notre ami Mohamed a été emporté par le désert.
Des centaines de personnes ont assisté, mardi après-midi, à la levée du corps de l'illustre disparu, à la morgue du CHR d'Agadez. Parents, amis, fonctionnaires, civils et militaires, chefs coutumiers, leaders religieux, Officiers Commandants des Forces de Défense et de Sécurité, tout le monde était là.
''Vous avez devant vous un homme de Dieu, dira l'éminent Check religieux qui invita toute l'assistance à répéter après lui des prières pour le repos de son âme et de toutes les personnes qui disparaissent dans des circonstances telles que celles qu'a connues Feu Mohamed''.
Après, Feu Mohamed a été inhumé au cimetière du quartier ''Dubaï'', à l'est de la ville d'Agadez. Une Fathia a été dite sur place. La foule a par la suite déferlé vers son domicile pour une lecture du Saint Coran. Hier jeudi, a eu lieu la Fathia du troisième jour.
L'illustre disparu nous laisse aujourd'hui le souvenir d'un homme affable, très proche de chacun d'entre nous. Feu Mahamane Souley Mahamat, plus connu sous le nom de Mohamed, a autant d'amis civils que militaires, plus particulièrement au sein de la Garde Nationale dont il était le ''billeteur'' depuis plusieurs des années.
Fervent musulman, Mohamed a aussi ce don d'être polyglotte, parlant sans accent toutes les langues nationales. Ce qui lui a permis d'être très proche des nomades qui passent par lui pour connaitre l'administration, son fonctionnement etc.
Né vers 1964 à Maïné Soroa, Feu Mahamane Souley Mahamat avait travaillé aux TP (Travaux Publics) avant de se retrouver à la Préfecture d'Agadez, érigé en Gouvernorat suite à l'avènement de la décentralisation.
Grand frère Mohamed est mort dans la zone où récemment des journalistes ont failli être emportés par le Sahara. Agadez pleure un homme de cœur. Un homme qui a laissé derrière lui une famille éplorée, dont particulièrement 2 veuves et 4 enfants. Que Dieu l'accueille dans son Paradis éternel. Amen!

Par Abdoulaye Harouna ONEP/Agadez

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