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M. Mani Tanko, Chef de la base principale du Centre national anti-acridien de la région d’Agadez : «Tous nos efforts de lutte contre le criquet pèlerin sont concentrés dans la région d’Agadez où se trouvent les aires grégarigènes de l’Aïr et du Tames
Publié le mercredi 27 mars 2013   |  Le Sahel


M.
© Le Sahel par DR
M. Mani Tanko, Chef de la base principale du Centre national anti-acridien de la région d`Agadez


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Le secteur de l'agriculture constitue un des maillons essentiels de l'économie nigérienne, mais se trouve souvent confronté à certains aléas récurrents dont la sécheresse et les invasions des ennemis des cultures. En effet, le Niger se trouve dans l'aire de rémission du criquet qui occupe tout le Sahara, du Sahara Occidental à l'Inde, soit 29 pays. A l'intérieur de cette vaste zone de rémission, existent des aires grégarigène au sein desquelles ont lieu les formations des essaims et les départs des invasions. La partie septentrionale de la région d'Agadez fait partie des aires grégarigènes. Aussi, le Centre National anti-acridien, dôté, d'une bonne connaissance du terrain, de moyens de communication et de navigation performants, d'une bonne maitrise de la technologie de gestion de l'information acridienne (imageries satellitaires et système de gestion de l'information acridienne par le SIG), a pour objectif d'assurer une surveillance régulière et une alerte précoce de toutes manifestations de menace.

Au Niger, le secteur de l'agriculture contribue pour environ 46% au PIB et constitue un des maillons essentiels de l'économie. Mais il est confronté à certains problèmes récurrents, notamment les sécheresses et les invasions des ennemis des cultures. La région d'Agadez a cette particularité d'abriter, dans sa partie septentrionale, une zone grégarigène. Qu'est-ce qui explique cette spécificité d'Agadez ?
Par sa situation géographique, le Niger se trouve dans l'aire de rémission du criquet qui occupe tout le Sahara, du Sahara Occidental à l'Inde, soit 29 pays concernés. A l'intérieur de cette vaste zone de rémission, existent des aires grégarigènes au sein desquelles ont lieu les formations des essaims et les départs des invasions. Le Niger abrite deux grandes aires de grégarisation du criquet pèlerin, à savoir l'Aïr et le Tamesna. Notre pays constitue aussi le couloir de passage du criquet dans ses mouvements migratoires entre les zones de reproduction estivale du Sahel vers les zones de reproduction hiverno-printanière, et vice-versa. Cette situation expose notre pays à la menace acridienne qui peut venir de ces foyers de grégarisation, mais aussi des régions voisines.
Quelles sont les principales zones grégarigènes dans la région ?
Les principales aires grégarigènes sont l'Aïr et le Tamesna. L'Aïr abrite plusieurs foyers de grégarisations autour du massif, le long des oueds et dans les zones d'épandage. Quant au Tamesna, les foyers de grégarisation sont concentrés le long de la vallée fossile de l'Azaouak et ses affluents mais aussi dans les dépressions, cuvettes endoréiques et inter dunes.
Le Centre National de Lutte Anti acridienne, CNLA, a pour mission la prévention et la lutte anti acridienne. Tous les efforts de vos services sont, depuis que l'OCLALAVE a cessé d'exister, concentrés sur Agadez, les frontières algérienne et libyenne. Comment se présente actuellement la situation sur le terrain ?
La stratégie de prévention repose essentiellement sur la surveillance régulière des foyers de grégarisation du criquet pèlerin. Car c'est seulement dans ces foyers qu'ont lieu la grégarisation, dont le départ de l'invasion. Si tous les pays arrivent à contrôler les foyers de grégarisation dans leurs zones respectives, il n'y aurait jamais d'invasion. C'est pour cette raison qu'ici au Niger, tous nos efforts de lutte contre le criquet pèlerin sont concentrés dans la région d'Agadez où se trouvent les aires grégarigènes de l'Aïr et du Tamesna qui renferment en leur sein plusieurs foyers de grégarisation bien connus des prospecteurs. Nous étendons aussi nos prospections tout au long des frontières des pays voisins abritant aussi des foyers de grégarisation, notamment l'Algérie et la Libye, en vue d'apprécier l'importance du flux migratoire du criquet entre les zones de reproduction hiverno-printanières du Maghreb et celles du Sahel.
Mais il nous arrive, très souvent, d'élargir les prospections à la bande du Sahel des pâturages, notamment au Damergou, au Tadress et au sud Azaouak, qui ne renferme pas de foyers de grégarisation, mais qui est bien reconnue comme zone de reproduction du criquet par excellence en période estivale, c'est-à-dire de juin à septembre. Avec le renouveau politique que nous vivons aujourd'hui, le Centre a un rôle important à jouer afin de permettre aux Nigériens d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, si possible avant 2015. Le Programme de Renaissance, qui tient à cœur le Président de la République SEM. Mahamadou Issoufou, à travers l'Initiative 3N, a plus de chances de réussite si les cultures sont à l'abri des ennemis de cultures.

Est-ce que vos services sont assez outillés pour rassurer les autorités politiques et les populations ?

Le succès de la lutte contre le fléau acridien repose essentiellement sur la stratégie de prévention et la capacité de réaction rapide du CNLA, notamment la Base principale située à Agadez. Fort heureusement, un des atouts de la base d'Agadez est la maitrise de cette stratégie de prévention et de réaction rapide. Elle est en effet dotée d'une bonne connaissance du terrain, d'un réseau d'informateurs efficace, de moyens de communication et de navigation performants, d'une bonne maitrise de la technologie de gestion de l'information acridienne (imageries satellitaires et système de gestion de l'information acridienne par le SIG), autant d'atouts pour assurer une surveillance régulière et une alerte précoce de toute manifestation de menace. A cela s'ajoute des équipements appropriés de lutte et un stock de produits pour assurer la lutte préventive ainsi que la réponse rapide à toute menace.
Avec l'aide des nouvelles technologies de gestion de l'information acridienne et les outils d'aide à la décision dont il dispose, le CNLA peut alerter à temps l'imminence d'une menace afin de permettre aux décideurs de prendre les mesures appropriées pour y faire face. Le Centre d'Agadez est bien outillé pour suivre régulièrement l'évolution de la situation acridienne permettant de détecter à temps les premiers signes précurseurs d'une menace acridienne et dispose en permanence un stock de produits de 15 000 litres pour une réponse rapide.
Le centre anti acridien intervient dans la région, particulièrement dans des zones d'insécurité. La guerre au Mali n'entrave-t-elle vos missions sur le terrain ?
Comme vous le savez, la zone de rémission du criquet pèlerin, qui s'étend du Sahara occidental à la frontière indo-pakistanaise, en passant par le Mali, l'Algérie, la Lybie, le Darfour, la Somalie a abrité, de tout temps, des foyers de tensions, et est en proie à une insécurité permanente; et c'est aussi une zone désertique très hostile et difficile d'accès. C'est dans ces conditions que les unités de lutte anti-acridienne de ces pays dont le Niger, sont appelées à traquer sans cesse les mouvements du criquet pèlerin afin de l'empêcher de former des groupes. Dieu merci, ici au Niger, nous n'avons jamais interrompu les opérations de surveillance et de lutte préventive durant toutes ces périodes d'insécurité. Certes, la situation au nord Mali a fait monter d'un cran cette insécurité, mais n'a pas pour autant entamé notre détermination à mener à bien notre mission. Il faut seulement souligner qu'avec cette insécurité, nos missions sur le terrain demandent deux fois plus de moyens et rendent le dispositif plus lourd et difficile à manœuvrer. Notre capacité d'intervention rapide se trouve ainsi réduite.
Comment s'organise la lutte anti acridienne en cas de menace ?
La base d'Agadez dispose de la première force de frappe avec un dispositif d'intervention rapide composé de 3 équipes de lutte équipées chacune d'un appareil monté sur véhicule de type ULVAMAST. Ce dispositif peut être appuyé d'une dizaine d'appareils motorisés à dos de type AU8000 et d'une vingtaine d'appareils ULV à piles, pour intervenir sur de petites infestations ou dans les sites de cultures (jardin) inaccessibles par véhicule. Ce dispositif peut être renforcé par des équipes de lutte venant de la Direction générale du CNLA. Mais si la menace se précise, d'autres équipes de lutte de la DGPV et des régions interviennent avec des moyens plus performants (AU8115).
En cas de crise ou de menace directe sur les cultures vivrières, les avions de la Direction générale de la Protection des végétaux interviennent. Il faut aussi noter qu'une fois la crise déclarée, un comité de gestion de crises est aussitôt mis en place afin de mobiliser à temps les moyens nécessaires pour y faire face.
Quels sont les partenaires, nationaux ou extérieurs, qui apportent leurs appuis à vos services ?
La lutte contre le criquet pèlerin n'est pas l'affaire d'un seul pays. Tous les pays concernés doivent apporter leurs contributions, ne serait-ce que par les échanges d'informations. Des pays amis comme l'Algérie, le Maroc et bien d'autres avec lesquels nous avons signé une convention d'assistance interviennent par des dons en produits phytosanitaires ou l'envoi d'équipes spécialisées de lutte pour nous appuyer. Mais il faut surtout une bonne coordination des efforts.
L'un des partenaires privilégiés est la FAO qui assure ce rôle de coordination. Cette institution nous aide dans le renforcement des capacités, la mobilisation des moyens, l'harmonisation des actions afin de mener efficacement la stratégie de lutte. Sans être exhaustif, plusieurs bailleurs de fonds et partenaires du Niger comme l'Union Européenne, la France, la Banque Mondiale, l'UEMOA, et bien d'autres, interviennent à chaque fois que cela s'avère nécessaire.
A travers les missions que vous avez effectuées dans la région, est-ce qu'on peut dire que tout va bien et qu'il n'y a pas d'inquiétude?
A l'heure actuelle, tout va bien, la situation est sous contrôle. La menace est écartée. On assiste à un retour à la normale depuis janvier dernier. Seule une population résiduelle de criquets persiste dans les biotopes de survie du nord Aïr.
Toutes les bases du CNLA ne sont pas opérationnelles dans la région. Qu'en est-il exactement ?
Le CNLA dispose d'une seule base opérationnelle, celle d'Agadez. La base secondaire d'In Abangharit, située dans le Tamesna, n'est pas encore opérationnelle depuis les évènements de la rébellion, mais sa réhabilitation est prévue, ainsi que la création, dans la région, de 3 points d'appui dans l'Aïr, notamment à Arlit, Iférouane et Tabelot.
Quels sont, les perspectives en matière de lutte contre le criquet migrateur?
Pour renforcer la capacité de prévention, d'alerte précoce et d'intervention rapides, le CNLA compte renforcer ces capacités dans plusieurs domaines. Il s'agit, entre autres, du parc auto afin de doter les équipes de véhicules appropriés pour les différentes opérations (prospections, luttes, transports de produits et assistance technique aux équipes) dans les zones désertiques hostiles ; des moyens de communication notamment les radios E/R pour équiper les véhicules de prospection, la base principale et éventuellement les points d'appui ; de la transmission, notamment les nouvelles technologies de collecte et de transmission des données, ainsi que du système d'information géographique pour faciliter les traitements des données ; des formations des prospecteurs pour améliorer la qualité des données collectées ainsi que des traitements et de l'analyse de la situation acridienne; du renforcement du réseau d'informateurs par des formations et sensibilisations des élus locaux et autres intervenants dans les aires grégarigènes. Dans le domaine des infrastructures, il s'agit de réhabiliter la base secondaire d'In Abangharit dans le Tamesna et de doter les zones grégarigènes de l'Aïr de points d'appui à Arlit, Iférouane et Tabelot, pour améliorer et faciliter la gestion logistique.

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