Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Sahel N° du 7/10/2016

Voir la Titrologie


  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Forum national sur les migrations clandestines, à Matameye (Région de Zinder) : Echanges à coeur ouvert sur le phénomène de migration clandestine
Publié le jeudi 13 octobre 2016   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Bazoum Mohamed, assurant l`intérim du Premier ministre, Chef du Gouvernement, a présidé,la Rencontre de plaidoyer avec le Programme Alimentaire Mondial


 Vos outils




La Ville de Matameye (80 km au Sud de Zinder) a accueilli le 29 septembre dernier, un Forum National sur les migrations clandestines des populations nigériennes en direction des pays voisins du Nord notamment l’Algérie et la Libye.

La cérémonie qui a été présidée par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Sécurité Publique, des Affaires Coutumières et Religieuses s’est déroulée en présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Marou Amadou, de la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Amadou Aïssata, des autorités administratives et coutumières ,des magistrats, des Chefs de village, des transporteurs, des candidats à la migration clandestine et des retournés récents d’Algérie .
Un débat franc et direct s’est instauré entre ces différents acteurs sous la présidence du ministre d’Etat Bazoum Mohamed, qui a demandé aux uns et aux autres de s’exprimer en toute liberté pour connaître les causes profondes de ce phénomène qui agace le pouvoir et dont les conséquences sont fâcheuses sur la vie quotidienne de la population nigérienne.

Le ministre d’Etat Bazoum Mohamed s’est félicité des grands progrès obtenus tendant à diminuer d’intensité à ce phénomène de migration clandestine où des activités de réinsertion sociale génératrices de revenus sont prévues à l’intention des candidats à l’exode massif vers les pays arabes situés au Nord du Niger. D’ailleurs -, a-t-il annoncé, pour anéantir ce réseau de migration clandestine, le gouvernement vient de prendre un certain nombre de mesures.
Dans ce sens, récemment, a-t-il dit, 60 véhicules à bord desquels se trouvaient plus de 15.000 personnes ont été interpellés dans le Sahara et remis aux autorités régionales d’Agadez. En outre, 50 passeurs ont été écroués pour une longue durée, aussi bien à Tamanrasset (Algérie) qu’à Agadez.
D’autre part, les maisons qui abritent ces migrants clandestins composées en majorité de femmes dont la plupart pratiquent le plus vieux métier du monde et des enfants livrés à la mendicité installés sur le sol nigérien et Algérien ont été systématiquement fermées. En plus, a-t-il souligné, des textes de lois adoptés en 2015 ont prévu des sanctions sévères à l’endroit des contrevenants allant des amendes excédant 30 millions de FCFA à l’emprisonnement à vie.
Le ministre d’Etat Bazoum Mohamed a saisi l’occasion pour demander aux Chefs de village, au nombre de 400 réunis pour la circonstance, à s’impliquer pour apporter leur précieuse contribution en dénonçant les candidats à cette migration clandestine.
Pour leur part, le ministres de la Justice, Garde des Sceaux, M. Marou Amadou, et son homologue en charge de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Amadou Aïssata, se sont réjouis de constater que les mesures prises par le Gouvernement ont permis de donner une réplique vigoureuse à ce phénomène de migration clandestine . En effet, les résultats enregistrés dans ce domaine sont salutaires car les candidats à cet exode massif n’affichent plus d’obsession au regard des mesures répressives adoptées par le gouvernement, ont-ils fait remarquer.
Pour le Secrétaire Général de la Région, M. Maman Harou, la migration clandestine des populations de Kantché est imputable à la pauvreté qui mine les communautés de base de cette partie de la région de Zinder.
En réponse, le député national Shitou, un ressortissant dudit département, estime que la pauvreté n’est qu’un alibi pour justifier cet état de fait. Pour lui, ce phénomène n’est autre que la manifestation du goût de l’aventure. «Les populations ne souffrent pas de la pauvreté. Elles affichent pour la plupart un goût prononcé pour l’exode pour satisfaire des ambitions diverses », souligne le député Shitou.
Un avis entièrement partagé par M. Rabiou Daouda, ancien ministre. « Quand une femme, avec le consentement de son époux, vend son bœuf à 400.000 FCFA, prends soin de remettre à son mari la moitié de cette somme pour remonter à Alger avec le reste, nous disons que cela s’appelle de l’irresponsabilité chez les maris. Cela, peut-il constituer un signe de pauvreté ? Absolument non ! », a souligné M. Rabiou Daouda.
’’Ce qui est encore intolérable, c’est qu’après un bref séjour en terre Algérienne, ces femmes mariées reviennent au foyer avec des grossesses illégitimes. Cette pratique discrédite l’image du pays et l’honneur de notre département. Le gouvernement, en prenant ces mesures draconiennes visent à éradiquer le phénomène de la migration clandestine ’’, a-t-il insisté. En somme, a-t-il conclu, ce phénomène de migrations n’est autre qu’un «acte d’irrespon-sabilité démesurée commis par les hommes qui laissent la grande liberté à leurs épouses en s’adonnant au plus vieux métier du monde ».
Pour sa part, le Chef de Canton de Kantché a appelé ses administrés à renoncer à la migration clandestine pour éviter de connaître la coupe amère de la vie. Je vous demande de vous conformer à la loi en vigueur de 2015 qui a prévu une gamme de sanctions à l’endroit des contrevenants.
«Notre département regorge de terres agricoles riches qui méritent d’être mises en valeur pour se passer des difficultés alimentaires et pouvoir faire face aux périodes de soudure. Nous avons les eaux souterraines à moins de deux mètres. Nous formulons ici le vœu de voir le gouvernement appuyer le monde des producteurs pour entreprendre les cultures de décrue à grande échelle dans la perspective de rompre avec les rigueurs de la période de soudure et certaines saisons pluvieuses capricieuses. Aussi, nous prenons ici l’engagement de sensibiliser nos populations pour abandonner ce chemin de migration clandestine», a souligné le Chef de Canton de Kantché.
Bien entendu, les migrants clandestins ne sont pas uniquement les ressortissants de Kantché. On y dénombre des exodants des diverses régions du Niger, ainsi que des ressortissants de plusieurs pays africains. Des faits corroborés par la déclaration du Préfet d’Arlit, M. Alat Mogaskiya, qui souligne qu’effectivement parmi les migrants clandestins figurent des ressortissants de certains pays voisins. «Nous avons eu la surprise, après une enquête, de constater la délivrance par notre administration de trois faux documents d’actes de mariage attribués par exemple à une seule et même femme. Nous relevons ici le degré d’irresponsabilité de certains parents qui laissent des jeunes filles de 17 à 18 ans emprunter le chemin de l’aventure. Il y a des choses qui ne peuvent pas être dites ici sur cette place publique, aussi je préfère me taire », a dit M. Alat Mogaskiya.
De toutes les façons, a-t-il averti, en s’adressant aux potentiels candidats à l’exode, toutes les commodités dont ils jouissaient pour accéder en terre Algérienne sont maintenant détruites. «De même, les chances pour franchir la frontière algériennes sont brisées », a encore averti le Préfet d’Arlit.
Quant au Consul Général du Niger à Tanmarasset, il a également estimé que les mésaventures des ressortissants nigériens sont extrêmement délicates qu’elles ne méritent pas d’être décrites ici. ’’Les femmes qui vivent à Tamanrasset me connaissent bien, principalement les ressortissantes de Kantché. Le mode de vie qu’elles mènent est régulièrement rapporté par nos services. Ceux ou celles qui mendient ne souffrent d’aucune infirmité », a-t-il dit sans détour.
Entre autres cas pathétiques, il y a celui de Mariama S., cette femme mariée qui, après un séjour de six mois à Alger, est revenue au village avec 600.000FCFA. Mais aussi avec une grossesse. Avant de regagner le bercail, elle prit soin de prévenir par téléphone son mari de son état, et ce dernier lui recommanda de revenir en estimant que la grossesse qu’elle porte ’’n’est qu’un incident de parcours’’.
De toutes les façons, prévient, Mme Rama Souley, elle aussi migrante, les tracasseries pour aller à Alger sont énormes. « Il n’y a que des souffrances à tout bout de champ. C’est pourquoi, je lance un appel aux autres femmes afin qu’elles évitent de prendre goût à cette aventure aux conséquences incalculables».
D’autres femmes migrantes clandestines revenues d’Alger ont également tenu à enrichir les échanges en racontant leur expérience personnelle.
Mme Hinda Maman ’’ Si j’ai décidé d’aller à Alger, c’est parce que mon mari ne m’entretient pas. J’ ai décidé de partir à Alger dans l’espoir de me réaliser. Après 27 jours en terre Algérienne, j’ai réussi à envoyer la somme de 100.000 FCFA au village pour soutenir ma famille. Deux jours plus tard, j’ai été rapatriée au Niger ».
Mme Zoula Hayo : ’’ Je suis mère de neuf enfants. Après un séjour de deux mois à Alger, j’ai pu tirer mon épingle du jeu en réussissant à obtenir quelques millions.
Revenue au village, j’ai investi pour assurer les accessoires de mariage pour ma fille. Dans ce pays, on gagne beaucoup d’argent. Quand on laisse son mari au village, il nous arrive de flirter avec les arabes et les Nigériens exodants avec tout ce que cela entraine comme conséquences fâcheuses. Il est difficile de résister longtemps sans pouvoir satisfaire ce besoin naturel surtout quand on est loin de son époux ».
Les débats se sont poursuivis avec les interventions de sept Chefs de villages, qui ont tour à tour affirmé leur soutien à la décision du gouvernement de réprimer les candidats à la migration clandestine. « Nous prenons ici le ferme engagement à dénoncer les éventuels candidats à la migration clandestine », ont-ils dit. En effet, ont-ils déploré, l’appui que le gouvernement leur a accordé en 2014, à travers la mise en place des micro-projets leur ont permis de réaliser des économies pour se rendre en terre algérienne.
Certains leaders religieux ont également haussé la voix pour décrier « l’attitude de ces femmes mariées qui ont jeté un discrédit sur les biens sacrés de mariage en se livrant à la débauche. C’est un acte que l’Islam condamne ».
Au terme des débats, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Sécurité Publique, des Affaires Coutumières et Religieuses a repris la parole pour la clôture de ce Forum national sur la migration clandestine des populations nigériennes
Se félicitant de la qualité des débats, le ministre d’Etat, M. Bazoum Mohamed a rappelé au public que les enfants nigériens en proie à la mendicité se font renversés par les automobilistes dans les grands carrefours d’Alger.
Le Gouvernement, a-t-il dit, vient de prendre des mesures pour stopper la migration clandestine à Arlit, Assamaka et Tanmarasset. Les passeurs se retrouvent en prison pour avoir abandonné les personnes qu’ils transportent dans le Sahara ou ces derniers ont fini par trouver la mort. Les maisons closes qui accueillent les femmes nigériennes sont détruites à Tanmarasset, Arlit et Agadez. Il ne reste plus rien de ces infrastructures d’accueil et des personnes habilitées à les faire fonctionner ».
Après avoir invité les Chefs de village, la Police, la Garde Républicaine et la Gendarmerie, de s’investir pleinement pour empêcher la migration clandestine, le ministre d’Etat a assuré que l’Etat de son côté, va s’employer à mettre sur pied des micro-projets pour veiller à la réinsertion sociale des candidats à cette migration clandestine.

« Ceux qui vont s’aventurier à emprunter le chemin de la migration clandestine vont connaitre la rigueur de la loi de 2015 qui prévoit des sanctions allant des amendes excédant 30 Millions de FCFA à l’emprisonnement à vie, et de dizaine d’années de prison pour d’autres à Arlit, tandis que les passeurs et autres complices, eux, séjourneront en prison pour une durée indéterminée ».
Le ministre Bazoum Mohamed s’est dit écœuré par les propos indécents tenus par une rapatriée d’Alger qui prétend avoir récolté des millions dans ce pays. « Ce langage teinté de mensonges vise à inciter les autres femmes à la migration clandestine qui est synonyme de souffrances et de discrédit en tous genres ». Aussi, a-t-il conclu en appelant les autres femmes de Kantché à tourner le dos « aux propos insensés de cette femme qui a reconnu qu’il y a dans cette aventure des souffrances incommensurables ».


Siddo Yacouba, ANP –ONEP/Zinder

 Commentaires