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Lettre à mes compatriotes : Personne ne peut, aujourd’hui, contester la désaffection, j’allais dire, la révolte des Nigériens, vis-à-vis d’un pouvoir qui est parfaitement conscient de son extrême impopularité
Publié le vendredi 14 octobre 2016   |  Le Monde d'Aujourd'hui


Seïni
© Autre presse par DR
Seïni Oumarou, ex-Premier ministre et Chef de file de l`opposition


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Entre autres raisons avancées pour expliquer l’envoi aux calendes grecques des élections locales, Mohamed Bazoum a cité la non-fiabilité du fichier électoral. Un bel aveu qui confirme que Mahamadou Issoufou n’est pas à la tête de l’État sur la base d’une légitimité populaire mais bien grâce à un coup d’État électoral ou si vous préférez, grâce à un hold-up électoral. Je rends grâce à Dieu, le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux, qui a délié la langue de Mohamed Bazoum et qui l’a forcé à dire que, comme Ibrahim Maïnassaré Baré qu’ils ont acculé à mort, Mahamadou Issoufou s’est aussi rendu coupable d’un hold-up électoral, le pire certainement que le Niger ait connu. Car, si avec Ibrahim Maïnassara Baré, les preuves matérielles du hold-up n’ont jamais été exhibées, brûlées ou saccagées par endroits, pour le cas de Mahamadou Issoufou, les preuves sont là, inaltérables et implacables.

Et ce n’est pas la proclamation des résultats truqués de la Ceni de Boubé Ibrahim et de Me Kadri Oumarou Koda, qui y changera quelque chose, encore moins le bonus que la Cour de Kadidiatou Ly lui a accordé en fin de compte. Les Indiens diraient probablement de Mohamed Bazoum qu’il a la langue fourchue. Il ne sait pas la tenir et comme d’habitude, il l’a fait claquer comme pas possible en reconnaissant que le fichier électoral qu’ils avaient brandi comme étant un des plus fiables qu’ils aient jamais connu dans l’histoire politique du Niger, ne l’est plus aujourd’hui pour qu’on envisage d’organiser les élections locales avec ledit fichier. Et pour faire la preuve que l’exercice du pouvoir selon leur compréhension, est une licence octroyée à la majorité au pouvoir pour violer la loi ou la tordre à son goût, ils ont modifié, dans une procédure expéditive de moins de 48 heures, la loi à leur convenance. Cela, non plus, ne changera rien au fait que Mahamadou Issoufou a fait un hold-up électoral et qu’il n’a aucune légitimité populaire à la tête de l’État. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé, il y a quelques mois, de ne plus lui adresser la moindre lettre, ne pouvant souffrir d’appeler président de la République quelqu’un qui n’a aucun mérite dans ce sens. Je ne pouvais ni l’appeler président de la République ni lui faire l’honneur de lui adresser une lettre destinée au porteur légitime de ce titre. L’éducation que j’ai reçue, faite d’honneur et de dignité, de foi en Dieu et de respect des lois et règlements, m’empêche de m’aligner derrière quelqu’un qui ne s’est jamais interdit de violer la Constitution, donc, son serment coranique. L’aveu de Mohamed Bazoum ne peut que me procurer une réelle satisfaction. Le mensonge dit-on, fleurit, mais ne donne pas de fruit.
Mes chers compatriotes, avec ses camarades, Mahamadou Issoufou a été l’adversaire le plus acharné de feu Ibrahim Maïnassaré Baré, celui qui a refusé tout compromis et qui l’a acculé sans ménagement, refusant de lui reconnaître même le titre de chef de l’État. Il l’appelait, avec un brin de dérision et de dédain, le Général Baré, histoire de dire que l’officier restera, pour lui, un bidasse qui a usurpé le pouvoir d’Etat. Mahamadou Issoufou ne jouait pas en solo dans ce registre. Il jouait sa partition en parfaite harmonie avec ses camarades du Pnds, notamment Mohamed Bazoum, qui a tenu des propos choquants, affirmant sans détours le sentiment de satisfaction qui les animait suite à la mort de Baré. Le rappel de ce bout de notre histoire politique de ces 25 dernières années pourrait surprendre. Et pourtant, il s’impose car il éclaire, à la lumière de ce que les Nigériens subissent aujourd’hui, un pan de la personnalité de ceux qui nous gouvernent. Fouillez l’histoire, examinez leurs actes et leurs propos, vous comprendrez aisément qui sont ces «messieurs» qui portent les noms de Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum, Pierre Foumakoye Gado, Massoudou Hassoumi et les autres. Ce que j’ai découvert fait si froid dans le dos que je ne suis pas du tout surpris ou même choqué de constater leurs méthodes, leurs manières ainsi que leur vision de la gestion du pouvoir d’État qu’ils perçoivent, non pas en termes de sacerdoce, mais d’abus, d’injustice et de détournements de deniers publics à des fins d’enrichissement personnel. Je précise que je ne suis ni surpris ni choqué. Par contre, je m’en veux et j’en veux à la plupart de nos compatriotes qui, comme moi, ont joué à la politique de l’autriche en fermant les yeux sur ce que Mahamadou Issoufou et ses copains nous réserveraient en cas d’accession au pouvoir. Nous n’avons pas été assez vigilants et conséquents pour barrer la route à cet homme qui a posé, au moins, deux actes majeurs qui auraient dû suffire à le disqualifier de la course au fauteuil présidentiel. D’abord, son entêtement à refuser toute logique de consensus avec les syndicats lorsqu’il était Premier ministre ; attitude singulière qui dénote d’un esprit dictatorial qui a valu au Niger 52 jours de grève d’affilée ; ensuite, sa rébellion vis-à-vis des lois et règlements de la République lorsque, en chef déchaîné, il a conduit un commando à la Police judiciaire pour y extraire Sanoussi Tambari Jackou, détenu en garde à vue. Ces deux faits, seuls, auraient dû suffire à nous aiguiller, et donc, à nous éviter de tomber dans le piège infernal de ces marchands d’illusions dont l’unique préoccupation était d’arriver au pouvoir pour se livrer à ce dont tous les Nigériens ont été témoins à présent. Personne, à ce sujet, ne peut, aujourd’hui, contester la désaffection, j’allais dire, la révolte des Nigériens vis-à-vis d’un pouvoir qui est parfaitement conscient de son extrême impopularité.
Mes chers compatriotes, le Niger va très mal, à commencer par l’école nigérienne, victime d’un pilotage approximatif et d’une incompétence notoire. Jugez-en ! Daouda Mamadou Marthe s’illustre dans une limite lamentable de vision et d’approche dans le pilotage du système éducatif, marquant ses premiers pas par des mesures qui suffisent à comprendre ce que sera le sort de l’école nigérienne entre les mains d’un tel individu ; les cinq membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont démissionné dudit conseil pour protester contre la volonté rampante de Mahamadou Issoufou d’en disposer comme d’un instrument politique ; le Niger, selon une information donnée par le ministre ghanéen des hydrocarbures, serait parmi les pays que son pays approvisionne désormais en pétrole et en gaz ; le territoire nigérien est en train d’être morcelé et attribué comme bases arrières des armées occidentales en quête de positions géostratégiques ; les salaires ne sont plus payés que par un revolving de bons de trésor et autres emprunts obligataires ; les élections locales viennent d’être repoussées aux calendes grecques ; les commerçants sont ruinés ; les fonctionnaires subissent des coupes sauvages sur leurs salaires et plus de 6 000 enseignants recrutés attendent toujours d’avoir un matricule avant d’être mis en solde ; les accords signés par Saïdou Sidibé, en compagnie de Gandou Zakara, à Paris, avec Africard LTD, ont compromis les financements de la reprise de la route Tahoua-Arlit ainsi que de la valorisation de la vallée de l’Irhazer et de l’Aïr — Mahamadou Issoufou a préféré plutôt obtenir la mainlevée sur son avion — les magasins sous douane cédés à Vincent Bolloré ; le projet de rail n’est plus qu’un vieux douloureux qui a valu au Niger des démêlés judiciaires avec Africarail de Michel Rocard …., le chapelet est long à égrener. Je vous demande, donc, de vous contenter du peu et de comprendre que l’heure est grave.

Mes chers compatriotes, j’ai appris que, finalement, le Mnsd de Seïni Oumarou s’est résolu, la mort dans l’âme, à se plier aux desiderata du Pnds. Il a fini par faire la déclaration d’allégeance à Mahamadou Issoufou. Une catastrophe pour le Niger et c’est de bonne guerre que beaucoup de compatriotes considèrent qu’il s’agit d’une trahison vis-à-vis du peuple nigérien. Une catastrophe qui s’est malheureusement révélée chez de jeunes cadres que l’on pensait de valeur à l’instar de Tidjani Abdoulkadri et de Salatou Ousseini mais qui ont été vaincus par le poids du ventre. C’est vous dire que le Niger est sur des braises ardentes, abandonné à son sort par des politiciens en qui le peuple a cru avoir trouvé des raisons d’espérer. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. L’essentiel est de savoir se battre avec les armes qui sont les siennes lorsque les leaders politiques arrivent à trahir. Que Dieu bénisse le Niger et son peuple !

Mallami Boucar

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