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La stratégie de l’araignée: comme (comment ?) l’Europe capture les migrants
Publié le samedi 5 novembre 2016   |  Actu Niger


Des
© AFP par ISSOUF SANOGO
Des migrants en route vers la Libye.
Lundi 1er juin 2015. Niger


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Bonjour à tous !

Je séjourne depuis une semaine à Agadez avec quelques acteurs de la société civile de la sous -région venus visiter le fameux centre de transit d'Agadez. La situation sur le terrain est vraiment difficile ; des milliers de migrants sont bloqués ici. Le passage vers l'Algérie est fermé de longue date. Là le gouvernement a mobilisé les forces de défense et de sécurité (armée, la gendarmerie etc ) pour bloquer toute sortie d'Agadez vers Dirkou et la frontière libyenne au point de menacer même les voyages des habitants de la zone.

ls confisquent tout véhicule surpris en direction du désert et le chauffeur est mis aux arrêts en application d'une loi prise en 2015. Actuellement plusieurs centaines de véhicules sont confisqués selon les chauffeurs et leurs délégués ; pas moins de 40 chauffeurs sont détenus.

L’ami Hassan, en bon journaliste, raconte avec peu de paroles ce que l’Europe depuis des années est entrain de construire. C’est la stratégie de l’araignée qui consiste à tisser la toile où se trouvent les passages ou les sorties pour les proies, en général des insectes. Il s’agit d’un système, celui de l’Europe, qui a fait ses preuves et a donné des garanties de réussite. La Mauritanie, qui fait frontière avec le Sénégal, pendant plusieurs années a été une plaque tournante pour des milliers des migrants. Il s’agit d’un vieux souvenir. Les contrôles maritimes, avions, la garde civil et la collaboration des autorités locales ont tari le puits. La migration vit seulement dans la mémoire des vielles pirogues colorées de honte et abandonnées comme des poissons inutiles. Le Maroc a suivi le même chemin avec les barbelés des enclaves espagnoles et les lames qui coupent de Ceuta et Melilla. Les toiles d’araignée prennent la forme des bâtons que les gardes marocaines utilisent pour taper les migrants qui tentent de passer le mur.

De nombreux migrants sortis des prisons libyennes sont également à Agadez ; dont de nombreux sénégalais et gambiens. Chaque semaine environ 300 arrivent à Agadez à partir de la Libye. Je pense que d'ici trois mois l'axe Agadez-Libye sera totalement bloqué et les migrants ouvriront probablement d'autres passages, peut-être vers le Tchad, plus à l'est.

C’est ainsi que l’ami Hassan témoigne des conséquences de la stratégie de l’araignée. Après le Maroc il y a eu la demandée complicité de Kadhafi et des camps de détention libyques, toiles qui prenaient parfois la forme des containers qui traversaient le Sahara. Comme des autoroutes de sable qui transportaient et détenaient migrants comme marchandise qu’on pouvait revendre plusieurs fois aux commençant d’humains. Tout marchait bien jusqu’en 2011, l’année du coup d’état inventé par les Occidentaux qui aurait semé morts, armes et migrants tout autour. L’Algérie, de sa part, est entrée dans la stratégie de l’araignée sans problème. Il n’y avait qu’un porte qui restait sans compter la Turquie et le mur d’Israël de 240 Km qui à la frontière avec l’Egypte. Une toile qui semblait laisser couler les migrants dans le chaos libyen. L ‘araignée a donc prévu de fermer le dramatique sentier qui restait vers la mer libre. Le Niger, qui donne forme a la nouvelle et précaire toile, est pour le moment le dernier arrivé.

Il y a souvent des coups de feu dans la ville ; ils ont tiré sur un véhicule transportant des migrants occasionnant deux blessés sous le prétexte qu'après sommation, le chauffeur ne s'est pas arrêté. La situation est vraiment inquiétante. Je rentre demain.

Hassan, amis militant, retourne pour raconter la stratégie de l’araignée. Il parlera des fils et des migrants qui, comme proies, restent coincées entre les filets de la toile qui ressemble à un cimetière. Néanmoins, après trois jours, les cocons se transforment en papillons qui s’en vont à la mer.

mauro armanino, niamey, octobre 2016

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