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L’enfer c’est nous : Par Dr Farmo Moumouni
Publié le samedi 5 novembre 2016   |  Nigerdiaspora




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Le Niger traverse des moments difficiles. C’est indéniable. Nombre de nos concitoyens tentent de comprendre l’état de dégénérescence dans lequel le pays se trouve. Plusieurs raisons ont été avancées. Toutes peuvent se résumer dans ce mot célèbre : «L’enfer c’est les autres»
Je ne nie point que les autres soient l’enfer, mais trop souvent les autres, c’est nous-mêmes.
On a incriminé les politiciens. Mais qui fait, élit et encense ces hommes et ces femmes qui nous martyrisent ?
On a accusé les valeurs. Mais qui produit nos représentations, établit les normes, édicte les règles morales, et tolère notre inconduite ?

On a condamné l’éducation avec raison. Mais sait-on qui se charge de donner à nos enfants les connaissances et les valeurs nécessaires au développement de leurs personnalités et à leur épanouissement ?
On a attaqué l’instruction. Soit, mais qui s’occupe de meubler les têtes, et de former les esprits ?
On a blâmé les mentalités. Mais d’où tenons-nous ces communes manières de penser et de croire ? D’où viennent les dispositions psychiques et morales qui nous caractérisent ?
On a mis en cause la «Nigerienneté». C’est nous qui avons construit cette manière d’être. Et, lorsque le Nigérien se représente le Nigérien, quand le Nigérien parle du Nigérien, j’entends les mots de méchanceté, d’envieux, et de «mounafintchi» qui reviennent inlassablement.
Nos problèmes se trouvent là où nous ne les cherchons pas. Ils sont en nous, ils sont dans nos têtes, dans nos pensées et nos croyances. Ils sont enfouis dans notre psychisme. Ils sont dans nos mœurs et nos coutumes, ils sont ancrés dans notre culture.
Avec nous, la politique est devenue un vivier grouillant de trafics d’influence et d’autorité, de bakchich et de pot-de-vin. Nous regardons désormais la politique comme le chemin le plus court pour nous enrichir et pour obtenir des privilèges. On ne s’étonnera donc pas le plus grand nombre veuille faire de la politique.
J’entends dire qu’il y a une perte de valeurs. Sans doute. À d’autres temps d’autres valeurs. L’époque des anciens, la loyauté, l’honnêteté, la probité, la vertu, la vérité la responsabilité et la serviabilité menaient à la reconnaissance sociale. De nos jours, pour obtenir la reconnaissance de ses semblables, pour accumuler des richesses et atteindre les sommets de la politique, il faut recourir à leurs contraires.
Voyez ces hommes et ces femmes qui ont gravi tous les échelons en trichant, en volant, en trompant. Nous ne les désapprouvons pas. Nous les admirons, nous les acclamons. Nous voulons être comme eux. Et nous disons : «Bor kan dou sana da sillo koulou ma ta»
Que ne ferions-nous pas pour nos biens aimés : Norou et Kouddi? Malheur à nous, s’ils nous échappent! Mais nos langues, qu’à cela ne tienne, nous donne la solution : «Mou tchi Kouddi» - «Ir ma Norou ŋa»
Quelles connaissances, quelles aptitudes, quelles compétences avons-nous mis à la disposition de nos éducateurs et de nos formateurs? Leur demandera-t-on de transmettre à nos enfants ce qu’ils ne possèdent pas?
Nous ne ferons pas de miracle. Tant que nos esprits ne seront pas éclairés par les lumières de l’éducation et de l’instruction, nos mentalités demeureront dans les ténèbres
Il y a chez nous, une sorte de procrastination, cette fâcheuse tendance à repousser sans cesse l’action;à ne pas faire ce que nous devons faire. Cette tendance contrairement à ce que d’aucuns croient n’est pas pathologique : elle est culturelle.
Nous n’agissons pas parce que nous attendons qu’on agisse pour nous. Ainsi au niveau individuel, nous attendons tout ou presque tout du supérieur social, de l’aîné, du grand frère ou de celui qui a réussi socialement. À ce propos, je crois qu’il y a chez nous une nouvelle catégorie sociale, une catégorie passe-partout, celle du «Tonton» qui englobe tous les éléments sus cités. Au niveau collectif, nous n’agissons pas, parce que nous croyons que des forces supérieures agiront à notre place. En l’occurrence, nous attendons de Dieu qu’il règle des problèmes exclusivement humains, que nous avons créé ici-bas, dans le monde de l’homme et qui doivent être réglés par nous ici. Ne voyez-vous pas que nos colères, nos indignations, et nos dénonciations se terminent par une seule et même note : «Que Dieu sauve le Niger!»
Nous regardons le pays qui va à la dérive, nous regardons ce pays qui se noie, le pays que nos pères nous donné, ce pays que nous devons léguer à nos enfants, et nous disons : «Kala Sourou» «Saye Hankoouri». Voilà identifiés deux de nos plus redoutables ennemis : Sourou et Hankouri.

Farmo M.

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