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Le Sahel N° du 9/11/2016

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Entretien avec M. Massoudou Hassoumi, ministre des Finances : ‘’Nous n’entendons pas augmenter les impôts, nous allons davantage mobiliser les taxes et impôts connus, mais insuffisamment recouvrés’’
Publié le vendredi 11 novembre 2016   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Massoudou Hassoumi, ministre de l`Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses


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Monsieur le ministre, la mobilisation des ressources internes est une préoccupation dans notre pays, avec des réalisations largement en dessous des attentes du Gouvernement. Qu’est ce qui explique cet état de fait?

La mobilisation des ressources internes a toujours été une préoccupation permanente du Gouvernement. La baisse des recettes est réelle par rapport aux prévisions, mais si l’on prend sur les cinq dernières années, nous avons multiplié par deux, sinon plus, les recettes de l’Etat. Entre 2010 et aujourd’hui, il y a eu une progression en valeur des ressources de l’Etat. C’est dire qu’il y a des performances qui sont là et nous avons beaucoup dépensé aussi. Nous avons beaucoup investi. Je crois qu’il n’y a jamais eu autant d’investissements que ces cinq (5) dernières années, et ces investissements ont été faits pour l’essentiel sur fonds propres de l’Etat. C’est cette situation qui nous a amenés à avoir une forte demande de mobilisation supplémentaire de recettes. Cette année, nous avons eu des chocs qui n’étaient pas prévus dans les prévisions des recettes 2016. Le premier choc, c’est la baisse accentuée des prix du pétrole et de l’uranium. Il y a aussi l’environnement économique régional, notamment le Nigeria qui est en récession, avec la chute de la valeur de la Naira ; ce qui a inversé les flux des échanges commerciaux. Cette situation a impacté nos prévisions de recettes que nous avons décidé de compenser par des emprunts obligataires et aussi par le gel de certains crédits à la fin de l’année.

En dehors de cet environnement économique régional et mondial, n’y a-t-il pas des problèmes structurels liés au fonctionnement des services chargés de la mobilisation des recettes ?
Il y a certainement une part de responsabilité du fonctionnement des services, une part liée à la gouvernance. Mais il faut reconnaître aussi le caractère objectif de cette situation économique régionale difficile. En ce qui concerne le choc sécuritaire, il est évident que nous l’avons prévu et nous l’avons intégré dans nos prévisions de mobilisation des recettes. Par contre, nous n’avons pas prévu les autres chocs, dans leur ampleur actuelle. Mais il faut reconnaître que nous aurions pu faire de meilleures recettes si nous avions une meilleure gouvernance de nos régies financières et de recettes.

Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre pour palier la situation ?
Nous avons déjà des mesures qui sont là, mais dont il faut accélérer la mise en œuvre. Il y a notamment un certain nombre de réformes au niveau de la Douane, des Impôts et du Trésor qui nous permettront de diminuer autant que possible les opérations manuelles dans ces régies. En plus de ces réformes, il nous faut aussi des mesures correctives dans la gouvernance, c’est-à-dire la façon de gérer, la discipline, l’autorité, le respect de la règlementation, la qualité du service rendu, etc. C’est dire qu’il y a beaucoup de mesures relatives au facteur humain.

Concrètement, pour le contribuable, quels sont les domaines sur lesquels le Gouvernement entend jouer pour améliorer les recettes ?
D’abord, nous n’entendons pas augmenter les impôts. C’est dire que pour le contribuable, les choses restent les mêmes. Le budget 2017 est actuellement à l’Assemblée Nationale, donc il n’y a pas de mesures en dehors de la Loi de Finances. Par contre, nous allons davantage mobiliser les taxes et impôts connus, les droits de douanes, etc. Nous pensons que nous mobilisons insuffisamment face aux gisements d’impôts et de recettes existants et disponibles. C’est ce potentiel qu’il faut nécessairement mieux exploiter. Ce potentiel est énorme ; l’écart entre ce potentiel et ce que nous mobilisons est tout aussi important. En mobilisant davantage, nous estimons pouvoir répondre à l’attente du Gouvernement.

Récemment, le FMI a diligenté une mission dans notre pays, et qui a convenu, avec le Gouvernement, de la mise en œuvre d’un nouveau programme. Ce nouveau programme répond-il aux attentes du Gouvernement qui a besoin de beaucoup de ressources eu égard à la situation tantôt décrite ?
Effectivement, nous sortons d’un programme et nous nous sommes entendus sur un nouveau. Il n’y a pas de mini programme au FMI comme l’a malencontreusement dit quelqu’un. La mission du FMI est venue au Niger au titre de l’article 4 pour faire la revue de la situation économique du pays, et la situation du cadre macroéconomique dans lequel nous sommes. Et le FMI le fait pour l’ensemble des pays du monde. A l’issue de cette mission qui se fait tous les deux ans pour le Niger, nous avons convenus d’un nouveau programme. C’est dire que cette mission a été concluante. Nous avons eu un accord parfait sur l’ensemble des questions. Nous avons posé toutes les problématiques. Il faut savoir que les propositions du FMI sont en réalité des propositions que nous formulons ensemble. La contribution de cette institution, c’est de nous aider à réfléchir sur la rigueur pour avoir des finances publiques saines. Et nous sommes tenus, en tant qu’Etat, d’avoir des finances publiques saines avec ou sans le FMI. C’est le rôle primordial de l’Etat que de bien tenir ses finances.

Succinctement, quelles sont les principales recommandations qui ont été formulées par la mission ?
Les principales recommandations de cette mission coïncident avec toutes les mesures, dont je vous ai parlé tantôt, qui sont dans le pipeline pour améliorer les recettes et la chaîne des dépenses. Ces mesures visent à avoir le moins de pertes possible, à optimiser les dépenses pour que la dépense publique soit la plus efficace possible. Elles sont axées sur les réformes, mais aussi sur la maîtrise de la dette. Nous avons aujourd’hui une dette considérée comme moyenne. Notre pays a un niveau d’endettement moyen et nous allons passer à un endettement faible. Nous allons donc travailler à maîtriser la dépense pour que nous n’ayons pas un niveau d’endettement très fort comme ce fut le cas dans les années 90. Nous n’en sommes pas à un niveau d’endettement fort, mais nous faisons attention. C’est pourquoi nous avons passé en revue toute la chaine de dépenses avec le FMI. Nous avons examiné la Loi des finances pour avoir un budget réaliste basé sur des recettes réalistes. Et globalement, notre budget tel que nous l’avons présenté, en termes de dépenses, est accepté. C’est dire que nous ne touchons pas à l’équilibre global du budget. Le FMI considère que jusqu’ici nous ne sommes pas dans une situation de dérapage, mais il faut être discipliné, mener des réformes telles qu’elles sont engagées, les mener rapidement et à leur terme conformément aux accords que nous avons eus.

Ces dernières années les dépenses de sécurité ont beaucoup pesé sur les autres secteurs, les secteurs sociaux notamment. Peut-on s’attendre à une normalisation de la situation en 2017?
Vous savez que sans sécurité, il n’y a rien d’autre. Nous sommes dans un environnement que vous connaissez. Je ne pense pas qu’en 2017, cet environnement va changer fondamentalement. Le Président de la République est déterminé à ce que les menaces sécuritaires qui sont dans les pays voisins ne s’implantent pas au Niger. Pour le moment, nous n’avons pas de groupe armé, de groupe terroriste ou de terrorisme autochtone dans notre pays. L’effort continuera en 2017 comme dans les autres années dans le domaine de la sécurité. Par conséquent, les dépenses de sécurité seront à un niveau toujours très élevé. Elles continueront malheureusement à peser sur nos finances publiques, mais c’est un choix. Et c’est un choix responsable que le Président de la République a fait, nous devons l’assumer.

Les fournisseurs de l’Etat se plaignent aussi de la lenteur, sinon du blocage des paiements au niveau du Trésor. Qu’en est-il exactement ?
Nous avons accumulé un certain niveau d’arriérés intérieurs. Ces arriérés sont une priorité. Après les dépenses de souveraineté, notamment les transferts aux ménages, c’est-à-dire les salaires, les bourses et les pécules et les dépenses de sécurité, le paiement des arriérés est la troisième priorité pour le Gouvernement, immédiatement après la sécurité. Nous sommes en train d’établir un plan d’apurement des arriérés et de non accumulation de nouveaux arriérés pour que les fournisseurs de l’Etat rentrent dans leurs droits.

Certains acteurs parlent de tension de trésorerie au Niger. Qu’en dites- vous ?
Il y a tension de trésorerie si les dépenses sont supérieures aux ressources. Nous sommes momentanément dans cette situation là, et c’est ce qui justifie l’accumulation d’arriérés intérieurs. Mais nous avons un plan pour sortir de cette tension en payant en priorité les arriérés intérieurs accumulés.

Devant une telle situation, qui du reste n’est pas propre au Niger, la peur des fonctionnaires est de retomber dans les arriérés de salaires. Pouvez-vous les assurer que cela n’arrivera pas ?
Je peux rassurer les uns et les autres que les salaires sont une priorité pour le Gouvernement. Nous sécurisons les salaires, nous ne reviendrons pas à ce que nous avons connu à une certaine époque. Il faut reconnaître que nous avons non seulement payé régulièrement les salaires pendant ces cinq (5) dernières années, mais nous avons aussi et surtout beaucoup investi sur ressources propres. Ce qui est extraordinaire. Jamais nous n’avons atteint un tel niveau d’investissement sur le budget national, sur nos propres ressources au point où il faut que nous fassions une pause par rapport aux investissements. Nous avons investi parce que nous savons qu’un pays qui n’investit pas est un pays qui s’appauvrit. Il faut donc s’équiper. C’est pourquoi nous avons construit des routes, des échangeurs ; nous avons investi dans l’agriculture et dans l’élevage à travers l’Initiative 3N, mais aussi dans les équipements sociaux comme les centres de santé, les écoles, etc. Tout cela a été fait ces dernières années dans des proportions considérables. Et c’est ce qui a fait que nous avons aujourd’hui une tension de trésorerie. Les recettes n’arrivent pas à suivre le rythme des dépenses qui sont, pour l’essentiel, consacrées aux investissements. Ce n’est pas autre chose. C’est pour cette raison que nous allons réduire les dépenses d’investissement, payer les arriérés, retrouver une situation d’équilibre entre les recettes et les dépenses, et envisager l’avenir avec davantage de sérénité.

Récemment, le concours de recrutement pour le compte de votre ministère a été annulé. Cette situation est décriée par les intéressés, notamment ceux qui sont honnêtement admis. Qu’avez-vous à dire à ce propos ?
Je ne gère pas ce dossier. J’ai compris qu’il y a eu des irrégularités criardes au niveau de ce concours. Je pense qu’il faut vraiment qu’on sorte de cette situation de manigances, de combines dans l’organisation des concours. Je trouve cela affligeant. Evidemment, je comprends que les jeunes qui ont honnêtement travaillé pour réussir sont autant victimes que ceux qui ont trafiqué, mais il faut trouver un moyen de rendre justice en faisant des concours propres afin que les jeunes méritants puissent trouver du travail dans des bonnes conditions.

Réalisée par Siradji Sanda(onep)

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