Il y a deux semaines de cela, le nouveau ministre des Finances Massoudou Hassoumi visitait les différents services relevant de son département ministériel. Il s’est rendu successivement à la Direction Générale des Douanes, à la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), à la Direction Générale des Impôts, et à la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics et des Engagements Financiers (DGCMP/EF). Partout où il est passé, le ministre des Finances a brandi le bâton et les menaces contre les agents jugés corrompus, paresseux et travaillant plus pour eux-mêmes que pour l’intérêt général.
Il a entre autres dit : « Ceux qui ne marchent pas avec nous dans le sens de la mobilisation des recettes, nous les laisserons sur la route. Nous sommes prêts à répondre aux besoins matériels, moraux et professionnels des agents, à condition qu’ils le méritent, que les résultats soient à la hauteur’’. ’Votre responsabilité, c’est de bien tenir les finances publiques et les comptes de l’Etat. Compte tenu de la situation que nous avons trouvée, nous sommes obligés d’avoir une hiérarchie de dépenses jusqu’à la stabilisation. C’est-à-dire, il faut que l’Etat et l’administration fonctionnent’’. La première priorité consiste d’abord à sanctuariser les salaires et les différents transferts aux ménages ; la deuxième priorité concerne la dette publique, notamment la dette obligatoire (intérieure et extérieure) qu’il faudra maitriser, et la troisième priorité porte sur la maitrise de la dette intérieure ‘’Je pense que les impôts fonciers et la TVA sont des impôts faciles et très productifs. Avant de penser à de nouveaux impôts, mobilisons déjà les impôts qui existent, et qui sont très insuffisamment mobilisés’’. ‘’Je tiens à vous dire très clairement que je m’engage à tout faire avec chacun d’entre vous qui voudrait bien participer, pour mobiliser ces impôts-là. Il ne faut pas casser la branche sur laquelle on est assis’’. ‘’Nous ne pouvons pas continuer à observer toute une chaine de complicités, de combines, qui font que l’Etat ne se retrouve pas dans ses droits’. C’est bien beau de menacer et de vouloir jouer au Rambo, mais il aurait fallu d’abord balayer devant sa porte avant de pointer des doigts accusateurs sur des paisibles agents qui en dépit de manque de moyens criards font convenablement leur travail.
Il n y ‘a aucune des régies financières de notre pays qui dispose de moyens suffisants pour mener à bien ses activités nous a confié un agent du Trésor, qui poursuit, tenez vous bien, au cours de cette année même la simple dotation en carburant des différents services n’a pas été satisfaite et comment voulez vous que les gens aillent sur le terrain pour mobiliser les recettes, si même les moyens de déplacement font défaut. Il y a également une politisation à outrance au niveau de ces services. « Toutes les régies financières du pays sont pilotées par des cadres du PNDS Tarayya, qui ne travaillent que pour financer le parti, enrichir ses dirigeants et militants et servir de tremplin pour recruter des grands militants. » Tous les postes de responsabilité sont occupés par des militants zélés, inexpérimentés et gloutons. Comment dans ce cadre peut-on atteindre la performance. Faites un tour à la Douane, nous indique notre interlocuteur et vous verrez que tous les postes sont occupés par des ressortissants d’une même région et tous PNDS. Ce n’est pas tout, l’intrusion politique dans tous les dossiers des finances est la plus grande cause de cette contre performance observée. En effet, pendant que les agents travaillent d’arrache pieds pour faire rentrer l’Etat dans ses droits, des personnalités haut placées interviennent dans le traitement pour faire spolier l’Etat. Les exemples de cette intrusion brutale sont légions. C’est le cas du trafic des devises où plusieurs fois on a tordu le coup à la Douane ; c’est le cas de la récupération des impôts, où dans la plupart des cas, c’est le secrétariat général du gouvernement qui s’arroge les prérogatives des services des impôts et empêche à l’Etat de rentrer pleinement dans ses droits. Ce Secrétariat général du gouvernement est devenu l’avocat des grands fraudeurs du fisc. Les sociétés de téléphonie mobile, à chaque fois qu’elles sont épinglées, trouvent au niveau du SGG des oreilles attentives et les arrangements deviennent la règle. A chaque fois l’Etat est lésé. Cette politisation à outrance des régies financières, cette promotion de la médiocrité et l’interventionnisme font le lit de la contre performance. La loi doit être respectée à tous les niveaux. Que tous ceux qui sont assujettis aux impôts payent effectivement leurs impôts. Ceux qui seront pris dans la triche sanctionnés avec rigueur et sans discernement. .
Tous ceux, qui pris en flagrant délit de fraude et sanctionnés par un redressement fiscal, ne doivent plus bénéficier de la complicité de l’Etat, ou du moins de certains des responsables au niveau élevé de l’Etat.
S’agissant des nouvelles mesures promises par le Directeur Général des Douanes pour faire augmenter les recettes, elles ne sont que de la poudre aux yeux. L’augmentation des frais de dédouanement des véhicules, la suppression des transits ne sont pas bonnes pour une économie déjà moribonde. Aujourd’hui, les frais de dédouanement ont doublé voire triplé. Cette mesure a eu pour conséquence le renchérissement des prix de certaines denrées alimentaires et des véhicules. Toutes ces réformes, parce que mal pensées sont entrain de soulever des contestations, ce qui obligera certainement l’Etat à reculer. Alors, très bientôt si les bonnes décisions ne sont pas prises sans passion ni précipitations, on parlera de ces sorties musclées du Ministre Massaoudou Hassoumi comme d’une simple tempête dans le désert.
