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Le Sahel N° du 15/11/2016

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Cinéma nigérien : A quand la vraie relance du cinéma ?
Publié le mercredi 16 novembre 2016   |  Le Sahel




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Toutes les bonnes histoires commencent par des anecdotes. Celles du cinéma nigérien aussi. Il était une fois, un ingénieur des Ponts et Chaussées nommé Jean Rouch, également ethnologue et philosophe à la fois. ''Moteur ça tourne'' !
Le cinéma nigérien vient de naitre et reconnait sa paternité à ce curieux intellectuel. Lorsqu'il a été affecté au Niger en 1941, il se trouvait qu'il était déjà un cinéaste accompli ayant réalisé plusieurs films. Mais nuance. Ce qui l'intéressait, ce n'était pas de produire des films de fictions que l'on attendait. Cela importe peu à cet homme singulier qui veut explorer une technique d'écriture cinématographique .Celle de tourner directement le réel et d'en transmettre la vérité. Ce qui fait de lui un adepte, voire un précurseur, du cinéma direct ; un courant né aux Etats unis vers 1958. Ses premiers films sont déjà évocateurs : ''Au pays des mages noirs'' en 1947 et ''Les magiciens de Wanzarbé'' en 1947. C'est donc toute cette expérience qu'il mettra au service du Niger encore sous la colonisation. Sa rencontre avec Oumarou Ganda, un jeune nigérien démobilisé en quête de travail, sera déterminante et prometteuse d'espoir. De fait, elle est perçue comme le clap de début. Acteur vedette de Jean Rouch dans ''Moi un noir'' (1957), puis assistant réalisateur, Oumarou Ganda sera le premier grand réalisateur nigérien de films de fiction.
Mais, en vérité, c'est avec Moustapha Alassane que le cinéma nigérien connaitra son baptême de feu. En 1966 il obtient le Prix de dessin au 1er Festival mondial des Arts nègres à Dakar, avec la ''Mort de Gandji''. Et comme Oumarou Ganda, Moustapha Alassane est un petit de Jean Rouch. C'est avec lui que ce bon mécanicien découvre les techniques du cinéma, notamment dans le tournage du film ''Petit à Petit'' réalisé en 1971. Les deux hommes étaient si liés que le destin a voulu que Jean Rouch meurt accidentellement en 2004 dans la voiture que conduisait Moustapha Alassane sur la route de Tahoua.
Maitre incontesté du dessin animé au Niger, Moustapha Alassane est le cinéaste qui a la plus volumineuse filmographie. Il capitalise plus d'une dizaine de films dont 5, produits en court métrage, sont réalisés avant 1970, année qui coïncide par ailleurs avec la vraie entrée en scène du cinéaste Oumarou Ganda.
''La bague du roi Koda'' et ''Aouré'' en 1962, ''Le retour d'un aventurier'' et ''Bon voyage Slim'' en 1966.
Aux côtés de ces deux grands dinosaures, gravitaient d'autres jeunes talents comme Inoussa Ousseini, auteur de plusieurs courts métrages dont la ''Sangsue'' en 1970 et ''Paris c'est joli'' en 1974. Il faut noter que cet intellectuel ambassadeur, délégué permanent du Niger à l'UNESCO, disciple de Moustapha Alassane, a dirigé le CIDC, le consortium panafricain du cinéma, dont le siège se trouvait à Ouagadougou. Parmi les jeunes talents de l'époque, il y avait aussi Moustapha Diop. De 1979 à 1984, il était réalisateur à la Télévision Nationale (ORTN), avant son premier film ''Synapse'' en 1974, et en 1981, il tourne ''La tomate'' avec Isabelle Calin.
1982 marque un tournant: il réalise un long métrage, ''Le médecin de Gafiré'', avec lequel il obtient plusieurs prix dont le "Grand Prix de l'ACCT" à Carthage en 1984. Zalika Souley, considérée comme la première actrice professionnelle d'Afrique de l'Ouest est tout aussi importante que les cinéastes cités plus haut. En effet, elle a joué dans plusieurs films et son apport à la grandeur du cinéma nigérien est inestimable. Puis il y a les autres ...Moussa Alzouma, Mamane Bakabé, Yaya Kosago. Il faut dire que le monde des cinéastes nigériens n'était pas nombreux si on excluait les techniciens de la caméra et consorts.
Grâce à ces cinéastes, notre pays a enregistré des succès importants sur la scène africaine et mondiale, le classant au 2ème rang après le Sénégal. Dès qu'une manifestation cinématographique se déroulait en Afrique, le nom du Niger est cité en exemple. Ainsi plusieurs distinctions et grands prix internationaux ont été décernés aux cinéastes nigériens dont le prix de dessin au premier Festival mondial des Arts Nègres à Dakar en 1966 avec la ''Mort de Gandji''. Avec Oumarou Ganda, ''Cabascabo'' sera le premier film africain sélectionné au Festival cinématographique de Cannes (France 1969) et il va également obtenir le prix du grand jury au festival de Moscou (URSS), la même année.
Le 12 mars 1972 Oumarou Ganda obtient le premier Grand prix Étalon de Yennega au 3ème festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), pour son moyen métrage ''Wazzou polygame''.
En 1979, Gatta Abdourahamane est distingué ''caméra d'or'' au FESPACO pour le film ''Gossi'', initiation sonantché. La même année, il est lauréat du scénario pour ''La Case'' vision habitat UNESCO à Nairobi au Kenya. En 1990, l'actrice Zalika Souley reçoit les ''insignes du mérite culturel'' de la Tunisie, en marge des 13èmes journées cinématographiques de Carthage.

Les tentatives de relance du 7ème art
Toutes les bonnes choses, à l'évidence, ont une fin. Après la mort d'Oumarou Ganda en 1981, le régime du feu Président Seyni Kountché ayant senti le plongeon du cinéma, avait rencontré les cinéastes (dont Sembène Ousmane) venus présenter leurs condoléances à la famille du disparu. C'est peut-être de cette rencontre qu'est née la semaine Oumarou Ganda. Elle devrait servir de ''petit Fespaco'', maintenir l'enthousiasme au sein du monde des cinéastes et galvaniser leurs talents.
L'Association des cinéastes nigériens elle-même a pris conscience qu'il faut revigorer le 7ème art nigérien dont les succès s'amenuisaient. On parlait alors, à l'époque, de coma ou de léthargie du cinéma.
C'est dans ce contexte qu'un jeune inconnu du métier se pose en sauveur. Il s'appelle Ousmane Ilbo Mahamane. En 1994 il lance les RECAN (Rencontres du Cinéma Africain de Niamey). De par sa combativité, son allant et sa passion, il rappelle étrangement Oumarou Ganda. Pour ce jeune garçon aux idées lumineuses, ''les RECAN visent à créer les conditions multiformes pour le développement du cinéma au Niger. Ni festival, ni compétition, les RECAN sont une biennale qui a pour objectifs spécifiques de faire découvrir, à l'ensemble des acteurs de la chaîne cinématographique, les formes du jeune cinéma, de faire découvrir au public les aspects du cinéma sur le plan esthétique, historique, technique, économique; de former, d'informer et de sensibiliser les populations, les jeunes en particulier, à travers des thèmes propres à chaque édition.''
La première édition a été un test préparatoire. La seconde a été une réussite exemplaire. Autant que la 5ème de 2006. Le public nigérien commence à y croire. Mais les cinéastes nigériens n'y étaient pas.
Avant de sombrer, les RECAN constituaient l'une des plus importantes manifestations culturelles et cinématographiques du Niger. Elles ont mobilisé des cinéastes d'Afrique et d'Europe, des journalistes et hommes de culture, etc. Bref, plus de 70 films ont été présentés à travers les RECAN. C'est l'une des rares fois qu'une initiative privée dans le domaine est inscrite au marbre. Malgré toutes ces tentatives de relance on se rend à l'évidence que le compte n'y est pas. La fin du calvaire n'est peut-être pas pour demain.

O. ALI(onep)

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