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Les non-dits de l’affaire SORAZ : De hautes personnalités impliquées dans la razzia
Publié le samedi 24 decembre 2016   |  Le Courrier


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© Autre presse par DR
Société de raffinerie de Zinder (SORAZ)


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L'affaire SORAZ n'a pas fini, on le sait, de livrer tous ses secrets. Loin s'en faut. Alors que les colonels des doaunes Bruno Fassimou, Mounkaïla Adamou et Yahaya Tobil Maïguizo sont déférés à la Maison d'arrêt de Niamey où ils sont détenus depuis le 14 décembre dernier, des informations de première main semblent indiquer que le matériel subtilisé dans les 495 containeurs est nettement plus important que ce que le rapport officiel a établi et que des hautes personnalités, aussi bien à Zinder qu'à Niamey, sont impliquées dans cette razzia.
Une razzia qui a débuté en 2013, dans la plus grande omerta et qui a concerné une centaine de véhicules, de camions et d'engins divers. Des véhicules de luxe qui vont des Toyota 4X4 aux Toyota 4WD en passant par les Toyota Hilux DLX ; des camions-citernes, des camions-ben, des bus, d'excavateurs, des chargeuses, des tracteurs, des grues, etc., ont été dénombrés dans le lot des matériels roulants qui ont été dissipés mais qui ne figurent curieusement nulle part dans le rapport d'enquête.
Gardés carrément à l'ombre pour ne pas troubler le sommeil de gens qui sont manifestement autorisés à faire main basse sur les deniers et biens publics. Ces véhicules et engins divers ont tantôt alimenté les parcs personnels de personnalités du régime, tantôt enrichi le capital physique d'entreprises hors-la-loi. Tout semble se passer exactement comme l'a dit Kountché, en 1977 : " Pendant ce temps, a-t-il dit, on fait la part belle à quelques privilégiés pour qu'ils se servent eux-mêmes au lieu de servir la nation, on tient cour avec des intrigants et autres délateurs de tout poil qui se font appeler commerçants, hommes d'affaires, chefs d'entreprises, marabouts ou prophètes, et qui en profitent pour gruger le peuple et ajouter impunément à la confusion. On couvre des fonctionnaires véreux pour qu'ils trafiquent tant et plus dans leurs fonctions. En un mot, on ferme les yeux pour que certains fassent prospérer leurs affaires, rien que leurs affaires et dans leur seul intérêt ". L'inventaire CPP dont Le Courrier a reçu copie porte exactement sur une liste de 106 matériels roulants. Il y figure notamment les spécificités techniques, notamment la marque, l'immatriculation et le numéro de châssis de chaque véhicule et engin.
Pourquoi cette liste n'a-t-elle pas été annexée au rapport d'enquête ?
Compromettant pour de nombreuses personnalités et hommes d'affaires proches des cercles du pouvoir, l'inventaire du matériel roulant dissipé renseigne sur l'étendue des torts causés à l'Etat. Si les enquêteurs ont sciemment ignoré la razzia des véhicules et engins répertoriés dans l'inventaire CPP, il est probable que l'estimation des six milliards ne corresponde nullement au montant des préjudices subis par l'Etat. Deux hypothèses sont à prévoir. Dans la première, le montant estimé des pertes de l'Etat prend effectivement en compte les véhicules et engins de l'inventaire, mais le rapport ne fait pas cas des matériels en question. Dans ce cas de figure, la démarche vise à diluer les valeurs de ces véhicules et engins dans le coût global des torts causés à l'Etat. Ce qui correspondrait à une surévaluation des valeurs réelles de certains véhicules et engins en vue de faire l'impasse sur ces matériels. Dans la seconde hypothèse, en concordance avec le rapport qui a ignoré ces matériels roulants, l'estimation du coût global fait abstraction totale de ces véhicules et engins. Toujours est-il que la démarche est frauduleuse. Elle vise à élever un paravent qui mettrait certains ténors du régime à l'abri d'éventuelles poursuites judiciaires.

Dans son rapport, la Halcia a clairement mis en cause Issaka Assoumane et son adjoint
Les trois officiers des douanes seraient-ils promis au sacrifice pour empêcher que l'enquête remonte à d'autres ? L'hypothèse est crédible et les arguments pour l'attester sont nombreux. D'abord, le cas Issaka Assoumane. Directeur général des douanes au moment des faits, le gendre d'Issaka Assoumane, selon les deux procès-verbaux de vente et le rapport y afférent, aurait bénéficié de privilèges exceptionnels pour acquérir des groupes électrogènes à 200 000 FCFA l'unité qu'il aurait revendus à 15 000 000 FCFA, l'unité. Une affaire dont il a dû tirer une belle fortune ! Le rapport incrimine directement Issaka Assoumane comme étant celui qui a recommandé son beau fils auprès de services régionaux afin qu'on lui fasse les "facilités attendues". Clairement mis en cause par la Halcia qui l'a épinglé, tout comme son adjoint, comme étant un des principaux acteurs de cette razzia, Issaka Assoumane se débat tant bien que mal et devant l'intransigeance de Hassoumi Massoudou, s'agrippe à l'unique bouée de sauvetage qui lui reste : l'interventionnisme politique. Et si Massoudou Hassoumi a exigé et obtenu sa tête, Issaka Assoumane est aussitôt récupéré par le grand gourou. De la plus belle manière. C'est le propre de la gouvernance qui a cours au Niger depuis que Mahamadou Issoufou a perdu tout repère. Le secrétaire aux relations avec le patronat du Pnds Tareyya est limogé en pleine polémique sur l'affaire SORAZ. Mais, surprise pour ceux qui nourrissent encore quelque illusion sur Mahamadou Issoufou ! Au lieu de laisser la procédure judiciaire suivre son cours normal, il fait ce qu'il a trouvé de mieux à faire. Il nomme Issaka Assoumane en qualité de conseiller, et cerise sur le gâteau, avec rang et avantages de ministre. Une consécration rocambolesque pour un homme soupçonné de graves malversations et dont les comptes bancaires ont déjà été bloqués par mesure conservatoire.
Huit mois se sont écoulés avant qu'Issaka Assoumane informe le ministre des Finances. Pendant ce temps, la razzia continuait.
Des déclarations et arguments avancés par certains acteurs de premier plan pour se tirer d'affaire, il ressort que l'ancien directeur général des douanes que Mahamadou Issoufou et des groupes de pression politique veulent coûte que coûte mettre à l'abri de toute poursuite judiciaire, s'est empêtré dans des explications tirées par les cheveux. Il déclare ainsi que le décalage constaté entre la date de constatation des faits (du 16 mars au 29 avril 2015) et celle de la rédaction du procès-verbal de constat (le 1er juin 2015), soit un mois entier, serait consécutif au fait que les responsables régionaux des douanes ne l'auraient informé de leur intention de procéder à une vente aux enchères que sur le tard. Mais, curieusement, il commet une faute plus grave puisqu'il souligne qu'il a rendu compte au ministre des Finances par note n° 025/DGD/CT du 25 février 2016, soit huit mois d'omerta face à un crime contre l'Etat. Pourquoi Issaka Assoumane a-t-il tant de temps pour informer le ministre de tutelle d'une grave situation dont il avait parfaitement connaissance puisque le procès-verbal de constatation a relevé, entre autres, selon ses propres dires, que " plusieurs conteneurs ont été vandalisés avec soustraction de plusieurs matériels sous-douanes ; que plusieurs engins et autres matériels ont été déplacés et dissimulés sur d'autres sites non connus de la douane et que des marchandises ont été vendues illégalement ". Pourquoi ce silence coupable ? L'examen minutieux d'un document lié à l'affaire révèle en outre que la Halcia reprocherait à Issaka Assoumane, entre autres, la cession, en 2013, de trois grues. Pour toute réponse, il informe que la CPSCC chinoise a déjà cédé à un certain Aboubacar Mohamed, quatre excavateurs, deux chargeuses, deux camions grue-bétonnières, deux camions citernes, deux camions citernes-ciment et un buldozer. Quel lien y a-t-il entre un de ces gagnants de razzia et Issaka Assoumane. Qui sont les personnalités du régime et les hommes d'affaires impliqués dans cette razzia ? Pour le moment, un député du nom de Chapiou a été interpellé mais rapidement laissé tranquille. Outre ce député qui ne serait plus inquiété et Issaka Assoumane que la justice attendra le temps qu'il faut, tous les caïds, politiciens et autres bandits trempés dans l'affaire, courent, libres, confiants et tranquilles. En attendant le retour de la manivelle ! Dans cette affaire, c'est tout de même des matériels d'une valeur estimée à plus de six milliards qui ont été soustraits du patrimoine de l'Etat.
(A suivre)

Laboukoye

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