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« Nous subissons les conséquences de l’intervention militaire en Libye»
Publié le jeudi 2 fevrier 2017   |  ActuNiger


S.E.M.
© Autre presse par DR
S.E.M. Mahamadou Issoufou, Président de la République, chef de l’Etat


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S’exprimant sur la situation sécuritaire et migratoire au Sahel, SEM Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, a dans une interview qu’il a accordé à France 24 en marge du 28ème sommet des Chefs d’Etats et des Gouvernements de l’Union Africaine (l’UA), tenue les 30 et 31 janviers 2017 à Addis Abeba en Ethiopie. Lors de cette interview, le président Issoufou a déclaré que : « Nous subissons les conséquences de l’intervention militaire en Libye».


Monsieur Mahamadou Issoufou bonjour, vous venez de participer avant d’arriver ici à Addiss a une réunion de Brazzaville consacrée à la Libye, j’ai presque envie de vous dire la n ième réunions des Africains consacrées a ce conflit, mais est ce que la solution à la crise libyenne n’est pas plutôt au Qatar ou aux Emirats qui soutiennent les chefs de guerre libyenne ?

Je vous remercie, d’abord la question que vous me poser est l’occasion pour moi de dire que la question de la crise Libyenne montre bien combien la gouvernance politique mondiale n’est pas démocratique, parce que, quant il y a eu cette intervention militaire en Lybie en 2011, nous qui sommes les pays voisins, nous n’avons pas été consulté, or c’est nous qui en subissons aujourd’hui les conséquences.

C’est une erreur ?

Absolument ! Car c’est nous qui subissons aujourd’hui les conséquences. Alors, effectivement nous étions au Congo à Brazzaville dans le cadre de la réunion du comité de haut niveau mis en place par l’UA pour apporter une solution à la sortie de crise en Lybie. Je pense que, pour répondre a votre question, la solution n’est nulle part ailleurs qu’en Libye même. C’est au niveau des libyens qu’il faut créer les conditions du consensus de sortie de crise en Lybie.

Ainsi, la réunion que nous avions tenue a été très claire et a mis en place une feuille de route qui prévoie la réconciliation au niveau de l’ensemble des libyens ; la mise en place d’Institutions consensuelles et la nécessité de dire au pays qui s’ingère dans la crise libyenne d’arrêter cette ingérence dans la crise libyenne. Nous avons considéré que les pays qui ont des agendas pour la Lybie doivent cesser d’interférer dans les questions Libyennes et nous, nous n’avons pas d’autres agendas en Lybie à part la stabilité politique de la Lybie.

La Lybie est aussi le refuge de l’Etat Islamique, on la vue avec la bataille de Syrte, mais également dans le sud de la Lybie, que faut il faire alors ? Est ce qu’il ne faut pas faire une intervention militaire ?

Tout cela était à craindre car quant il y a eu cette crise en 2011, nous avions déjà attiré l’attention sur le risque de chaos en Lybie, sur le risque que le pouvoir se dissolve et sur le risque que le pouvoir tombe entre les mains d’intégristes. Et là, vous venez de mentionner la présence de DAESH, fort heureusement que Daesh a été chassé de Syrte. Mais, malheureusement, les terroristes sont toujours présents en Lybie car il n’y a pas de pouvoir central capable de faire respecter l’autorité sur l’ensemble du territoire Libyen.

Alors, pour parler de terrorismes, et pour parler également de la Lybie puisse qu’il y a un lien, la situation au nord Mali se dégrade mais aussi au centre du pays, pas trop loin de vos frontières au Niger, est ce que vous êtes inquiets ?

Je suis très inquiet ! C’est pour cela que je disais que ce n’était pas normal que cette intervention en Lybie ait été faite sans nous consulter. Et comme vous le savez, la situation actuelle au Mali est une conséquence de la crise Libyenne. Parce que c’est de la Lybie qui est partie un certains nombre de forces qui ont réclamé l’indépendance du nord Mali et ces forces c’étaient alliées aux djihadistes et ils ont semé le chaos dans le nord du Mali. Et ce chaos malheureusement influx sur la sécurité de l’ensemble de la région. Puisse que, c’est à partir du nord Mali que non seulement, le centre du Mali est attaqué, mais aussi les autres pays voisins.

Le Niger est régulièrement attaqué à partir du Mali ; il y a eu l’attentat à Ouagadougou au Burkina, mais aussi l’attentat du grand Bassam en Cote D’Ivoire, tout cela vient du Mali. C’est pourquoi, étant donner que la menace descend vers le sud, nous avions créé une force mixte multinationale entre les 3 pays de l’ALG à savoir le Niger, le Mali et le Burkina, afin d’endiguer la menace qui est en train de descendre vers le sud de la région.

Monsieur le président, vous avez vu ici à Addis Abeba le nouveau secrétaire général (SG) des Nations Unis, je sais que vous êtes un tout petit peu dubitatif sur l’efficacité des casques bleus de la MINUSMA au Mali, qu’est ce que vous lui avez dites ? Ou qu’est ce que vous lui avez demandé ?

Alors, ce que nous lui avons demandé est que la MINUSMA ait un mandat offensif effectif. Je dis effectif, parce que, pour l’instant, le mandat offensif donner par le Conseil de Sécurité n’est offensif que sur le papier. Mais, la MINUSMA n’est pas équiper pour assumer ce mandat offensif qui lui est confié par le Conseil de Sécurité. C’est pourquoi, nous avions demandé au SG de Nations Unis, de prendre des dispositions pour que la MINUSMA soit effectivement équipée en conséquence afin qu’elle puisse travailler efficacement en rapport avec les autres forces qui combattent les terrorismes au nord Mali, que ça soit la force Barkhane ou les armées nationales (notamment l’armée Malienne, l’armée Burkinais, l’armée nigérienne et la force mixte multinationale de sécurisation de Liptako Gourma). En même temps, j’ai fais remarquer que, la situation au Mali est une conséquence de la crise Libyenne. Or, la crise Libyenne, nous, nous ne l’avons pas voulue, nous ne l’avons pas créée, c’est d’autres qui l’ont créée, et nous la subissons.

Cela renvoie à la question de la gouvernance encore une nouvelle fois de la politique mondiale qui n’est pas démocratique. Parce que, souvent, on nous fait des reproches en Afrique, on nous donne des leçons de la démocratie. Mais la gouvernance politique mondiale n’est pas démocratique. Et donc, il faut des reformes a ce niveau là c'est-à-dire des reformes au plan politique, reforme du Conseil de Sécurité, reforme de l’AG de Nations Unies, reforme aussi économique puisse qu’on sait désormais, il y a une liaison qui existe entre sécurité et développement.

Alors, sur un autre front au Niger, dans l’est de votre pays au tour du Lac Tchad, le front contre Boko Haram, là on n’a l’impression que l’armée nigérienne a gagnée des points, et vous enregistrez même des redditions des combattants de Boko Haram, est ce que vous estimez que sur ce front, vous avez en partie gagnée la bataille ?

Alors, l’armée nigérienne a marquée des points, mais, de manière générale, c’est la force mixte multinationale qu’on n’a mise en place au niveau du bassin du lac Tchad entre le Cameroun, le Niger, le Tchad et le Nigeria, qui a marquée des points contre Boko Haram qui a été très fortement affaiblie. Dans tous nos pays, aujourd’hui, on enregistre des redditions des gens de Boko Haram en particulier au Niger, nous avons déjà enregistré une certaine d’élément de Boko Haram qui ont fait leur reddition et nous avons lancé un appel a tous les éléments de Boko Haram qui veulent se rendre de déposer effectivement les armes, nous leur garantiront leur intégrité physique et nous leur garantiront également une meilleure réinsertion dans la vie socio-économique et de plus en plus, nous avions ces redditions là. Ensuite, ce qui montre bien que Boko Haram est affaiblie, c’est qu’aujourd’hui Boko Haram est divisé, il y a deux (2) fractions désormais : une partie dirigée par Aboubacar Chipkaou et une autre dirigée par Albarnawi. Ces deux fractions s’entre tuent entre elle, cela est un indicateur fort qui montre clairement que Boko Haram est en voie d’affaiblissement.

Très rapidement monsieur le président, une question sur les migrations, est ce que vous êtes favorables au projet de l’Union Européenne (l’UE) qui veut négocier avec un certain nombre d’Etat Africains des projets de réadmission ? Votre voisin Malien ne voit pas quelle est la position du Niger ?

Enfaite, le problème de la migration, il faut la posée de manière plus globale. Vous vous rappeler qu’on n’a fait un sommet entre l’Europe et l’Afrique à la Valette qui a posée les grandes lignes des actions qu’on doit mener pour lutter contre la migration irrégulière. Ce n’est pas contre la migration de manière générale qu’il faut lutter, mais c’est contre la migration irrégulière. Et ce sommet a bien mis l’accent sur le fait qu’il faut même encourager la migration régulière. Et le sommet s’est également penché sur les causes profondes des migrations et a conclut qu’il fallait que les différents pays, que ça soit le pays d’origine des migrants, ou les pays de transit et les pays de destinations, il faut que ces pays là partagent la responsabilité de lutter contre la migration irrégulière. Au Niger, nous sommes fortement engagé à lutter contre ça, au-delà de la question du retour des migrants dans leur pays d’origine, nous sommes très fortement engagés pour deux (2) raisons essentielles :

-d’abord la première raison pour nous de nous engagé dans ce combat là est d’ordre morale : parce qu’on ne peut pas supporter que des milliers et des milliers d’Africains meurent dans le désert ; on ne peut pas non plus aussi supporter que des milliers et des milliers d’Africains se noient dans la méditerranéen. Vous savez qu’entre 2015-2016, il y a eu près de 10.000 Africains qui se sont noyés dans la méditerranéen. Le dirigeant que je suis ne peut pas supporter ça. Pour cette raison morale, le Niger est très fortement engagé dans la lutte contre la migration irrégulière.

-la seconde raison est d’ordre sécuritaire, parce que les passeurs qui font passés les migrants du Niger qui est un pays de transit vers la Lybie reviennent avec des armes au Niger, donc ça pose un problème de sécurité pour le Niger.

Monsieur le Président, une dernière question, un reportage de France 2 a fait récemment le lien entre la libération des otages d’Arlit et l’assassinat de nos deux confrères de RFI (Claude Verlon et juceline Dupont), vous partagez cette analyse ? Y a un lien ?

Ecoutez, moi je ne rentre pas dans les querelles Franco-française, je ne rentre pas dans ces querelles là, car je n’ai pas de preuve qui est un lien entre la libération des otages et ce qui s’est passé notamment l’assassinat des journalistes de RFI.

Il n’y a pas eu trop d’émissaires, des détournements de fonds ou des rançons ?

Vraiment, permettez-moi de ne pas rentrer dans les querelles franco-françaises.

Monsieur le président merci.

Interview réalisée par Jean Karim Fall et transcrite par :

Mamane Kaka Touda, Coordonnateur réseau des jeunes du G5 Sahel/Niger

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