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Amères vérités : La qualité des enseignements n’a jamais préoccupé nos gouvernants actuels
Publié le mercredi 12 avril 2017   |  Canard en Furie


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© Autre presse par DR
Echange d’expériences entre quatre pays pour améliorer la qualité des enseignements


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La qualité des enseignements n’a jamais préoccupé nos gouvernants actuels. Ce qui les fait plutôt courir, c’est la problématique de la soutenabilité financière de leurs recrutements anarchiques, notamment dans le domaine de l’éducation. Or, ils en ont fait trop avant de se rendre compte du suicide politique que représente leur choix populiste : recruter sans compter ses deniers et paraître comme étant ceux qui ont à cœur les problèmes de la jeunesse nigérienne. Pendant six années de folies, ils ont foncé tête baissée, recrutant sans compter lorsqu’il ne s’agit pas simplement de gonfler les statistiques et prétendre avoir dépassé largement les promesses faites par Mahamadou Issoufou. Eh bien, ce sont ces recrutements presque irresponsables, car en déphasage total avec les capacités de mobilisation des ressources internes, dans un contexte exceptionnel de corruption, de concussion, de détournement de fonds et biens publics, qui ont explosé à la figure de ceux-là qui, autistes à tout appel à la raison et à tout conseil, ont cru pouvoir s’en sortir à bons comptes. Aujourd’hui, ce sont, au moins, trois promotions d’enseignants recrutés à qui le même gouvernement, qui a décidé de les recruter, refuse d’attribuer des postes budgétaires. Sans compter qu’il y en qui ont eu ces postes budgétaires mais à qui on refuse obstinément toute mise en solde. Comme si, durant des années, en lieu et place d’un programme pertinent qui tient la route et dont il a la parfaite maîtrise, Mahamadou Issoufou a joué à la roulotte russe. À titre de rappel, il a attesté, dans son bilan quinquennal, avoir intégré à la Fonction publique 10 350enseignants contractuels du Primaire et recruté 4436 enseignants au secondaire. Est-il si facile de se vanter d’avoir recruté alors que l’on n’est pas capable de payer ?

Première amère vérité : C’est l’argent qui commande l’opération d’évaluation des enseignants et non un quelconque souci attaché à la qualité des enseignements.

Au total, lorsqu’on additionne les effectifs d’enseignants (primaire et secondaire) recrutés à la Fonction publique par Mahamadou Issoufou, on aboutit au chiffre de 14 786, soit 2957 enseignants par an. Faisons grâce des 226 professeurs de CEG,titulaires du DAP/CEG dont le recrutement serait en cours en 2015-2016 et qui pourraient avoir fait les frais de la grosse reculade du gouvernement. 2957 enseignants par an, cela fait 457 enseignants supplémentaires par rapport à la promesse des 2500 annoncés. Bravo ! Seulement, au regard de la situation de blocage créée par le gouvernement par souci financier, il faut bien se demander combien de ces 14786 enseignants ont survécu au « tsunami ». Il faut également se demander si ces 14786 enseignants prennent ou non en compte les trois promotions recrutées puis bloquées ainsi que les enseignants ayant eu des postes budgétaires mais jamais mis en solde. En réalité, Le cul-de-sac dans lequel Daouda Mamadou Marthe s’est retrouvé est la résultante d’un pilotage à vue qui a duré cinq ans et dont l’unique objectif est d’entretenir l’illusion d’un «mieux fait» qui n’existe, en vérité, que dans les statistiques.

Deuxième amère vérité : Mahamadou Issoufou n’a aucun programme soutenable mais une accumulation d’idées brutes qu’il est loisible, au regard du gâchis auquel il a conduit le Niger, de qualifier de simples lubies.

Même en raison d’un salaire moyen fixe de 90 000F CFA par enseignant, toutes catégories prises en compte, il faut à Mahamadou Issoufou 1330740 000 FCFA d’argent supplémentaire par mois et 15 968 880 000 FCFA par an. De quoi s’arracher les cheveux dans un Niger où les scandales financiers ont rendu impossibles la réalisation des objectifs de développement. Justement, à propos du refus des autorités d’accéder aux revendications des syndicats d’enseignants, alors qu’elles ont pris le ferme engagement de les satisfaire, il est inadmissible d’exiger des organisations syndicales d’accepter un sacrifice que les gouvernants refusent de s’appliquer. Avec un gouvernement de 44 membres et une pléthore de 22 autres conseillers avec rang et avantagesde ministres, on est disqualifié à parler de patriotisme et d’engagement au service du Niger. Comment demander à Issoufou Arzika, MounkaïlaHalidou et AlioSamna, d’oublier leursrevendications alors que chaque jour que Dieu fait, des gouvernants et pas des moindres, sont pris dans des affaires de détournement de deniers et biens publics de plusieurs milliards de francs CFA ? Mohamed Bazoum, qui s’est voulu moralisateur, a de quoi balayer d’abord devant sa porte. Car, s’il veut jouer au catéchiste, il devra au préalable s’assurer que, dans son camp, ceux qui ont fait main basse sur les milliards de l’État les ont restitués devant la justice. Le ministre des Finances dont il parle de la parole donnée à propos du paiement régulier des pécules des enseignants contractuels, comme s’il s’agissait d’un homme crédible, n’est autre que Hassoumi Massoudou, celui-là qui a conduit les scabreuses négociations de l’achat de l’avion présidentiel, acheté à crédit alors que plusieurs dizaines de milliards ont été affectés à cette rubrique. C’est également celui qui a transféré 200 milliards d’un compte public de l’État vers un compte privé, à Dubaï. Quel crédit a-t-il pour que les syndicats le croient ? Aucun ! Daouda Mamadou Marthe n’a-t-il pas indûment empoché des fonds politiques auxquels il n’a pas droit ? Mohamed Bazoum n’a-t-il pas ordonné l’attribution de passeports à des non-nigériens ? BrigiRafini n’a-t-il pas refusé d’obtempérer à l’arrêt de la Cour d’État, la plus haute juridiction de son pays ? Mahamadou Issoufou n’a-t-il pas, maintes fois, violé la Constitution et refusé de prendre la moindre mesure en vue de réduire le train de vie de l’État ? Pourquoi alors est-ce les enseignants qui doivent trimer ?

Troisième amère vérité : les représentants de l’État n’ont aucune crédibilité pour demander aux syndicats d’enseignants de faire des sacrifices ?

Mohamed Bazoum et Daouda Mamadou Marthe parlent de qualité des enseignements qui serait désastreuse. Bazoum a même poussé le bouchon jusqu’à révéler que durant cinq ans, ils ne s’étaient pas préoccupés d’améliorer cette qualité des enseignements et que ce n’est pas parce qu’ils ont commis des erreurs qu’ils doivent persister dans ces erreurs. La messe est dite, diriez-vous ? Eh bien, sachez que si l’on se fie aux déclarations solennelles de Mahamadou Issoufou, contenues dans son bilan quinquennal, on est obligé de penser que le boulot est même terminé et que le Niger a sans aucun doute une des meilleures écoles d’Afrique. Tenez-vous bien, il semble que « dans le domaine de la formation initiale, 29.562nouveaux enseignants ontété formés dans les ENI (Ecoles normales d’instituteurs) et 28.940 enseignants contractuels sans formationinitiale ont bénéficié d’une formation de 30 à 45 jours. Dans le domaine de la formation continue, 3.757 cadres et enseignants ontbénéficié de divers renforcements de capacités et 132.762 enseignants, dontdes enseignants des écoles à risque, ont été formés au cours des sessions deCAPED. À cela, s’ajoute la formation à distance de 500 enseignants sansformation initiale des régions de Maradi et Tillabéry ».

Ce n’est pas terminé. Lisez plutôt la suite de ce que Mahamadou Issoufou écrit : « De plus, 4.179 encadreurs, enseignants contractuels et animateurs desjardins d’enfants ont été formés en français langue étrangère (FLE), endidactique de l’enseignement, en genre et tutorat, en suivi et en entretien desinfrastructures scolaires. Il a été organisé de formations avant emploi desanimateurs des Jardins d’Enfants Communautaires (JEC) et de formationsde cadres du terrain sur le guide révisé de l’éducation parentale ».

Allons jusqu’au bout pour découvrir que Mohamed Bazoum ignore sans doute le monumental travail qui a été réalisé en cinq ans : « Pour améliorer l’encadrement pédagogique, 1.040formateurs nationaux etrégionaux ont été formés en ingénierie de la formation, inspecteurs etconseillers pédagogiques.Pour rehausser la qualité de l’enseignement, le Gouvernement a introduitl’informatique dans les écolesprimaires. À cet effet, un programme dit«Projet numérique» a été mis en place. Ce programme vise à améliorer lesrésultats scolaires à travers une méthode d’enseignement ludique par lestechnologies de l’information et de la communication. C’est dans ce cadrequ’une convention a été signée avec la Fondation Orange, pour la confectionet la mise à disposition de 1800 tablettes aux élèves ».On se croirait en île Maurice !

En cumulant les chiffres de ces différentes formations pour enseignants «craie en main» et encadreurs confondus, on aboutit à 67 978. Et même si vous considérez qu’une part de ces enseignants et encadreurs se retrouvent doublement, voire, triplement, concernés parces formations, vous aurez un résultat qui ne peut justifier le violent réquisitoire contre la qualité des enseignements au Niger.

Quatrième amère vérité : soit les statistiques publiées par Mahamadou Issoufou sur la qualité des enseignements sont fausses et c’est ce que Mohamed Bazoum essaie de dire sans le dire, comme d’ailleurs celles de ces 15000 salles de classe réalisées en cinq ans ; soit, elles sont vraies et alors, ça enlève tout crédit au discours officiel qui lie la fameuse évaluation des enseignants à la qualité des enseignements.

Que faut-il retenir de tout ça ? Que l’éducation, au Niger, est gravement malade, c’est certain. Que, cependant, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui n’ont ni la moindre préoccupation pour le naufrage de l’école publique, ni crédit pour conduire une opération de redressement de cette école. Autrement, ils ne seraient jamais restés insensibles aux revendications des syndicats et à ces grèves qui ont pratiquement fini d’hypothéquer l’année scolaire. Autrement, ils auraient, depuis longtemps, fermé ces écoles que Bazoum appelle écoles bidons. Autrement, ils n’auraient jamais privilégié ce populisme de mauvais aloipour recruter et refuser ensuite de donner, soit des postes budgétaires, soit la mise en solde, aux intéressés. Que, en fin de compte, le salut de l’école publique viendra de quelqu’un d’autre et que les responsables syndicaux ne s’opposeront jamais à une opération juste, équitable et favorable à un renouveau de l’école publique.

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