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Le Sahel N° du 12/4/2017

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Tamboura Issoufou à propos de la saisie des biens immobiliers du Niger à l’étranger
Publié le samedi 15 avril 2017   |  Le Sahel


Tamboura
© Autre presse par DR
Tamboura Issoufou


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Tamboura Issoufou à propos de la saisie des biens immobiliers du Niger à l'étranger " Au regard du mutisme coupable de Brigi Rafini et même de Issoufou Mahamadou, on peut être amené à penser effectivement à une haute trahison de leurs parts car c'est comme une spoliation d'une partie du territoire national… " déclare Tamboura Issoufou

Le Niger va mal, c'est indéniable. Miné par la corruption, les détournements de deniers publics, le pillage systématique des biens, la mise en péril des biens immobiliers du pays à l'extérieur, l'impunité flagrante et révoltante des auteurs de ces crimes et délits, notre pays, on peut le dire, se trouve dans une mauvaise passe. Tamboura Issoufou, dont les Nigériens connaissent le franc-parler, la sincérité des propos et l'attachement à un Niger des grandes valeurs, a accepté de répondre aux questions du Courrier par rapport à un certain nombre de dossiers brûlants de l'heure. Sans fard comme à ses habitudes et toujours pertinent. Lisez plutôt.

Question : Depuis quelques jours, Mahamadou Issoufou court d'un point de Niamey à un autre, tantôt pour inaugurer quelque chose, tantôt pour procéder à la pose d'une première pierre alors que les Nigériens, y compris dans son propre camp politique, ne cessent de dire que le Niger est bloqué et que rien ne va plus. Comment appréciez-vous ce fossé qui sépare Mahamadou Issoufou de son peuple ?

Réponse : Permettez-moi de vous remercier pour l'intérêt que vous portez à ma modeste personne de militant au sens noble du terme. En tant qu'acteur politique, je ne me déroberais point pour donner ma vision sur les questions brulantes qui assaillent notre pays.

Il est évident, et les observateurs avertis et vigilants l'ont bien compris, Mahamadou Issoufou et son Guri System, par la fébrilité déployée, a atteint un seuil visible et sensible de la gouvernance catastrophique du Niger. À son accession au pouvoir en 2011, que n'a-t-il pas promis aux Nigériens ? L'école pour tous, 50 000 emplois, sécurité alimentaire, grands projets structurants, le renforcement de la démocratie républicaine, etc. Se donnant une boussole, il a même aspiré ressembler au Calife Omar. Pourtant, tous les Nigériens savent que les régimes de la 5ème et de la 6e Ré- publique ont produit des ressources importantes qui ont été dilapidées par ce qu'il convient d'appeler des prédateurs : pillages, gaspillages, braderies des ressources humaines, matérielles, financières et naturelles du pays. N'est-ce pas que des individus bien connus, salariés de l'État, sont devenus des milliardaires ? Au lieu des projets pré- vus à son programme mirobolant et démesuré, nous avons assisté à l'improvisation par la mise en œuvre hâtive d'actions non annoncées au programme : " échangeurs ", voiries réalisées à grands frais et souvent éphémères de Niamey Nyala, les fêtes tournantes du 18 dé- cembre qui ont toutes pour point commun la démesure, la surfacturation scandaleuse des marchés publics et surtout la non satisfaction des besoins des populations. Ces forfaitures concernent tous les secteurs et la liste de celles dont je fais cas ici ne peut être exhaustive. Sur le plan de la gouvernance dé- mocratique et républicaine, ce n'est un secret pour personne, la gestion de Issofou Mahamadou est caractérisée par des violations fréquentes de la Constitution et des lois de la République, l'injustice, le mensonge au sommet de l'État, la corruption à tous les niveaux. Cette situation que les Nigériens ont mal supportée a conduit à la mascarade des élections pré- sidentielle et législative en fé- vrier-mars 2016. Ce sont tous ces échecs, car Issoufou a lamentablement échoué, qui le font courir.

Question : À votre avis, y a-til, à oui ou non, haute trahison de la part des premiers responsables de l'État dans l'affaire Africard qui a débouché sur la saisie des biens immobiliers du Niger à l'étranger ?

Réponse : Cette nième affaire de corruption au sommet de l'État ne fait que corroborer ce que j'ai dit tout à l'heure. Vous savez bien que dans les salons et les fadas de Niamey, on ne parle que de pots de vin per- çus. Il est clair que depuis que cette affaire dure, aucune mesure n'a été prise à l'encontre des agents ou responsables qui ont entrainé le Niger dans cette aventure déplorable. La règle de l'imputabilité exige que les agents ou responsables indélicats soient bien identifiés et dégagés et favoriser une meilleure posture de règlement de cette affaire. Au regard du mutisme coupable de Brigi Rafini et même de Issoufou Mahamadou, on peut être amené à penser effectivement à une haute trahison de leurs parts car c'est comme une spoliation d'une partie du territoire national.

Question : Le 14 mars 2017, le Tribunal de grande instance hors classe de Nanterre a récemment rejeté les demandes de sursis à statuer et de report d'audience aux motifs que " la République du Niger ne verse pas au dossier d'éléments suffisamment probants pour attendre l'issue du recours en révision " et le Niger pourrait bien être exproprié de ces biens stratégiques. À votre avis, que doivent faire les Nigériens pour éviter une telle catastrophe ?

Réponse : Les nigériens doivent s'organiser pour user de tous les moyens légaux pour exiger du gouvernement, non seulement de la transparence dans cette affaire scabreuse, mais aussi un comportement plus adapté à la situation en démasquant tous les délinquants au col blanc qui ont conduit le Niger dans cette impasse.

Question : Récemment, il y a eu également le détournement, puis la vente à Cotonou, par des individus sans scrupules, de 5000 tonnes d'une aide alimentaire généreusement offerte par le Pakistan alors que des millions de Nigériens avaient besoin d'une assistance alimentaire et nutritionnelle. Un tel crime est-il acceptable dans un Niger qui peine à nourrir ses enfants ?

Réponse : Vous l'avez déjà dit, nous sommes dans le " régime des affaires " et vous voyez bien que ces individus ne peuvent pas, d'eux-mêmes, prendre l'initiative et la vente des 5000 tonnes de riz, et c'est le silence des autorités qui est accablant. Cette affaire rappelle le détournement des stocks de sécurité de l'OPVN par la transition de Salou Djibo, découvert par le régime de Issoufou Mahamadou et tu.

Question : Le directeur général de l'OPVN est celui qui a pris possession des 15 000 tonnes de riz avant que les 5000 tonnes ne soient détournées et vendues. Or, ce monsieur est toujours en poste et ni Mahamadou Issoufou ni Brigi Rafini ne dit mot. Ne trahissent-ils pas leur responsabilité dans ce nième scandale?

Réponse : Il y a impunité et cela confirme que les individus qui ont vendu les 5000 tonnes n'ont pas agi de leur propre chef. L'unique responsable, c'est Issoufou car Brigi n'a jamais incarné un Premier ministre d'un régime semi-présidentiel : il se contenterait de " manger " comme tous ceux qui sont accrochés au Guri, telles des sangsues.

Question : L'ancien directeur général des douanes, Issaka Assoumane, dont les comptes bancaires ont été séquestrés, un temps, par la Halcia, pour sa présumée implication dans le pillage survenu à la Soraz, a été aussitôt honoré par Mahamadou Issoufou qui l'a nommé ministre-conseiller auprès de lui. N'est-ce pas un acte, d'une part, de défiance vis-à-vis de la justice ; d'autre part, de mépris vis-à-vis du peuple nigérien ?

Réponse : Vous voyez bien que les mauvaises pratiques prolifèrent partout où il y a des biens ou des ressources publiques. Même si des services de répression épinglent des responsables, tout se règle à la Présidence. D'ailleurs vous savez bien que l'opinion publique, à travers les salons de Niamey, raconte que tout a commencé à la Soraz avec des prélèvements de matériaux et matériels qui auraient été commis pour la construction du fameux siège du PNDS et pour la première Dame. Tous les autres auraient suivi l'exemple.

Question : Le pillage qui a eu cours à la Soraz n'est-il l'arbre qui cache la forêt, notamment dans le cadre de la gestion du pétrole nigérien?

Réponse : D'ailleurs, on doit se poser la question de savoir si ce pétrole est nigérien ou chinois car on constate de plus en plus que le Niger a de moins en moins l'initiative sur son pétrole et à tous les niveaux, tout cela à cause de la compromission des responsables au sommet. En tout cas, la question du pétrole est devenue plus opaque.

Question : Hassoumi Massoudou, qui accusait les douaniers de travailler pour eux mêmes au détriment de l'État a été cité comme maître d'ouvrage d'un transfert bancaire de 200 milliards de francs CFA, soutirés d'un compte de la Sopamin logé à BNP Paribas (France) vers un compte privé, à Dubaï. Quel sentiment cela a-t-il inspiré chez vous en apprenant ce scandale du siècle ?

Réponse : À mon niveau, Massoudou n'a agi que comme un chargé de mission car le maître d'ouvrage comme vous le dites, c'est son patron Issoufou au nom de qui il a agi depuis cette réunion de " minutes de meeting " tenue entre Massoudou seul au nom du Niger et plusieurs responsables d'Areva. Le ministre des Mines aurait même protesté mais aurait été rassuré par Issoufou lui-même. Tout cela est digne de la maffia et de quelque coté que cette affaire est abordée, elle est injustifiable et les Nigériens ne sauraient l'accepter. En ce qui concerne l'individu Massoudou que je connais amicalement depuis que nous étions jeunes cadres, puis militants de partis politiques, j'ai vu quelqu'un qui a perdu de sa superbe lors de sa conférence de presse, quelqu'un qui manquait d'arguments, quelqu'un qui est en train d'être rattrapé par l'histoire. Comment un haut responsable de sa stature ait accepté d'agir en larbin garçon de courses d'Issoufou au lieu de faire respecter les lois comme serviteur de la nation ? Nous attendons et suivons avec attention l'évolution de l'affaire.

Question : À ce jour, le Parquet n'a pas communiqué officiellement la désignation d'un juge d'instruction. Pensez-vous que le procureur de la République va ouvrir cette information judiciaire attendue des Nigériens ?

Réponse : Je pense que la gravité de la situation n'autorise pas le procureur de se dérober de rendre justice à la nation nigé- rienne dont l'honneur et /ou les intérêts sont mis en cause. Le procureur n'a pas le droit de se comporter comme Massoudou et j'ose espérer, comme l'attendent nos compatriotes, qu'il fera ce qu'il doit faire. N'assistonsnous pas actuellement à un éveil sur ce plan en Afrique ?

Question : Au regard de toutes les misères vécues, de tous les scandales financiers qui ont agenouillé l'État et de toutes les violations répétées de la loi au cours de ces six années, le Niger mérite-t-il Mahamadou Issoufou ?

Réponse : Un dicton dit que tout pays mérite le gouvernement qui le dirige et sur ce plan, le Niger mérite Issoufou Mahamadou. Je vais argumenter : les Nigériens, aujourd'hui, adhèrent aux organisations sociales et politiques pour accéder aux emplois publics auxquels ils ne sont pas les mieux préparés pour se servir de l'intérêt public et non pour le servir. Sinon, comment comprendre que la plupart des partis politiques sont à la "mangeoire", que la société civile est en panne et que les syndicats se cachent devant des périls graves qui guettent le Niger. Même les autorités morales du pays (anciens hauts responsables, pré- sidents de la République , Premiers ministres ou présidents de l'Assemblée nationale, ulé- mas, chefs traditionnels) semblent désarmées contre cette descente aux enfers du pays.

Propos recueillis par Laboukoye

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