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L’Invité de Nigerdiaspora : Abdoul-Kader Harouna, Expert informatique chez Oracle Canada
Publié le dimanche 28 mai 2017   |  nigerdiaspora


NTIC/MÉDIAS
© Autre presse par DR
NTIC/MÉDIAS : ACTICE dénonce la restriction de l’accès aux réseaux sociaux et menace de saisir la justice


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Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Je me nomme Abdoul-Kader Harouna Souley. Je travaille actuellement chez Oracle Canada à Québec. J’ai fais mes études primaires (école mission) et secondaire (CEG Goudel suivi du lycée Mariama) à Niamey. Après mon BAC (Série C) en 1998, j’ai poursuivi mes études au Maroc dans le domaine des réseaux télécoms. C’est en 2003 que j’ai rejoint le Canada en m’inscrivant à une Maîtrise (Master) en réseaux mobiles à l’université de Sherbrooke. Mais avec le déclin des télécoms (faillite Nortel Canada) et ma passion pour l’informatique, j’ai entamé des études en Doctorat en génie logiciel en 2005, avant de décider finalement de me lancer deux ans plus tard, comme consultant informatique pour développer des solutions web (surtout Java open source). Après 8 ans de consultations dans des PME, j'ai rejoint en 2013 Oracle Canada, Numéro 2 mondial du logiciel juste après Microsoft.

Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales?
Ma principale tâche est de développer des solutions logicielles dédiées aux entreprises afin qu’elles bénéficient de tous les avantages des nouvelles technologies et augmenter leur productivité. En une dizaine d'années, j'ai travaillé activement sur plus d'une vingtaine de projets informatiques majeurs dans divers domaines comme la gestion de personnel, la finance, la santé, la sécurité et l'audit. Mon portfolio de clients comprend plusieurs institutions gouvernementales du Québec (Ministère de la santé, Ministère de la sécurité publique, Université du Québec), aussi dans le domaine de l’assurance (Group SSQ) et les banques (Caisses Desjardins).

En 2012, j'ai créé ma propre compagnie Harokad technologies Inc (www.harokad.com) ce qui me permettait d’intervenir à l’international. C’est tout naturellement que j’ai commencé d’abord par le Niger avec pour objectif d’ouvrir une filiale de Harokad technologies à Niamey. J'avais prévu de pouvoir palier au problème de la connexion Internet, mais j’ai été surpris par la dégradation de l'approvisionnement en électricité (délestage + surcharges électriques qui détruisent le matériel), ce qui me força à mettre mon projet en hibernation.
Néanmoins, j’ai pu développer quelques solutions logiciels pour des entreprises comme Orange Niger, CEBAO banque et aussi dans le domaine de la santé (cliniques et pharmacies). Je n'hésite pas aussi de profiter de mes séjours au Niger pour partager mon expertise en donnant des formations en développement informatiques. Et c'est l’une des raisons pour laquelle le CIPMEN m’invita à la première édition du Sahel Innov en février 2017. Pour le moment je partage mon expérience avec les jeunes développeurs et certaines startups. Ceci est comme un service civique pour le Niger qui nous a fourni une éducation gratuite jusqu’à l’université.

Chez Oracle, je travaille activement des produits comme Fusion HCM (Human Capital Management) et GRC (Governance, Risk and Compliance). Le second produit est un outil d’audit très intéressant pour l'Afrique car il permet une gestion minutieuse des processus, des risques et des contrôles et qui pourrait diminuer considérablement la fraude et la corruption.

Abdoul Kader Harouna 02Que pensez-vous du développement informatique au Niger?
Le développement informatique au Niger a pris du retard par rapport aux autres pays de la sous région mais avec la création du CIPMEN et du HC/NTIC le gouvernement actuel met les moyens afin que nous rattrapions ce retard. Je me rappelle encore dans les années 2000 où nos seuls lieux d’échanges étaient : Nigerdiaspora.net , Tamtaminfo.com et le groupe Yahoo « Internet Niger » ! Les anciens en savent quelque chose.

En Afrique subsaharienne, les deux dernières décennies furent celles de l’ère de la téléphonie mobile. Aujourd’hui même dans des villages reculés on peut trouver des téléphones intelligents (ou Smartphones en anglais). L’Afrique a certes raté l’industrialisation au 20e siècle, mais elle fait le pari de réduire son retard avec le numérique. C’est dans ce même ordre d’idée que l’État du Niger s’est donné le mandat de créer des villages intelligents en zone rurales dans les prochaines années.

Mais actuellement, il n’y a presque aucun service de l’État utilisable à partir d’un Smartphone et malheureusement leur utilisation se limite encore à des échanges de messages et photos sur les réseaux sociaux.
Ceci ne fait qu’augmenter les profits des compagnies de téléphonie sans aucune plus value sur le PIB.
Notre grand défi pour les développeurs sera d’innover et de fournir des solutions numériques adaptées aux besoins des populations. Aussi, L’État étant quasiment le seul grand donneur d’ouvrage au Niger, il doit amorcer un grand projet d’informatisation de ses services afin de créer de l’ouvrage pour le petit nombre de développeurs en informatique. Oui pour les Hackatons et autres concours car ils permettent d’attirer les jeunes, mais l’acquisition de compétences n’est possible qu'à travers de vrais projets d’envergure avec le support d’experts étrangers ou de la diaspora. Le Niger pourrait par exemple créer une banque de conseillers techniques au niveau de la diaspora comme un TOKTEN (Transfer of Knowledge Through Expatriate Nationals) pour les NTICs auxquels il fera appel en cas de besoin. Ce n’est pas évident de les faire rentrer au Niger de façon permanente, mais je connais beaucoup de nigériens très qualifiés dans leur domaine qui seraient fiers de servir leur pays d’origine sur des missions ciblées.


Quels conseils donneriez-vous aux nigériens dans le développement informatique au Niger ?
Depuis la création du CIPMEN, j'ai repris contact avec le milieu et j'ai vite remarqué un réel besoin de formation et d'accompagnement des startups nigériennes qui manquent beaucoup d'expérience. Après leur incubation elles risquent de disparaître si elles n'arrivent pas s'imposer sur le marché surtout en concourant avec des firmes étrangères. Afin de mieux s'en sortir, je pense qu’elles (les startups) doivent se regrouper ou créer des consortiums pour préparer et postuler sur de gros contrats informatiques. La pratique se fait ici au Canada où j’ai plusieurs fois travaillé en collaboration avec d’autres firmes sur un même contrat. Comme on dit l’union fait la force, sinon elles risquent de fermer à long terme si les firmes étrangères continuent de rafler tous les gros contrats, faute de compétences et de ressources nécessaires.

Abdoul Kader Harouna 03Avez-vous des projets informatiques pour le Niger ?
Oui, comme beaucoup de nigériens de la diaspora, j’ai plusieurs projets pour l’Afrique et le Niger en particulier.
Actuellement, je suis sur la conception d’un système de gestion de documents et d'archives numériques. Avec cette solution, plus besoin de confier un document confidentiel à un planton, plus de perte de documents parce que détériorés par les termites où lors d'un incendie, en plus d’avoir un impact environnemental (diminution de l’usage du papier).

Mais à moyen terme, mon ultime ambition c'est d’accompagner le gouvernement et les PME à informatiser leur processus d'affaire et bénéficier de tous les avantages des NTICs. Comme je le disais, chez Oracle j’ai acquis de l’expérience pour pouvoir développer un jour des systèmes d'audit adaptés pour l'Afrique afin de diminuer la fraude, un fléau qui cause un important manque à gagner pour les entreprises et les gouvernements. On a vu récemment des pays comme le Burkina Faso injecter des Milliards de CFA pour mettre à jour son système de gestion de la paie, ou la Cote d’Ivoire au niveau de la direction des impôts. Le Niger d’emboiter le pas aussi en implantant des logiciels qui permettront une gestion rigoureuse des services de l’État. Ceci restaurera la crédibilité au niveau de ses services, ce qui favorisera l’investissement étranger (ou de la diaspora) et aura un impact significatif sur la croissance du PIB.
Pour le mot de la fin, je dirais que ce n’est pas les experts informatiques qui manquent, avec une réelle volonté politique, tout est possible.
Abdoul-Kader Harouna Souley

Réalisée par Boubacar Guédé

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