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Le Sahel N° du 21/6/2017

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Contribution/Master professionnel prévention et gestion des conflits : L’université de Tillabéri s’engage en faveur de la consolidation de la paix et du Développement au Niger
Publié le jeudi 29 juin 2017   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
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Le développement est une œuvre de longue haleine. Mais il ne peut y avoir de développement sans la paix. Ce lien très fort qui lie la paix et le développement a été compris très tôt par les autorités de l’Université de Tillabéri. Certes l’université a été créée avec une orientation agronomique et agro-alimentaire mais comment peut-on produire, transformer et commercialiser dans un contexte de conflit récurent ? A l’image de nombreuses régions du Niger, la région de Tillabéri fait face à des conflits armés et des tensions intercommunautaires qui constituent sans aucun doute une contrainte majeure pour la production agricole et pastorale. Et c’est pour apporter sa contribution dans la recherche de solution à cette situation que l’Université a ouvert un master professionnel en ‘’prévention et gestion des conflits’’

Pays sahélien, le Niger est confronté depuis des décennies à un amenuisement progressif de ses ressources naturelles. Les aléas climatiques et la pression démographique sont les principales causes de cette dégradation. La rareté des ressources engendre des conflits inter et intra-communautaires. Parmi la multitude de conflits qui existent, les conflits liés à la compétition pour l’accès et le contrôle des ressources naturelles restent les principales causes de conflits en milieu rural. En effet, l’accès aux points d’eau, aux espaces pastoraux, aux couloirs de passage des animaux, aux résidus de récolte dans les champs, le non-respect des limites des champs, la divagation des animaux, la défaillance des instances d’arbitrage pour ne citer que ceux-là sont autant de sources potentielles de conflits. En plus des conflits ruraux classiques liés aux ressources naturelles, on observe ces dernières années l’apparition de nouvelles formes de conflits plus violents.

Ces conflits sont alimentés et entretenus par de nombreux facteurs : l’insécurité alimentaire et les migrations. Par exemple dans les parties Nord de la région de Tillabéri ou de Tahoua, pour faire face à l’insécurité alimentaire devenue chronique et à la pauvreté, de milliers de Nigériens quittent chaque année leurs villages de manière plus ou moins définitive en vue d’une migration économique principalement vers les pays côtiers (Ghana, Nigéria, Côte d’Ivoire etc.) et parfois vers l’Afrique du Nord (Algérie, Maroc) et l’Europe. D’autres choisissent d’intégrer les mouvements djihadistes et terroristes. C’est le cas de certains jeunes de la zone Nord de la région de Tillabéri qui ont intégré le mouvement intégriste Moujao du Mali. On constate de plus en plus que la radicalisation des jeunes est due le plus souvent au manque de perspectives dans les zones d’origine.

De cette typologie des conflits, il ne faut pas omettre les conflits d’origine politique. Jadis facilement maîtrisés à travers le Conseil National de Dialogue Politique, on note ces dernières années une certaine radicalisation de ce type de conflit. A tous les niveaux, les instances et mécanismes classiques (traditionnelles comme modernes) de prévention et de règlement de conflits se révèlent insuffisants face à l’ampleur du phénomène. Si l’on convient du fait que la paix est une condition sine qua non pour le développement économique et social des différentes régions du Niger, il est alors temps que les capacités et les compétences des acteurs à tous les niveaux soient renforcées dans le domaine de la consolidation de la paix. Est-il possible de produire et d’assurer la sécurité alimentaire des ménages dans un contexte d’insécurité?

Pour comprendre le phénomène, des organisations internationales comme le PNUD ont mené des études sur la question et dans la région de Tillabéri. On peut citer entre autres études ‘’Analyse intégrée des facteurs de risques au Niger’’ (Pnud, 2007) ; ‘’Analyse des facteurs de conflits au Niger’’ (Pnud, 2014) ; ‘’Evaluation de référence des besoins prioritaires de prévention et de gestion des conflits transfrontaliers dans les régions d’Agadez, de Diffa, de Tahoua et de Tillabéri’’ (Cabinet Dynamique-Sahel, 2014). En plus des études, des Ong nationales et internationales ont mis en œuvre des projets éparpillés sans coordination au profit des régions confrontées aux conflits. Par exemple, le système des Nations Unies finance un programme important appelé «Plan prioritaire pour la consolidation de la paix 2015-2018 » pour un budget estimé à 10 millions de dollars. Ce programme est exécuté sous forme de projets par des agences du système des Nations Unies.

Ces différents projets génèrent des informations et des données importantes devant faire l’objet de capitalisation à travers la recherche-action ou la recherche fondamentale par des chercheurs et praticiens nigériens. L’étude et la capitalisation des connaissances sur les conflits permettront non seulement de bien les comprendre mais aussi de proposer des solutions durables. Et il y a lieu de rappeler que le Niger a une ancienne et riche tradition en matière de culture de la paix. Celle-ci est incontestablement confortée par notre foi en Dieu et le cousinage à plaisanterie qui rapproche les différentes communautés et fortifie l’unité nationale. Il faut nécessairement préserver et pérenniser cette richesse en formant notre jeunesse sur nos valeurs et traditions ancestrales.

C’est conscient de ces réalités et de ces enjeux que les autorités rectorales de l’Université de Tillabéri ont décidé de s’engager aux côtés de plus hautes autorités du pays pour s’investir dans le renforcement des capacités des acteurs dans le domaine de la prévention et de la résolution des conflits. Le contexte actuel impose à une Université comme celle de Tillabéri d’appréhender le phénomène en accordant une place beaucoup importante aux risques anthropiques et catastrophes naturelles. C’est ainsi que dès la rentrée académique 2015-2016, l’université de Tillabéri a créé le master professionnel Prévention et gestion des conflits. Au mois d’octobre 2015, le master a enregistré l’inscription de 44 étudiants provenant des Universités de Zinder, de Niamey, de Maradi, et des agents de l’administration déconcentrée. C’est la première fois au Niger qu’une institution universitaire a décidé de former des agents de haut niveau dans le domaine de la prévention et de la gestion des conflits.

Cette formation a pour but de renforcer les capacités et l’habileté des étudiants issus d’origines diverses à analyser, à comprendre et à gérer efficacement et sans violence les conflits tout en respectant les lois en vigueur. D’une durée de deux ans (4 semestres), cette formation permet aux apprenants d’identifier et de maîtriser les sources potentielles des conflits. La formation est dispensée par des enseignant-chercheurs et des spécialistes notamment des professionnels de très haut niveau. Les formateurs ont recours à des outils simples et adaptés de la sociologie, de la psychologie de conflits, de la négociation et de la médiation pour identifier et analyser des conflits. Ils proposent aussi des modèles de traitement des conflits. La formation est basée sur l’étude de cas réels de conflits.

En termes de contenu, la formation du master professionnel « Prévention et gestion des conflits armés et tensions intercommunautaires » porte sur les aspects tels que la Méthode d’analyse des conflits ; la Communication constructive ; la Résolution des conflits par l’approche GENOVICO (gestion non violente des conflits) ; les Techniques de négociation et de médiation ; la Préparation et l’animation d’ateliers et de foras relatifs à la prévention et la gestion des conflits ; le Pilotage de l’élaboration d’une stratégie locale, régionale ou nationale et d’un plan d’actions en prévention et en gestion de conflits. La formation dure deux ans (reparties en 4 semestres). La première année ou Master 1 comporte une formation sur les connaissances de base. La deuxième année ou master 2 portent sur des unités d’enseignement spécialisées. Aux termes de leur formation, les étudiants disposeront de compétences avérées dans le domaine de la prévention et de la gestion des conflits. Ils pourront travailler valablement au sein des structures et institutions de l’Etat, des projets et programmes de développement, des ONG nationales et internationales.

Le master professionnel «Prévention et gestion des conflits armés et tensions intercommunautaires» a pour finalité scientifique et pédagogique de combler un vide au Niger notamment la formation de cadres supérieurs de haut niveau dans le domaine de la prévention et de la gestion des conflits. A travers ce master, l’Université de Tillabéri s’engage aux côtés des plus hautes autorités du pays dans les efforts qu’elles déploient tous les jours pour faire du Niger un havre de paix. L’Université est en train de réfléchir sur la mise en place d’un cadre de partenariat et de collaboration qui valorise l’enseignement et la recherche- action sur les conflits au Niger.

Dr. Saidou Abdoulkarimou, Maître-assistant du CAMES à l’Université de Tillabéri,Coordonnateur du Master Prévention et gestion des conflits.

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