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Interpellation de Ibrahim Bana et de Gamatié Mahamadou sur dénonciation du SAMAN : À quand le tour de Hassoumi et de Bazoum ?
Publié le jeudi 29 juin 2017   |  Le Canard en Furie




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Est-il possible que, sous la 7e République, les Nigériens puissent entièrement avoir confiance en leur justice ? La justice peut-elle être juste, rendue au nom du peuple et pour le peuple dans la jungle des camarades ? Cela fait longtemps que l’on soupçonnait cette justice de partialité, car l’on doutait de certaines accointances tel que l’opposition d’une époque, à travers son Livre blanc, l’avait clairement révélé. Bazèye, avait, elle, laissé aux Nigériens, une très belle image de nos hommes de lois. Cette race d’hommes intègres serait-elle menacée d’extinction, de disparition au Niger ? Non, il va sans dire que, quel que soit le pourrissement qui puisse arriver à un corps, il restera toujours, dans la magistrature, dans la police, dans l’enseignement, dans la gendarmerie, dans la politique, disons partout, des hommes d’une grande probité morale, irréprochables à tout point de vue. Faut-il seulement croire que quelques hommes, par leurs légèretés, ont jeté le discrédit, l’opprobre sur des corps pourtant dignes de respect ? Par exemple, l’on ne peut qu’être admiratif comme on l’avait été face au cas Bazèye-Tanja, comme depuis des jours, la justice américaine, assumant son rôle de régulateur de la vie publique, oppose à Trump et à ses choix politiques populistes et hasardeux, la force des lois qui sont au dessus de tous, y compris du président de la première puissance du monde tenu lui aussi de s’y conformer. Dans une République normale, un ministre ne peut pas être un extraterrestre : il est comme tout justiciable. Tout le contraire du Niger, où au moins par deux fois, le Syndicat national des magistrats du Niger (SAMAN) avait demandé, à travers des déclarations publiques, que le magistrat suprême mette à la disposition de la Justice vilipendée, quelques-uns de ses collaborateurs. L’homme n’entendit rien et le SAMAN était loin de s’imaginer que des individus puissent être intouchables. Comment peut-il en être autrement quand on sait aussi que dans les entrailles du régime, dorment tranquillement, des voleurs, des trafiquants, des ‘’détourneurs’’ ? N’est-ce pas les socialistes qui avaient fait du cas Zakaï, le cas le plus emblématique de la mal-gouvernance, et pourtant, pour avoir décidé de soutenir le régime, il est dans les bonnes grâces du système Guri ? Vive l’assainissement ! Et ce grand prédateur n’est pas seul. La Renaissance n’en est que très infestée. Mais personne ne paie dans leurs rangs. Où est la justice ? Où est l’équité ?

Á la veille de la fête de Ramadan, Gamatié de la société civile et Bana du Moden/FA Lumana avaient été interpellés et gardés à la PJ. L’on sait leur intrépidité face à la versatilité d’un régime arrogant et bagarreur. Il semblerait que c’est sur une plainte du SAMAN qu’ils avaient été arrêtés. Dans le principe, il n’y a pas de problème quand il faut respecter les principes qui gouvernent la démocratie car aucun nigérien n’est au dessus des lois. En principe, faut-il le répéter. Et chacun devra répondre de ses actes en s’assumant pleinement. Mais dans ce dossier, c’est la célérité avec laquelle la plainte a eu une suite favorable qui trouble quelque peu le commun des mortels, et ce d’autant que l’on sait que ce n’est pas pour la première fois que le SAMAN porte plainte contre des hommes au Niger, et mieux sous la Renaissance.

Quand on sait les fautes de chacun dans le pays, et dont certaines, parce que plus récentes, sont encore fraîches dans les mémoires, il est difficile de comprendre que n’aillent en prison qu’une catégorie de Nigériens décidément marginaux. Moralement, un problème d’équité se pose ici. Pourquoi peut-on avec une telle rapidité donner suite à la plainte du SAMAN contre Bana et Gamatié, quand les premières plaintes rendues publiques doivent restées dans les tiroirs ? Ce tri impeccable de ceux qui doivent répondre et de ceux qui ne le doivent pas, dans un État de droit, inquiète. Les Nigériens n’ont pas peur de leur justice, faut-il le redire, et ce tant qu’elle restera juste pour tous. Cependant, ils ne peuvent que rester méfiants à son égard, quand de manière sélective, quelqu’un veut que les cas soient traités selon une convenance dont lui seul pourrait avoir le secret. Faut-il alors croire que les Nigériens ne sont plus égaux devant la loi ? Est-il normal que dans la même République, il y ait une catégorie de Nigériens privilégiés et une autre de seconde zone ? Ou bien encore faut-il comprendre que du fait d’être un opposant ou d’être un activiste de la société civile encombrante, l’on est un justiciable fragile, vulnérable ? À la face du monde, en révélant ces ruptures d’égalité criardes et béantes, l’on ternit l’image de notre justice que l’on croirait rouler pour un camp afin d’anéantir un autre. Ce n’est pas bon, convenons-en.

Et cela rajoute aux injustices blessantes de notre société qui n’en est que très malade. Et cela vient à la fin du jeûne de ramadan, retirant des pères de familles de leur maison pour les «isoler», loin des leurs pour corser leurs colères et leur amertume. Non, cette image de la méchanceté n’est pas nigérienne. Nous valons mieux que cela.

Qu’est-ce qui nous est arrivé d’aussi grave pour que, entre nous, on ne sache rien faire qu’à s’emprisonner, à se faire du mal, à se détester tant ? Et l’on avait vu des gens, grands hommes de ce pays, au sortir de la fête de Ramadan, dans la ferveur apparente des cœurs – une ferveur trompeuse – rappeler si hypocritement que nous sommes dans un mois de pardon, de piété, de fraternité et d’autres gros mots qui n’ont plus aucun sens dans le Niger de la Renaissance et dans notre pratique religieuse. L’on avait tué la bête en l’homme nigérien, elle renaît, souvent plus barbare qu’à la première naissance. Pourquoi devons-nous étaler tant de méchanceté à la face du monde ? Et nous prétendons être fiers de notre foi, de notre Islam, religion de tolérance, de fraternité et de paix par essence.

Aussi, l’on ne peut qu’être indigné lorsque l’on apprend, que le sous-lieutenant Ousmane Hamballi, accusé dans l’affaire du coup d’État, aurait été transféré de la prison de Ouallam à celle de Téra où il croupirait depuis des jours et pire, ainsi que le rapporte un confrère de la place, avec des consignes drastiquement restrictives pour ne lui autoriser que cinq minutes d’échanges et en ne lui laissant pour tout confort qu’une natte rustique pour dormir dans sa cellule dont on peut imaginer le caractère lugubre, moribond et infect. C’est la Renaissance. C’est déjà trop faire souffrir que de priver un homme de sa liberté pour lui imposer la précarité la plus abominable. Encore que nous sommes au XXIe siècle ! De telles pratiques rétrogrades ne doivent pas avoir cours dans aucune société policée. Un homme restera un homme, fut-il prisonnier…

Il y a donc des choses à régler dans notre société. Nous sommes dans la dérive et la Justice doit trouver le moyen de se réconcilier avec son peuple au nom duquel elle est rendue. Aucun Nigérien ne s’en plaindra si tous répondent de leurs actes, quitte à être innocenté par la suite, toujours par la même justice impartiale. L’on avait vu que c’était en se servant d’articles de presse que le parquet avait monté des dossiers judiciaires pour envoyer devant la justice des familles et des hommes. La même presse ne s’est pas lassée de révéler d’autres cas de mal-gouvernance pour lesquels, jamais le parquet ne s’est intéressé, quand-même il s’agit, dans bien des cas, de faits gravissimes intolérables. La ségrégation n’est pas bonne dans un État de droit. Et on aura beau arrêter des Nigériens, tant que cette manière sélective de gérer les affaires judiciaires doit continuer dans le pays, personne ne pourra empêcher les Nigériens à s’interroger, à s’inquiéter. La justice est faite pour protéger la société, non des individus. Nous avons donc à prendre un autre rendez-vous avec l’histoire. Et il faut espérer qu’il y aura un ressaisissement pour que nous ayons cette justice forte, plus forte que les hommes et les institutions afin que chaque citoyen se sente en sécurité dans le pays. L’on est d’ailleurs quelque peu rassuré quand le Secrétaire général du SAMAN, interrogé sur RFI, dit qu’ils sont eux-mêmes surpris par la célérité avec laquelle cette plainte a eu tout de suite une suite favorable quand les premières plaintes sont jetées aux oubliettes. Il rappelait en même temps, que forcément, qu’on décide ou pas aujourd’hui de donner suite à certains autres dossiers, un jour ou l’autre, ceux qui y sont impliqués, répondront de leurs actes. La vérité étant que les hommes et les systèmes passent, quand les lois demeurent. Faut-il d’ailleurs croire que c’est un piège dans lequel le SAMAN a laissé le parquet s’engouffrer ? Les prochains jours nous en diront davantage…

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