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Crise au Sahel : « Pourquoi le Niger s’en sort mieux que le Mali »
Publié le vendredi 11 aout 2017   |  LeMonde.fr


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© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Des soldats nigériens patrouillent dans le nord du Nigeria, sur les traces de Boko Haram.


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Selon les chercheurs Yvan Guichaoua et Mathieu Pellerin, si Niamey ne connaît pas les affres sécuritaires de son voisin, c’est en partie du à une gestion plus fine des équilibres ethniques. Mali et Niger sont voisins et appartiennent au même espace sahélo-saharien. Mais sont-ils semblables ? Certes, tous deux doivent gouverner avec peu de moyens des zones géographiquement et culturellement éloignées de leur capitale, et, depuis les indépendances, ces périphéries s’opposent de manière cyclique et violente aux pouvoirs centraux. Mais en 1963, à la première révolte touareg, seul le nord du Mali s’est rebellé. Tout comme en 2012, dans le sillage de la chute du régime de Kadhafi en Libye.

De fait, l’année 2012 marque une spectaculaire divergence des trajectoires malienne et nigérienne : en mars de cette année-là, le pouvoir malien s’effondre littéralement, sous la pression d’une rébellion séparatiste touareg finalement supplantée par une coalition djihadiste qui occupe le nord du pays pendant dix mois, tandis qu’une junte militaire renverse le gouvernement à Bamako.

Rien de tel ne se produit au Niger. Les activistes touareg ne s’y mobilisent pas, malgré la fenêtre d’opportunité ouverte par la déstabilisation de la Libye voisine. Les djihadistes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) n’y ont pas trouvé de terreau suffisamment fertile pour y prospérer. Niger et Mali ont historiquement partagé des tourments politiques communs, mais pas cette fois. Pourquoi ? Tel est le point de départ de notre travail.

L’exercice comparatif destiné à expliquer les trajectoires différenciées des deux voisins révèle l’importance de facteurs géographiques difficilement modifiables, mais aussi de modalités de gouvernance variables, lesquelles peuvent nourrir la réflexion sur la résolution des crises au Sahel. Nous isolons ici quelques aspects de la recherche qui nous semblent particulièrement saillants.

Un « tribalisme » malvenu

« Agadez n’est pas Kidal. » Il s’agit d’une réflexion entendue de manière récurrente : le Niger est « horizontal » tandis que le Mali est « vertical ». Agadez est un nœud commercial cosmopolite, qui, historiquement, communique d’est en ouest avec la capitale, Niamey, Dirkou et le Tchad, et du nord au sud avec Tamanrasset, Djanet, Sebha, Oubari, Diffa et le Nigeria. Kidal est plus enclavée, séparée du Sud par le fleuve Niger, difficile d’accès depuis Gao, commercialement et culturellement tournée vers l’Algérie.

Au Niger, les rébellions sont certes parties de la région d’Agadez mais furent portées par des groupes connectés de multiples manières aux autres composantes sociales du pays, par le mariage, mais aussi institutionnellement : par l’armée ou les partis politiques. Si la colonisation a fait des gagnants et des perdants au Niger, la construction étatique post-indépendance ne s’est pas adossée à un socle ethnique exclusif héritier de l’ordre colonial comme au Mali, où un fort nationalisme bambara continue d’imprégner la vie politique.

De fait, aujourd’hui, les identités ethniques apparaissent nettement moins polarisées au Niger qu’au Mali. Ces identités résultent de l’histoire des relations communautaires autant qu’elles façonnent les alignements politiques futurs et les mobilisations violentes. Là encore, le Mali se distingue : la rébellion de 1963 fut ponctuée d’horribles exactions de la part de l’armée et sa mémoire continue de hanter les mobilisations contemporaines. L’entreprise de politisation identitaire prospère au Mali, où l’expression politique se confond souvent avec des revendications communautaires exclusives.

L’ordre politique nigérien repose sur de subtils équilibres communautaires également, sur des clés tacites de répartition des postes selon l’origine, mais mettre ces débats sur la place publique relève d’un « tribalisme » malvenu et rejeté par la classe politique. Le vernis républicain universaliste a volé en éclats depuis bien longtemps au Mali, mais demeure au Niger.
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