Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Haute trahison : Faut-il immoler la CENI ?
Publié le vendredi 18 aout 2017   |  Le Nouveau Républicain


Interview
© Autre presse par DR
Interview de M. Boubé Ibrahim, président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)


 Vos outils




Ainsi qu’on l’a si souvent entendu ces derniers jours, la renaissance est tombée dans son propre piège. De violations en violations, le régime vient, rusant avec les textes, de créer la faille, l’erreur fatale ou si l’on veut, la faute qu’il ne fallait pas commettre. On se rappelle d’ailleurs que des constitutionnalistes, dès le début du premier mandat, avaient compté pas moins de soixante violations de la constitution. Mais ces accusations ne les avaient fait ni chaud ni froid, et on aurait compris que parce que des lois pour une république seraient écrites que de mains de mortels, pour les socialistes on pouvait s’en passer, pour les contourner autant qu’on le voudrait, l’essentiel étant d’atteindre des objectifs qu’ils se seraient fixés. La Renaissance viole toujours des lois et on le dénonce, et cela fait six ans, que l’on est dans ce jeu.

On se rappelle encore, que c’était dès son entrée en fonction un 7 avril 2011, que le magistrat suprême, a commencé à violer la loi, notamment avec la nomination très excitée du premier ministre qu’il garde depuis lors. Combien de fois d’ailleurs, pour former un gouvernement, le même gouvernement s’est permis de violer la loi sur le quota ? Il y a quelques jours, c’est l’Opposition réunie au sein du FRDDR qui fit une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe dans le ciel politique nigérien. Cherchant quelques arguties juridiques par lesquelles elle pourrait s’éviter d’aller à des élections, la Renaissance passant outre un arrêt de la Cour Constitutionnelle qui ordonnait d’organiser dans un délai prescrit les élections partielles dans la région de Maradi pour pourvoir à un poste vacant de député, elle a trainé les pas jusqu’à ce que le délai expire, tombant ainsi du coup sous la menace d’une haute trahison. L’opposition ne pouvait pas ne pas se saisir d’une telle occasion pour mettre le régime dos au mur, en face d’une aussi grave accusation, constitutionnellement justifiée que rien ne peut permettre de contester. Pour des gens qui ont l’audace d’accuser un président en exercice de souffrir d’épilepsie et de demander pour cela sa destitution pour « incapacité à gouverner », il faut reconnaitre que l’accusation du FRDDR parait plus embarrassante, difficilement contestable ; la difficulté résidant dans la structure chargée de la mise en œuvre de l’accusation. L’accusation est d’autant plus embarrassante que depuis cette déclaration, le régime vit une certaine fébrilité, vivant les angoisses de ce qui pourrait basculer son destin quand on sait que par ses malaises, il pourrait aujourd’hui douter de la solidarité effective de tous ceux qui le soutiennent. Les premières réactions du régime étaient d’abord d’investir les médias pour vilipender l’opposition, l’accusant de velléités subversives qui seraient sa seule logique oubliant qu’elle avait eu l’audace en d’autres temps d’appeler l’armée à ne pas « respecter un ordre manifestement illégal » et insidieusement, à renverser un régime. Ce sont des faits de notre histoire ré- cente qui ne peuvent pas en si peu de temps s’altérer dans les mémoires. Les Nigériens s’en souviennent. Au lieu de démonter, en servant de textes, le caractère infondé – si c’est le cas – des accusations de l’Opposition, on dénigre, on insulte comme on en a l’habitude. On aura alors compris que l’accusation dérange, elle met le ré- gime hors de lui, lui faisant perdre jusqu’à sa sérénité. Mais après avoir réfléchi longuement, le régime s’est certainement rendu compte que cette option n’est pas opérante, et il change de tactique. Il fallait désormais trouver un bouc émissaire, un autre qui, dans le processus devant permettre d’aller à une élection, aurait induit le président en erreur. Et le bon cobaye est tout trouvé, il s’agit de la CENI, peuton croire, qui aurait écrit à qui de droit pour sursoir à l’organisation des élections partielles pour lesquelles la Cour a rendu un arrêt exécutoire. L’on est alors tenté de poser cette question, qui de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, est plus habilitée en matière électorale à faire des injonctions au magistrat suprême afin que la loi soit respectée ? On voit bien avec quelle légèreté les socialistes appréhendent les questions d’Etat.

Ne voulant visiblement pas de ce scrutin-test, le régime cherche quelques détours, pour s’éviter une épreuve qui aurait pu permettre de comprendre, lorsque ces élections, au regard de l’étendue territoriale maitrisable pour les partis politiques pour la circonscription indiquée, pourraient être bien surveillées pour combattre la fraude et montrer le poids réel du parti présidentiel dans cette région, toute chose qui pourrait montrer par comparaison, la monstruosité de la grande mascarade perpétrée le 20 mars 2016 à travers le pays. Les Nigériens ont donc compris ces faux-fuyants de ces hommes à qui le destin joue ce jeu comme s’ils se font rattrapés par le parjure.

La CENI pourra-t-elle se laver ? La question reste posée. L’intervention d’Iro Sani, le chargé de la communication du PNDS, le Monsieur à tout faire désormais du régime quand les autres se sont rétractés, n’a pas passé par quatre chemins pour tout reverser sur la seule responsabilité de la CENI qui serait alors sortie de ses prorogatives pour induire le président en erreur, ainsi qu’on pourrait le déduire. Pour autant, cela ne peut disculper le président. A quoi peuvent lui servir la kyrielle de conseillers en ceci et cela tapis dans son palais sinon qu’à mettre à son service des compétences pour lui éviter de tels déboires ? Franchement, Issoufou doit plaindre son monde. On aurait cru qu’il n’a que des mangeurs, il lui faut trouver les travailleurs ! La CENI est attendue pour répondre à cette accusation qui l’accable et exhiber cette fameuse correspondance qui aurait dissuadé le président à prendre de nouvelles lois qui pourraient lui permettre de remplacer le député décédé sans avoir besoin de passer par une élection partielle. La CENI, serait-elle libre de respecter ou de ne pas respecter les arrêts de la Cour pour les contourner par des missives ? La démocratie ne se fait pas avec des jonglages, avec des colmatages ; il y a un prix à lui payer.

Mais, cette version concoctée estelle crédible ? Les Nigériens ne semblent pas avoir écouté cette logorrhée avec sérieux. Dans le désarroi, on veut faire porter le chapeau à un autre. Certains analystes pensent d’ailleurs que parce que la CENI ne peut pas choisir d’avoir une dissension frontale avec l’Exécutif à qui elle doit sa place, elle ne peut que se taire pour ne pas offusquer et, ainsi qu’elle pourrait le craindre, s’attirer les foudres d’un régime qu’il n’aura pas été capable de protéger par ses silences. C’est dire, que cette accusation de l’opposition FRDDR n’est pas pour autant le pavé dans la marre que certains croient. A l’évidence, la déclaration de l’opposition discrédite le régime, l’affaiblit en montrant le peu de souci qu’il a pour le respect des principes de démocratie et des lois. Et de plus en plus, partout, l’on en a marre. Cela fait peur. Veut-on donc sacrifier la CENI, pour sauver le système ? Les prochains jours le diront.

ISAK.

 Commentaires