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Souley Adji sur les attaques terroristes : « Il faut développer davantage le renseignement des communautés »
Publié le jeudi 19 octobre 2017   |  Niamey et les 2 jours


Trois
© Autre presse par DR
Trois morts au Niger dans une attaque attribuée à Boko Haram


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Les attaques terroristes sont récurrentes à la frontière que partage le Niger et le Mali au sud-ouest. Pour analyser la situation, nous avons reçu Souley Adji, Enseignant chercheur, sociologue politique à l’Université de Niamey.

Niamey et les 2 jours : Les attaques terroristes deviennent récurrentes au sud-ouest du Niger frontalière au nord Mali. Pas plus tard que le 04 octobre dernier, c’est une patrouille nigéro-américaine qui est tombée dans un guet apens meurtrier. Ceci, malgré l’état d’urgence en vigueur dans cette partie du pays. Quelle lecture faites-vous de la situation ?

Souley Adji : Nous pouvons tirer 4 enseignements. D’abord, la présence discrète des forces américaines. Aujourd’hui, on sait que les forces américaines sont aux côtés de celles sahéliennes, qu’elles soient du Niger, du Mali ou du Burkina Faso. C’est déjà une information importante.

Avec les Américains, nous savons alors que les forces saheliennes sont dotées de moyens techniques et technologiques (drones, satellites) très avancées. Mais, l’on se rend compte qu’avec tout cela, leurs efforts technologiques ne valent pas grand chose puisque leurs hommes sont tués dans cette embuscade.

Troisièmement, on voit aussi que, nonobstant les pertes qu’ils subissent, les terroristes sont aussi déterminés et que la lutte va encore durer longtemps.

Nous voyons aussi que c’est une guerre asymétrique. Que les armées sahéliennes, américaines ne sont pas habilitées à mener cette guerre. C’est une guérilla. Les assaillants sont des gens qui se fondent dans la masse, qui s’habillent comme tout le monde. Dans la zone sahelo-saharienne, ce sont les mêmes habits que la population porte, les turbans, les habits longs, etc. Comment identifier un terroriste d’un simple citoyen ? C’est difficile de discerner dans ce cas. Et est ce qu’il n’y a pas des complices dans le village ? Donc, cela montre la nécessité de développer les renseignements. Il faut développer davantage le renseignement des communautés. Avoir des relais techniques, technologiques, politiques importants, pour que ces relais puissent informer davantage les forces sahéliennes, de sorte qu’on puisse avoir les points de contact, les stratégies et connaître les types d’attaque des terroristes. Donc, les renseignements sont primordiaux. Vous pouvez avoir les meilleures technologies du monde, tant que quelqu’un veut vous frapper et que vous ne savez pas à quel moment, évidemment ils vont frapper.

C’est comme en septembre 2001 avec toute la armada des Etats Unis d’Amérique, nous avons vu comment Al Qaida a frappé en plein cœur de New York.

Il faut à ce point de vue que les forces sahéliennes se rapprochent des communautés parce que ces dernières voient en elles les ennemis. Et c’est pour cause, parfois s’ils viennent dans des communautés, ils pillent ou encore ils sont coupés des villages. Il n’y a pas de contact direct, donc il faut qu’ils s’intègrent dans la masse pour avoir leur confiance.

A Diffa (région au sud est avec la Nigéria) par exemple, c’est ce manque de confiance qui cloche entre les forces de défense et la population. Donc, la population parfois hésite à informer. De risque d’être pris pour un complice terroriste. Il faut restaurer la confiance avec la population. Les leaders de ces communautés, les marabouts, le tablier du coin, etc., ont parfois des informations. Avec l’espace communautaire élargi, ces gens savent parfois qui sont les terroristes, leurs parents, leurs oncles, tantes. Mais, ils ne disent pas parce qu’ils se méfient. Voilà les deux axes (renseignements, restauration de la confiance avec la population, ndlr) à explorer pour venir à bout du terrorisme.

N2J : Cette attaque montre bien l’importance de l’opérationnalisation de la force G5 Sahel. Est ce que les Etats Unis pourront prendre la mesure des choses avec cette énième attaque meurtrière ? Nous posons la question parce que ce sont les Usa qui ont refusé de délivrer le mandat effectif à cette force. Lequel mandat aurait dû régler le problème de financement du G5 Sahel.

SA : Je ne crois pas que les Usa seront les grands financiers de cette force. Ils vont plutôt compter sur les principaux pays présents dans la zone notamment, la France, l’Allemagne, et le Canada qui veut aussi construire une base militaire. Ce sont des pays qui ont les moyens. Peut être les Américains vont soutenir avec des moyens techniques. Mais côté financement, ils ne le feront pas et c’est la politique même de Donald Trump qui consiste à diminuer les investissements [publics] dans certaines zones du monde, y compris dans son propre pays. Et il faut que les pays sahéliens et africains eux mêmes s’impliquent beaucoup. Vous constaterez que depuis l’arrivée de Donald Trump, il a été demandé aux pays occidentaux de participer beaucoup plus au financement de l’Otan.

Guevanis DOH

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