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Remarques introductives de Son Excellence Monsieur ISSOUFOU MAHAMADOU, Président de la République du Niger, au panel sur le financement de l’émergence économique dans l’espace francophone, à l’occasion de la Conférence du Forum Economique International des Amériques
Publié le samedi 9 decembre 2017   |  Présidence


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© AFP par JOHN MACDOUGALL
Visite officielle du Président de la République à Berlin
Du jeudi 16 au 17 juin 2016. Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, effectue une visite officielle à Berlin, en République Fédérale d’Allemagne


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Excellence Madame Ameenah Gurib-Fakim, Présidente de la République de Maurice,
Excellence Madame la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais remercier Madame la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Son Excellence Madame Michaelle Jean, le Forum Economique International des Amériques et l’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe, pour m’avoir associé à cette très importante rencontre du Forum Economique Internationale des Amériques.
Je tiens à relever la pertinence du sujet qui sera discuté au cours de ce panel, parce qu’il porte sur le financement de l’émergence économique dans l’espace francophone, un sujet d’intérêt pour les pays en développement en général et les pays africains en particulier.
Mesdames et Messieurs,
L’espace francophone est composé de pays qui sont à des niveaux de développement différents. Il existe des pays développés, des pays à revenus intermédiaires et des pays moins avancés. Cette configuration reflète bien celle qui existe au niveau mondial.
Chacun de ces groupes de pays est confronté à des problèmes différents. Si les pays développés doivent faire face aux inévitables effets de la loi des rendements décroissants, au chômage dans une situation de passif démographique important, les autres ont un potentiel énorme de croissance avec une structure démographique caractérisée par la jeunesse de leur population. Malheureusement ces derniers manquent de ressources financières pour transformer leur actif démographique en dividende économique. Ces pays ont besoin de ressources pour investir dans le capital humain (éducation, formation professionnelle et technique, santé), dans les infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires, portuaires, énergétiques et de télécommunication, dans le développement agricole et dans l’industrie. Pour réaliser par exemple les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, L’Afrique a besoin de 600 milliards de dollars par an, d’après la CNUCED. L’Afrique mise sur la consommation des ménages à travers le développement d’une importante classe moyenne, sur les investissements publics et privés, sur l’accroissement de ses exportations et la maitrise de ses importations, pour réaliser un niveau de croissance lui permettant de créer les conditions de son émergence. L’agenda 2063 de l’Union Africaine porte ces ambitions du continent.
Mesdames et Messieurs,
Le Financement de l’émergence dans l’espace francophone peut se faire par une combinaison d’au moins quatre sources : l’aide publique au développement, les investissements directs étrangers, les transferts financiers des diasporas et les ressources internes des Etats.
Le montant de l’aide publique au développement est estimé à 56 milliards de dollars en 2015. Il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan des besoins financiers pour soutenir le développement. Souvent quand on parle d’aide publique au développement, on se réfère à l’exemple du plan Marshall qui a mobilisé 4,3% du PIB Américain pendant 5 ans pour aider à la reconstruction de l’Europe, au lendemain de la deuxième guerre mondiale. C’est le souvenir de ce plan qui a inspiré, dans les années 1970, l’engagement des pays développés à consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement. A Monterrey et à Doha, lors des conférences sur le financement du développement, cet engagement a été confirmé et devrait être réalisé à l’horizon 2015 en passant par l’étape de 0,5% en 2010. A l’heure du bilan, rares sont aujourd’hui les pays développés qui ont tenu cette promesse. D’ailleurs les esprits ont évolué ces dernières années : l’accent est de plus en plus mis sur le développement du commerce et des investissements. Dans cette perspective, l’aide publique peut être utilisée pour garantir ou bonifier le financement de façon à servir de levier pour l’accroissement des investissements privés. C’est l’objectif, entre autres, du programme compact for Africa du G20, sur l’initiative de la chancelière Allemande Angela Merkel. C’est le lieu de noter l’existence du plan européen d’investissement extérieur ainsi que les promesses faites pour le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation face aux effets des changements climatiques.
Mesdames et Messieurs,
Les pays de l’espace francophone doivent miser d’avantage pour leur émergence sur le commerce et les investissements directs étrangers. C’est ce que nous faisons au Niger à travers l’amélioration du climat des affaires. La Banque Mondiale considère que le Niger fait partie des pays les plus réformateurs en la matière. Notre plan de réformes continuera à être appliqué avec plus de détermination pour les années à venir. Le Niger dispose également d’un cadre de partenariat public-privé qui est en train de faire ses preuves. La consolidation de l’Etat de droit garantissant une sécurité juridique aux investisseurs, l’existence des codes fiscaux, miniers, pétroliers, et d’investissements incitatifs sont autant d’instruments favorables à l’investissement. Mais au-delà des mesures incitatives que peut prendre tel ou tel pays, l’accroissement du volume des investissements dans l’économie réelle dépend de la nature de la gouvernance économique mondiale. En effet beaucoup d’argent est aujourd’hui orienté vers des activités spéculatives. Ainsi en Europe et en Amérique du Nord, le volume des transactions financières est presque 100 fois plus important que le PIB nominal des Etats. La gouvernance économique et financière mondiale doit se préoccuper de cette importante question.
Mesdames et Messieurs,
Les transferts de fonds opérés par les diasporas peuvent contribuer au financement de l’émergence des pays de l’espace francophone.
La Banque Mondiale estime en 2016 à 575 milliards de dollars, le montant des transferts des différentes diasporas des pays à revenu élevé et en développement. Les transferts à destination de ces derniers sont estimés à 429 milliards de dollars dont 60 milliards pour l’Afrique, provenant d’environ 30 millions de ressortissants Africains actifs dans le monde. Ces montants sont sans commune mesure avec ceux de l’aide publique au développement. La diaspora peut être un puissant moteur de croissance économique. C’est pourquoi il faut encourager les transferts formels à travers notamment la baisse des couts de transfert, des facilités d’investissement dans les pays d’origine, des banques capables de faire le pont entre les pays d’accueil et les pays d’origine.
Les débats actuels sur la migration irrégulière ne doivent pas occulter les avantages de la migration légale. La meilleure façon de mettre fin aux drames des migrants vendus comme du cheptel et de les protéger des risques qu’ils encourent dans la traversée du désert et de la mer méditerranée, c’est certes de réprimer la migration irrégulière mais surtout d’encourager la migration légale.
Mesdames et Messieurs,
Les pays de l’espace francophone doivent surtout mettre l’accent sur la mobilisation de leurs ressources internes pour financer leur émergence. Alors que dans les pays développés les taux de pression fiscale sont généralement supérieurs à 30% du PIB, atteignant dans certains cas plus de 50 pour cent dans beaucoup de pays à revenu intermédiaire et moins avancés, ces taux sont en deçà de 15%. Au Niger le plan de développement économique et social 2017-2021 est bâti sur une hypothèse de progression continue du taux de pression fiscale qui passerait de 15-16% actuellement à 20% en 2021. Au-delà de cette date les efforts doivent être poursuivis pour porter ce taux à 25-30%. La réalisation de ces objectifs nécessite une restructuration de notre économie, c’est-à-dire sa modernisation. En effet l’archaïsme de la structure d’une économie est un obstacle à sa fiscalisation. La modernisation de l’économie est une des conditions de l’élargissement de l’assiette fiscale. Notre pays met ainsi en œuvre un train de mesures dont les effets se font déjà sentir. D’importantes réformes sont en cours dans les régies financières telles que l’interconnexion des régies, l’interconnexion des bureaux de douanes avec les ports des pays de transit, la suppression des valeurs administratives en douane, l’institution d’une taxe d’habitation basée sur la puissance du compteur électrique, la réduction des exonérations, la mise en place des budgets programmes, le contrôle à priori des marchés publics, etc. Il s’agit non seulement d’améliorer les recettes mais aussi d’améliorer l’efficacité de la dépense, le tout accompagné d’un programme de lutte de longue haleine contre la corruption.
Mesdames et Messieurs,
Les 13 et 14 décembre 2017 se tient ici à Paris, la table ronde sur le financement du plan de Développement Economique et Social du Niger pour la période 2017-2021. Les priorités de ce plan sont celles du Programme de Renaissance du Niger, mon document de promesses électorales au peuple Nigérien lors des élections générales de 2016, à savoir : la renaissance culturelle, la consolidation des institutions démocratiques, la sécurité, le développement des infrastructures, la sécurité alimentaire grâce à l’initiative 3N les Nigériens Nourrissent les Nigériens, l’hydraulique rurale et urbaine, les secteurs sociaux de base éducation et santé, et la création d’emplois notamment pour les jeunes. Pour financer ce plan le Niger a besoin de 12 milliards de dollars selon l’hypothèse de base avec un taux de croissance de 5,9% ou 15 milliards de dollars selon l’hypothèse haute avec un taux de croissance de 7% par an. Pour le financement de ce plan il est prévu 60% de ressources internes. Nous lançons un appel à la mobilisation de tous nos partenaires publics pour qu’ils nous accompagnent sur le chemin de la renaissance du Niger. Nous lançons également un appel aux investisseurs privés pour qu’ils viennent partager avec nous les fruits de la croissance économique dont le programme de renaissance est porteur. Le Niger est un pays ou les opportunités sont réelles dans le secteur minier, dans le secteur pétrolier, dans l’agriculture et l’agro-industrie, dans le tourisme dans les infrastructures, etc.

Telles sont Mesdames et Messieurs quelques réflexions que m’inspire ce thème si opportun de financement de l’émergence dans les pays de l’espace francophone.

Je vous remercie de votre attention.

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