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Poursuite des travaux en séance plénière à l’Assemblée Nationale Le ministre en charge de l’Enseignement Supérieur interpelé s ur la situation dans les universités publiques
Publié le mardi 10 avril 2018   |  Niger Diaspora


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© Autre presse par DR
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Les travaux en séance plénière de la première session ordinaire au titre de l’année 2018 , dite session des lois se poursuivent activement à l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le samedi dernier les parlementaires ont interpelé le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, M. Yahouza Sadissou, suite à cinq (5 ) questions posées par le député Lamido Moumouni relativement aux fortes perturbations de l’enseignement dans les Universités dues par des crises récurrentes tantôt dues aux débrayages des étudiants et tantôt par les enseignants chercheurs à travers leur structure syndicale. Les travaux de la plénière ont été présidés par M. Liman Ali Elhad Mahamadou, 2 ème vice-président de l’institution en présence du ministre chargé des Relations avec les Institutions, M. Barkaï Issouf.

Questions du député Lamido Oumarou au Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation

«II n'est de ressources que d'hommes », disait George P. Shultz, un émérite économiste américain. Le développement d'un pays est fonction de la qualité de son système éducatif en général et de la qualité de son Enseignement Professionnel et Supérieur en particulier. L'éducation en général et l'enseignement supérieur en particulier ont toujours constitué une priorité dans les politiques publiques de notre pays. En témoigne la création de nouvelles universités, de plusieurs écoles professionnelles, qui a eu pour corolaire l'accroissement des effectifs des étudiants et des enseignants chercheurs ainsi que la multiplication des infrastructures. Ce qui a entrainé des dépenses importantes au profit de ce secteur.

Mais pour que ces dépenses soient efficientes, il faudrait que tous les acteurs s'investissent véritablement davantage pour la recherche d'un enseignement de qualité qui peut être pourvoyeur des ressources humaines qualifiées et compétentes pour le marché de l'emploi. Or, depuis un certain moment, force est de constater que les enseignements dans nos universités sont fortement perturbés par des crises récurrentes tantôt dues aux débrayages des étudiants revendiquant l'amélioration de leurs conditions de vie et d'études ; tantôt par les enseignants chercheurs à travers leurs corporations syndicales soit pour demander l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail (rejet du compte unique du trésor par exemple), soit pour dénoncer leurs rapports souvent conflictuels en particulier avec l'UENUN à travers la Commission des Affaires Sociales et de l'Ordre (CASO). Ce dernier point constitue à n'en point douter une crise réelle entre enseignants chercheurs et étudiants, crise qui, si l'on y prend garde, pourrait compromettre l'année académique 2017-2018. Fort préoccupé par cette situation, en application des dispositions de l'article 98, alinéa premier de la Constitution et des articles 112 et 113 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale, nous vous demandons, Monsieur le Ministre, d'avoir l'obligeance d'éclairer la lanterne de la Représentation nationale en répondant aux questions suivantes.

Quel est le ratio enseignant chercheur-étudiant par matière enseignée et par université ?

Le chevauchement des années universitaires n'est-il pas un surcoût pour l'Etat ?

Quelles sont les causes réelles des crises persistantes dans nos universités en général et celles de Niamey en particulier ?

Quelles mesures avez-vous prises ou comptez-vous prendre pour juguler les crises universitaires en général et celle de l'Université de Niamey en particulier ?

L'année académique 2017 -2018 , peut-elle être sauvée ?
Réponses du Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation

« Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés nationaux

C’est pour moi un grand honneur que notre auguste représentation nationale m’offre l’occasion pour éclairer l’opinion en répondant aux questions d’intérêt national que vous avez bien voulu me poser relativement à la situation que traverse nos universités publiques. Pour rappel ; honorables députés mon département ministériel a entre autres sous sa tutelle huit (8) universités à raison d’une université dans chaque chef lieu de Région. Depuis 2010, le système d’enseignement supérieur du Niger à l’instar des autres pays membres de l’UEMOA, a basculé officiellement dans le système LMD en application des directives de l’UEMOA. Les institutions d’enseignement supérieur du Niger tentent tant bien que mal de relever les défis de cette réforme académique en conformité avec les normes définies par le Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en l’Afrique de l’Ouest (REESAO). Aujourd’hui la majorité de ces universités publiques accusent de nombreux dysfonctionnements objets des questions posées par l’honorable député LAMIDO MOUMOUNI HAROUNA..

Pour la question No 1 quelle est le ratio enseignant – chercheur / étudiant par matière enseignée et par université :
Honorables députés en règle générale dans nos universités, on parle de ratio enseignant/étudiants et permet de s avoir le nombre d’étudiants encadrés par un enseignant. Sur cette base nous avons le ratio d’encadrement par université :

Honorables députés, en considérant la norme de l’UNESCO qui est de 30 étudiants pour un enseignant, l’on pourrait dire que les universités les mieux nanties sont les toutes jeunes universités à savoir celles d’Agadez, Diffa et Tillabéry et Dosso. Toutefois, les enseignants pris en compte ici, sont les titulaires et les contractuels. Chacune de ces universités fait recours aux vacataires et aux cours complémentaires pour pallier l’insuffisance d’enseignants.

Question 2 : Le chevauchement des années universitaires n’est-il pas un surcoût pour l’Etat ? Le fonctionnement du Centre National des Œuvres Universitaires (CNOU) ainsi que celui des Centres Régionaux des Œuvres Universitaires (CROU) est assuré à plus de 95% par les subventions annuelles que l’Etat accorde à ces institutions. Ce faisant, le chevauchement des années académiques qui est devenu récurrent depuis un certain temps a des incidences notoires sur le fonctionnement desdits centres dont les conséquences se traduisent par les surcoûts ci-après :

le surpeuplement des cités (campus et cités annexes) par des étudiants sensés les quitter à une période de temps bien limitée mais qui demeurent toujours présents ; ce nombre important provoque la surexploitation des infrastructures et des équipements avec comme conséquences, l’augmentation de la charge d’entretien et l’accélération de leur amortissement ;
la forte concentration des étudiants provoque l’intensification des charges à supporter en lien avec les besoins énormes à satisfaire ; cette situation entraîne une surconsommation en produits alimentaires en eau et en électricité, la surcharge des bus précipitant leur amortissement, l’augmentation des prises en charge médicales et bien d’autres charges sans grand résultat par rapport au nombre d’étudiants formés devant quitter le monde universitaire.
Ainsi, le nombre d’étudiants qui stagne d’année en année faute de pouvoir finir leur cursus à temps afin de pouvoir se verser dans le monde de l’emploi, grève dangereusement les budgets des centres à cause des charges à supporter qu’il induit. Cela, doublé de l’insuffisance des subventions allouées, plongent les centres dans des situations des arriérés d’impayés des factures menaçant leur survie en tant qu’institutions. Cette stagnation a aussi des incidences sur l’enveloppe allouée au paiement des bourses et à l’aide sociale.

En ce qui concerne l’Agence Nigérienne des Allocations et des Bourses, le chevauchement a un surcoût sur les charges de l’ANAB en termes de paiement des bourses, aide sociale et frais de scolarité. A titre illustratif, en 2016- 2017, il a été payé un montant de 693 670 000 FRANCS de bourse, à des étudiants qui n’ont pas encore terminé l’année 2015- 2016 ; Pour l’aide sociale les étudiants n’ayant pas terminé leur cycle de Licence professionnelle et de Master en 2015- 2016 ont dû être pris en compte pour le payement de l’aide sociale en 2016-17 à hauteur de 114 millions. En raison des retards académiques, 648 étudiants ont dû quitter les universités publiques engendrant une charge de frais de scolarité de 129 600 000 F. Tout cela n’est que la partie visible de L’iceberg. Honorables députés, cette situation préoccupante qui grève fâcheusement les ressources financières de l’Etat et discrédite en même temps l’enseignement supérieur nigérien, trouvera bientôt sa solution dans la normalisation des années académiques au sein de nos universités publiques. Car, faudrait-il le souligner, fort heureusement nos jeunes universités publiques ne connaissent pas ce dysfonctionnement.

Question 3 : Quelles sont les causes réelles des crises persistantes dans nos universités en général et celle de Niamey en particulier ?

Honorables députés, un ensemble de causes profondes concourent aux chevauchements des années académiques. Cela crée un cercle vicieux générateur de crises dans nos universités publiques. Ces causes sont de deux ordres : la question de la subvention et les comportements des acteurs des universités publiques.

Honorables députés, les subventions accordées aux universités publiques sont insuffisantes. Elles permettent tout juste dans la plupart des cas au paiement des salaires et des bourses. Il y a aussi le retard dans la libération des crédits par trimestre ainsi que du décaissement de fonds auprès du Trésor National ou Régional. Ceci conduit au retard dans le paiement des salaires des enseignants et des personnels administratifs et techniques et de la bourse et aide sociale accordées aux étudiants, mais aussi à l’insuffisance des infrastructures (Amphithéâtre, salles de cours, bibliothèques, cyber, bus, dortoirs), des enseignants en quantité et en qualité et des offres au niveau des œuvres universitaires. Les comportements des acteurs des universités publiques générateurs de crises se résument globalement en :

La culture de la violence dans nos campus entretenue par les étudiants ;
L’absentéisme de certains enseignants ;
La politisation de l’environnement universitaire.
Autant de contre-valeurs nées d’un déficit d’éducation civique et morale, contre-valeurs tant décriées par son Excllence M. Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’Etat.

Question 4 : Quelles mesures avez-vous pris es ou comptez-vous prendre pour juguler les crises universitaires en général et celles de l’Université de Niamey en particulier ?

Consolidation du dialogue social
Depuis ma prise de fonction comme Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, j'ai fait du dialogue avec les différents acteurs du ministère et des établissements sous tutelle une règle de travail. C'est ainsi que très tôt, j'ai créé par arrêté ministériel un cadre permanent de dialogue avec les différents partenaires sociaux:

Le Syndicat National des Enseignants - Chercheurs et Chercheurs du Supérieur (SNECS)
Le Syndicat National des Enseignants Technologues (SNEIGE);
La Coordination des Syndicats des Personnels Administratif et Technique des Universités Publiques du Niger, de l'EMIG, et du Centre national des œuvres universitaires;
L'Union des Scolaires du Niger (USN) et ses démembrements du niveau supérieur. Dans le même souci, des instructions ont été données dans toutes les universités qui ne l’ont pas fait pour mettre en place un Observatoire de la Vie Universitaire (OVI) qui sera chargé de régler les différentes crises En effet, la volonté de créer l'harmonie afin de faire émerger un enseignement supérieur de qualité en adéquation avec les défis de l'heure est la mission principale du Ministère. C'est dans ce cadre que mon Département ministériel a mis tout en œuvre pour l'approbation des Statuts des Universités de Maradi, Tahoua et Zinder. Cela m'a conduit à organiser des missions de rencontre et d'échanges entre les différents acteurs du sous-secteur. Après mes différentes missions de prise de contact j'ai instruit les différents responsables de mon département ministériel à effectuer une série de missions de travail dans les universités de l'intérieur du pays.
C'est ainsi que des équipes se sont rendues de novembre 2017 à janvier 2018 dans les localités suivantes:

du 14 au 17 novembre 2017 à l'Université Dandicko Dankoulodo de Maradi;
du 03 au 05 décembre 2017 à l'Université de Tahoua;
du 12 au 15 décembre 2017 à Zinder et Maradi;
enfin du 16 au 19 janvier 2018 à Zinder et Maradi; mission que j'ai eu à conduire moi même.
L'objectif général de ces missions est de créer un cadre d'échanges et de compréhension entre tous les acteurs des différentes universités afin de:

régler les préoccupations des acteurs syndicaux,
créer un climat apaisé entre les différents acteurs et faire du dialogue un crédo;
anticiper les solutions aux problèmes qui pourraient se poser dans ces institutions;
impulser une dynamique nouvelle dans ces universités;
amener les principaux acteurs à plus de responsabilité afin d'éviter les grèves répétitives ;
enfin de faire diligence pour l'application stricte des Statuts révisés des universités de Maradi, Tahoua et Zinder.
C'est ainsi qu'en application du protocole d'accord entre le ministère et les différents syndicats du supérieur, des arrêtés ont été pris portant la liste par université des membres du Conseil d'Université. A la date du mardi 13 mars 2018, tous les Conseils des trois(3) universités (Maradi, Tahoua et Zinder) ont été installés. Il est à noter que chacune de ces universités a eu à tenir sa première session du Conseil d'Université dite session budgétaire.

Appui budgétaire

Au plan financier, le ministère a apporté des appuis aux universités de Maradi, Tahoua, Zinder et Tillabéry pour faire face à l'apurement des arriérés des salaires et des primes et autres avantages. Par ailleurs, le ministère a eu à payer intégralement la bourse d'études et l'aide sociale au titre de l'année 2017. Le paiement de la bourse au titre de 2018 suit son cours.

Les infrastructures universitaires

La reprise et la finalisation des chantiers étant l'une des revendications de différents syndicats. A cet effet, le gouvernement a mis à notre disposition les moyens nécessaires pour la reprise des travaux.

La crise spécifique de l'UAM

Pour le cas particulier de l'UAM, la récente crise née de l'agression physique et morale d'un chercheur par des étudiants, ayant eu pour conséquence le mot d'ordre de grève illimitée du SNECS, le MESR/I au nom du gouvernement a engagé des discussions avec les différents acteurs de la communauté universitaire en vue de ramener la sérénité et la reprise des cours à l'université de Niamey. C'est ainsi que, tour à tour, j'ai rencontré et échangé avec les autorités rectorales, le SNECS, l’USN, l'UENUN. Des rencontres ont aussi eu lieu avec les mêmes acteurs autour du Premier Ministre en présence du ministre de l'intérieur. Tous ces efforts ont permis la signature d'un protocole d'accord le 17 mars 2018 entre le gouvernement, le SNECS section de Niamey et le recteur de l'UAM pour l'arrêt de la grève, suivi de la reprise de cours à l'UAM. C'est le lieu aussi de remercier la Commission des Affaires Sociales et Culturelles de l'Assemblée pour avoir rencontré et écouté les principaux acteurs de cette crise.

Question 5 : L’année académique 2017-2018, peut-elle être sauvée ?

Honorables députés nationaux, vu le niveau d’avancement des cours dans les différentes universités, nous osons espérer que l’année académiques 2017- 2018 peut être sauvée.

Honorables députés, l’état d’avancement des activités académiques reçu de nos universités nous permet d’affirmer que l’année académique 2017- 2018 peut être sauvée. C’est dans cette perspective que la plupart d’entre elles ont établies un plan de rattrapage des cours.

Tahoua : retard dans le démarrage des cours, mais le niveau d’exécution permet de dire que les cours seront terminés en fin juin, les examens non effectués le seront à la reprise de septembre .

Agadez : bouclage de l’année en fin juin
Diffa : bouclage de l’année en fin juin
Zinder : bouclage de l’année en fin juin
Dosso : bouclage de l’année en fin juin
Maradi : un plan de rattrapage a été établi et suit son cours.

Conclusion
Honorables députés nationaux, comme vous venez de le constater, nos universités publiques traversent beaucoup de difficultés. Depuis ma prise de fonction il y a bientôt un an, je n’ai fait que gérer des crises quotidiennes. C’est pourquoi, je lance un cri de cœur à l’endroit de tous les Nigériens pour un consensus autour de notre système éducatif en général et de celui de l’enseignement supérieur en particulier.

Il faudra donc prendre des mesures structurelles pour une vision prospective de l’enseignement supérieur. Ce qui suppose l’engagement de tous les acteurs des universités en particulier et de tous les Nigériens en général. ».

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