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Loi des finances : Les raisons d’une intransigeance du pouvoir
Publié le mardi 17 avril 2018   |  L'Actualité


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© Autre presse par DR
Un homme tenant une pancarte sur laquelle on peut lire "Non à la loi de finance" au cours d`une manifestation contre la loi de finance 2018, le 29 octobre 2017 à Niamey.


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Le débat du moment dans notre pays, ce n’est pas le bombardement de base militaire T4 en Syrie par des missiles de croisières non identifiés. Ce n’est pas non plus l’inauguration en grande pompe la semaine passée du troisième échangeur de notre capitale. Le débat reste et demeure focalisé sur la loi des finances 2018. La preuve, le sujet est revenu dans les propos du Président de la République dans l’interview accordée lors du second anniversaire de son deuxième mandat.

Le président de la république n’est pas allé du dos de la cuillère en traitant ceux qui sont contre la dite loi, de « minoritaires ». Il corrobore ainsi les propos de son ministre des finances, qui, plus d’une fois, a dit que son équipe ne reculera pas sur l’application des mesures décidées.

En fait, pour comprendre une telle intransigeance, il faut avoir suivi sur CRTV (Cameroun radiotélévision qui dans un reportage saisissant a rapporté les enjeux de la réunion des ministres des finances des zones UEMOA et CEMAC à Bercy il y a quelques mois. Pour nos lecteurs, BERCY, c’est le siège du ministère de l’économie de la France. Son locataire, Bruno Lemaire, transfuge du parti de Sarkozy et qui a décidé de se mettre au service de la République en marche de Macron, n’est pas un naïf. Il a tout de suite compris que son pays est en train de perdre pieds en Afrique, surtout dans la zone d’influence francophone depuis que des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et autres y « pointent leur nez ».

Dans les années 70, période euphorique pour les tiers -monistes de tous bords, les puissances de l’époque avaient décidé que pour sortir l’Afrique du sous- développement, il fallait que chaque pays dit nanti consacre 0,7 pour cent de son PIB à l’aide au développement. L’engagement a été pris de parvenir à cet objectif dans les décennies qui suivaient. Ce vœu n’a jamais été exhaussé. Pour preuve, la détérioration des termes des échanges, la baisse des prix des matières premières et surtout les différentes crises qui frappent durement les économies des pays dits nantis et l’émergence de nouveaux pôles de dé- veloppement n’ont pas permis l’atteinte de cet objectif. A cela il faut ajouter la volonté politique qui manque et continue à manquer chez ceux qui ont pris les engagements. Bref, l’Afrique ne verra jamais la couleur de l’argent promis. Bien au contraire, sa situation ne fait qu’empirer. A l’heure où nous mettons cet article sous presse, le poids de l’Afrique dans le commerce mondial n’est que de deux pour cent.

La croissance est en berne et les pays, surtout francophones, pris dans l’engrenage du compte d’opérations et de la farouche volonté de Paris de refuser de se défaire de ce qui fait désormais sa puissance dans le concert des nations -la subordination de 15 pays africains a son bon vouloir dans les domaines économiques et financiers- . C’est dans ce cadre que lors de la réunion a n - nuelle des « commis aux finances » (les ministres des finances africains) et le grand argentier français, en l’occurrence Bruno Lemaire, une feuille de route a été remise à ceux qui « sont venus recevoir les ordres de Paris ». Il s’agit ni plus, ni moins, d’appliquer 21 mesures aux économies de la zone franc, mesures qui sont susceptibles de relancer l’économie, et, en sourdine, permettre à la « France généreuse » de se dédouaner de son engagement de porter l’aide publique à la hauteur indiquée.

Je crois que c’est André Gide qui a dit que la langue française est « une langue de gentillesse et de politesse ». Ne soyons pas dupes. La France est désormais un pays en voie de sous-développement. Attendre d’elle qu’elle nous sorte de la misère est une vue chimérique. Elle n’a plus rien à nous offrir que l’austérité qui ne dit pas son nom. Dans nos deux espaces économiques UEMOA et CEMAC les décisions prises sont sans commune mesure avec ce qui se passe dans le reste du monde. Ailleurs, la tendance est à la baisse d’impôts chez les ménages. En Afrique, on cède des « cadeaux fiscaux » a des entreprises qui, avec ou sans austérité, « s’en mettent plein les poches ». La France, vous le constater, n’est plus dans le Top 5 des pays à économies en croissance. Comment peut-elle nous aider à sortir du sous-développement ? C’est une chimère. Elle a demandé et obtenu de nos « commis aux écritures » que des mesures drastiques qu’elle-même n’oserait appliquer sur son territoire nous soient appliquées. La première des 21 injonctions de Lemaire à nos « nègres de service » ou tirailleurs des temps modernes », c’est l’élargissement de l’assiette fiscale au niveau individuel et des entreprises. Sauf qu’au niveau des entreprises, cela s’accompagne d’une application de taux d’imposition à taux modéré alors même que le contribuable LAMBDA sera astreint à un taux qui, à partir de cette année, sera en hausse continue et élargie.

Ainsi, lorsque le régime refuse toute négociation et traitent ceux qui contestent la loi des finances 2018, de minoritaires, c’est juste pour se conformer à l’injonction de Bruno Lemaire, argentier français et grand ordonnateur dans les zones de nos deux francs CFA.

Qui l’aurait cru de ceux qui, à la conférence nationale souveraine, nous avaient embarqués dans une contestation de « PAS- programme d’ajustement structurel- ne passe pas ?

AMADOU BOUNTY DIALLO

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