Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Necrologie
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Necrologie

Hommage posthume à Iboun Gueye : un journaliste pétri de talent et de bonne humeur
Publié le samedi 5 mai 2018   |  ActuNiger


Ismaël
© Agence Nigerienne de Presse par DR
Ismaël Iboune Guèye journaliste à l`ORTN


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Il s’appelait Ismaël. Mais ses amis et auditeurs l’appelaient simplement Iboun, et ses plus proches collaborateurs, « Gordji ». Notre confrère et ami Ismaël Iboun Gueye a tiré la révérence, mardi dernier, brusquement et en silence. Désormais, les auditeurs de la Voix du Sahel n’entendront plus cette voix vivace, imposante, voir retentissante, qui lance les titres du journal parlé de 13 heures. « Iboun Gueye, Sahel midi !.... ».





Depuis cette date fatidique du 1er Mai 2018, ses collègues de l’ORTN, ses confrères des autres médias de la place, ainsi que ses fans et amis, ont presque tout dit et redit sur la vie et le parcours professionnel du disparu à travers des hommages et des témoignages. Mais peut-on seulement tout dire sur l’histoire de la vie de celui-là qui, par la force de sa voix et de son savoir-faire, eut le privilège de marquer son empreinte au journal parlé, allant jusqu’à forcer l’admiration de ses auditeurs qui ont fini par l’aduler comme un journaliste-vedette ? Mais l’intéressé, lui, ne s’est guère laissé éblouir par les attraits de cette notoriété publique. Il est resté toujours égal à lui-même : humble, courtois, et blagueur.

Mais ceux connaissent bien Iboun retiennent surtout de lui l’image d’un homme au tempérament toujours serein, à la limite courageux. Il pouvait être assis sur des braises ardentes, mais il vous dira avec emphase : ‘’Il n’y a pas de feu !...’’. Humoriste à ses heures perdues, il aimait détendre l’atmosphère en racontant des petites histoires assez plaisantes, souvent au goût mi-figue mi-raisin au détriment d’un ami, voire même à ses propres dépens. Au cours de nombreuses missions que nous avions effectuées ensemble, au Canada, à Djeddah en Arabie Saoudite, à Bamako, à Dakar et dans plusieurs localités de notre pays, l‘ennui n’a jamais été au rendez-vous.

J’ai encore en mémoire les souvenirs de cette mission présidentielle de suivi des réalisations du Programme Spécial conduite dans les régions de Tahoua d’Agadez, occasion au cours de laquelle Iboun m’a définitivement convaincu sur son talent de reporter hors-pair. La mission ayant été relativement longue, les ressources financières de l’équipe de la presse se sont gravement amenuisées. Il fallait, comme il aimait le dire, ‘’créer une situation’’. Alors un matin où la mission devait visiter certains sites dans les environs d’Agadez, Iboun me proposa ce qu’il appelait un ‘’deal’’ : « Ok, mon cher Assane, on va se partager les tâches : toi tu couvres les visites de la matinée, et moi je reste en ville pour quelques petites affaires. Après, on verra… ». Tel fut fait.

Toute la matinée, la mission a sillonné plusieurs localités, et moi je faisais tout pour rédiger mon article afin qu’il soit fin prêt pour le rendez-vous du journal de 13 heures à la Voix du Sahel. La distance étant relativement longue, le retour prit l’allure d’une véritable course contre la montre, car il fallait joindre Iboun à Agadez avant 13 heures pour qu’il puisse intervenir, en direct, dans le journal. L’Attaché de presse du Président, à l’époque Amadou Harouna Yayé, gardait les yeux rivés sur le cadran de sa montre, et moi j’avais le nez plongé dans mon calepin, l’enjeu étant de coucher sur feuilles (dans la voiture !) un compte-rendu limpide et exhaustif sur les visites effectuées par le Chef de l’Etat avant le lancement du journal.

Au moment où nous rentrions dans la ville d’Agadez, il restait seulement quelques minutes avant 13 heures, et moi je venais de placer le point final sur l’article. En peu de temps qu’il n’en fallait, nous rejoignions Iboun qui nous attendait quelque part, aux environs de l’aéroport. Tandis que le jingle du journal résonnait, je lui tendis l’article couché sur sept feuillets. Il y jeta juste un coup d’œil, puis se saisit du téléphone : « A moi, l’antenne ! », lança-t-il au présentateur du jour. Et quand ce dernier le passa directement à l’antenne, Iboun entama la lecture, se ‘’promenant’’ tout à son aise dans le texte qu’il lut jusqu’à la fin, nettement et sans jamais trébucher.

A la fin, il souffla un coup, puis me lança : « mon ami, tu es un fils !’’ (pour parler comme son ami Ibrahim Sory Barry). Mais, il ne mesurait pas à quel point j’étais ébahi par une telle aisance, une telle capacité de diction, un tel talent ! Ceci pour vous dire à quel point Iboun était un grand homme de radio.

Mais, comme l’a si bien écrit sur son mur notre confrère Moussa Hamani, un très proche ami du défunt, « on ne peut pas refaire le monde, mais on peut apporter sa pierre, à le dépoussiérer de ses aspérités, par la plume, par le micro, par la caméra. Et pour cela, Iboun en avait les dons...innés ».

Repose en paix, l’ami !

Par Assane Soumana

Journaliste, Directeur de la rédaction ONEP

 Commentaires