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L’appel pour un 3ème mandat du chef de l’Etat ou la petite cuisine interne du PNDS

Publié le lundi 28 mai 2018  |  actuniger.com
Congres
© Autre presse par DR
Congres du PNDS
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Le PNDS fait tout pour cacher ses frictions et dissensions internes. Les stratèges du parti ont même réussi à les camoufler lors de leur dernier congrès, à travers la reconduction « consensuelle » du Président du parti. Mais cet appel pour un 3ème mandat du chef de l'Etat en exercice, que certains qualifient de test, d'autres de provocation ou de diversion, rappelle au moins que la question du candidat du parti à la prochaine élection présidentielle, demeure un enjeu important. Un facteur que l’on pourrait mettre à contribution dans l’examen du rapport des forces au sein du principal parti de la mouvance présidentielle et de la régulation du jeu politique et des libertés publiques.

En effet, beaucoup d'observateurs de la scène politique nigérienne s'accorderont sur le fait que l'actuel président du PNDS, le Ministre de l’Intérieur, est bien trop ambitieux pour ne pas penser à 2021. Il est par ailleurs bien trop intelligent pour ne pas savoir que l’investiture du parti ne lui serait pas facilement acquise. Et surtout, bien trop futé, politiquement, pour ne pas essayer de prendre les devants, d’une façon ou d’une autre, pour clarifier les choses. Déblayer, comme à ses habitudes, le terrain, pour faire aboutir sa stratégie et avoir une parfaite maîtrise de ses effets.
Pour rappel, c’était l’homme qui a, d’une certaine manière, habilement amené l’armée à reconnaitre la souveraineté de la Conférence Nationale, à travers son historique appel, invitant les officiers à rejoindre le forum inédit, pour donner aux forces vives de la nation des gages de leur allégeance au processus enclenché.
Il faisait également partie des artisans du triomphe de la motion de censure du 31 mai 2007, consacrant la chute du gouvernement, avec 62 voix sur 113, alors que l’opposition ne disposait que de 25 députés. Ce qu’il présenta à l’époque comme un signe de la « maturité de la classe politique nigérienne », fut qualifié de « travail de maitre », par le chef du gouvernement dissout.
Avant d’être ce politicien plutôt fin stratège, il avait été un syndicaliste hors pair, défenseur des droits et libertés publiques, que l’on présentait fièrement en 1990 comme le protecteur des élèves syndicalistes de la ville de Maradi contre toutes formes de représailles liées à leurs engagements. Un parcours et un tempérament qui tranchent avec ses postures de ces derniers temps, et notamment le refus du dialogue, les arrestations musclées, la répression des étudiants, les interdictions des manifestations, etc.
Alors, questions : y’aurait-il un clan, au sein du parti, qui serait véritablement hostile à son investiture pour la présidentielle et qui le pousserait à se convertir en partisan de la répression brute et brutale, dans le but de le rendre impopulaire auprès de l’opinion, afin de faciliter sa disqualification à l’interne au moment opportun ? Le Ministre de l’Intérieur, aurait-il, pour sa part, tellement bien cerné la manœuvre au point de jouer à fond la carte de l’oppression et de la répression, pour créer une situation qui, pour paraphraser une formule désormais célèbre, empêcherait ceux qui seraient tentés d’empêcher son investiture, de concrétiser également leurs ambitions politiques ?
Dans tous les cas, les démocrates de ce pays ont tout intérêt à redoubler de vigilance face aux signes annonciateurs d’un enlisement ou recul d’un processus démocratique qui peine à trouver les voies d’un début de consolidation.

Dr Elisabeth Sherif
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