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Tandja – Hama Amadou : L’ancien dauphin encore accusateur
Publié le lundi 8 avril 2013   |  La Roue de l’Histoire


Tandja
© Autre presse par DR
Tandja Mamadou travaille à une recomposition politique !


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L’ambiance était lourde ce dimanche 31 mars 2013 dans l’enceinte du Palais du 29 juillet où se tenaient les cérémonies du 22ème anniversaire du parti MNSD. Invité d’honneur à ces festivités, l’ancien Président de la République Tandja Mamadou et ancien président du MNSD se trouvait pour sa première sortie publique depuis le coup d’Etat qui l’a renversé du pouvoir dans une posture difficile.

Il va se trouver devant un Hama Amadou conciliant, Hama Amadou qui pardonne, mais le tout avec en toile de fond de profondes accusations. Jusqu’où l’obsession politique peutelle conduire, et jusqu’où peut-elle aveugler ? Le 22ème anniversaire du MNSD et sa carte d’invitation à cette cérémonie étaient une bonne occasion pour Hama Amadou de pousser davantage ses pions dans le sens d’un retour à l’apaisement et à la réconciliation entre anciens acteurs du MNSD. Une idée fixe ou même obsessionnelle pour le président du MODEN-Lumana, ancien président du MNSD, ancien Premier Ministre, aujourd’hui président de l’Assemblée Nationale et président du parti MODEN-Lumana membre de la majorité politique au pouvoir MRN.

Cette quête effrénée de rapprochement avec le MNSD a quelque peu éclipsé et mis au second plan, le maître de la cérémonie, le président du MNSD Seïni Oumarou. Les propos qu’on retient, ce n’est ni le discours du chef de file de l’opposition ni celui du président de l’ARN, ce sont ces salutations d’usage dans le salon d’honneur du Palais du 29 juillet entre Tandja Mamadou et Hama Amadou et aussi les mots prononcés par Hama Amadou dans son discours improvisé. Hama Amadou a rappelé les moments difficiles, ici même dans cette enceinte du Palais du 29 juillet lors du congrès du MNSD qui a élu Tandja Mamadou à la présidence du MNSD et qui l’a aussi placé comme secrétaire général du parti.

Ensuite d’autres moments tout aussi difficiles quand il défendait le MNSD lors de la conférence nationale souveraine et ce qu’il a appelé toutes les péripéties jusqu’à l’élection de Tandja Mamadou à la présidence de la République. Et si tout cela n’a pas suffi pour le faire comprendre, Hama Amadou va être encore plus précis. C’est tout juste s’il ne disait pas qu’il reste militant du MNSD en lâchant «je suis toujours dans l’esprit et dans le coeur un produit du MNSD », produit ou militant du MNSD ? Allez-y comprendre. Hama Amadou accusateur Ces rappels pourtant forts émouvants ne sont pas parvenus à dissiper une atmosphère de gène qui se lisait sur les visages fermés de certains ténors du MNSD, notamment Seïni Oumarou, l’ancien président Tandja Mamadou, le secrétaire général du parti Albadé Abouba, Foukory Ibrahim et sur une large part de personnalités MNSD.

Si les petites foules exultaient et applaudissaient chaque fois que Hama Amadou parle de pardon, de Dieu ou de la morale musulmane, chez les responsables MNSD on écoute d’une oreille plutôt distraite. Lâché dans son idéalisation des grands moments du MNSD et suspendu au youyou des amazones, le président du MODEN-Lumana était lui-même loin de mesurer les effets induits de ses propos. Ses grandes déclarations quand il parle de pardon, quand il dit avoir tout pardonné ne sont pas sans jeter de dures accusations. Si le discours de Hama Amadou a été émouvant et évocateur de la grande épopée du MNSD, il a cependant manqué un mot essentiel : l’excuse. Nulle part, il n’a parlé d’excuse, nulle part il ne s’est excusé. Le chef pardonne, mais ne s’excuse pas. C’est en quelque sorte cette image qu’a renvoyé Hama Amadou aux patrons du MNSD et c’est cela sans doute qui a fermé leurs visages.

C’est lui Hama Amadou qui a été aux côtés de Tandja Mamadou au moment du grand tournant du parti vers la création du MNSD-Nassara. C’est encore lui qui a bataillé pour défendre le MNSD des griffes des forces vives de la nation, comme il aime à le rappeler. C’est encore lui Hama Amadou qui a été l’artisan de l’élection de Tandja Mamadou à la présidence de la République. C’est toujours Hama Amadou, Premier Ministre qui a fait le travail pendant le gouvernement de Tandja Mamadou. Et en récompense qu’est ce qu’il a eu ? Il a été lâché lors de la motion de censure du mois de mai 2007, il a été ensuite jeté dans les mains de la justice, il a passé 10 mois à la prison de Koutoukalé. On lui a ensuite arraché le parti MNSD.

Tout ce qu’exprimait le discours de Hama Amadou en filigrane, c’était ça. Il a donné sa vie au MNSD et après il n’a récolté que trahison. La gène, le malaise et l’irritation qui se lisaient sur les visages des grands acteurs de cette histoire du MNSD étaient liés à ça, à ce discours accusateur, même sans le dire. Mais le président du MODEN-Lumana était obnubilé et obsédé par cette recherche de retrouvailles quand il parcourait du regard les rangs des militants MNSD qu’il a inondés du mot pardon. L’orgueil ou l’arrogance politique, c’est un peu comme ça, ils lui ont empêché de prononcer un seul mot, le plus fort en cette circonstance, c'est-à-dire présenter aussi des excuses.

La construction politique de Hama Amadou procède en fait par la victimisation, et dans ce jeu, il s’est placé résolument dans la posture facile de la victime, lui qui n’a jamais fait du mal, lui qui a tout donné, lui qui s’est battu pour tous, et les autres : les bourreaux à commencer par l’ancien Président de la République, le président du MNSD Seïni Oumarou, Albadé Abouba… Quand Hama Amadou parle, il n’a pas eu besoin de s’excuser parce qu’il n’a jamais rien fait, mais il pardonne lui le martyr, il pardonne lui la victime à ces bourreaux et à ceux-là qui l’ont trahi. Il y a dans ce jeu politique les bons, c’est à dire, ceux qui lui sont restés fidèles et qui conduits par le guide immaculé sont partis fondés le MODEN/Fa Lumana et les traitres, c'est-à-dire tous ceux qui n’ont pas empêché la motion de censure, ceux qui n’ont pas barré la route à la justice et à Koutoukalé, ceux qui ont pris les commandes du parti MNSD.

La victime a failli mourir, en tout cas, elle est morte politiquement avant sa résurrection sous les apparences du président du MODEN/Lumana. «Tandja veut me tuer», dans toutes ses interviews et dans les chancelleries étrangères c’était comme ça que Hama Amadou s’est exprimé lorsqu’il a quitté le pays et durant son exil dans les capitales étrangères. Hama Amadou pardonne, mais ne présente pas d’excuse, même quand au fort moment de la crise MNSD sa milice sous la conduite de Soumana Sanda fouettait les sympathisants de Seïni Oumarou comme Amadou Salifou, Issoufou Tamboura, Alma Oumarou et les Ali Sabo. Grosso modo, il faut dire que le discours du pardon entonné par Hama Amadou depuis déjà sa tournée à Maradi, il y a un peu plus d’un an procède d’une seule démarche, le rapprochement avec Tandja Mamadou, le chef tutélaire de l’ancien parti MNSD-Nassara.

L’ancien dauphin veut se replacer dans l’orbite politique de l’ancien Président de la République Tandja Mamadou où gravitent des chefs comme Seïni Oumarou, Albadé Abouba, et dans une moindre mesure Mahamane Ousmane qui dans la première mandature de Tandja jouissait des privilèges de Hassan et Housseini avant de tomber en disgrâce, évincé par Hama Amadou. Il peut remettre Seini Oumarou à sa place, il peut regagner les faveurs de Tandja. Même si il n’a rien dit jusqu’ici, même s’il ne s’est pas exprimé ce dimanche 31 Mars, ce que l’ancien Président de la République attend de son ancien premier ministre, ce sont des excuses publiques. La réconciliation entre les deux hommes politiques passe par là.

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