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Education/Evaluation : Pour quel avenir ?

Publié le mardi 28 aout 2018  |  Niger Diaspora
Crise
© Autre presse par DR
Crise dans le secteur de l’éducation au Niger : Échauffourées entre élèves, étudiants et éléments des forces de l’ordre
Mercredi 4 octobre 2017. C’est aux environs de 11 heures locales que les élèves et étudiants des Instituts et Ecoles de formation Professionnelle et Technique du Niger (UIEPTN) ont investi les locaux du Ministère en charge des Enseignements Supérieurs.
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L’école nigérienne bat de l’aile et cela fait des années que l’on s’inquiète de son sort, mais jamais l’on n’a eu le courage de prendre les mesures nécessaires pouvant permettre de la remettre sur les rails. Pire, c’est l’école publique, celle qui a permis à l’ingrate élite actuelle, sortie pourtant de milieux modestes, de pouvoir par l’égalité qu’elle promeut, de grimper dans la hiérarchie sociale et d’occuper méritoirement les positions qui sont les leurs, qui est aujourd’hui sacrifiée. L’école privée désormais attrayante en assurant au moins une relative stabilité pour les enfants, ne peut pourtant pas ni être accessible ni même promouvoir et garantir un enseignement de qualité : une société misérable qui s’offre les luxes d’une société bourgeoise. C’est ainsi d’ailleurs que nous sommes devenus véritablement les derniers de la terre. Comment ne pas saluer les régimes Diori et Kountché qui, dans des contextes difficilesfondation de la nation et faiblesse des moyens-avaient autant que possible permis à notre école, dès son avènement, de connaitre des moments de gloires pour lesquels bien de Nigériens sont aujourd’hui nostalgiques. Et l’on se demande, pessimiste, si la renaissance de l’école nigérienne est possible. Issoufou avait fait rêver les Nigériens quand dans son discours d’investiture, il faisait la promesse alléchante de consacrer ¼ du budget national à l’Education, une promesse qui, comme un feu de paille, s’est vite estompée. Ce fut le désenchantement et l’école n’a jamais connu une aussi grave crise que sous son règne. Engluée dans sa crise multidimensionnelle, l’école du Niger est aujourd’hui à la croisée des chemins. L’année scolaire bricolée validée par les examens politiques de fin d’année a fini par montrer la profondeur de la crise dans laquelle végète l’école nigérienne.

L’école nigérienne est malade et la chirurgie ne peut avoir le courage des ablations nécessaires. Par populisme les pouvoirs publics passent à côté des vrais urgences et par manque de réalisme, les partenaires sociaux de l’école, dans l’extrémisme d’un jusqu’au-boutisme suicidaire tant pour eux que pour l’école, ne peuvent concéder le moindre compromis qui sauvegarde l’essentiel. Et tout le système en pâtit sans que jamais, depuis la conférence nationale qui avait pourri les mentalités en leur inculquant une compréhension nuisible et corrompue de la démocratie, le vrai débat ne soit posé. C’est ainsi que le sérieux que l’on vivait dans notre école a fini par quitter pour laisser la place à l’anarchie, à la corruption, au favoritisme, bref à la mal-gouvernance scolaire. Et depuis, notre école ne produit que des enfants mal formés qui ne sont souvent que des délinquants redoutables. Il était inimaginable, il y a quinze ou vingt ans que des recalés de l’école admis dans la police ou la gendarmerie, puissent être des voleurs, des criminels en puissance ; des situations qui témoignent de l’état de la putréfaction morale à laquelle est allée notre société et son école qui les secrète. Aujourd’hui, dans des gangs, presque tous les jours, la police en découvre à sa plus grande stupeur.

Toute l’année écoulée a connu des turbulences qui ont gravement diminué le temps scolaire si bien qu’il est arrivé que des spécialistes évoquent la probabilité incontournable d’une année blanche qui ne pouvait qu’éclabousser le régime déjà en profond désamour avec le peuple qui a le sentiment d’être trahi par le socialisme. Face à l’enlisement chacun se cantonne dans sa position et plus personne n’est fort à forcer à aller au dialogue et à l’apaisement. Les associations islamiques qui l’ont essayé en ont eu pour leur grade, car de part et d’autre, ils ont fait face à des murs rigides. La crise n’aura pas de répit même avec les vacances car le débat autour de l’évaluation voulue par le ministère de l’enseignement primaire, devait continuer à s’enflammer, le gouvernement allant en campagne de sensibilisation et les syndicats enseignants plus que jamais décidés à combattre le test imposé. Reporté dans un premier temps face aux divergences sur l’opportunité de l’organisation de cette évaluation, le test a fini par être convoqué pour les 15 et 16 juillet et il fut organisé dans toutes les régions non sans quelques casses ici et là. Si le gouvernement peut se réjouir d’avoir réussi à organiser sa chose dans la violence et le mépris des libertés syndicales, avec bien d’échecs ici et là, les syndicats enseignants eux peuvent être fiers, d’avoir pu par endroit empêcher la tenue normale sans heurts de l’examen décrié dans sa forme voulue par le gouvernement, témoignant ainsi de sa farouche volonté de mener son combat. Le bilan d’une journée de violence au nom d’une évaluation est lourd pour une démocratie normale : de nombreuses arrestations et des mises sous mandat de dépôt, et de nombreux blessés dont quelques cas graves. Et l’on se demande pourquoi les socialistes n’ont que la violence et la force pour gérer leurs relations avec les Nigériens. Ont-il conscience que les Nigériens ne les aiment pas et qu’il fallait les mettre au pas par le bâton ? Cette nième violence du régime de la Renaissance a fini par durcir la situation et à aggraver les relations avec les syndicats enseignants que le gouvernement parvient difficilement à payer et pour lesquels, sans être capable de consoler, il n’a que la force brutale pour martyriser. Et depuis, l’on se demande quel avenir reste-t-il pour cette école où les dissensions ne font que se creuser ? On pourrait même dire que les syndicats enseignants sortent renforcés dans cette épreuve que le gouvernement leur a imposée car son combat trouve écho dans le monde, notamment avec cette lettre de protestation et de soutien que Force Ouvrière de France a adressée par le canal du ministère des Affaires étrangères de France et l’Ambassade pour dire toute son indignation face aux atteintes graves aux libertés syndicales et pour exprimer tout son soutien et toute sa solidarité avec les forces sociales en lutte dans le secteur de l’éducation, appelant même le gouvernement français à regarder de près la situation de la détérioration des libertés au Niger. Une autre mauvaise nouvelle pour Niamey…

Depuis des semaines, quand il appelait à des négociations qui ne sont qu’une farce, l’on avait compris que le gouvernement ne cherche qu’à réussir à valider à sa manière son année pour profiter du temps des vacances pour ne plus avoir sur son dos, ces nombreux syndicats enseignants qui, même s’ils ne sont pas capables de s’entendre, tiennent quand même le même discours de fermeté à son égard. Le gouvernement peut d’ailleurs croire qu’il est en position de force pour sévir et traquer autant que nécessaire les enseignants, oubliant que le dernier leur revient et ce d’autant que l’enseignant n’a jamais connu de confort pour se plaindre trop de galère qu’on lui impose, rassuré que forcément, l’école rouvrira et ensemble, le mouvement syndical enseignant, reprendra le flambeau de la lutte. C’est pour dire, que l’avenir n’annonce rien de bon pour notre école si en plus, devait se compliquer la situation économique difficile du pays qui ne permet pas au gouvernement, depuis de longs mois, de faire face à ses charges régaliennes et surtout quand des partenaires semblent réticents à l’accompagner. Le gouvernement semble ne plus avoir de réponse pour les problèmes des Nigériens sinon que la violence et la prison et depuis des jours, il est difficile de tenir le compte de tous ceux qui, par ses peurs sont arrêtés et envoyés dans ses prisons. Une telle attitude, n’est qu’un mauvais présage pour le pouvoir d’autant que ces faits dénotent de la fragilité du pouvoir, faits qui en plus sont les signes qu’il court inexorablement à sa perte. N’est-ce pas, comme on le voit dans l’histoire, que lorsqu’arrive une fin, il y a des signes qui ne trompent pas ?

L’année prochaine donc, avec l’affaire Bagalé qui avance à pas de tortue et cette guerre larvée, désormais ouverte avec les enseignants, il est difficile que le gouvernement puisse être capable de maitriser la situation, et peut-être de tenir face à la pression.

Le temps le dira…
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