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Pour les otages, après l’euphorie vient le temps de la reconstruction
Publié le mercredi 30 octobre 2013   |  AFP


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© Autre presse par DR
Les otages français au Sahel : Daniel Larribe (haut gauche), Marc Feret (haut droite), Pierre Legrand (bas gauche), Thierry Dole (bas droite).


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PARIS - Pour les quatre ex-otages enlevés en 2010 au Niger, après l’euphorie de la libération et des retrouvailles viendra le temps de la reconstruction psychologique et du retour à la vie normale, un parcours pas toujours simple, selon les spécialistes.

"Au début c’est formidable, il y a un grand battage médiatique, une forme d’euphorie extraordinaire", commente auprès de l’AFP le Dr Gérard Lopez, psychiatre et fondateur de l’Institut de victimologie (Paris).

"Puis dans les jours qui suivent commencent les réminiscences, des pensées, des images, des cauchemars", ajoute-t-il.

"On a bien sûr des flashes, des images qui reviennent, mais pas forcément au début, ça peut être longtemps après", raconte à l’AFP Hervé Ghesquière, 50 ans, otage en Afghanistan de décembre 2009 à juin 2011.

"La semaine dernière j’étais dans le Fayoum (région d’Egypte) et j’ai repensé à l’Afghanistan (...) parce que les paysans que j’ai vus m’ont rappelé les paysans afghans", ajoute ce journaliste d’Envoyé Spécial (France 2).

Dans les premiers temps après la libération, les difficultés de concentration, les troubles du sommeil et de l’humeur font partie des symptômes le plus souvent rencontrés. Les ex-otages risquent également de traverser une période de déprime. Une étape normale, mais qui doit être prise en compte et traitée pour que cette dépression ne devienne pas chronique, recommandent les psychiatres.

La reconstruction de la personnalité n’est pas aisée quand on a été traité pendant trois ans plus ou moins comme un objet, fait valoir le Dr Lopez. Il faut aussi rattraper le temps passé.

La psychologue Carole Damiani, spécialiste de l’aide aux victimes, parle d’un besoin de "réaccordage" : "Il faut réapprendre à vivre ensemble" (famille, amis, collègues).

Médiatisation à double tranchant

L’ ex-otage peut se sentir incompris, parfois il va masquer ce qu’il a vécu, se refermer. Aux amis, aux proches, elle conseille de "se mettre à disposition", de lui demander ce qu’il veut, tout en reconnaissant qu’il conviendrait aussi d’aider l’entourage qui peut être désarçonné par ses
réactions.

Hervé Ghesquière se souvient ainsi être "passé par une phase" où il était "très nerveux, très irritable".

"Au début, les ex-otages ont plutôt besoin d’apprendre à gérer leurs émotions", souligne le Dr Lopez. Ils n’ont pas forcément envie de parler tout de suite de choses traumatisantes.

En revanche, on peut leur recommander d’aller voir un médecin pour reprendre le contrôle de la télécommande du magnétoscope qui fait défiler des images dans leur tête, explique-t-il en évoquant également l’aide des techniques de relaxation (Taï-Chi, etc.).

Un "débriefing psychologique ponctuel" suit la libération. Mais après, il peut être difficile de trouver des gens formés en psycho traumatologie, remarque le psychiatre.

La psychologue évoque "la médiatisation à double tranchant": au retour, elle montre aux otages qu’ils sont "précieux". Puis vient ce "moment de vide quand les projecteurs s’éteignent". Certains revivent un sentiment d’abandon.

"Chacun va choisir sa voie pour exprimer ce qu’il a vécu. Beaucoup écrivent; cela peut être libérateur et aider questionnement", dit-elle.

Parmi les questions qui reviennent souvent: "pourquoi moi", "pourquoi si longtemps" et "qui est responsable", car, au delà des geôliers, il y a des enjeux politiques qui les dépassent.

"D’autres disent qu’ils ne veulent pas être enfermés dans le rôle d’otage, car des années après, ils peuvent encore avoir beaucoup de mal à en parler, parce que cela reste douloureux", ajoute Carole Damiani.

Il s’agit également retrouver une place dans l’entreprise qui n’est pas un monde de "bisounours", relève le Dr Lopez.

Mais cette expérience extrême peut aussi aider à relativiser les problèmes de la vie quotidienne : "On a envie de bouffer la vie, parce qu’on sait pas ce qui va arriver demain", assure le reporter Hervé Ghesquière.

BC-lh/dab/ei

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