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La gomme arabique du Niger : Vers la relance de la filière

Publié le jeudi 10 janvier 2019  |  Le Sahel
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© aNiamey.com par DR
Le marché de Gomme arabique de Katako
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La filière de la gomme arabique a connu dans les années 60 et ce jusqu’en 1980, un essor sans précédent au Niger avec une part importante de contribution à l’économie nationale en raison du volume substantiel des exportations de ce produit forestier non ligneux. Selon les données de la Direction des statistiques et des comptes nationaux du Ministère du Plan, le Niger a exporté 2.610 tonnes en 1979. Cette production a malheureusement chuté à partir des années 1990, soit seulement 200 tonnes exportées selon la même source. Cette chute drastique de la production est imputable à la mauvaise organisation des acteurs de la filière (forte prédominance du secteur informel suite à la disparition de la Copro-Niger) et aux effets du changement climatique auxquels s’ajoutent les actions anthropiques. Face à cette situation, la relance du sous-secteur de la gomme arabique s’avère indispensable dans la mesure où le potentiel gommier du pays est énorme.
La filière gomme arabique a connu dans notre pays plusieurs phases dans son développement. Ainsi, les années 60 sont considérées comme étant la période où la production était extrêmement importante. Elle contribuait de façon substantielle à l’économie nationale. Cette contribution allait chuter deux décennies plus part en laissant plonger le sous secteur de la gomme arabique dans un état de léthargie. Le supplément âme pour la réanimation de la filière n’intervient qu’à partir des années 2000 avec la volonté du gouvernement d’élaborer une stratégie politique en matière de valorisation des ressources forestières et la lutte contre la pauvreté en général et la gomme arabique en particulier. C’est ainsi que le gouvernement avait demandé l’assistance de la FAO pour la formulation d’une stratégie nationale visant à accroître la production de la gomme et à redynamiser la filière gomme.

Un programme de coopération technique a été signé à cet effet le 15 septembre 2000 dont l’objectif global est d’aider le gouvernement, sur la base d’un bilan du potentiel existant, à élaborer une stratégie nationale pour la relance de la production et de la commercialisation de la gomme arabique au Niger. Cette stratégie adoptée par le Gouvernement en Juillet 2003, vise l’amélioration des conditions de vie de tous les acteurs de la filière, la sauvegarde et le maintien de l’équilibre écologique des zones de production par la production et l’exportation soutenues d’une gomme arabique de qualité. Pour atteindre cet objectif global trois axes stratégiques ont été retenus. Il s’agit de la production soutenue d’une gomme arabique de qualité pour la création d’emploi et l’augmentation des revenus des producteurs ; le développement et la gestion durable des ressources gommières et l’organisation et le renforcement des capacités des acteurs des filières gomme arabique.

Potentiel en ressources gommières du Niger

Selon le Directeur de l’économie environnementale et de la promotion des filières vertes au Ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable, le colonel Harouna Oumarou, le potentiel gommier du Niger, en termes de ressources et des capacités de production de la gomme arabique, était évalué en 2000 à 300 000 hectares de gommeraies constituées principalement des peuplements naturels. En effet, les peuplements naturels purs couvrent 158 026 hectares, tandis que les plantations artificielles se répartissent sur plus de 5000 hectares. Le reste est occupé par les formations agro forestières éparses et mélangées. Les principales espèces gommières identifiées sont : l’Acacia Sénégal, l’Accacia laeta, l’accacia seyal, le Combretum nigricans et le Commiphora africana. La densité moyenne de l’Accacia Sénégal varie d’environ 30 pieds/ha (bassin occidental) à plus de 200 pieds/ha (bassin oriental).
Ce potentiel gommier se présente dans les trois bassins de production : Bassin oriental : berceau historique de la gomme arabique qui s’étend sur la moitié Sud de la région de Diffa (Mainé-Soroa et Diffa) et le Sud-Est de la région de Zinder (Gouré). Son potentiel de production est estimé à 200 000 hectares de peuplements naturels, soit 15 millions de pieds dont près de la moitié (98 000 hectares) est constitué de forêts domaniales de l’Etat. Quant au bassin central, il couvre le Nord de la région de Maradi (Mayahi, Tessaoua, Dakoro), le centre et le Sud-Est de la région de Tahoua (Tchintabaraden, Abalak, Tahoua, Keita, Bouza et Madaoua). Il est constitué de peuplements naturels d’Acacia Sénégal estimés à plus de 50.000 hectares, soit environ 3.750.000 pieds et d’importantes plantations artificielles évaluées à 7 millions de pieds d’Acacia Sénégal et d’Acacia seyal.
Quand au Bassin occidental : il couvre la région de Tillabéry où les forêts naturelles, estimées à environ 40.000 hectares, soit environ 3.000.000 de pieds sont constituées d’un mélange d’Acacia Sénégal et d’Acacia seyal et sont essentiellement localisées dans le Liptako Gourma (Sud-Ouest et Nord-Ouest de l’arrondissement Téra et Nord-Ouest de l’arrondissement de Say). Ce bassin renferme également d’importantes plantations artificielles constituées de près de 500.000 pieds d’Acacia Sénégal.

Une espèce fortement menacée

Cependant, l’accélération du processus de la désertification et des sécheresses constatée ces dernières années menace gravement l’équilibre de ces peuplements de gommiers. On assiste à une réduction globale du couvert végétal par la réduction de la régénération naturelle causée par des pressions humaines et animales ; une prolifération des autres espèces envahissantes moins intéressantes dans la plupart des gommeraies ; un tassement des sols dans les peuplements avec une influence directe sur le ruissellement et la réduction de l’infiltration. Pour faire face à ces problèmes, un certain nombre de propositions d’amélioration des connaissances sur les gommeraies, des pratiques de gestion des peuplements et de suivi de la dynamique des gommeraies et des gommiers ont été formulées.

En effet, l’inventaire des connaissances locales traditionnelles de techniques de production de la gomme arabique a fait ressortir un certain nombre de contraintes majeures qui doivent être levées pour atteindre les objectifs d’une production soutenue de gomme de qualité. Il s’agit notamment des pratiques actuelles de récolte de la gomme qui ne garantissent pas la maturation complète du produit, processus indispensable pour atteindre les spécifications de la demande de gomme pour l’essentiel industrielle ; des pratiques de la récolte mélangée des gommes au niveau de certains bassins de production, ce qui représente un facteur de dépréciation de la qualité et de perte de la valeur marchande de la gomme au niveau international ; l’absence d’un séchage systématique des gommes récoltées, ce qui réduit le gain attendu qui est plus fonction de la qualité de la gomme que de son poids ; la fable connaissance de la pratique de la saignée et de la récolte de la gomme avec les outils appropriés qui ne sont pas de nature à optimiser la quantité et la qualité de la production de gomme. A tous ces problèmes vient s’ajouter la question de la mobilisation des ressources financières. Celle-ci constitue la principale contrainte pour la promotion et la valorisation des produits forestiers non ligneux et de la gomme arabique en particulier.

Perspectives

Les ressources végétales productrices de produit forestier non ligneux en général et le gommier en particulier, contribuent à la conservation de la diversité biologique, à la lutte contre la désertification, à la résilience des populations faces aux effets néfastes des changements climatiques, à la création d’emplois, à l’accroissement des revenus des ménages et au PIB national. La création d’une Direction nationale en charge des questions de l’Economie environnementale et de la promotion des filières vertes procède aussi de la volonté des autorités nigériennes de relancer le sous secteur de la gomme arabique. En outre, le développement de la commercialisation de la gomme au Niger passe nécessairement par la redynamisation des organisations des producteurs et le renforcement des capacités de commercialisation du produit à travers la construction et l’équipement des comptoirs d’achat de gomme arabique dans les différentes zones de production. Cela permettra non seulement, la maîtrise des statistiques de production, mais aussi la sécurisation, voire l’augmentation des revenus des populations rurales ; le renforcement des capacités techniques et financières des organisations locales à travers le financement des campagnes de commercialisation.

Hassane Daouda (onep)
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