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Niger: 87 cadavres de migrants retrouvés mercredi dans le désert près de l’Algérie
Publié le jeudi 31 octobre 2013   |  AFP




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NIAMEY - Les cadavres de 87 migrants ont été retrouvés mercredi dans le désert nigérien, à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne, ce qui marque la plus effroyable catastrophe du genre depuis au moins une décennie au Niger. A ces 87 victimes (7 hommes, 32 femmes et 48 enfants) s'ajoutent les dépouilles de 5 femmes et fillettes issues du même groupe de clandestins, que l'armée nigérienne avait précédemment découvertes, a affirmé une source sécuritaire haut placée. Au total, 92 personnes sont donc mortes, la plupart de soif, début octobre dans un voyage tragique vers l'Algérie qui avait débuté fin septembre, selon la même source. Ce bilan a été confirmé par Almoustapha Alhacen, responsable de l'ONG Aghir In'man (bouclier humain en langue touareg), qui s'est rendu sur place pour chercher les dépouilles. "Les corps étaient décomposés, c'était horrible. Nous les avons trouvés en divers endroits, dans un rayon de 20 kilomètres et en petits groupes: souvent sous des arbres, ou en plein soleil. Parfois une mère et ses enfants, parfois des enfants seuls", a raconté M. Alhacen. Certaines dépouilles avaient été "dévorées par des chacals et autres fauves", a-t-il ajouté. La plupart des enfants morts sont des jeunes filles. "C'est à travers les bracelets aux poignets que nous sommes parvenus à le savoir", a expliqué la source sécuritaire. La macabre découverte a duré sept heures, entre 6H00 et 13H00 GMT. Les cadavres ont été enterrés selon le rite musulman en présence d'un imam "au fur et à mesure qu'on les retrouvait", a précisé Almoustapha Alhacen. Lundi, des autorités locales nigériennes avaient annoncé le décès d'au moins 35 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, mortes déshydratées alors qu'elle tentaient de migrer en Algérie. D'où les recherches entreprises.

"Sept jours dans le désert"

Deux véhicules ayant servi à transporter les migrants ont été retrouvés en panne dans le désert, l'un à 83 km d'Arlit (nord du Niger, d'où étaient partis les migrants), l'autre à 158 km, a indiqué la source sécuritaire.

"Un premier véhicule est tombé en panne. Le second est revenu à Arlit pour chercher la pièce de dépannage après avoir débarqué tous ses occupants, mais il est lui aussi tombé en panne", a-t-elle poursuivi.

"Nous pensons que les migrants sont restés sept jours dans le désert et qu'au cinquième jour ils ont commencé à quitter le véhicule en panne à la recherche d'un puits", a estimé cette source, ce qui explique l'éparpillement des corps. Toujours selon la source sécuritaire, 21 personnes ont survécu, dont "un homme qui a parcouru 83 km à pied pour gagner Arlit" et "une femme qui a été ramenée à Arlit par un chauffeur qui l'avait croisée dans le désert".

Dix-neuf autres migrants ont été acheminés à Tamanrasset (sud de l'Algérie), leur destination finale initiale, avant d'être rapatriés au Niger, a ajouté cette source.

Une Nigérienne habitant Tamanrasset, qui avait organisé le voyage, a été rapatriée et écrouée à Arlit, de même source.

Au total 113 personnes avaient donc décidé de se rendre en Algérie.

Sadafiou, un rescapé d'une trentaine d'années qui a perdu trois de ses proches dans le voyage, avait expliqué il y a quelques jours à la radio privée Sahara FM que le groupe dont il faisait partie, originaire du Sud nigérien, fuyait de mauvaises récoltes à venir.

Le Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde, est confronté à des crises alimentaires récurrentes. Le phénomène d'émigration y est massif.

Le décès de clandestins en plein désert, souvent abandonnés par leurs passeurs à une mort certaine, se révèle assez fréquent, mais dans des proportions bien moindres.

La dernière catastrophe d'une ampleur comparable avait été rapportée en mai 2001 en Libye, considéré du temps de Mouammar Kadhafi comme un eldorado pour les migrants africains, quand 140 d'entre eux étaient morts de soif dans le désert.

Depuis la chute du dictateur, la Libye est davantage devenue une porte d'entrée pour l'Europe. La route migratoire y menant est bien plus fréquentée que celle pour aller en Algérie.

Près de 5.000 Ouest-Africains, dont de nombreux Nigériens, ont transité chaque mois entre mars et août 2013 par Agadez, la grande ville du nord du pays, afin de se rendre en Libye, a recensé l'ONU.

L'immigration clandestine en provenance d'Afrique vers l'Europe, un phénomène constant depuis au moins deux décennies, est revenue au centre de l'agenda politique européen avec la tragédie de Lampedusa début octobre. Plus de 360 migrants africains étaient alors morts dans le naufrage de leur embarcation au large de cette île italienne.

bh/jf/sd

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