Préoccupations africaines du moment : Nicéphore Soglo chez le président du Niger

Publié le vendredi 1 fevrier 2019 | Bénin24 Télévision

© aNiamey.com par DR
SEM.Issoufou Mahamadou a reçu en audience l`ancien chef d`Etat du Bénin, Nicéphore Soglo

Le président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, a reçu ce mardi 29 janvier 2019 en audience, l’ancien chef d’Etat du Bénin, Nicéphore Dieudonné Soglo. Celui-ci, est par ailleurs vice-président du Forum des anciens chefs d’Etats d’Afrique dont Joachim Chizano est le président. Nicéphore Soglo est allé lui faire des points sur l’ensemble des activités que mène cette institution.

Quelle voie pour sortir du sous-développement l’Afrique ? Comment faire pour avoir une monnaie pour booster le développement ? Que faire pour commémoration dès cette année 2019, la journée de la traite négrière comme alternative ? N’est-il pas important d’avoir une armée régionale ? Ce sont autant de préoccupations qui étaient au cœur des échanges entre ces deux hommes d’Etat.

En effet, après leur participation au Forum des anciens chefs d’Etats et de gouvernement d’Europe-Afrique qui a eu lieu à Tokyo le 31 août au 1er septembre 2018 aux côtés de ses pairs des autres régions d’Afrique, le président Soglo a fait le point à l’homme d’Etat nigérien. Pour rappel, la réunion de Tokyo avait pour thème : ‘’Vers une paix durable en Afrique’’.

Ce qui leur a permis d’en analyser la signification profonde et proposer les modalités adéquates de leur mise en œuvre dans la région ouest-africaine et africaine.

Le président Soglo a informé le président Nigérien que le groupe de base du forum Afrique s’était en effet réuni pour discuter essentiellement d’une nouvelle approche pour la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique, en soutien aux efforts continentaux visant à concrétiser la vision pour une Afrique pacifique, prospère et intégrée.

Selon les explications du président Soglo, au président du Niger, l’objectif de la rencontre était d’identifier les causes profondes des conflits en Afrique et les modalités de promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Ce qui a permis d’identifier les domaines spécifiques de coopération pour éviter les conflits, résoudre ceux en cours et promouvoir la paix.

Mais avant, de l’avis du président Soglo, il faut un état des lieux. Il a expliqué au premier magistrat du Niger qu’il faut d’abord mettre un accent sur l’arrière-plan historique et culturel de l’Afrique en particulier les conséquences dévastatrices de la traite négrière et du colonialisme ainsi que la bancarisation du continent et la division de son peuple. Ceci est particulièrement vrai pour le Niger et le Bénin.

Ensuite, il faut selon lui insister sur l’incapacité de l’Afrique à relever les défis de l’édification d’une Nation aggravés par l’ethnicité, la marginalisation et l’exclusion réelle ou perçue.

En outre, selon l’argumentaire de Nicéphore Soglo, il faut éviter l’exclusion économique et le sous-développement. Aussi, s’agit-il de mettre un terme à l’absence de leadership crédible et de qualité et enfin, il faut surmonter l’absence de participation citoyenne active dans la prise de décision, etc.

Au cours de cet entretien, il lui a également fait toucher du doigt le fait que l’arrière-plan historique et culturel des pays africains marqués par les conséquences dévastatrices de la traite négrière et de la colonisation.

Exposé des motifs

A cet effet, le président Soglo a expliqué au président Mahamadou, la nécessité de proposer à la conférence des chefs d’Etat et de gouvernements de la Cedeao, à la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine et à l’Unesco de retenir un jour pour la commémoration de la traite négrière.

Le président Soglo a démontré l’impérieuse nécessité de la commémoration de ce jour souvenir. Ce sera selon lui, offrir l’occasion de réflexion sur les conditions réelles du développement de l’Afrique.

Le président Soglo n’a pas manqué de mettre également un accent sur l’intégration des économies des Etats de la région ouest-africaine.

Pour finir, le président Soglo a dit qu’il paraît judicieux, en ces temps d’insécurité régionale et planétaire, de transformer l’Ecomog en une véritable armée fédérale avec des contingents nationaux et d’adopter le même schéma pour une marine fédérale pour protéger nos pécheurs et lutter contre le crime organisé et le pillage de nos ressources halieutiques et maritimes.

Grand intérêt

A son tour, Issoufou Mahamadou a dit sa joie de voir encore le président Soglo pétillant et très préoccupé du devenir de l’Afrique. Après un large tour d’horizon des thématiques exposées par Nicéphore Soglo, le président du Niger a marqué son accord quant à la marche à suivre relativement aux programmes d’intégration économique mis en route dans le cadre de la Cedeao. Ce qui passe par une parfaite mobilité des capitaux et par un taux de change fixe avant l’adoption d’une monnaie communautaire unique pour l’échéance de 2020 retenue par la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO.

Déclaration du Président Nicéphore Dieudonné Soglo

«Nous avons souffert pendant quatre siècles de la traite négrière qui a vidé le continent de cent millions d’hommes, de femmes et d’enfants, on nous a opposés les uns aux autres et nous devons avoir une journée pour nous rappeler de ce moment.

Tous les jours on voit des gens mourir en Méditerranée, des gens vendus comme esclaves, et c’est à nous de régler ce problème. Le problème est de quatre ou cinq ordres.

Le premier, nous devons avoir une monnaie commune et comme le président Issoufou Mahamadou est le patron, avec son homologue du Ghana, il m’a apporté de bonnes nouvelles là-dessus. Ensuite, l’Afrique au sud du Sahara explose avec un milliard et demi de personnes à qui il faut donner du travail. Et le résultat pratique est que s’il n’y a pas de travail, il y aura le terrorisme.

Après la monnaie, il faut avoir une armée fédérale car, on ne peut pas dépendre de l’étranger pour protéger nos foyers et le président Issoufou m’a apporté également d’excellentes nouvelles. De la même manière, nous avons besoin de protéger nos côtes, et surtout nos pêcheurs. Qu’on ne vienne pas voler notre richesse.

Mais, l’élément le plus important, c’est qu’il faut que nous mettions un terme au pacte colonial, que nous transformions nos richesses sur place pour donner, sur place, du travail aux nôtres pour qu’ils ne meurent pas dans le désert ou en Méditerranée. C’est nous qui souffrons ; c’est à nous de prendre des décisions et c’est pour ça que nous sommes venus voir les chefs d’Etat qui sont en activité, en tant qu’anciens présidents.

Il faut que nous ayons de l’énergie. Il n y a pas de développement sans énergie. Là-dessus, le président du Niger est dans son domaine. Il faut une fédération pour qu’on puisse respirer. Il va mettre l’expérience qu’il a, à notre disposition, pour qu’il y ait l’énergie la moins chère possible. Mais également il faut pouvoir circuler entre nous, mais nous nourrir aussi, puisque les trois quart de notre population sont des paysans. C’est cette concertation que nous devons mener. Ce qui se passe interpelle l’Afrique»

Commentaires

Dans le dossier