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M. Mano Agali, ministre de la Santé Publique : «Je tiens à rassurer la population que la situation est sous contrôle et que les cas détectés n’ont aucun caractère contagieux et bénéficient d’une prise en charge immédiate»
Publié le vendredi 1 novembre 2013   |  Le Sahel




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Monsieur le ministre, vous avez effectué, le samedi 19 octobre 2013, une mission dans le département de Téra, plus précisément dans le CSI de Taka, pour constater l'apparition d'une nouvelle maladie. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit exactement?
Effectivement, le jeudi 10 octobre 2013, la Direction Régionale de la Santé Publique de Tillabéry a saisi la Direction de la Surveillance et de la Riposte aux Epidémies de mon département ministériel, suite à la constatation de l'apparition soudaine d'une pathologie atteignant un nombre croissant de personnes. La symptomatologie est d'allure diphtériforme (fièvre, douleurs au cou, difficultés d'avaler, vomissements, ganglions sous maxillaires, lésions ulcéro-nécrosantes au niveau des amygdales chez certains patients, saignements du nez et contraction de la mâchoire ; mais à la différence d'un cas de diphtérie typique, il n'a pas été retrouvé de fausses membranes à l'examen ORL). Plusieurs cas de décès ont été déplorés.

Le phénomène est survenu dans l'aire de santé du Centre de Santé Intégré (CSI) de Taka situé à une trentaine de kilomètres de Téra, dans la Région de Tillabéry.
Suite à cette notification, une équipe conjointe du Ministère de la Santé Publique (Direction de la Surveillance et de la Riposte aux Epidémies {DS/RE], Centre de Recherche Médicale et Sanitaire {CERMES] et Hôpital National Lamordé [HNL]) a été dépêchée sur les lieux pour mener une investigation dont les objectifs étaient de faire une analyse, la plus exhaustive possible, de la situation, d'identifier la source du phénomène et d'appuyer le district sanitaire en ce qui concerne les préparatifs des activités de riposte en vue de circonscrire la propagation de la maladie.
A l'issue de cette mission, il ressort qu'à la date du 14 octobre 2013, vingt trois (23) cas ont été enregistrés dans deux hameaux (Binguel Kiari et Ferro) dont 7 décès, soit un taux de létalité de 30%. Cinq (5) prélèvements de gorge et deux (2) échantillons de sérum ont été effectués pour la recherche d'un diagnostic. Les résultats des analyses de laboratoire, orientés vers la recherche de la diphtérie et de la mononucléose infectieuse, se sont avérés négatifs.
Cependant, j'ai tenu à aller sur le terrain en vue d'apprécier l'ampleur du phénomène et d'y apporter des solutions appropriées d'une part, de soutenir et d'encourager les populations et le personnel de santé d'autre part. J'étais accompagné dans ce déplacement par le représentant résident de l'OMS au Niger, d'un représentant de l'UNICEF, de deux médecins spécialistes, de cadres centraux et régionaux du Ministère de la Santé, des autorités administratives, coutumières et religieuses de la région que nous tenons d'ailleurs à saluer pour leur soutien aux agents de la Santé.
Je tiens également à rassurer la population que la situation est sous contrôle et que les cas détectés n'ont aucun caractère contagieux et bénéficient d'une prise en charge immédiate.
Quelles sont les dispositions prises pour circonscrire cette maladie ?
Outre la donation d'un important lot de médicaments aux structures de santé directement concernées, et celles se trouvant dans les environs, les mesures suivantes ont été prises, notamment le renforcement de la surveillance épidémiologique avec une définition claire des cas; le renforcement des activités de vaccination ; la recherche active et la prise en charge correcte des cas suspects; l'intensification de la sensibilisation des populations pour une consultation précoce dans les services de santé; le partage de l'information entre les services de santé, de sécurité, les autorités politico-administratives et coutumières.
Monsieur le ministre, quelle est la situation sanitaire de cette région en particulier, et de tout le pays en général ?
Au plan national, à la date du 14 octobre 2013, la situation épidémiologique est globalement calme. Cependant, le pays connait une épidémie de choléra, avec un total de 562 cas dont 11 cas de décès, soit un taux de létalité de 1,95%. De ces 562 cas, seuls 3 cas proviennent d'autres régions que Tillabéry (2 de Niamey et 1 de Tahoua). Cette situation pourrait s'expliquer par les caractéristiques hydrogéologiques de la région de Tillabéry rendant difficile l'accès à l'eau potable. Par ailleurs, on note une épidémie de diphtérie toujours dans la région de Tillabéry, avec 89 cas dont 27 décès, soit un taux de létalité de 30,33%. Cette maladie étant évitable par la vaccination, des actions de renforcement des activités de vaccination de routine ont été menées, ainsi que des actions de riposte vaccinale en cours de préparation.
Concrètement, quelles sont les précautions prises par votre département ministériel pour faire face à cette maladie ?
La lutte contre le choléra va au-delà du seul secteur de la santé. C'est ainsi qu'en plus des actions sanitaires telles que le pré-positionnement des médicaments et consommables pour la prise en charge des cas, il y a la désinfection systématique des cas, de leurs itinéraires et de leurs entourages; la distribution des purifiants d'eau et la sensibilisation des populations. En outre, un vaste programme de desserte en eau potable est conduit par le Ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement à travers la mise en œuvre d'un schéma directeur de l'alimentation en eau potable des villages insulaires et riverains du fleuve.

Monsieur le ministre, un rapport publié par Save the Children dans le cadre de sa campagne ''tous et chacun'' place le Niger en tête dans la lutte contre la mortalité infantile. Selon vous, qu'est ce qui explique ce progrès dans le domaine de la santé?
Le Niger, à travers la ratification de textes internationaux, s'est engagé devant la communauté internationale à travailler pour l'avènement d'un monde qui préserve la dignité des femmes et des enfants. De ce fait, le Niger marque son adhésion à la Déclaration du Millénaire pour le Développement (OMD), dont l'OMD 4 qui vise la réduction de la mortalité infantile de deux tiers entre 1990 et 2015.
De même, le plan de Développement Sanitaire 2011 2015, qui constitue le cadre de référence pour toutes les interventions dans le secteur de la santé au Niger, a retenu comme axe stratégique principal ''de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infanto juvénile en améliorant l'efficience et la qualité du système de santé à partir des potentialités actuelles''. En choisissant un tel axe, mon département m inistériel accorde une place de choix à la promotion de la santé de la mère et de l'enfant.
Le taux de mortalité infanto juvénile, qui était l'un des plus élevés du monde en 1990 avec 318 décès pour mille naissances, a connu une baisse progressive pour atteindre 274 pour mille en 1998, et 198 pour mille en 2006. Cette chute a été plus significative entre 2006 et 2012 et se traduit par une réduction de 35% de la mortalité infanto juvénile, passant de 198 à 127 pour mille.
Ces progrès sont dus à la mise en œuvre de certaines stratégies à haut impact pour la réduction de la mortalité infantile dont nous pouvons citer entre autres la gratuité des soins au couple mère- enfant ; la transformation des Cases de Santé en Centres de Santé Intégrée et la poursuite de l'amélioration du plateau technique des centres de références ; la mise à échelle des interventions au niveau communautaire ; les campagnes de vaccination de masse pour lutter contre la rougeole et la méningite qui sont les plus meurtrières; les campagnes de distribution de masse de moustiquaires imprégnées d'insecticide (plus de 3 000 000 d'unités distribués en 2004 et 2011) ; les campagnes de masse de déparasitage et de distribution de vitamine A ; la mise en place des coins de prise en charge du nouveau-né et des unités de Kangourou (pour la prise en charge des prématurés); la mise à échelle des centres de prise en charge de la malnutrition ; le renforcement des compétences des agents de santé à tous les niveaux sur la prise en charge de l'enfant. En outre, sur le plan ressources humaines, en plus des mesures d'incitation à servir en zones rurales que nous avions prises, le gouvernement a procédé au recrutement de 536 médecins, pharmaciens chirurgiens dentistes, 1180 agents paramédicaux dont 232 sages-femmes.
Où en sommes-nous, Monsieur le ministre, par rapport à la mortalité maternelle dans notre pays ?
Le Niger est l'un des pays où le ratio de mortalité maternelle reste encore élevé. Les progrès dans la réduction de la mortalité maternelle sont très lents, malgré la mise en œuvre de plusieurs actions prioritaires depuis plusieurs décennies, dont on peut citer la construction des infrastructures sanitaires de base (Cases de Santé, Centres de santé intégrés) dans toutes les régions afin de rapprocher au maximum les structures de santé des populations ; le renforcement du plateau technique des structures de santé à tous les niveaux ; l'augmentation des ressources humaines en quantité et en qualité; l'amélioration de l'accessibilité financière avec les mesures de gratuité pour les soins de santé de la mère et de l'enfant (césarienne, planification familiale, Consultations prénatales, prise en charge des enfants de 0 à 5 ans, etc.); le renforcement des actions de plaidoyer et de sensibilisation sur la promotion de la santé maternelle.
En effet, le ratio est passé de 700 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990, à 648 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2006 (selon l'EDSN 2006) et à 554 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 2010 (Enquête Survie, Nutrition et Mortalité, juillet 2010, INS).
A ce rythme, il est peu probable d'atteindre, à l'horizon 2015, l'Objectif 5 du Millénaire.
Face à ces défis, mon département ministériel s'engage à mettre en œuvre un certain nombre de réformes, à savoir la notification obligatoire et l'audit des décès maternels à tous les niveaux, suivis de communication en conseil de cabinet et de mesures à prendre ; le financement basé sur la performance et la gestion axée sur les résultats ; la poursuite de la dotation des services de santé en ressources humaines selon les besoins ; le développement d'une approche communautaire intégrée autour des cases de santé ; la révision du Système National d'Information Sanitaire ; la création d'un Fonds social qui, à terme, devrait inclure le dispositif de gratuité des soins ; le renforcement de la gouvernance et du leadership à tous les niveaux du système de santé ; la promotion de la recherche en santé; la réforme du secteur pharmaceutique et la dotation d'un fonds de roulement conséquent en vue de permettre à cette structure de jouer pleinement son rôle.
Cependant, il faut retenir que la prise en charge de la mortalité maternelle nécessite une approche multisectorielle.
Monsieur le ministre, pouvez vous nous rappeler la Politique Nationale en matière de Santé, les actions menées et celles en cours dans le cadre de la couverture sanitaire de notre pays ?
La politique sanitaire vise une amélioration de l'état de santé de la population à travers l'élaboration, la mise en œuvre et le contrôle de l'application de la législation et de la réglementation régissant le secteur de la santé publique; la mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles pour la mise en œuvre des politiques et stratégies du secteur; la coordination, le suivi et l'évaluation des interventions des différents acteurs dans le secteur de la santé publique ; l'exercice de la tutelle sur les établissements publics, sociétés d'Etat et sociétés d'économie mixte relevant de son domaine de compétence ; la gestion des relations avec les organismes nationaux et internationaux intervenant dans son domaine de compétences.
Les actions essentielles menées et celles en cours pour l'amélioration de la couverture sanitaire de notre pays sont principalement la transformation des Cases de Santé en Centres de Santé Intégrés (CSI) type I ; la transformation des CSI de type I CSI de type II ; la construction de nouveaux CSI ; la construction d'hôpitaux de districts ; la réhabilitation des structures de soins existantes ; le développement des stratégies mobiles intégrées ; la réalisation des stratégies foraines. Dans le cadre de ces actions, plus de 29 597 sorties foraines ont été réalisées par les formations sanitaires périphériques de 2011-2013.
En outre, 25 cases de santé ont été transformées en CSI de type I ; 20 centres de santé intégrés ont été construits, ainsi qu'un hôpital de district et 30 maternités. Pour améliorer la qualité des soins et des prestations, plus 107 CSI et maternités ont été réhabilités, ainsi que 30 unités de soins au niveau des hôpitaux de district et des centres hospitaliers régionaux.

Quelles sont les perspectives en vue d'améliorer davantage la situation sanitaire des populations nigériennes ?
Pour améliorer davantage la situation sanitaire des populations nigériennes, le Ministère de la Santé Publique s'est doté d'un Plan de Développement Sanitaire 2011-2015 qui, dans sa mise en œuvre, trouve de meilleures perspectives dans l'adoption du Plan de Développement Economique et Social et de l'Initiative 3N qui font des interventions dans le secteur de la santé leurs priorités. A travers ces orientations le Ministère de la Santé Publique opte pour la mise en œuvre de réformes importantes qui, fondamentalement, seront des éléments précurseurs pour améliorer la situation sanitaire. Il s'agit de la mise en place des mesures organisationnelles et institutionnelles pour l'amélioration des performances des districts à fort poids démographique (plus de 500 000 habitants) et de nombre élevé de CSI ; du financement basé sur les résultats et la gestion axée sur la performance ; du développement d'une approche communautaire intégrée autour des cases de santé par la révision du paquet minimum d'activités de la case de santé pour prendre en compte des stratégies de soins essentielles à l'amélioration de l'accès des populations aux soins et services de santé ; de l'organisation du système d'information sanitaire, en particulier la révision du SNIS pour le besoin de la mise en œuvre du PDS et pour répondre à la mesure des performances du système de santé ; de la mise en place d'un dispositif d'amélioration de la qualité dans le système de santé et la mise en place de dispositifs de certification et d'accréditation des structures sanitaires ; de la création d'un fonds social qui, à terme, devrait inclure le dispositif de gratuité des soins ; de la réforme du secteur pharmaceutique en mettant un accent particulier sur la réorganisation de l'ONPPC par la définition des nouvelles missions de services ; du développement du partenariat avec le secteur privé dans l'offre des soins et des services, à travers la contractualisation, en privilégiant les avantages comparatifs ; et enfin du développement des mécanismes novateurs de mutualisation des risques maladies (assurance maladie, mutuelles de santé).

Votre mot de la fin?
Je voudrais d'abord remercier les partenaires pour toutes les actions déjà réalisées et leur demander d'accroitre et d'intensifier leurs efforts d'accompagnement à notre secteur en renforçant leurs interventions dans le domaine de la santé par une augmentation plus accrue des ressources, et en apportant un appui technique conséquent par le développement de stratégies plus adaptées afin d'accélérer l'atteinte des OMD. Aux agents de santé, je saisis cette opportunité pour les encourager et leur demander de s'impliquer davantage, avec beaucoup plus de dévouement, pour la mise en œuvre efficace et efficiente de toutes les interventions, tout en rationalisant l'utilisation des ressources allouées au secteur de la santé par le respect des mécanismes de gestion transparente mis en place, de la hiérarchie, de l'éthique et de la déontologie, et la prise en compte des besoins réels de santé des communautés.
Aux populations, je rappelle l'engagement de la 7ème République à faire de la santé des populations une priorité et leur demander une plus forte implication et une participation effective dans l'identification et la résolution de leurs problèmes de santé. Je leur demande également d'observer une meilleure collaboration avec les agents de santé et les partenaires techniques et financiers, d'observer surtout un changement de comportements plus favorable à l'amélioration de leur état de santé.

Aï Toro AP/MSP

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