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Art et Culture

Cinéma / Desrances : En quête d’un héritier, il doit se contenter d’une héritière

Publié le vendredi 1 mars 2019  |  Le Sahel
Desrances
© Le Sahel par DR
Desrances est un long métrage de Appoline Traoré du Burkina Faso, sorti en fin 2018
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«Desrances », le long métrage de Appoline Traoré du Burkina Faso,sorti en fin 2018 est un des 20 films en lice pour l’étalon d’or de Yennenga au Fespaco 2019. En 1h45 mn, la réalisatrice nous mène en Haïti que Francis a dû quitter après le massacre de sa famille par les soldats d’un régime dictatorial, et la Côte d’Ivoire où l’infortuné espère refonder la famille Desrances. Mais, est-il au bout de ses peines ?
Une dizaine d’années après s’être installé en Côte d’Ivoire pays de sa femme Aïssey, et avec leur fille Haïla, 12 ans, Francis essaie de reconstruire sa vie. Il retrouve la trace des origines de ses ancêtres africains. Mieux, il attend, tout excité l’arrivée d’un héritier auquel il espère transmettre le nom de Lamour Desrances, un ancien esclave devenu général dans l’armée de Napoléon. Il est tellement obnubilé par l’enfant que porte sa femme qu’il ne se rend pas compte qu’il délaisse sa fille Haïla, pourtant très attachée à lui. Mais cet espoir va se volatiliser tragiquement. La Côte d’Ivoire sombre dans une violente crise politique aux soubassements xénophobiques. Dans ce chaos Francis se retrouve sans nouvelle de sa femme et de l’enfant qu’elle allait mettre au monde. Il se lance alors dans une vaine recherche. Ces épreuves vont lui permettre de découvrir le courage de sa fille, qui peut valablement porter le nom Desrances et lui redonner espoir.
Tourné en français, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, ce long métrage d’Apolline Traoré est techniquement appréciable. Normal, pourrait-on dire pour un film qui a coûté plus de 710 millions de francs CFA. Avec des images admirablement prises de nuit, comme de jour, la réalisatrice ramène le spectateur dans les heures sombres que la Côte d’Ivoire a vécues entre 2010-2011. Cependant, malgré la violence et la gravité de certaines scènes où des bandes de jeunes sèment la terreur, leurs dialogues, en "nouchi" met une dose d’humour dans le film.
Il y a dans Desrances un message de dénonciation du repli identitaire, de la guerre et ses traumatismes. Le film questionne également la tradition ou pratique sur la transmission du nom dont le garçon est considéré comme l’héritier légitime. Ce qui explique la peur de Francis de voir le nom de sa famille disparaitre faute d’avoir un garçon.Une préoccupation qui trouve finalement sa solution, à travers sa fille. Peut être à défaut d’avoir mieux. « Il lui a transmis son nom, elle lui offre un espoir ».
Avec ce quatrième long métrage dédié à Idrissa Ouedraogo, qui fut son mentor, Appoline s’impose davantage parmi les grands cinéastes. Elle peut légitimement rêver de brandir l’étalon d’or de Yennenga au FESPACO 2019. Ce qui serait un bel hommage pour le maestro, décédé en 2018 avant d’avoir réalisé le film avec lequel il voulait ramener aux burkinabè ce trophée. Après celui que lui-même Idrissa Ouedraogo a remporté en 1991 avec "Tilaï", le dernier étalon d’or de Yennenga pour le Burkina date de 1997 avec "Buud Yam" de Gaston Kaboré.

Souley Moutari Envoyé spécial(onep)
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