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Le pèlerinage au Niger : Le hadj, le COHO et les affaires pestilentielles

Publié le mercredi 24 avril 2019  |  NigerDiaspora
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© Autre presse par DR
Une vue de la mecque
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Les Nigériens en parlent, s'en plaignent mais semblent buter contre un mur de silence. Un mur de silence et de complicités étendues sur un sujet qui doit pourtant rester en dehors de toutes déviances politiciennes ou mercantilistes. C'est de Dieu qu'il s'agit, dans un pays que l'on dit à 95% musulman et pourtant le pèlerinage est devenu, depuis quelques ans, une affaire d'enrichissement illicite pour de nombreux compatriotes. S'il y a tant de monde qui s'oriente dans la création d'agences de voyages spécialisés dans le hadj, c'est qu'il y a des profits énormes à se faire. Sur le dos de pèlerins qui sont prêts à débourser des fortunes colossales pour réaliser ce 5e pilier de l'islam. Le secteur des agences de voyage hadj et oumra se développe ainsi à un rythme extraordinaire. Hommes, femmes, jeunes, marabouts et prêcheurs de grande renommée ont parfois tout abandonné pour s'adonner à cette activité courte et limitée dans le temps, mais fructueuse. Ça rapporte si fort que pour récompenser d'éventuels démarcheurs et agents commerciaux improvisés, les chefs d'agences offrent un billet d'avion pour le hadj à celui qui arrive à leur procurer 10 candidats au pèlerinage. Manipuler de si grandes sommes d'argent n'est pas toujours facile. Et parfois, des cas d'escroquerie ont eu lieu, certains chefs d'agences faisant, apprend-on, dans des affaires non orthodoxes.

Des responsables du COHO sont réputés buveurs invétérés

Mais le pire est ailleurs. Car, aussi surprenant que cela paraisse, les pèlerins souffrent plus de l'Etat et de ses démembrements que des agences de voyage. Créé pour aider l'Etat à mieux organiser le pèlerinage et apporter du baume au coeur des candidats au hadj, le COHO [Ndlr :commission pour l'organisation du Hadj et la Oumra] a augmenté au désarroi et à la pagaille. Tout est devenu affaires pour rapporter de l'argent à des individus qui, derrière la barbichette et le salam systématique, cachent en eux une âme d'hyènes, poltronnes et voraces. Certains responsables, dans la haute sphère du COHO, sont réputés buveurs invétérés. L'institution a très mauvaise presse, tant auprès des pèlerins que dans l'opinion nationale d'une façon générale. " C'est un échec total et personne ne semble se soucier des dérives pernicieuses en cours dans les couloirs du COHO ", a lâché un chef d'agence qui a requis l'anonymat. Disant. regretter que les gens semblent captivés par les activités des agences et leurs éventuelles insuffisances, notre source indique que le COHO est devenu une instance où se pratique l'escroquerie légalisée.

Le COHO prélève une somme de 73 500 FCFA sur chaque pèlerin, soit un milliard au minimum, chaque saison

La plupart des Nigériens ignorent que le coût exponentiel du hadj ne dépend pas, pour l'essentiel, des agences de voyages. Il est le fait du COHO qui invente et multiplie à volonté les services payants. Par pur esprit mercantiliste et pour des intérêts partisans et/ou personnels. Selon certaines indiscrétions, le chaos habituellement qui s'observe dans le dernier tournant de l'organisation est délibérément créé pour assouvir une certaine soif inextinguible d'argent. Ainsi attend-on le dernier moment pour choisir le transporteur sans appel d'offre pour mieux prendre les pèlerins et les agences à la gorge. Un diktat qui rapporte gros pour ses auteurs. Sans qu'on sache pourquoi, le COHO prélève une somme de 73 500 FCFA sur chaque pèlerin. Rapporté à la dizaine de milliers de pèlerins que l'on compte chaque année, ce montant atteint la somme astronomique d'un milliard de francs CFA. Selon des sources proches d'agences de voyages, le COHO percevrait également plus de 400 millions sur le transport. Une sorte de commission perçue sur les billets d'avion et que lui reverse l'avionneur retenu. Que dire de cette augmentation de 115 000FCFA sur le prix du billet à laquelle le ministère du Commerce, heureusement, aurait opposé un NIET catégorique.

Rétro commissions, gestion administrative cahoteuse sur fond de favoritisme et de magouilles, alimentation défectueuse…

En terre sainte d'Arabie, la gestion du pèlerinage du côté nigérien a plutôt l'air d'un gangstérisme. Rétro commissions, gestion administrative cahoteuse sur fond de favoritisme et de magouilles, alimentation défectueuse, le COHO semble avoir été crée pour enrichir des individus sans foi ni loi. Une situation qui répète, chaque année, livrant les pèlerins nigériens à des préoccupations élémentaires pour lesquelles, pourtant, ils ont payé si cher. Malheureusement, ce qui est scandaleux tend à devenir la norme au Niger. Au grand bonheur des voyous et autres délinquants qui volent et escroquent…légalement. Enquête à suivre.

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