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Monsieur Cheffou Amadou, Médiateur de la République : « Cette libération (des quatre otages français) que nous saluons et célébrons, nous la devons au Président de la République, Chef de l’Etat, qui n’a ménagé aucun effort pour y arriver
Publié le lundi 11 novembre 2013   |  tamtaminfo.com


Le
© Autre presse par DR
Le Médiateur de la République du Niger, M. Cheffou Amadou


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Monsieur le Médiateur, la semaine dernière, le Niger a observé, du vendredi 1er au dimanche 03 novembre 2013, un deuil de trois jours suite à la disparition tragique, dans le désert du Sahara nigérien, de 92 compatriotes en partance pour l'Algérie. Quel sentiment vous anime au regard de cette tragédie ?

C'est avec une profonde consternation que j'ai appris ce tragique évènement concernant la mort de nos chers compatriotes, en majorité des femmes et des enfants qui partaient à la recherche hypothétique de ressources nécessaires à une vie meilleure.

Je saisis cette occasion pour présenter mes sincères condoléances aux familles des victimes, à toutes les autorités nigériennes et à l'ensemble du peuple nigérien si éploré. Puissent les âmes des défunts reposer en paix.

Concernant les leçons à tirer de ce drame humain, je pense que nos compatriotes doivent observer le changement intervenu dans notre pays, changement qui leur permet de mener les mêmes activités que celles qu'ils mèneront à l'extérieur, avec même, des fois, plus de profits sans compter la tranquillité et la sécurité. Cependant, les exigences de la mondialisation pousseront certains à ce genre d'exode périlleux. Dans ce cas, la puissance publique a le devoir de sécuriser les voyages en créant, par exemple, un service national de sécurité pour la circulation sur nos routes désertiques.

Certaines sources font état de l'existence de nombreux réseaux de passeurs qui encouragent l'émigration clandestine des Nigériens. Lors du Conseil des ministres du 1er novembre 2013, le gouvernement a décidé de mener des investigations pour identifier et sanctionner les auteurs de cette pratique honteuse. Quelle est votre appréciation de cette question ?

A ma connaissance, les migrants qui quittent le Niger ne partent pas dans la clandestinité dans la mesure où ils utilisent les moyens de transport qu'ils empruntent dans les auto-gares publics à destination des pays voisins du Maghreb. Ils voyagent au su et au vu des autorités administratives et des agents de contrôle à bord de véhicules inappropriés et, de surcroit, surchargés.

En quittant le Niger, ces migrants déclarent tous se rendre en Libye ou en Algérie à la recherche de travail, échanges qui ont cours depuis des millénaires entre l'Afrique du nord et l'Afrique subsaharienne. Pour cette tragédie, il faut déplorer ce qui est advenu, surtout le nombre élevé des morts (92), majoritairement des femmes (33) et des enfants (52) dont la présence peut laisser penser à un trafic dont l'enquête annoncée par le gouvernement saura déterminer la nature et l'ampleur.

C'est cet aspect de la chose qui me paraît non seulement répréhensible, mais aussi et surtout source de préoccupation pour tout le monde. Je profite de l'occasion que vous m'offrez ainsi pour interpeller la Commission et l'Agence chargées de la lutte contre la traite des personnes qui doivent redoubler de vigilance et d'ardeur.

L'exécution de deux journalistes français de RFI à Kidal dans le nord du Mali a été un autre événement triste et douloureux survenu au cours de la même semaine. Peut-on connaître les sentiments qui vous animent en apprenant cette triste nouvelle ?

Il s'agit d'un assassinat lâche et barbare que je déplore et condamne fermement. Il pourrait également s'agir d'un acte de représailles dans cette région devenue désormais une zone de guerre. Cependant, rien ne justifie l'assassinat de deux personnes innocentes, acte fermement interdit par l'Islam, religion par excellence de tous les habitants de cette région. J'aimerais rappeler que le musulman ne doit pas ôter une vie, il la donne plutôt, la protège et l'entretien dans la voie du salut.

Avec ce qui se passe actuellement dans le Sahara et ailleurs, l'ensemble de la communauté humaine est interpellée. Nous devons tous nous investir à réfléchir sereinement pour trouver des solutions globales durables au phénomène du terrorisme qu'aucune puissance militaire ne saurait vaincre. C'est pourquoi, j'estime, à mon humble avis, que l'ère des grandes armées est révolue face au terrorisme. La réponse la plus appropriée réside dans le développement du renseignement, la coordination et la coopération entre les différentes armées de nos pays, ainsi que dans la formation adéquate du personnel de défense et de sécurité. Il va falloir plutôt instaurer un système de forces spéciales formées, entrainées et dotées de moyens adéquats. Cette approche du problème peut constituer une réponse appropriée, moins onéreuse, aux terroristes qui vivent parmi nous et opèrent par petits groupes mobiles et isolés.

Finalement, la seule bonne nouvelle de cette fin du mois d'octobre 2013 est la libération des quatre français enlevés en septembre 2010 à Arlit et détenus depuis lors par AQMI au Mali. Quel commentaire cette libération vous inspire-t-elle ?

Comme vous l'avez dit, les quatre otages français ont été enlevés au Niger. Cela a beaucoup affecté l'image de notre pays connu pour son hospitalité et sa tolérance légendaires, car les Nigériens ont bon cœur. A présent, par la grâce d'Allah, ils ont recouvré la liberté, retrouvé leurs familles et leur pays. Je leur présente mes sincères félicitations et mes vœux les meilleurs. Cette libération que nous saluons et célébrons, nous la devons, en grande partie, à Son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, qui n'a ménagé aucun effort pour y arriver dans la plus parfaite discrétion, gage de l'efficacité. La libération des quatre ex-otages français constitue un réel motif de soulagement et de légitime fierté pour tous les Nigériens.

C'est aussi un appel fort à la paix en direction de tous ceux qui ont maille à partir avec la légalité et la démocratie, afin que l'espace sahélien devienne une large plate-forme de développement où tous les fils du pays vivent ensemble, travaillent et réussissent ensemble.

Beaucoup de Nigériens ne savent pas exactement le rôle de la Médiature. Quelle est la mission assignée à l'Institution que vous dirigez ?

Ce que vous dites est vrai, mais le Médiateur de la République est une institution nouvelle en cours d'installation et dont la nécessité d'être plus connue, plus visible, se heurte aux moyens limités. Mais dans peu de temps, l'institution du Médiateur de la République va déployer une activité de médiatisation. Pour le moment, sachez que le Médiateur est une institution chargée de s'interposer entre les citoyens et l'administration à travers l'examen des dysfonctionnements des services administratifs et de proposer des remèdes ou des améliorations. C'est une sorte de justice de proximité, indépendante, rapide, gratuite et accessible à tous, qui reçoit toutes les plaintes des citoyens quand ils sont lésés par l'administration ou par tout organe investi d'une mission de service publique. Je profite pour dire à tous les Nigériens que les services du Médiateur de la République sont désormais opérationnels et qu'ils ne doivent pas hésiter à s'y adresser, ceci sans aucune restriction.

Ces derniers mois, la classe politique nigérienne est sujette à des remous préjudiciables à la quiétude sociale et à la stabilité politique dont le Niger a besoin pour son développement. Quel a été votre rôle pour apporter du bémol à cette situation ?

Pour l'instant, sachez que la loi instituant le Médiateur de la République du Niger ne l'autorise pas à se saisir de questions politiques, sauf sur demande du Président de la République, de l'Assemblée Nationale et du Premier ministre, ou avec leur accord. C'est dans ce cadre que j'ai eu à intervenir dans ce que vous appelez remous de notre classe politique, intervention qui a fait l'objet d'un communiqué du Médiateur de la République largement diffusé. En effet, suite à la déclaration du Bureau Politique du MODEN-FA Lumana du 18 août 2013 annonçant la suspension de la participation de ses ministres au gouvernement, j'ai entrepris, dès le lundi 19 août 2013, des démarches tendant à rapprocher les deux parties afin de trouver une solution amiable à leur différend. Il se trouve que, malgré plusieurs navettes effectuées entre les deux parties, le Médiateur de la République n'est pas parvenu à réconcilier les deux parties dans le but de maintenir l'intégrité de la mouvance présidentielle nécessaire au renforcement de la stabilité et de la quiétude politique et sociale du Niger. Nonobstant ce qui est advenu, le Médiateur continue dans la dynamique de la recherche d'un climat apaisé permettant aux plus hautes autorités de se consacrer aux tâches de développement.

Depuis que vous êtes à la tête de cette Institution est-ce que vous avez reçu des réclamations de la part des citoyens ?

Jugez-en par vous-même. La Loi instituant le Médiateur de la République a été votée le 8 août 2011. Le Médiateur de la République lui-même a été nommé le 18 août 2011. Les bureaux sont disponibles en janvier 2012, les crédits d'installation en mars 2012 et le démarrage effectif des activités en juin 2012 avec une effectif réduit. Jusqu'en août 2012, le Médiateur n'avait que son Directeur de Cabinet et deux autres collaborateurs. Pourtant, dès cette première année, le Médiateur de la République a reçu 67 plaintes dont 49 traitées. A ce jour, le nombre total des plaintes reçues depuis notre nomination dépasse 120.

Je dois préciser que ces plaintes ne concernent que la ville de Niamey. Ces plaintes ne couvrent pas non plus certains domaines de grandes préoccupations pour les Nigériens où le Médiateur de la République n'est pas habilité à intervenir. C'est le cas des conflits champêtres, des injustices perpétrées à l'encontre des fonctionnaires par leurs administrations. Là aussi, j'espère qu'un jour la loi élargira les domaines d'intervention du Médiateur de la République pour réponde à d'autres frustrations.

Je m'efforce d'obtenir des autorités de me fournir les moyens de rapprocher le Médiateur de la République de toutes les régions de notre pays en créant des délégués régionaux dans un premier temps, ceci afin de créer l'équité au niveau de l'ensemble de nos populations.

Monsieur le Médiateur de la République, avez-vous des relations avec les Institutions similaires de la sous-région ?

Avec la mondialisation et la globalisation, rien ne peut se concevoir ni prospérer en dehors des regroupements, qu'ils soient petits ou grands ensembles. L'environnement des Médiateurs et Ombudsmans n'échappe pas à cette règle. C'est pourquoi, j'ai déployé, dès ma prise de fonction, une diplomatie active pour être membre des organisations internationales des Médiateurs et Ombudsmans. Il s'agit de l'Association des Médiateurs des Pays membres de l'UEMOA (AMP-UEMOA), de l'Association des Ombudsmans et Médiateurs des pays Francophones (AOMF), de l'Association des Ombudsmans et Médiateurs d'Afrique (AOMA) et de l'International Ombudsman Institute (IOI).

Je voudrais souligner ici que j'ai dû me heurter à des difficultés sérieuses d'adhésion, difficultés tenant aux insuffisances de notre loi instituant le Médiateur de la République relativement à l'indépendance et à l'autonomie du Médiateur, conditions essentielles de crédibilité d'une Institution de Médiateur selon les standards internationaux. Grâce à la nouvelle loi N°2013-30 du 17 juin 2013 modifiant et complétant la N°2011-18 du 08 août 2011, le Médiateur de la République du Niger a pu adhérer aux organisations des Médiateurs et Ombudsmans ou enclencher le processus qui suit son cours. Il est désormais membre de l'AMP-UEMOA dont il a accueilli la réunion annuelle de concertation du bureau en février 2013 à Niamey, avant d'être élu vice-président en septembre 2013 à Abidjan. L'institution du Médiateur est également membre de l'AOMA et de l'AOMF.

Toutefois, à l'occasion des assises de la 10ème Conférence Mondiale tenue du 8 au 16 novembre 2012 à Wellington, en Nouvelle–Zélande, mon institution n'a pu obtenir que le statut d'observateur au niveau de l'Association Internationale des Ombudsmans et Médiateurs (IOI) qui regroupe les Médiateurs et Ombudsmans du monde entier. La raison est qu'à l'époque, la loi N°2011-18 du 08 août 2011 instituant le Médiateur ne répondait pas aux standards internationaux.

Dans le cadre des relations bilatérales, j'ai effectué plusieurs visites de travail en Afrique, en Europe et au Canada auprès du Protecteur du Citoyen du Québec pour m'inspirer de leurs expériences et de leurs systèmes de traitement des réclamations. Il convient de signaler, pour s'en féliciter, que les événements des organisations des Médiateurs et Ombudsmans ont l'heureuse particularité d'être des écoles itinérantes de formation à la fois des Médiateurs et Ombudsmans et de leurs collaborateurs. C'est ce qui explique que le Médiateur est toujours accompagné d'au moins un collaborateur. Ceci est fondamental pour le renforcement de l'expertise de l'Institution.

Pour vous édifier davantage sur les activités du Médiateur de la République, le rapport annuel d'activités 2012 sera bientôt édité et présenté au Président de la République, au Président de l'Assemblée Nationale et au Premier ministre avant d'être rendu public.

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