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Lutte contre le mariage des enfants : au Forum de Maradi, des engagements et une feuille de route pour des actions concrètes

Publié le vendredi 14 juin 2019  |  ActuNiger.com
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© Autre presse par DR
Lutte contre le mariage des enfants : au Forum de Maradi, des engagements et une feuille de route pour des actions concrètes
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C’est sur une note de satisfaction qu’ont pris fin, les travaux du Forum national sur la lutte contre le mariage des enfants, qui se sont tenus les 10 et 11 juin à Maradi. Organisé par le cabinet du Médiateur de la République en collaboration avec le ministère de la Femme et de la protection des enfants ainsi que le soutien de plusieurs partenaires, la rencontre a permis aux participants d’échanger deux jours durant, sur les voies et moyens permettant de renforcer la synergie d’actions entre les partenaires, les communautés et l’Etat.

Avec comme principal objectif assigné au Forum, de déclencher une nouvelle dynamique destinée à agir efficacement contre le mariage des enfants au Niger. A l’issue du Forum, les participants ont adopté une série de recommandations ainsi que lancé des appels à l’endroit de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre ce fléau, très en vogue dans la société nigérienne surtout en milieu rural, et qui handicape le développement du pays. C’est ainsi qu’à l’issue des échanges et des débats qui ont été animés par différents panels, le Forum a lancé un appel à la Médiature de la République pour une harmonisation du cadre législatif et coutumier. Au ministère de la Femme et de la protection de l’enfant, le Forum a plaidé pour la mise en place d’un cadre de concertation multi-acteurs, la mise à jour des statistiques sur la prévalence des mariages des enfants au Niger ainsi que la coordination et la vulgarisation des approches préconisées. A l’endroit des religieux, les participants ont recommandé l’organisation d’un forum des leaders afin de décliner les actions à entreprendre dans le cadre de la lutte contre le mariage des enfants et leurs engagements ; tout comme aux chefs traditionnels à qui il a été sollicité une plus grande implication en faveur de toutes les actions à entreprendre, ainsi que l’harmonisation des pratiques et des approches permettant de lutter contre le fléau. Enfin, aux organisations de la société civile nationales et internationales, le Forum a appelé pour l’accompagnement du ministère dans la mise en œuvre du Plan d’action de la stratégie nationale. Les participants ont également remercié les partenaires techniques et financiers (PTF) pour l’appui multiforme qu’ils apportent aux autorités, aux OSC et aux communautés locales, dans le cadre de la promotion des droits des enfants et particulièrement pour ce qui est de la lutte contre le travail des enfants.

Débats constructifs et échanges fructueux

Dans son discours de clôture, la ministre de la Femme et de la protection des enfants, Mme Elback Zeinabou Tari Bako, s’est réjouie des bonnes conditions dans lesquelles le Forum s’est déroulé. Elle a tenu à saluer la détermination dont ont fait preuve les participants au cours des travaux. « Je suis animé d’un sentiment de totale satisfaction eu égard aux débats conduits et aux résultats des conclusions fort appréciables auxquels nous sommes parvenus », a souligné la ministre qui a mis en avant la richesse des débats ainsi que des échanges assez fructueux au cours des différents panels. Des échanges qui ont, selon la ministre de la Femme et de la protection de l’enfant, permis d’analyser sans aucun tabou, les facteurs qui sont à la cause de l’ampleur que prend ce phénomène dans notre pays ainsi que des propositions pour une feuille de route destinée à mieux affiner les approches en matière de lutte contre le travail des enfants. La ministre Elback Zeinabou Tari Bako a assuré les différents acteurs engagés dans cette lutte, que le gouvernement veillera à prendre en compte les propositions ainsi faites, afin de renforcer la stratégie nationale de promotion des droits des enfants.

Le Forum de Maradi qui a réuni plus d’une centaine de participants venus de toutes les régions du pays et des représentants de différentes institutions et organisations, s’inscrit dans le cadre des activités prévues par l’axe stratégique 4 du Plan stratégique national visant à mettre fin au mariage des enfants sur la période 2019 à 2021 et du projet "Mariagge No Childs play". Selon les organisateurs, il vise à renforcer le dialogue entre les acteurs locaux notamment les chefs traditionnels, les leaders religieux, et les organisations de la société civile, mais également les acteurs étatiques et les ONG intervenant dans le domaine de la lutte contre le mariage des enfants. Au cours du Forum et en plus des échanges et autres présentations sur les différents aspects de la problématique ainsi que les réponses jusque-là apportées ou celles qui pourront être envisagées pour renforcer la stratégie de lutte, cinq panels ont été organisés autour des enjeux et des défis que pose le fléau des mariages des enfants au Niger. C’est ainsi qu’il y a eu le panel des Chefs traditionnels ; le panel des leaders religieux ; le panel des jeunes ; le panel des intervenants sur le mariage des enfants (ONG, services technique) et le panel des chercheurs qui ont fait une communication sur le mariage des enfants sous l’angle scientifique.

Implication des leaders coutumiers et religieux

Lors de l’ouverture du Forum, le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maiga, a dressé un sombre tableau de la situation au Niger ainsi que des causes et conséquences du mariage des enfants, un fléau qui persiste dans notre pays malgré les efforts de l’Etat et de ses partenaires. « La problématique est entière et il nous faudra travailler laborieusement pour aboutir, dans un temps raisonnable, sur des résultats permettant de sauver, pour toujours, la jeune fille, pour le bonheur de notre société, qui je le rappelle, est éprouvée par d’autres survivances qui retardent tout développement économique, sociale et culturel », a souligné le Médiateur de la République, pour qui dans cet élan, « il faudrait un minimum de consensus et de compréhension en ce qui concerne l’encadrement juridique de la personnalité, plus précisément, l’encadrement juridique relatif à la scolarisation de la jeune fille. Au cours de son intervention, Me Ali Sirfi Maiga n’a pas manqué de rappeler que la loi relative à cet encadrement juridique a fait l’objet de plusieurs débats et de plusieurs procédures législatives, et qu’en conséquence, « ce cadre doit permettre, à terme, de parachever ce chantier, sur lequel travaillent ardemment l’Etat et ses partenaires ». Le Médiateur de la République n’a pas manqué à l’occasion de saluer et d’encourager les leaders coutumiers et religieux qui ne cessent de sensibiliser leurs communautés sur le sens véritable de la famille et du mariage, « notamment quand ils invitent ces dernières à ne pas marier n’importe comment et n’importe quand, leurs filles ». Selon Me Sirfi Ali Maiga, « sans l’implication de ces derniers, l’éradication du mariage des enfants ne se fera pas ».

Le Forum de Maradi sur l’élimination du mariage des enfants a été organisé avec le soutien de plusieurs partenaires notamment ceux du système des Nations Unies dont l’UNICEF et le FNUAP, ainsi que des ONG internationales comme le NDI, OXFAM, WORLD VISION, SAVE THE CHILDREN ET PLAN INTERNATIONAL NIGER. Des partenaires qui se seront engagés à accompagner l’Etat dans la lutte contre le mariage des enfants, un fléau qui remet en cause certaines dispositions de la Constitution mais également plusieurs conventions internationales ratifiées par le Niger sur le droit des enfants. Le Niger est en effet un pays qui détient le triste record mondial du plus grand taux de mariage des enfants au monde. Selon une étude de l’UNICEF datant de 2016, 75% de filles sont mariées avant leurs dix-huitième année, 28% d’entre elles sont même devenues épouses avant l’âge de 16 ans. Les taux les plus élevés sont observés dans la bande sud du pays, notamment à DIFFA (89%), à ZINDER (88/), à Maradi (87%), contre une moyenne sous régionale de l’Afrique subsaharienne qui est de 37%.
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