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Explication de vote Groupe Parlementaire ARN
Publié le vendredi 15 novembre 2013   |  Le Monde d’aujourd’hui


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Assemblée nationale : Une vue de la plénière


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« Je demande à tous les députés membres de mon groupe et au-delà, de voter contre ce programme que vous n’êtes pas en mesure de mettre en oeuvre pour ouvrir d’autres perspectives à notre pays et à tous les nigériens »

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,

Nous voilà au terme d’un long débat que le gouvernement a cru devoir introduire à l’Assemblée nationale à travers des documents de planifications hétéroclites (plans,’ programmes, bilans, rapports) qui renferment des données très diverses et souvent même contradictoires portant sur les mêmes actions durant la même période. Il s’agit pour le gouvernement d’un exercice visant à rechercher l’adhésion du parlement pour la mise en oeuvre du PDES. Cette démarche nous semblerait parfaitement cohérente si ce programme nous avait été présenté au lendemain de son adoption par le gouvernement; bien avant sa présentation même aux PTF et surtout que le parlement à maintes reprises à exprimer le souhait. Seulement voila! C’est aujourd’hui que le gouvernement daigne le présenter à l’Assemblée nationale en mettant en jeu sa responsabilité; deux ans pratiquement après son adoption par le gouvernement. Monsieur le Premier Ministre, En juin 2011, lors de votre DPG, vous avez superbement ignoré toutes les politiques publiques et stratégies de développement qui étaient en cours dans notre pays.

Or à la lecture de votre PDES on découvre aisément qu’il s’agit ni plus ni moins que d’une pâle copie de la SDRP; cette stratégie laborieusement élaboré de façon participative et inclusive avec tous les acteurs et partenaires au développement et qui a donné des résultats probants dans bien des secteurs. Mais, Monsieur le Premier Ministre, ce qui importe au-delà des programmes, ce sont les résultats auxquels vous êtes parvenus. Lorsque vous avez annoncé le bouclage du financement de votre PDES à la table ronde de Paris en novembre 2012, vous aviez suscité chez les nigériens de légitimes espoirs quant à l’amélioration imminente de leurs conditions de vie. Il faut toutefois rappeler qu’à cette table ronde déjà, les PTF ont formulé certaines recommandations à votre gouvernement notamment:

• En matière de bonne gouvernance, la nécessité de consolider le processus démocratique et de poursuivre la décentralisation;

• Une affectation substantielle des ressources aux secteurs sociaux;

• L’intensification de la mobilisation des ressources internes y compris celles issues de l’exploitation minière et pétrolière

• Le renforcement des capacités des ressources humaines en tant que facteur essentiel de développement;

• La mise en oeuvre des reformes adéquates afin d’améliorer le taux de consommation des crédits. Qu’avez-vous fait de ces recommandations? Pendant deux ans, tous les espoirs suscités par votre programme de Renaissance on fait place à la déception, car nous avons noté que votre régime s’est servi des programmes comme simple faire savoir pour atteindre d’autres objectifs qui n’ont rien à voir avec ceux des programmes annoncés. Je voudrais illustrer mon propos par quelques observations générales et donner quelques exemples qui permettent d’apprécier un temps soit peu ce programme. Lorsqu’on examine le PDES et les lois de finances successives qui sont censées traduire sa mis en oeuvre, c’est la non concordance des inscriptions qui attirent l’attention. En effet lorsque vous regardez les prévisions du PDES en ce qui concerne le secteur rural pour l’année 2012, ce sont 223 milliards qui sont prévus, alors que la loi de finances 2012 n’a inscrit que 125,8 milliards dans ce secteur avec en fin d’année un taux de d’exécution de 40%.

Le même constat est valable pour l’année 2013 avec des prévisions PDES de 284 milliards et des inscriptions budgétaires d’investissement de 131,5 milliards exécutés à un taux de 33% à fin septembre. L’année 2014 obéit à la même logique où le PDES a prévu 407 milliards alors que le budget d’investissement de ce secteur est de 1 57 milliards. Lorsque vous examinez tous les secteurs sociaux de base (santé, éducation, hydraulique), le domaine des infrastructures et le secteur minier et pétro lier, c’est la même situation qui se présente. Les écarts passent de simple au triple selon le cas et jamais l’exécution du budget d’investissement n’a dépassé 50%. Cela est également lié à la contre performance de l’administration extrêmement politisée et qui est incapable de mobiliser de ressources conséquentes internes comme externes. C’est pour dire que nous sommes en termes d’atteinte des objectifs du PDES, très loin des résultats escomptés.

S’agissant des programmes mis en oeuvre, dans le domaine de l’amélioration de la résilience des groupes vulnérables face aux crises alimentaires et catastrophes naturelles, nous avons constaté, à plusieurs reprises, la propension du gouvernement à minimiser les situations de crises alimentaires, les risques et catastrophes et à tirer une autosatisfaction sur des actions insignifiantes, face à des situations qui demeurent pourtant préoccupantes pour l’ensemble des Nigériens. Les faux bilans auxquels le gouvernement nous a habitués, le peu d’intérêt accordé aux situations catastrophiques sont des signes révélateurs d’une gouvernance incapable d’améliorer la résilience des groupes vulnérables.

S’agissant tout particulièrement du secteur minier et pétrolier, la mauvaise gestion des flux additionnels des revenus miniers et pétroliers et le retard dans la mise en oeuvre de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives, une application laxiste et complaisante des dispositions législatives, règlementaires et contractuelles à entraîner pour l’Etat des pertes de recettes de plusieurs milliards de francs CFA; mêmes les bonus de signature et autres frais à verser à l’Etat à l’occasion de signature de nouveaux contrats pétroliers estimés à plus de 1 7 milliards ne sont pas budgétisés ni à fortiori payé alors même qu’ils sont contractuellement exigibles. Voilà à titre illustratif voilà ce que vous avez réalisé lorsque vous avez une majorité confortable de 83 députés; aujourd’hui la configuration légale de l’Assemblée Nationale est de 58 députés pour la majorité présidentielle et de 55 députés pour l’opposition.

En ce moment précis, nous avons une pensée pour le peuple nigérien silencieux qui nous observe et qui vit, dans sa chaire et dans la profondeur de son âme cette contre performance du gouvernement, cette incapacité notoire de ces dirigeants à qui il a confié sa destinée et qui ont aujourd’hui oublié toutes les promesses faites. Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur le Premier Ministre, L’autre danger majeur qui guette notre pays c’est l’insécurité politique et les menaces graves qui pèsent sur la démocratie du fait de la mauvaise gouvernance politique. En effet, il vous souviendra, Monsieur le Premier Ministre, que dans votre déclaration de politique générale du 16 juin 2011, vous avez dit, je cite! ((le statut de l’opposition sera respect et les partis politiques seront encouragés et soutenus dans leur rôle d’information et de formation des citoyens ... n.

Au vu de la situation politique actuelle, votre gouvernement n’a pas respecté cet engagement et de là découlent tous vos problèmes aujourd’hui. En effet, Monsieur le Président, il est établi que les partis politiques sont les outils premiers d’animation de la vie politique et de la démocratie. Mais voilà que ce régime qui tire sa légitimité et sa légalité des urnes veut aujourd’hui asservir et domestiquer les institutions de la République, installer la pensée unique en organisant et en entretenant des rebellions au sein des politiques par l’achat de conscience des militants d’autres politiques, des propositions de postes ou de marchés publics en violation flagrante de la charte des partis politiques et de toutes les lois de la République qui sanctionnent la corruption. L’Assemblée Nationale qui est le deuxième pilier de notre démocratie n’est pas à l’abri! S’agissant de la gouvernance politique, il importe de relever que le CNDP qui est le cadre de dialogue politique, l’espace de recherche de consensus autour des questions politiques majeures n’est plus opérationnel du fait du départ des partis politiques de l’opposition victimes des manoeuvres divisionnistes du régime en place.

A cette situation extrêmement grave, il faut ajouter l’inaccessibilité aux médias publics des partis politiques de l’opposition et la caporalisation de certains médias privés par le pouvoir. En violation flagrante des dispositions de notre loi fondamentale et au vue et au su d’un CSC frileux plus prompt à sanctionner les médias privés qui osent s’affranchir du diktat du régime en place qu’à interpeller le gouvernement. Aujourd’hui, la quasi-totalité des Nigériens sont dégoûtés par les images et les commentaires propagandistes qui leurs sont quotidiennement déversés par la presse publique et certaines médias privés. Monsieur le Premier Ministre, Votre régime est en campagne politique permanente, vous avez oublié que les élections sont terminées et ce que les citoyens attendent de vous, ce sont des actions concrètes salvatrices de leurs préoccupations réelles et non des discours et des intrigues politiques quotidiennes et malheureusement pour les Nigériens, c’est cela votre politique à défaut de régler les problématiques du pays, on fait de la diversion...

Votre problème est un problème de légitimité et l’exercice auquel vous vous êtes soumis n’a d’autres objectifs que de tester votre majorité de circonstance constituée sur la base de manoeuvres non démocratiques, qui viole l’étique politique. Soyez sûr que cette expérience pervertira la démocratie nigérienne et l’histoire retiendra que c’est sous votre régime que ces pratiques condamnables ont envahies notre pays et pervertit notre démocratie. Aujourd’hui, toute majorité qui ne serait pas de 58 députés serait le fruit de ce travail de division de partis politiques et de sape de la démocratie. C’est pourquoi, nous interpellons le Président de la République garant de l’Unité nationale, Chef de l’Etat pour qu’il mette fin à ces pratiques qui menacent à terme la cohésion sociale, la paix et la sécurité de nos concitoyens. Monsieur le Premier Ministre, Cette situation que vit notre pays, votre gouvernement ne peut la prendre en charge, ce n’est pas que votre gouvernement manque en son sein de personnalités compétentes, mais il est handicapé par une absence de vision commune pour une action collégiale et cohérente car il cristallise toutes les contradictions nées d’un processus de constitution d’un gouvernement d’union nationale avorté, caractérisé par une velléité de division des partis politiques de l’opposition comme de la majorité, ce qui le rend incapable d’assurer la paix des coeurs et des esprits, la stabilité et inapte à créer les conditions de déblocage de la situation socioéconomiques et politique désastreuse de notre pays.

C’est pourquoi, je demande à tous les députés membres de mon groupe et au-delà, de voter contre ce programme que vous n’êtes pas en mesure de mettre en oeuvre pour ouvrir d’autres perspectives à notre pays et à tous les nigériens.

Je vous remercie.

Niamey, le 09 novembre 2013

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