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Les médias communautaires : Environ 200 radios diffusent des programmes de proximité pour les communautés rurales

Publié le mercredi 7 aout 2019  |  Le Sahel
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© Le Sahel par DR
Radio communautaire
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Sous tutelle du Ministère de la Communication, la direction nationale des médias communautaires est créée en mars 2002. Elle a pour missions entre autres de participer à la mise en œuvre de la Politique Nationale de Communication pour le Développement (PNCD), de promouvoir le développement des médias communautaires. Les radios communautaires produisent des programmes et ou émissions qui font partie de notre quotidien, car elles prennent en compte les préoccupations essentielles des populations rurales. Ce sont les sujets relatifs à la santé, à l’éducation, à l’agriculture, aux conflits internes, à la paix et au développement

Pour rappel, le Conseil supérieur de la Communication, instance de régulation, intervient dans l’attribution de fréquences à ces radios. Selon une étude menée par le CSC en 2017, quelque 184 radios communautaires ont été répertoriées sur l’ensemble du pays. Elles sont aujourd’hui quelque 200 radios communautaires selon les dernières statistiques.

Au Niger, beaucoup de communes et villages disposent d’une radio communautaire qui des véhiculer des messages et permet aux membres d’une communauté d’échanger.

Mme Borika Albadia, directrice des radios communautaries a, parlant des informations vehiculées par ces radiso précise qu’elles concernent exclusivement la vie quotidienne de la communauté avec des émissions spécifiques sur l’éducation, la santé, la culture, l’agriculture, l’élevage, l’hygiène et l’assainissement, les communiqués et les publicités. Aussi, explique-t-elle, l’une des motivations de la création d’une radio communautaire c’est notamment pour combler un vide en matière d’information. Les radios sont comme le ciment au sein d’une communauté. Elles essaient de relayer des informations visant également à sensibiliser les populations, à œuvrer pour la cohésion sociale, à renforcer les liens d’amitié et de fraternité à travers la création des fadas, clubs, associations et ou groupements.

Facilités de transmettre des messages aux communautés

Dans le contexte africain, la radio a une forte influence sur le grand public du fait d’une part de la tradition dominante de l’oralité et d’autre part de la facilité de transmettre des messages aux citoyens, y compris dans les zones rurales dans les langues nationales. En outre explique la directrice nationale des radios communautaires, l’acquisition d’un poste radio n’est pas onéreuse et les batteries servant de sources d’énergie à la radio sont disponibles partout et à moindres coûts également. A titre illustratif, 95% des ménages nigériens disposent d’au moins un poste radio. Pour Mme Borika Albadia, le développement de la radio et l’accessibilité de ce media, constituent une énorme opportunité pour le développement du pays. Toutefois, a-t-elle souligné l’importance de la radio ne doit pas exclure les autres médias notamment la presse écrite, la télévision et les réseaux sociaux dans le combat. C’est un mouvement d’ensemble pour l’instauration d’une vraie culture médiatique.

Dans un cadre de partenariat renforcé, le Ministère de la Communication, avec l’appui du Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD), a formulé depuis 2012, un document de projet pour la relance des radios communautaires. En support à son démarrage, le PNUD a financé la création de 33 nouvelles radios communautaires, réparties sur l’ensemble du territoire national et a bien voulu financer une réhabilitation partielle de 28 autres radios existantes en vue d’appuyer leur fonctionnement dans la perspective d’accompagner le Gouvernement dans la mise en œuvre de l’Initiative 3N. La Directrice de mentionner que l’installation des nouvelles radios communautaires devait être accompagnée de la formation des différents acteurs pour un lancement immédiat de leurs activités eu égard à l’urgence et à l’importance de la communication pour la réussite de tout programme de développement. Ainsi, pour s’assurer de la mise en œuvre de la réalisation de ces activités préliminaires, une première mission a eu lieu en 2016 et a sillonné une partie de ces radios pour s’enquérir de leur état de fonctionnement. On note cependant, qu’à l’époque, toutes n’étaient pas installées et le processus de réhabilitation partielle des 28 radios identifiées n’avait même pas démarré.

Des difficultés constatées sur le terrain

D’après les explications de Mme Borika Albadia, la mission de suivi du fonctionnement des radios communautaires installées et/ou réhabilitées par le PNUD a pour objectif de s’enquérir de l’état de fonctionnement des équipements installés, d’apprécier le degré d’appropriation du matériel et le principe de gestion d’une radio communautaire par les différents acteurs, d’apprécier la qualité des programmes diffusés, de recenser les difficultés rencontrées et les doléances des radios. Il ressort des principaux constats de cette mission que jusque-là, il existe encore des radios communautaires qui exercent sans autorisation ou avec une autorisation provisoire. En outre, les activités des radios et leur fonctionnement ne sont pas régulièrement suivies du fait de l’insuffisance voire l’absence des services déconcentrés du Ministère de la Communication et du Conseil Supérieur de la Communication ainsi que du manque de dynamisme des coordinations nationale et régionales des radios communautaires.

En effet, sur les 61 radios concernées par la mission, 13 sont actuellement à l’arrêt et une forte proportion fonctionne de façon intermittente, très souvent lié au problème récurrent d’énergie ou la panne de certains équipements (émetteurs, onduleurs, etc.). Sur le plan de la viabilité économique, ces radios ont de sérieux problèmes qui menacent leur existence (disfonctionnement des organes de gestion, mauvaise gestion des ressources financières mobilisées, volontariat du personnel, absence de l’appui des collectivités, pannes récurrentes des équipements, etc.).

Toujours en termes d’insuffisances constatées, la Directrice des Radios Communautaires a noté que les personnels des radios sont composés de bénévoles peu qualifiés et très instables, ce qui ne permet pas à la plupart de ces radios de diffuser chaque jour un programme et d’en produire également à volonté. Tous les acteurs de la radio notamment les responsables, les techniciens et les animateurs ont besoin de formation dans divers domaines afin qu’ils puissent accomplir convenablement leurs devoirs. Les problèmes d’alimentation en énergie solaire sont les plus handicapants dans le fonctionnement des radios communautaires. Beaucoup de radios se trouvant dans pratiquement le même environnement diffusent sur les mêmes fréquences, ce qui occasionne des interférences. A l’issue de la mission, on retient entre autres que les radios communautaires sont encore d’une très grande utilité pour les communautés, les ONG et Associations, les services techniques, les projets de développement, les collectivités territoriales ainsi que pour les partenaires techniques et financiers.

Pour garantir leur continuité et leur plein essor, Mme Borika a expliqué que la mission a eu à faire des recommandations notamment à l’endroit du Gouvernement en notamment de mettre en place et de financer un programme de développement des radios communautaires qui se base sur la consolidation de l’existant à travers la réhabilitation des radios en panne ou fonctionnant de façon intermittente et la création de nouvelles dans le respect de l’esprit de la PNCD. Il s’agit aussi d’appuyer le fonctionnement des radios communautaires en leur octroyant une subvention de fonctionnement. A l’endroit du Conseil Supérieur de la Communication et du Ministère de la Communication, la mission recommande d’organiser une mission conjointe de suivi pour régler le problème d’interférence entre radios, constaté çà et là sur le terrain ; de veiller au respect de la limitation de la puissance des émetteurs utilisés par les radios communautaires.

Il ressort aussi de ces visites que les radios communautaires jouissent encore d’une grande audience auprès des communautés et bien d’autres acteurs de développement. Elles ont non seulement permis de désenclaver les zones rurales en matière d’information et de communication mais aussi et surtout, ont contribué à l’amélioration de la participation des acteurs aux actions de développement, au niveau communautaire. Cependant, on doit relever de nombreuses insuffisances auxquelles il faut apporter des solutions, entravent leur développement. Sur un tout autre plan, dans le cadre de la Maison du Paysan initiée par le Haut-Commissariat à l’Initiative 3 N, la radio communautaire constitue l’une des dix (10) sous composantes. C’est important de souligner que le Ministère de la Communication a mis en place, sur fonds propres de l’Etat, trois radios communautaires avec équipements complets en 2018 dans les régions de Tahoua et de Tillaberi notamment à Tama dans le département de Bouza, Illéla dans le département d’Illela et Farié Haoussa dans le département de Tillabéri pour un montant de plus de 142 millions de FCFA, toutes taxes confondues. Pour cette année, ce sont plus de 70 millions de francs CFA qui sont prévus pour la création d’une radio communautaire, toujours sur le budget national. C’est dire que les autorités de la 7ème République attachent une attention particulière aux radios communautaires qui sont des médias de proximité.


Aïssa Abdoulaye Alfary
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