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Allocution de son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger à Kinshasa au Forum Économique International Makutano

Publié le samedi 7 septembre 2019  |  Présidence
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© Présidence par DR
Ouverture à Kinshasa du Forum Economique international Makutano
La 5ème Edition du Forum Economique international Makutano s’est ouverte vendredi matin, 6 septembre 2019, à Kinshasa, sous la présidence du Président de la RD-Congo, en présence notamment du Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou.
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Monsieur le Président Felix Antoine Tshisekedi,

Monsieur John Dramani Mahama, Président honoraire du Ghana,

Madame Ellen Johnson Sirleaf Présidente Honoraire du Liberia,

Mesdames, Messieurs,

« L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo » ; dans le contexte de l’époque, celui du mouvement de libération national, ce mot de Frantz Fanon, soulignait l’importance du Congo dans le processus de lutte pour l’indépendance de notre continent. Dans le contexte actuel, il souligne la place du pays de Patrice Emmery Lumumba dans le processus de mise en œuvre de l’Agenda 2063, étape décisive du chemin tracé par plusieurs générations de panafricanistes, depuis celle du « retour à l’Afrique » de Marcus Garvey, jusqu'à celle de l’Union Africaine, en passant par celle du premier congres panafricaniste tenu à Paris en 1019, en marge de la Conférence de Paix de Versailles», celle des différents congrès de Londres et de Manchester, celle des indépendances avec les groupes de Monrovia et de Casablanca, dont la fusion a donné naissance à l’Organisation de l’Unité Africaine.

Oui, la République démocratique du Congo doit occuper une place de premier plan dans le combat que nous menons en vue de la réalisation des aspirations des peuples africains à la démocratie, à la paix, à la sécurité et au développement économique et social. Cette place de choix, le Congo la doit à son étendue, à sa position centrale en Afrique, à ses ressources humaines et naturelles qui sont immenses, à tel point qu’il est considéré comme un scandale géologique.

L’Afrique croit en la capacité du Congo à jouer son rôle. Le géant se réveille. J’en vois les signes dans l’alternance pacifique qui vient de s’opérer à la dernière élection présidentielle qui a consacré la victoire de mon frère Felix Antoine Tshisekedi que je félicite à nouveau et que je remercie d’avoir bien voulu m ‘inviter à participer au présent Forum. J’en vois le signe dans la mise en place d’une large coalition gouvernementale capable de stabiliser le pays. J’en vois les signes dans le dynamisme et l’entregent des organisateurs du présent Forum dont le thème est « booster la croissance et la compétitivité de la RDC : leviers innovants ».

Mesdames et Messieurs,

L’intégration économique est une des conditions de la croissance économique durable sur notre continent. Parce que nos 55 pays constituent chacun, pris isolément, des marchés trop étroits, aucune croissance durable n’est possible à l’échelle d’un seul pays.

Nous avons le devoir de mettre fin à la fragmentation et à la balkanisation de notre continent. C’est ce que nous avons décidé de faire avec l’agenda 2063, notamment avec la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf), dont l’entrée en vigueur a été lancée à Niamey, au Niger, au mois de juillet dernier.

Excellences ;

Mesdames et Messieurs;

Avec la Zone de Libre Echange Continentale, l’Afrique a créé la plus grande zone de libre échange du monde, amenant ainsi à sa phase opérationnelle un des douze projets phares du premier plan décennal de l'Agenda 2063 de l'Union africaine – « L'Afrique que nous voulons ». Ce projet nous permet de sortir par le haut des 84 000 kilomètres de frontières héritées de la colonisation. Il permettra la suppression totale, à terme, de toutes les barrières tarifaires entre les cinquante et cinq Etats du continent. Les accords déjà conclus sur la libéralisation du commerce des marchandises et des services ainsi que sur le règlement des différends, seront suivis des négociations des accords sur les investissements, sur la concurrence et sur la propriété intellectuelle à partir de ce mois de septembre 2019.

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) s’étendra ainsi sur un marché en pleine croissance doté aujourd’hui de 1,2 milliard de consommateurs. Ce marché sera de 1,7 et 2,5 milliards de consommateurs respectivement en 2030 et 2050. Il représente aujourd’hui un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars. Les transactions dans le cadre de la ZLECAf débuteront au mois de Juillet 2020. Le commerce intra-africain n’est que de 13% aujourd’hui contre 70% pour l’Europe, 60% pour l’Asie, 40%pour l’Amérique du Nord et 21% pour l’Amérique Latine.

Excellences ;

Mesdames et Messieurs ;

Le roi Ghezo du Benin disait : « si tous les enfants du pays venaient par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé ». Avec la ZLECAf nous venons de boucher un trou de la jarre percée.

La ZLECAf n’est pas un programme isolé. Elle forme avec les autres plans et programmes de l’Union Africaine, un tout cohérent dans la perspective de renforcer l’intégration régionale et atteindre les objectifs de l’agenda 2063. Je citerai, pour rappel, les plans et programmes suivants :

- le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA),

- le programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA),

- le programme détaillé de développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) ;

- la vision Minière Africaine (VMA) ;

- le plan d’action pour l’intensification du commerce intra-africain (BIAT)

En liaison avec ces plans et programmes la ZLECAf constitue une source d’opportunités énormes pour les Etats membres, pour les citoyens de l’union et pour les entreprises africaines. Au titre des potentialités et des opportunités qu’offre la ZLEC on peut citer sans être exhaustif :

• L’industrialisation du continent ;

• L’intensification des échanges entre les Etats Africains ;

• Le développement des infrastructures de base ;

• Le développement des chaines de valeurs ;

• Le développement d’un véritable marché intégré de travail ;

• Le développement d’un marché financier africain et l’ouverture au marché financier mondial ;

• L’accroissement de la part de l’Afrique dans le commercial mondial ;

• La génération d’une croissance forte et inclusive.

Par ailleurs, l’union fait la force dit-on. Avec la ZLECAf nous serons plus forts. Nous négocierons d’une seule voix dans les instances internationales notamment au niveau de l’organisation mondiale du commerce(OMC).

S’agissant de l’industrialisation, l’Afrique est actuellement le continent le plus en retard. Les produits manufacturés ne représentent que 15% du commerce intra-africain et notre continent reste un simple réservoir de matières premières pour les autres continents. L’Afrique est aujourd’hui pauvre de ses matières premières. Elle n’en sera riche que le jour où elle saura les transformer et à contrôler tous les maillons des chaines de valeur.

Sans industrialisation l’Afrique ne pourra jamais offrir assez d’emplois décents à sa jeunesse. Elle ne pourra jamais transformer cet actif démographique en dividende économique et nos jeunes continueront à migrer vers d’autres continents au risque de leur vie.

Pour mettre en place des industries compétitives, l’Afrique a besoin d’infrastructures énergétiques. Aujourd’hui l’offre d’énergie sur le continent est faible et les couts d’accès à l’énergie y sont élevées. Ainsi le cout moyen du kwh est de 14 centimes du dollar en Afrique contre 4 centimes en Asie. Il est clair que dans ces conditions l’industrie Africaine sera moins compétitive que l’industrie asiatique.

Voila pourquoi des projets comme celui du grand Inga ont été retenus par l’agenda 2063.

L’Afrique a également besoin de développer des infrastructures de communication notamment le chemin de fer et les télécommunications d’où les projets de l’union africaine de train a grande vitesse et de nouvelle technologie de l’information. Les innovations dans ce domaine vont de pair avec le développement l’industrie et du commerce moderne. C’est donc à juste titre que ce forum accorde une place de choix aux NTIC en leur réservant un atelier spécifique.

Les jeunes et les femmes d’Afrique ont un talent et une ingéniosité incontestables qui ne demandent qu’à être mobilisés. Les jeunes sont férus des NTICs et les gouvernements africains, à l’instar du Niger, ont des programmes ambitieux de réalisation des infrastructures dans ce domaine, visant à les accompagner et à faciliter leur insertion dans le monde des Affaires. Des législations incitatives et des dispositifs institutionnels ont été mis en place à cette fin.

Mesdames et Messieurs ;

Certes la ZLECAf constitue une opportunité considérable pour le développement industriel de l’Afrique et la promotion des échanges intra-africains mais nous devons aussi garder à l’esprit que les initiatives entrepreneuriales doivent être accompagnées et soutenues par des politiques gouvernementales efficaces. A ce titre les politiques visant à améliorer l’environnement des affaires actuellement poursuivies par les gouvernements Africains doivent être poursuivies et accélérer. Sur ce point le Niger se classe parmi les pays Africains les plus réformateurs gagnant en 5 ans 32 places de 2012 à 2017, dans le classement doing business de la Banque Mondiale.

Pour aborder ces reformes il est indispensable qu’un dialogue s’installe entre les Gouvernements et les opérateurs économiques.

C’est le cas de la plate-forme de dialogue qui a été mise en place par la création du Club Afro-Champions ainsi que du dialogue institué dans le cadre du présent forum. De ces dialogues nous prévoyons que de nouvelles idées seront stimulées pour des approches sur la façon dont la ZLEC peut être mise en œuvre efficacement et rapidement. D’ores et déjà l’union africaine prévoit d’organiser un forum annuel des affaires.

Comme point de départ, nous devrons aborder la question des incitations nécessaires pour renforcer la compétitivité des entreprises africaines tels que la réduction des couts des facteurs de production, l’accès aux financements peu couteux, le développement et le renforcement des compétences, la protection des inventions, etc. Ce dialogue nous permettra également d’aborder d’autres questions qui s’avèreront nécessaires pour la promotion du secteur privé et le partenariat public privé. L’Eximbank Africa et la Banque Africaine de Développement (BAD) se sont déjà dotés d’instruments de financement nécessaires pour accompagner les entrepreneurs Africains.

Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais saisir l’occasion du présent Forum pour vous inviter instamment à vous approprier la ZLECAf, qui est un cadre conçu pour vous permettre de pouvoir jouer pleinement votre rôle dans le développement et l’intégration de votre pays et de l’Afrique. Le secteur privé et les investisseurs doivent saisir ce moment pour s’engager plus franchement dans la construction de l’Afrique. L’heure des opportunités et des partenariats entre le monde et l’Afrique, entre les investisseurs privés et les gouvernements africains est venue.

Le Président Tshikesedi a fait ce matin une déclaration très forte dans laquelle il marquait l’engagement de la RDC dans des initiatives visant à favoriser le secteur privé, avec notamment un fonds d’investissements dédié à l’entreprenariat des jeunes dans les régions de votre pays, doté de moyens conséquents.

La République Démocratique du Congo est sur la bonne voie, la voie de la prospérité et du développement. Le succès de la RDC est intimement lié à la prospérité de l’Afrique, au regard de son potentiel dans tous les domaines. « Quand le Congo s’éveillera, l’Afrique prospèrera ».

Le Président du Congo a le doigt sur la gâchette et je sais qu’il est un bon tireur.

Je tiens à lui renouveler mes remerciements pour l’accueil fraternel et amical qui m’a été réservé depuis mon arrivée à Kinshasa. Je remercie également les initiateurs du Forum pour la bonne organisation de cet événement, qui est bien en phase avec les besoins de l’Afrique dans le contexte d’aujourd’hui, celui de la renaissance africaine, celui dont les pères fondateurs que j’évoquais tantôt seraient fiers de voir les africains réaliser.

Je voudrais, pour conclure mon propos, réaffirmer que les gouvernements africains sont impatients de travailler avec le secteur privé à travers tout le continent, et en particulier pour la mise en œuvre de la ZLEC en Afrique.

Je vous remercie

KINSHASA 6 SEPTEMBRE 2019
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