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Promotion des Pratiques familiales essentielles (PFE) : les relais communautaires, des véritables acteurs de changement positif

Publié le mercredi 18 septembre 2019  |  Actu Niger
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© Autre presse par DR
Promotion des Pratiques familiales essentielles (PFE) : les relais communautaires, des véritables acteurs de changement positif
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Dans le cadre du projet « d’Appui à l’amélioration de la résilience des éleveurs et agropasteurs dans la zone pastorale de Tillabéry », l’UNICEF et ses partenaires, sur financement du gouvernement français, ont mis en œuvre des actions de communication afin de promouvoir les pratiques familiales essentielles (PFE), dans les départements d’Abala et de Banibangou. Ce projet qui vise à renforcer la capacité des ménages en matière de santé, a été déployée sur le terrain par des actions de sensibilisation menées par les relais communautaires. Il s’agit de véritables « champions » dont le rôle est très important dans la prise de conscience des populations en faveur de changement de comportements positifs, surtout en matière de santé maternelle et infantile. Reportage de notre envoyé spécial à Abala.

M. Assoumane Alassane, le préfet du département d’Abala, ne tarit pas d’éloges sur ce qu’il qualifie de « changements positifs des habitudes et autres comportements des populations », en référence aux résultats enregistrés suite à la campagne de sensibilisation menée par les relais communautaires dans les villages de la zone. «Avec ces campagnes, les pesanteurs sociales sont en train de s’atténuer progressivement. Les comportements sont en train d’évoluer, sur le plan sanitaire mais aussi alimentaire, et c’est un signe positif pour le développement de notre pays. C’est aussi le cas pour ce qui est de la planification familiale et de la vaccination des enfants, où les résultats sont assez édifiants au regard de la situation qui prévalait. Il faut poursuivre sur la même lancée, et bientôt, la santé ou une bonne alimentation ne seront plus un luxe pour nos populations », plaident le premier responsable administratif de ce département, créé en 2012, et qui a connu ces dernières années, une double crise sécuritaire et alimentaire.

Crises sécuritaire et alimentaires

Située à quelques 260 kilomètres de Niamey, le département d’Abala, comme celui voisin de Banibangou, dans la région de Tillabéry, ont été secoués depuis 2012 et la crise malienne, par un afflux massif de réfugiés. Les deux départements, situés à la frontière avec le Mali, ainsi que d’autres départements de la même zone, ont été placés en mars 2017, en état d’urgence par le gouvernement, afin de contenir les menaces sécuritaires qui se sont étendues dans la région frontalière. Avec comme corolaire, en plus de l’afflux des refugiés, le déplacement des populations qui fuyaient les attaques ainsi que les violences intercommunautaires et les vols de bétail qui se sont multipliés, amplifiant la situation déjà tenue. Grâce aux efforts des autorités, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée ces derniers temps, comme l’a confirmé le préfet d’Abala, qui s’appuie sur la baisse drastique des attaques et la reprise des échanges entre les populations locales, ainsi que des deux cotés de la frontière. Avec une population estimée officiellement à 187.794, le département d’Abala est, en effet, principalement constitué de communautés peule et touarègue Daoussak dont les principales activités sont l’agriculture, l’élevage et le commerce.

Si la crise sécuritaire s’est atténuée, le département d’Abala a fait aussi face à de nouveaux défis. En 2017, le département d’Abala, comme beaucoup d’autres du pays, a connut une nouvelle fois, un déficit céréalier important. Afin de faire face à la situation, qui a été amplifiée par la crise sécuritaire, le gouvernement et ses partenaires notamment l’UNICEF, le PAM et la FAO, ont mis en place dès 2018, un plan de soutien aux ménages vulnérables. Ce plan de soutien qui a été mis en œuvre grâce au soutien financier du gouvernement financier à travers l’Agence française de développement (AFD), s’inscrit dans le cadre du Dispositif national de prévention et de gestion de crises alimentaires (DNPGA). Au plan national, près de 1.600.000 personnes résidentes dans 182 communes prioritaires ont été recensées comme vulnérables, et dans la région de Tillabéry, les départements d’Abala et de de Banibangou ont été identifiés comme les plus affectés par les conséquences de la mauvaise campagne agropastorale, qui s’est traduite par une production en déca des attentes de la population, tant pour les cultures céréalières que pour les fourrages. Le plan de soutien s’est ainsi traduit, dans les départements d’Abala et de Banibangou, par les interventions inscrites dans le cadre de la mise en œuvre du « Projet d’Appui à l’amélioration de la résilience des éleveurs et agropasteurs dans la zone de Tillabéry ». L’assistance a d’abord consistée en une distribution gratuite et ciblée de vivres aux ménages identifiés comme très pauvres. Elle a été ensuite accompagnée par une supplémentation nutritionnelle en faveur des enfants âgées de 6 à 23 mois, et une supplémentation en fer acide-folique en faveur des filles et femmes âgées de 10 à 19 ans pour les ménages ciblés par l’assistance alimentaire. Parallèlement à ces distributions, qui ont également concernées des moustiquaires impregnées ainsi que des semences pluviales, des activités sur la promotion des Pratiques familiales essentielles (PFE) ont été conduites dans plusieurs communes par l’UNICEF, avec toujours le soutien financier du gouvernement français. Ces actions de sensibilisation ont été menées avec l’appui des relais communautaires, véritable acteurs de changement de comportements dans les communautés au regard du rôle qu’ils jouent dans l’atteinte des résultats édifiants enregistrés sur le terrain et pour le bien de la population.

Promotion des Pratiques familiales essentielles (PFE)

Contrairement à quelques années auparavant, il est aujourd’hui facile de rallier Abala de Niamey, avec une nouvelle route goudronnée qui passe par Filingué. Lors de notre passage, fin août, nous nous sommes rendus aussitôt arrivés dans la localité et peu après notre passage au siège de la préfecture, au domicile du chef du village, pour une visite de courtoisie. Là, chez le « Maigari », nous sommes tombés sur un groupe d’une dizaine de femmes en pleine séance de sensibilisation sur les Pratiques familiales essentielles (PFE). M. Ousseini, la quarantaine, est le maitre de cérémonie. Il est fait partie des relais communautaires formés dans le cadre du projet « Renforcement des compétences des bénéficiaires pour une adoption des pratiques familiales essentielles dans les ménages », mis en œuvre par l’UNICEF grâce au financement du gouvernement français, dans le cadre du projet d’amélioration de la résilience des populations locales face aux crises. « Nous sensibilisons les populations sur plusieurs thématiques comme la salubrité, la propreté, l’allaitement exclusif ou la planification familiale », nous renseigne M. Ousseini, très à l’aise dans son rôle, et qui ajoute que grâce aux campagnes de sensibilisation, beaucoup de progrès a été enregistré et les populations, particulièrement les femmes, sont réceptifs et appliquent dans l’ensemble, les leçons apprises.


M. Ousseini, relai communautaire à Abala, en pleine séance de sensibilisation sur les Pratique familiales essentielles (PFE).

Les activités de communication menées à travers cette campagne, vise un changement de comportement conformément à la prise en charge intégrée des maladies de l’enfance au niveau communautaire. Cette stratégie met l’accent sur l’amélioration des capacités des familles et des communautés et de leur adoption des pratiques familiales essentielles à la prévention des maladies, ainsi qu’à la prise en charge communautaire des enfants malades. Ainsi, au cours de la période de sa mise en œuvre, le projet a permis le renforcement des capacités des agents de santé et des animateurs des radios communautaires de la zone d’intervention. Les agents de santé ont à leur tour formé, encadré et supervisé les 150 relais communautaires qui mettent en œuvre les paquets préventifs et promotionnel dans les départements d’Abala et de Banibangou dans la région de Tillabéry. Les relais communautaires ont été équipés avec des supports de communication et de collecte des données et sont toujours actifs dans les 39 villages cibles. La promotion des pratiques familiales essentielles s’est faite à travers les relais communautaires ainsi que la communication interpersonnelle notamment les sensibilisations sur les sites de distribution, les causeries éducatives dans les villages, les visites à domicile et les séances de counceling dans les centres de santé et aussi au niveau des ménages.

Grace à ces campagnes de sensibilisation, des résultats concrets ont été enregistrés avec une hausse notable de la fréquentation des centres de santé, ainsi que moins de cas de malades enregistrés, particulièrement chez les femmes et les enfants. C’est ce que nous a confirmé le docteur Halidou Soumaila, médecin-chef du District sanitaire d’Abala, qui se base sur les statistiques sanitaires d’avant et d’après la mise en œuvre du projet. Le travail sur le terrain que mène les relais communautaires jouent en effet un rôle important, en ce sens qu’il prépare le terrain aux agents de santé, en plus de la prise des consciences des populations sur certains sujets comme la fréquentation des centres de santé, l’hygiène, l’allaitement, la planification familiale ou la propreté. M. Bachir Souley, chef du centre de santé intégré (CSI) de Tanchilé, localité située entre Filingué et Abala, s’extasie presque en évoquant l’impact positif du travail des relais communautaires dans l’amélioration de l’accès des populations aux soins de santé.

« Les relais communautaires jouent un important rôle dans la cadre de l’amélioration de la santé des populations. Grâce à l’appui de l’UNICEF, les relais communautaires ont bénéficié d’une formation. A leur tour, ils sensibilisent la population sur les Pratiques familiales essentielles, et les résultats sont positifs à tous les points de vue, particulièrement pour ce qui est de la prise en charge des enfants et des femmes enceintes. Avant, nous enregistrons beaucoup de cas de maladie, surtout le paludisme en période hivernale, mais grâce aux campagnes de sensibilisation, nous n’enregistrons plus de pics. Les populations sont sensibilisées et changent leurs habitudes, comme le recours aux centres de santé ainsi que l’adoption de comportements positifs, ce qui nous facilite la tâche. En cas de maladies, les femmes enceintes ainsi que les enfants sont bien suivis au niveau des centres de santé et bénéficient d’une prise en charge complète et totale ». Bachir Souley, responsable CSI de Tanchilé, District sanitaire d’Abala (Région de Tillabéry)

Les relais communautaires, acteurs majeurs de changement

Après notre passage au domicile du chef du village, le « Maigari », nous nous sommes rendus dans un autre quartier de la commune d’Abala. Là aussi, nous avons trouvé un groupe plus important de femmes, en pleine séance de sensibilisation, et cette fois dans une place publique. Là c’est Mme Sarah, la quarantaine et mère de plusieurs enfants, qui officie avec ses supports de communication. Le thème du jour, c’est la planification familiale, un sujet qui naguère constituait un tabou au sein de la population. Mais grâce à la sensibilisation, les mentalités sont en train de changer et après les explications du relai communautaire, les échanges avec les participantes deviennent animées, presque passionnantes comme nous l’avons constaté.

Mme Sarah, mariée et mère de plusieurs enfants, relai communautaire avec ses supports de communication lors d’une séance de sensibilisation dans un quartier d’Abala.

« Je n’ai jamais eu de problèmes, ni avec les populations et ni avec mon mari ; parce que ce que je fais, c’est vraiment utile à la société. Les populations sont conscientes et elles voient les changements positifs dans leur vie en adoptant de nouvelles habitudes, grâce aux campagnes de sensibilisation que nous faisons. Il y a beaucoup d’évolution dans la vie quotidienne des gens surtout en matière de santé des enfants et des femmes, qui ne tombent plus assez souvent malades ».

Résultats édifiants

Le lendemain, nous nous rendons à Fartal, à une quizaine de kilomètres d’Abala, en allant vers Tébaram. Le village dispose d’un CSI où nous trouvons le responsable en pleine consultation, avec surtout des patients constitués en majorité de femmes dont certaines enceintes. Dans ce village, nous avons également assisté à une séance de sensibilisation au sein d’une concession. En présence des femmes de la maison, Madame Jimma Amadou, relai communautaire, évoque la question de l’allaitement maternel exclusif et de l’importance de l’hygiène. Elle maitrise bien son sujet ainsi que la pédagogie pour que son message soit efficacement compris par son auditoire. Et c’est le cas au regard de l’attention avec laquelle les participantes suivent la présentation et répondent aux questions, tout en posant elles mêmes d’autres questions sur certains aspects qui leur paraissent importants. Devant la concession, M. Zabeirou, un autre relais communautaire de 37 ans dont 7 au service de la communauté, échange avec les chefs de ménage, et en compagnie du médecin-chef du district et du chef CSI, sur d’autres sujets se rapportant à l’amélioration des conditions des vies de la population et surtout à la santé des mères et des enfants. « Vous savez, parfois ce sont même les maris qui viennent nous solliciter pour aller sensibiliser leurs femmes sur les questions de propreté, d'hygiène ou à propos des consultations prénatales », fait savoir M. Zabeirou.

A Fartal, à une quinzaine de kilomètres d’Abala, séance de sensibilisation à domicile pendant que le médecin-chef du district sanitaire ainsi que le responsable du CSI, échangent avec les chefs des familles.

Les populations bénéficiaires sont, elles, plus encore satisfaites du changement constaté ces dernières années, dans leur vécu quotidien comme l’atteste, Mme Rabi Massoyi, une habitante d’Abala.

« C’est grâce à la sensibilisation des agents de santé et des relais communautaires que j’ai pris conscience que je pourrais veiller moi-même à la santé de ma famille et surtout de mes enfants, et cela par de simples actions quotidiennes. J’ai laissé plusieurs anciennes mauvaises pratiques, comme beaucoup de femmes à Abala, et maintenant je m’informe sur les meilleures pratiques pour notre bien-être et j’applique ce que j’ai appris. Il est vrai qu’il existe toujours des gens qui sont encore réticents à abandonner certaines pratiques bien qu’elles soient mauvaises pour leur santé, comme le recours aux centres de santé, l’allaitement exclusif ou la planification familiale. Cependant, les choses sont en train d’évoluer grâce à la sensibilisation. Vous savez, assez souvent, c’est par ignorance ou par manque d’information que la population n’arrive pas à changer ses mauvais et anciens comportements. Il faut sensibiliser les gens, surtout les femmes qui n’hésitent pas à adopter de nouvelles attitudes positives dès qu’elles sont informées ou sensibilisées, car elles en voient et en apprécient les résultats du changement qui sont bénéfiques pour elles-mêmes, leurs familles et toute la société». Mme Rabi Massoyi, une habitante d’Abala, bénéficiaire des actions du projet mis en œuvre par l’UNICEF, sur financement du gouvernement français.

Les femmes participent activement aux séances de sensibilisation et échangent tous les sujets se rapportant à leur santé et celle de leurs enfants, sans aucun tabou.

Au cours de notre mission, nous avons rencontré beaucoup d’acteurs mais le rôle des agents de santé et surtout des relais communautaires, interpelle à plus d’un titre, au regard de son aspect stratégique dans l’atteinte des objectifs visés par la campagne de communication. Les résultats sont assez édifiants et les populations bénéficiaires en sont satisfaites. Tout comme l’optimisme affiché par M. Assoumane Allassane, le préfet d’Abala ; le chef du district sanitaire, Dr Halilou Soumaila, ne cache pas aussi son espoir pour une évolution positive des mentalités des populations. Sa satisfaction, c’est surtout les résultats enregistrés grâce à cette campagne de sensibilisation qui a fait qu’aujourd'hui, les pratiques familiales essentielles sont véritablement ancrées dans la vie quotidienne des populations locales. « Grâce à l'appui de l'UNICEF et de ses partenaires, la malnutrition au niveau des femmes et des enfants a nettement reculée. Par rapport aux consultations pré et post-natales, avant la sensibilisation des relais communautaires et le travail qu’ils ont fait, nous enregistrons à peine une dizaine voire une vingtaine des femmes qui venaient consulter. Mais aujourd'hui, nous recevons près d’une centaine de femmes quotidiennement », met en exergue Dr Halilou Soumaila, qui ajoute également que la sensibilisation en faveur des pratiques familiales essentielles a également permis une prise de conscience au niveau des ménages. « J'ai vu des maris qui accompagnent leurs femmes venir prendre des produits de contraception, et au niveau du camp des refugiés, un mari était même venu au district sanitaire pour nous demander des produits contraceptifs pour sa femme afin qu'elle puisse se repose pendant au moins trois ans, avant de contracter une nouvelle grossesse ». Il y a quelques années, c’est une chose quasi impossible. Ces changements de comportement se remarquent aussi au niveau de l'alimentation, puisqu’aujourd’hui, les populations s’alimentent avec des produits nutritifs que les femmes cultivent localement, dans de petits lopins de terre, alors que jusque-là, c’était un luxe de consommer certains aliments pourtant à leur portée. Pour ce qui concerne l'allaitement maternel exclusif jusqu'à l'âge de 6 mois, ainsi que l'utilisation des moustiquaires imprégnées offertes par l'Unicef, les résultats sont les mêmes : leur utilisation se généralise et se banalise presque même, ce qui a comme effet, de réduire le cas de malades surtout chez les enfants. « Les années antérieures à la même période, c'est entre 4 à 5 enfants sur un même lit pour malades du paludisme, et aujourd'hui, malgré que nous sommes en période de pic, il y a des lits vides. Cela prouve que la sensibilisation a joué un rôle important dans la prise de conscience, et cela c’est aussi grâce aux relais communautaires », confirme Dr Halilou Soumaila.

Ikali
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