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Permis biométrique : malgré les révélations de la Halcia, un scandale encore étouffé ?

Publié le vendredi 20 septembre 2019  |  Actu Niger
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© Autre presse par DR
Permis biométrique : malgré les révélations de la Halcia, un scandale encore étouffé ?
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Dans un communiqué daté du 18 décembre et portant la signature de son secrétaire générale, Attaoulahi Zakaouanou, le ministère des Transports a annoncé la reprise, à partir du lundi 23 septembre, des activités de traitement et d’édition du permis de conduire biométrique au Centre national de Niamey, ainsi que dans les directions régionales des Transports. Selon le communiqué, les frais d’édition du nouveau permis de conduire sont fixés à dix mille cinq cents (10.500) francs CFA. Toutefois, les candidats à l’obtention d’un nouveau permis de conduire doivent s’acquitter, en plus des frais d’édition, des impôts et taxes prévues par la législation.

Avec cette relance de l’opération, qui a été suspendue fin juillet dernier, tout laisse donc à croire que l’affaire, ou plutôt le scandale du nouveau permis biométrique, est en train d’être enterré. L’affaire avait pourtant bien défrayé la chronique, ces derniers mois, suite au tollé soulevé par l’annonce de l’édition d’un nouveau permis au prix de 19.000 FCFA. Un coût jugé exorbitant par les usagers et la société civile, ce qui a conduit le ministère des Transports a revoir à la baisse le tarif, qui a été ramené à 12.000 FCFA. Malgré cette décision, la polémique ne s’est pas atténuée puisque des doutes ont commencé à émerger sur la régularité des conditions dans lesquelles s’est déroulée, la procédure de passation du marché, qui a été attribué à Haroun Printing, une filiale nigérienne d’un groupe internationale libanais. Des inquiétudes qui se sont avérées par la suite légitimes car malgré les explications du cabinet du ministre Karidjio Mahamadou, ainsi que des responsables en charge de la passation des marchés publics, les soupçons d’irrégularités ont apparu au grand jour. D’abord dénoncé par les médias dont Actuniger, ensuite par le Syndicat du personnel du ministère (SYNPAT), avant que la Halcia ne se saisisse du dossier. C’est du reste sur la base des irrégularités et des soupçons de délit d’initié et autres griefs, que les plus hautes autorités, la présidence et la primature, ont pris la décision de stopper la délivrance du nouveau permis, le 26 juillet, soit quelques jours après le début du processus. Le premier ministre a d’ailleurs annulé à la dernière minute, la cérémonie d’inauguration du Centre national de traitement et d’édition du permis biométrique, situé au quartier Issa Béri (Plateau) de Niamey.

Quid des investigations de la HALCIA ?

Dans cette affaire qui a vite tournée au scandale au gré des révélations, la Haute autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), s’est saisie du dossier et dans un point de presse, le vendredi 16 Août à Niamey, son président, Gousmane Abdourahamane, a enfoncé le clou, en confirmant les soupçons d’irrégularités rapportés par les médias. « Des proches de certains hauts responsables du ministère concerné seraient impliqués dans le processus d’exécution de cette convention ; des sociétés ont été créées, apparemment pour la circonstance ; la procédure de passation du marché semble elle-même entachée d’irrégularités », avait alors annoncé Gousmane Abdourahamane, alors que les investigations n’étaient qu’au stade préliminaire. Les premières constatations ont également permis de relever que « des agents de l’Etat ont été mis à la disposition de la société délégataire en violation des dispositions de l’article 165 du décret portant modalités d’application de loi sur le statut général de la Fonction publique de l’Etat ». La HALCIA avait alors fait savoir que les investigations vont se poursuivre pour rassembler les preuves et procéder à « l’identification formelle des auteurs, co-auteurs et complices de cette entreprise ». Par la suite, nous avons appris qu’effectivement, plusieurs responsables du ministère ainsi que des proches du ministre Karidjio, ont été auditionnés dans le cadre de l’enquête.

Circulez, il n y a rien à voir !

C’est dans l’attente des conclusions de cette enquête, que le communiqué du ministère des Transports sur la reprise de l’édition du nouveau permis est tombé. Des conclusions de l’enquête, aucune information n’a encore été rendue publique. Cependant, s’il a été décidé officiellement, de la reprise du marché, c’est que l’enquête n’a finalement aboutit à rien, ou du moins aucune suite ne sera donnée au rapport que la HALCIA soumet au Président de la République et au procureur. Avec toutes les révélations qui ont été confirmées par une institution de l’Etat, qui plus est habilité à le faire, c’est que nous sommes en train d’assister à l’étouffement du scandale.

Ce n’est certes pas la première fois que cela arrive, mais au regard des soupçons et des accusations, l’opinion ainsi les usagers méritent bien des explications, afin que chacun se fasse une idée de la réalité des choses. Autrement, c’est promouvoir le sentiment d’impunité accordé à certains barons du régime. D’autant que dans cette affaire, le ministre Karidjio Mahamadou a été le principal accusé. Beaucoup avait en effet pronostiqué son départ du gouvernement ainsi qu’un passage devant la justice, au regard des accusations portées contre le ministre. Le scandale a connu une grande médiatisation et provoqué des débats houleux dans l’opinion, et à chaque fois, le nom du ministre Karidjio a été cité comme l’acteur principal de l’affaire. Une affaire qui est en train de s’estomper, sans aucune explication publique ou officielle sur les tenants et les aboutissements, et sans même qu’on sache ce qu’il en est des irrégularités déjà constatées par la HALCIA, dans son enquête préliminaire. A elles seules, ces irrégularités relevées constituent la preuve d’un scandale qui aurait méritée une autre issue, dans un véritable état de droit.
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