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Bilan de la 7ème République Tout était dit avant le 7 Avril
Publié le vendredi 12 avril 2013   |  Le Monde d'aujourd'hui


S.E.M
© AFP
S.E.M Issoufou Mahamadou, Président du Niger


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Qui a jamais pensé que le tapage médiatique serait l’apanage de la 7ème République ? Cette pratique d’une autre époque, qu’on pensait franchement révolue avec des gens qui se voulaient réellement intellectuels, donc pragmatistes et concrets, ne devait normalement pas ressurgir avec les autorités actuelles.

On dira peut-être que l’on a en face des gens qui ont excellé en la matière et qui ne jure encore que par cette conduite basée sur les chiffres et les coups d’éclats de quelques rares réalisations sonnantes. On dira surtout que l’on a en face des gens qui excellent dans la HASSADA, dans la médisance et le reniement de toute action que vous feriez. Cependant, on n’a jamais pensé que le PNDS de la Renaissance tomberait dans le piège du tapage médiatique à outrance, au point où tous les pôles administratifs, au niveau central comme en région, seraient caporalisés par un programme de mise en exergue de « ce qui a été fait ».

Tombé dans ce piège on ne peut plus saugrenu, le président de la République avait annoncé depuis Maradi qu’il prononcerait un discours bilan des réalisations effectuées. Om est le bons sens dans tout cela ? De quoi s’agit-il ? Après avoir dépêché une équipe hétéroclite de journalistes pour sillonner l’intérieur du pays, c’est autour, parallèlement, des ministres les plus en vue de se déployer à l’intérieur du pays pour, a-t-on dit,faire toucher du doigt les réalisations concrètes du programme de la Renaissance.

Le président de la République lui aussi s’est mêlé à la danse avec son panier rempli de pierres précieuses qu’il ne cesse de poser çà et là ; on a même remarqué des pierres posées à l’instant mais dont les travaux ne démarreront concrètement que plus tard, dans six mois (c’est le cas de ces deux gigantesques bâtiments administratifs que les espagnols érigeront en lieu et place des anciennes cases allemandes). En somme, à moins de deux semaines déjà de l’anniversaire de l’investiture du président de la République, on a mis les bouchées doubles pour que le peuple témoignât des efforts et des Bilan de la 7ème République Tout était dit avant le 7 Avril réalisations entreprises par la 7ème République.

On a voulu à tout prix dénicher des éléments qui serviraient à densifier le discours que présenterait le président de la République la veille du 7 Avril. Qui a dit que le néo socialisme à la nigérienne ne rimait pas avec la démagogie ? Et, déjà, outre le fait que le pays était suspendu à ce tapage rabâcheur, des fois redondant et vide de sens, les médias et les pôles administratifs préparés pour cet exercice s’en étaient donné à coeur joie. Les médias les plus objectifs, les plus critiques étaient pris dans cet engrenage, devenus désormais rien que des caisses de résonances d’un programme de communication savamment concocté. De larges colonnes de journaux et de larges plages horaires étaient consacrées à cet exercice, privant le peuple des informations les plus prisées et réelles.

On avait un tant soit peu oublié les drames qui se vivaient à nos frontières et, surtout, on avait relégué aux oubliettes les préoccupations réelles du peuple. On avait mis une croix maléfiques sur la paupérisation galopante qui gagne le peuple au point où il est incapable de se procurer ce kilogramme de pomme de terre qui est vendu à moins de 200 francs ou ces légumes et autres produits de maraîchage pourtant à très bas prix. Certes, c’est bien le programme 3N qui a revalorisé ces produits qui inondent le marché en menant un programme de production inédit sur certains points de récupération d’eau. Cependant, de quoi dispose la population pour se procurer ses produits ? Demandez aux paysans qui osent transporter ses produits dans les grands centres.

Combien de jours passent-ils à attendre une clientèle qui en fin de compte ne se montre jamais ? C’est comme ce producteur de pomme de terre venu de Balléyara qui s’est vu obliger de faire cadeau d’une importante quantité de sa marchandise pour qu’elle ne se gâte pas. L’autre volet sur lequel ce tapage avait frappé fort était les classes pour la plupart en chantier. Partout en région et même à Niamey, les chantiers prolifèrent. Et, paradoxalement, l’école nigérienne est prise dans un engrenage qui a duré plus de trois mois. Il y a des classes certes, mais à quoi servent-elles si les acteurs sont plongés dans des mouvements de débrayage qui ont pratiquement blanchi une bonne partie du premier semestre ? Ce n’est pas Mounkaila et sa troupe du CPRASE qui diront le contraire.

Ce n’est pas aussi madame la ministre qui contredira les faits, elle qui vient encore d’échapper aux foudres d’une énième interpellation à l’hémicycle. Certes, un accord des plus saugrenus vient d’être signé avec le CPRASE. Mais qu’ a-t-on dit au géant SNEN et aux autres qui exigent énergiquement le règlement de ses incidences financières Soyons lucides. La cellule de communication de la Présidence a certes réussi son coup. Mais, il faut que les uns et les autres se disent que nous ne sommes pas encore en campagnes électorales. Le Président Issoufou Mahamadou ne devait pas tomber dans ces travers en servant au peuple un discours redondant qui étale la substance de tout ce tapage orchestré de main de maître.

Il aurait dû se démarquer de tout cela et proposer au peuple des solutions concrètes quant aux nombreuses attentes. Que propose-til au monde des travailleurs quant aux revendications salariales, notamment sur l’épineuse question des incidences financières ? Les enseignants du CPRASE viennent de consentir un consensus national ; que leur propose-t-il en retour ? Les paysans vont bientôt entrer en activité avec la saison pluvieuse ; quelles sont les mesures d’accompagnement prévues ? Sur le plan sanitaire, que propose-t-il pour que les nigériens accèdent effectivement aux soins ?

La politisation de l’administration : quelle issue pour en venir à bout en mettant définitivement un terme au phénomène de parents, amis et connaissances ? Voilà somme toute des préoccupations sur lesquelles le peuple attend des propositions concrètes. Pas des surenchères sur des réalisations qui sont en réalité une goutte d’eau dans l’océan.

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