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Entretien avec le Gouverneur de la région de Diffa M. Issa Lemine : « Dans le cadre de la sécurité, des instructions ont été données pour que les choses puissent s’améliorer et rétablir les situations » déclare le gouverneur de la région de Diffa

Publié le vendredi 15 novembre 2019  |  Le Sahel
Diffa
© Autre presse par DR
Diffa : Point de presse du gouverneur de la région 15 jours après sa prise de fonction
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Le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Issoufou Mahamadou a effectué le samedi 9 novembre dernier une visite de travail dans la région de Diffa afin d’encourager d’une part, les Forces de Défense et de Sécurité qui sont engagées dans la lutte contre la secte terroriste de Boko Haram, et d’autre part exprimer la solidarité de tout le peuple nigérien à l’endroit des populations de cette zone qui sont confrontées aux défis sécuritaires et humanitaires. A l’issue de la visite du Chef de l’Etat, le gouverneur de la région de Diffa, M. Issa Lemine a salué ce déplacement qui vient davantage réconforter les populations à travers les réponses apportées par SE Issoufou Mahamadou aux préoccupations des uns et des autres.

M. le gouverneur quelle signification donnez-vous à cette visite du Président de la République à Diffa ?

C’est une visite qui nous réconforte, et les populations se réjouissent également. Vous avez constaté comment les populations ont exprimé leur joie en sortant ovationner le chef de l’Etat tout au long de son parcours. Les populations ont exprimé leur satisfaction pour ce déplacement dans la région qui est depuis cinq ans en proie à l’insécurité liée aux activités de Boko Haram, et beaucoup de choses se sont passées, dont entre autres le déplacement des personnes, les tueries au niveau des villages, etc.

Face à cette situation, il y a eu des mesures d’allégement liées à l’état d’urgence. Cela a permis aux populations de cultiver, de rouvrir les marchés pour la commercialisation du poisson, et de toutes les cultures tout au long de la Komadougou Yobé, et même le Lac Tchad. C’est dans ce cadre qu’il y a eu la reprise de toutes ces activités, et même, les populations sont retournées dans leurs localités respectives qui ont été abandonnées tout au long de la Komadougou Yobé afin de produire massivement. Les populations ont produit du riz, de l’oignon, et du poivron.

Quant au riz, il était à quelques jours de la récolte, quand les eaux ont tout emporté. Toutes les cultures sont englouties par les eaux. La montée des eaux a été observée avec une intensité toute particulière, c’est-à-dire les eaux sont venues et ont tout ravagé. Les populations ont tout perdu, des villages entiers ont été engloutis par les eaux. Des villages sont complétement submergés et les populations sont contraintes de se déplacer en laissant tout derrière elles. Les populations sont obligées d’être relogées ailleurs. Vous avez le village comme celui de Gueskerou, chef-lieu de canton qui existe depuis 1945. Les habitants de cette localité n’ont jamais bougé même pendant la période critique de Boko Haram, mais face à la pression des eaux, ils sont contraints de se déplacer. Compte tenu de la gravité de la situation, le Président de la République a effectué le déplacement non seulement, pour venir constater de visu l’ampleur des dégâts sur le terrain, mais aussi apporter des réponses immédiates à court et à long terme.

Concernant l’assistance d’urgence, le Chef de l’Etat a évoqué le décaissement de 2,5 milliards pour venir en aide d’urgence aux populations qui sont victimes des inondations. Pour ce qui est de cette aide, elle va se réaliser d’ici le mois de décembre prochain. Et après, il a été prévu des investissements importants de l’ordre de 75 milliards, pour renforcer la résilience et relever la situation économique qui a beaucoup souffert. Ce sont des investissements importants dans le cadre des projets de développement. Nous devons aussi penser à la situation pastorale du fait que tout le Nord de la région est malheureusement déficitaire. Il a plu par endroit, mais il manque de pâturage. Le Nord est déficitaire sur le plan pastoral, et le Sud est inondé. C’est une situation difficile, mais le plus important les populations gardent le moral. Nous avons été surpris, et le Président aussi pour avoir vu les populations garder le sourire naturel, réel. Entre autres problèmes que rencontrent la région, c’est la route nationale reliant Diffa à la frontière du Tchad dont les travaux ont été suspendus après la réalisation d’un tronçon de 80 kilomètres. Les travaux sont arrêtés au niveau du village de Kintchandi, pourtant ils devraient continuer jusqu’à la frontière du Tchad. Suite aux premières attaques de Boko Haram, la société a interrompu les travaux. Cela fait presque cinq ans que le chantier a été abandonné. Mais le Président de la République a annoncé la reprise de ce chantier afin de finaliser la route Diffa-Nguigmi-frontière du Tchad. Le Chef de l’Etat a également parlé de la route Mainé-Soroa-Guedam qui a été sollicitée plusieurs fois par les populations, et même le gouvernement. Cette route qui est le principal axe de ravitaillement dans la région avec le Nigéria, d’une distance de 7 kilomètres, sera aussi reprise. La piste de l’Aéroport de Diffa sera également agrandie de 1.200 mètres pour que la piste soit de 3.000 mètres. Ce qui permettra à tous les types d’avions de pouvoir atterrir. C’est très important compte tenu du contexte de Diffa, il contribuera à désenclaver la région sur le plan aérien.

Dans le cadre du 18 décembre 2020, des investissements importants seront réalisés au niveau du chef-lieu de la région, et les autres départements. Pour vous dire que le Président de la République est venu avec une réponse pour tout ce qui s’est passé, et les populations sont très soulagées et très contentes. Surtout le soutien du Chef de l’Etat a été hautement apprécié ainsi que la réponse qu’il a donnée à leurs préoccupations. Personnellement en qualité du gouverneur de la région, je suis satisfait.

Sur le plan sécuritaire aussi, des dispositions importantes ont été prises pour que les populations soient mieux sécurisées, et que la situation soit rétablie. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme ça avec des personnes déplacées, et des réfugiés. La situation a duré cinq ans. Les populations ont tenu cinq ans. Nous sommes arrivés à la limite de la tolérance. Nous allons songer à rétablir la situation, créer les conditions de sécurité pour que les populations puissent retourner dans leurs localités respectives en vue de mener leurs activités convenablement, parce qu’il y a beaucoup qui ne sont pas dans leur environnement de production. Par exemple sur le plan économique, il y a des populations qui sont proches du Lac Tchad, tous leurs champs sont dans le Lac Tchad. Bref presque toutes leurs activités économiques tournent autour du Lac Tchad. Mais aujourd’hui certaines d’elles sont installées à 200 kilomètres de ce Lac. Il y a également celles qui ont quitté les bords de la Komadougou Yobé, et elles ont eu le courage malgré la menace de Boko Haram, d’y retourner pour cultiver. Elles ont fait beaucoup d’efforts au regard des contraintes liées à leurs activités. Et malgré les efforts qu’elles ont consentis les eaux ont tout emporté. L’Etat doit créer toutes les conditions pour qu’on prenne des dispositions de sécurité, et on estime qu’on est en mesure de le faire. Si tout le monde s’y met, on est en mesure d’assurer la sécurité de tous les villages nigériens. Dans le cadre de la sécurité des instructions ont été données pour que les choses puissent s’améliorer et rétablir les situations. La visite du Président de la République a permis de soulager les populations de la région de Diffa.

Après la reprise des activités et la réouverture des marchés, quelle appréciation portez-vous sur la situation économique aujourd’hui à Diffa ?

Je vous ai dit que nous avons amorcé la phase de la relance économique dans la région avec la réouverture des marchés et la reprise des activités agricoles, piscicole autour de la Komadougougou Yobé, et le Lac Tchad nous pouvons mieux apprécier si on a pu récolter ce qui a été semé. Nous avons estimé la perte à environ 21 milliards selon les estimations qui ont été faites par les techniciens pour le riz, pour l’oignon et le poivron. Si la récolte a été effectuée, on allait sentir l’impact. Avec ce qui s’est passé, on ne peut pas apprécier l’impact.

Mais pour ce qui est des marchés, l’impact est visible du fait que les populations sont en train d’exercer leurs principales activités. Le plus important est l’ouverture de la pêche et de la culture dans le Lac Tchad. Aujourd’hui la production du maïs permet de soulager significativement les populations. A l’issue de la récolte du maïs, les prix sur les marchés ont chuté, d’abord niveau du département de Nguigmi, et ensuite pour le reste de la région. Aujourd’hui, beaucoup de personnes déplacées arrivent à subvenir à leurs besoins grâce à la production du poisson et du maïs. Si la production au niveau de la Komadougou Yobé a été réalisée, on allait sincèrement sentir une nette amélioration de la situation économique.

Quelle est la riposte des organismes humanitaires face aux inondations ?

Les organisations humanitaires nous aident beaucoup à gérer cette seconde crise après celle engendrée par les activités de Boko Haram. Depuis cinq ans, c’est l’Etat et la communauté humanitaires qui sont en train de gérer l’urgence. Et les humanitaires contribuent beaucoup à la prise en charge en vue de subvenir aux besoins des populations réfugiées et déplacées internes. Suite aux inondations qui viennent d’affecez la région, nous avons pu mobiliser la communautaire humanitaire au niveau de la région. Nous étions partis sur les sites ensemble. Nous avons, à cet effet mis en place un comité régional regroupant les représentants du gouvernement et ceux des humanitaires. Et chacun a apporté toute sa contribution. J’apprécie hautement leur contribution dans la réponse à l’urgence liée aux inondations, et celle qui date depuis cinq ans. Ce sont de très bons collaborateurs, ce sont des très bons supports pour le gouvernement.

Laouali Souleymane Envoyé Spécial
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